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La CÉTOINE ÉRUGINEUSE !
(Cetonischema aeruginosa = Protaetia aeruginosa = Cetonia speciosissima) !
(Coléoptère Cetoniidae)
 
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Intro !

Comme Charles Aznavour, "je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans (et même de 40 ! ) ne peuvent pas connaître".
A l'époque la cétoine érugineuse était considérée comme fort rare, limite mythique. Selon la littérature elle se complaisait en effet au sommet des grands chênes, et il n'était que violentes tempêtes pour rarement l'en faire choir, et vous laisser ainsi quelque espoir de la trouver. Comme au Loto, vos chances d'ainsi décrocher le jackpot, étaient cependant bien minces … pour ne pas dire illusoires !

L'avènement du piégeage (à voir page suivante) a changé la donne, et bien qu'un usage inconsidéré puisse le rendre dommageable, et donc condamnable, il a néanmoins beaucoup apporté à la connaissance des insectes. Cela vaut notamment pour certains coléoptères, tels les carabes et les cétoines, chez lesquels des espèces et formes individuelles considérées comme rares ou localisées se sont très souvent avérées nettement plus fréquentes ou largement répandues.

C'est ainsi que la verte et "très précieuse" (*) bestiole est pour moi passée du rêve à la réalité !
 
(*) En raison de son antériorité, et de la règle s'y rapportant, l'actuelle appellation (aeruginosa = "bronzée") prévaut sur l'ancienne,
et donc sur la bien nommée "speciosissima" (= "très précieuse").
 

Présentation !

Duo comparatif Pique prune (Osmoderma eremita) et Cétoine érugineuse (Cetonischema aeruginosa).Elle atteint 30 mm, et à ce titre c'est la plus grande de nos cétoines ( au sens familial du terme ! ), encore que le fameux "Pique-prune" (Osmoderma eremita) puisse parfois la devancer ... disons d'un poil ! (ci-contre). Eu égard à la rutilance de sa carapace, c'est également une de nos plus belles cétoines, sinon la plus belle, mais sa variabilité chromatique reste très limitée en regard de sa "petite soeur", la classique et très répandue "cétoine dorée" (Cetonia aurata ). Une très récente publication de Jean Bidault (Le Coléoptériste, 2014) fait toutefois état de formes hyperchromatiques ( très étroitement localisées ! ), allant de la coloration lie de vin au violet foncé.

La cétoine érugineuse est avant tout une espèce forestière, chênaies notamment, mais elle peut se rencontrer sur des surfaces boisées plus réduites, tels des parcs ( y compris urbains ! ), dès l'instant où ses essences de prédilection sont représentées par des spécimens âgés, pour ne pas dire sénescents. Cette espèce est présente par places en de nombreuses régions, à l'exclusion de l'Ouest (notamment Armoricain), mais aussi du Nord, et selon Pierre Tauzin ses lieux de vie se situent en deçà d'une altitude de l'ordre des 700 m. Cette cétoine semble absente de la péninsule ibérique, mais remonte jusqu'au Danemark. Elle est également connue d'Europe centrale et du sud de l'Asie Mineure.

Essentiellement diurne cette cétoine est active de juin à août mais cette "fourchette" est bien sûr susceptible de varier selon les régions ... et la météo ! Comme déjà dit en intro ce bel insecte ne quitte guère les frondaisons sommitales, assimilables ( toutes proportions gardées ! ) aux fameuses "canopées" des forêts tropicales humides. L'adulte, quasi frugivore sous d'autres cieux, se nourrit et s'abreuve sur les plaies et autres suintements des arbres. Cette cétoine hiverne, mais un certain flou demeure quant aux modalités de cet hivernage, du moins "in natura". Les observations en élevage laissent supposer qu'il peut avoir lieu au sein même du terreau où la bête a pris forme, la probable présence de phéromones attractives spécifiques permettant de plus ou moins "fidéliser" les bestioles, d'où la succession des générations observable au sein d'une même cavité.

Sous d'autres cieux, notamment en Grèce, la cétoine érugineuse se rencontre en zones agricoles peu boisées où elle se fait volontiers frugivore, ses larves s'accommodant de fumiers dégradés et amas végétaux décomposés. Quelques cas comparables ayant été signalés en France (P. Tauzin) il n'est pas impossible que cette belle espèce puisse dans l'avenir s'accommoder de ces nouveaux "menus". C'est d'autant plus plausible que les composts et assimilés sont déjà fréquemment "squattés" par les Cétoines dorées (Cetonia aurata), voire les "Rhinocéros" (Oryctes nasicornis), ces espèces "bien de chez nous" ayant été contraintes de s'adapter suite à la raréfaction de leurs gîtes de prédilection.

 
 
Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa) groupe d'adultes. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), adulte, photo 1. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), adulte, photo 2. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), groupe d' adultes en main. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), adulte en main, photo 1. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), adulte en main, photo 2.
Du bain de soleil collectif ... à l'incontournable "prise en main" !
Au risque de me répéter il s'agit d'une symbolique forme de "communion" avec la bête et la Nature,
et non d'une prise de possession dans ce qu'elle a de plus égoïste,
 
 
Dimorphisme sexuel !

Chez les insectes il peut "sauter aux yeux", ou au contraire se faire si discret et subtile qu'il est parfois nécessaire de disposer des 2 sexes afin de comparer ce qui doit l'être. En pareil cas tout se passe bien sûr au niveau de l'extrémité abdominale, et mieux vaut avoir un minimum d'expérience ! Le dimorphisme peut également se manifester là où on ne l'attend pas, et en matière de caractères sexuels dits "secondaires" Dame Nature ne manque pas d'imagination. Présentement il porte par exemple sur les pattes postérieures, là où ce même dimorphisme intéresse les pattes antérieures chez les coléoptères Carabidae ... et les intermédiaires chez les cétoines du Genre Gnorimus ! Je vous laisse imaginer la "prise de tête" si cela valait pour les ... mille-pattes !

 
Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), tarse postérieur mâle, photo 1. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), tarse postérieur mâle, photo 2. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), extrémité abdominale mâle, photo 1. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), extrémité abdominale mâle, photo 2.
ci-dessus: chez le mâle de la cétoine érugineuse les tarses postérieurs sont de même longueur que les tibias, voire un peu plus longs, et le dernier sternite (segment abdominal ventral) est trapézoïdal avec la partie centrale quasi dépourvue de ponctuations. ci-dessous: chez la femelle les tarses postérieurs sont au contraire plus courts que les tibias, et le sternite terminal se fait nettement plus triangulaire, et il est entièrement et densément ponctué.
Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), tarse postérieur femelle, photo 2. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), tarse postérieur  femelle , photo 1. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), extrémité abdominale femelle, photo 1. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), extrémité abdominale femelle, photo 2.
 
 

... et accouplements !

Contrairement au Pique-prune qui émerge en juin-juillet, puis s'accouple et pond quasi dans la foulée, la cétoine érugineuse ne s'accouple et ne pond qu'après avoir hiverné. Au passage vous noterez que les 2 espèces ont des biologies larvaires très comparables, d'où une probable compétition là où il y a sympatrisme comme dans la fameuse forêt de Bercé (Sarthe). Un cas de cohabitation a cependant été observé en d'autres lieux (Daniel Prunier), mais le fait semble exceptionnel.

Pour finir vous noterez qu'au pays des cétoines les accouplements peuvent se répéter, probablement en raison de la présente longévité des bestioles, et de l'échelonnement important de la ponte. Bien entendu la promiscuité étant souvent de règle en élevage, une certaine "débauche copulatoire" s'en trouve assurément favorisée.

 
Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), accouplement, photo 1. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), accouplement, photo 2. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), accouplement, photo 3. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), accouplement, détail,  photo 1. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), accouplement, détail,  photo 2.
 Lors de l'accouplement, le mâle de cette cétoine adopte le plus souvent une position assez originale, proche de la verticale.
Comme ces photos en main le montrent, rien ne semble pouvoir troubler ces érugineuses amours.
Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), accouplement, de face,  photo 1. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), accouplement, de face,  photo 2. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), accouplement en  main,  photo 1. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), accouplement en  main,  photo 2.
 
 
La ponte !

Elle est estivale, fait suite l'accouplement initial, et s'échelonne en moyenne sur 2 mois, avec alternance de pauses et "récidives copulatoires". Au nombre de 30 à 50, les oeufs sont pondus isolément dans le terreau, chacun au sein d'une petite logette, laquelle facilitera l'émergence de la toute jeune et fragile larvule. L'incubation des oeufs est comme toujours fonction de la température, mais la nature du substrat et la profondeur de l'enfouissement tendant à en réguler le niveau, la fourchette moyenne s'en trouve resserrée aux alentours du mois, et cela pour une vingtaine de degrés.

 
Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), groupe d' oeufs,  photo 1. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), groupe d' oeufs,  photo 2. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), oeuf isolé, détail. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), groupe d' oeufs,  photo 3.
Exemples d'oeufs, après extraction ... est-il besoin de le préciser !
 Sensiblement sphériques lors de la ponte, ils tendent à légèrement s'ovaliser au cours de l'incubation.
 
Développement larvaire !

Il demande 2 ans, et comporte classiquement 3 stades larvaires. Dans leur jeune âge les larves trouvent leur subsistance dans le terreau proprement dit, mais en grandissant elles recherchent une nourriture plus consistante et nutritive. Il s'ensuit une propension à migrer vers la périphérie des cavités, là où le bois est moins dégradé, et de ce fait plus nourrissant.

A terme la larve se construit une logette au sein du terreau nourricier, et elle y passera l'hiver avant de poursuivre son développement, et donc de se transformer en nymphe au printemps. Un mois plus tard l'insecte adulte va prendre forme, puis gagner l'air libre et mener la vie qui lui est dévolue, mais pour se reproduire il lui faudra attendre ... l'année suivante ! Le fait mérite d'être souligné car le plus souvent c'est "vite fait bien fait", Dame Nature étant manifestement pressée d'assurer la pérennité de ses "ressortissants". Pour illustrer le propos il n'est pas exceptionnel de voir des papillons mâles voleter et "s'empresser" autour de femelles émergentes en train de sécher leurs ailes.

 la larve !
Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), larve naissante. ......... Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), groupe de jeunes larves,  photo 1. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), groupe de jeunes larves,  photo 2. ......... Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), duo comparatif, larve naissante et à terme.
à gauche: larve naissante; au centre: jeunes larves; à droite: " 2 ans après", telle pourrait s'intituler cette photo illustrant l'étonnante différence de taille entre une larve naissante, et une autre parvenue au terme de sa croissance. Dans leur jeune âge les larves trouvent leur subsistance dans le terreau proprement dit, mais en grandissant elles recherchent une nourriture plus consistante et nutritive. Il s'ensuit une propension à migrer vers la périphérie des cavités là où le bois est moins dégradé, et de ce fait plus nourrissant.
 
 
Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), groupe de larves à terme. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), larves à terme en main. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), larve à terme isolée, photo 1. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), larve à terme isolée, photo 2. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), larve à terme isolée, photo 3. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), larve à terme isolée, photo 4.
ci-dessus: panel de larves à terme; ci-dessous à gauche: détail de la tête, proportionnellement très petite comme toujours chez les cétoines; à droite: localisation et détail du raster, et en l'occurrence de la double rangée de denticules. Leur nombre et leur agencement permettent de différencier certains Genres, voire certaines espèces, mais ce critère me semble très vite trouver ses limites.
Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), tête de larve à terme, photo 1. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), tête de larve à terme, photo 2. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), tête de larve à terme, photo 3. ............ Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), raster, photo 1. Cétoine érugineuse (Cetonischema  aeruginosa), raster, photo 2.
 
 
  
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr