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les CARABES de FRANCE !

(Coléoptères Carabidae)

 

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27)- Carabus (Iniopachys) pyrenaeus -le "Carabe des Pyrénées"-

 

Comme son nom le laisse supposer, ce petit carabe (guère plus d'une vingtaine de mm) vit dans les Pyrénées, et même dans toute la chaîne puisqu'il est présent depuis les hauteurs du Pays Basque jusqu'au Canigou. Il y vit entre1800 et 2500 m, est actif de mi-juin à mi-septembre, et se complait dans les éboulis et autres pentus, ou encore dans les prairies alpines pierreuses, où le dessous de la moindre caillasse suffit souvent à son bonheur.

 

Le statut de la bestiole se limite à 3 sous-espèces, assorties d'une demi-douzaine de natios, le tout avec des variations chromatiques bien tranchées .... et plutôt plaisantes à l'oeil ! De rares formes individuelles ont été décrites, mais comme souvent elles ne méritent pas forcément le détour !

 

Ce carabe, est fréquemment localisé, sans être rare, avec toutefois un gros bémol pour la sous-espèce costulus ( caractérisée par une costulation élytrale plus régulière et marquée ), qui vit sur les hauteurs du Canigou. C'est la plus orientale des localités d' Iniopachys pyrenaeus, d'où une indigence des effectifs, conséquence assez classique des bestioles en limite de répartition. Pour illustrer le propos, je dirais que le plus chevronné des carabologues peut fort bien galérer la journée durant .... sans voir l'ombre du moindre costulus !

 

 

de haut en bas, et de gauche à droite : 1)- ssp. jeanneli natio cerdanus (vallée d'Err-66-); 2)- ssp. jeanneli natio jeanneli (cirque de Troumouse-65-); 3)- ssp. pyrenaeus, population polychrome (Pic de Ger-64-); 4)- ssp. pyrenaeus natio ignitus (Pic d'Orhy-64-); 5)- ssp. pyrenaeus natio ignitus (Pic d'Orhy-64-). Ce chromatisme est très exceptionnel pour la localité.

 

 

aperçu chromatique ..... .... récapitulatif !

 

 

28)- Carabus (Procrustes) coriaceus -le " Procruste coriacé"-

 

Avec une taille pouvant excéder les 40mm, c'est assurément le plus grand et le plus gros de nos carabes. C'est cependant son seul mérite ( si je puis dire ! ), car il n'est ni beau, ni variable, ce qui constitue une quasi tare aux yeux du collectionneur de bestioles, par principe très épris d'esthétisme et non moins friand de polymorphisme.

 

Ce carabe est très largement répandu en France, à l'exclusion d'une zone sud-ouest schématiquement délimitée par l'axe Bordeaux-Perpignan. Cette espèce n'abonde jamais, notamment dans le Nord et l'Ouest, où elle pourrait d'ailleurs se qualifier d'erratique tant il est difficile de cerner les populations. Cette apparente dispersion tient peut-être à l'éclectisme de coriaceus fort peu exigeant sur la nature de ses biotopes, même s'il boude quelque peu les zones forestières, au profit des milieux "ouverts" et incultes pouvant se qualifier de "fricheux".

 

Le coriaceus est actif au printemps, mais il est surtout observable en automne, après une pause estivale qualifiée de "diapause" par les initiés. La stabilité morphologique de ce carabe se traduit par l'absence de sous-espèces avérées (du moins en France), les quelques natios retenues l'étant sur des critères relativement mineurs (taille, profil, relief).

 

la femelle coriaceus, protagoniste .... .... de l'anecdote ci-dessous contée !

.... c'était en 1969, en forêt de Cerisy (Calvados-14-), mais il m'en souvient comme si c'était hier !

 

 

Ce carabe hiverne classiquement, et je suis en quelque sorte payé pour le savoir. C'était dans une forêt normande, dans les tous premiers jours de Mars, et donc à une période où les carabes hivernants se sentent des fourmis dans les pattes. De plus il faisait soleil ...d'où un regain desdits fourmillements !

 

Quand j'ai soulevé la plaque de mousse recouvrant le rocher sous-jacent, la grosse bestiole n'a pas du tout apprécié de se voir brutalement tirée de son sommeil hivernal. En une fraction de seconde elle a soulevé son postérieur, pour me gratifier illico d'un puissant et copieux jet d'acide formique secrété par ses glandes anales. Ce véritable aérosol m'est arrivé en plein visage, d'où l'impossibilité de chasser durant une demi-heure tant les yeux rougeoyants pleuraient et me brûlaient.

 

Ce moyen défensif est évidemment bien connu des carabologues, qui ont tous eus l'occasion de plus ou moins le tester, mais là le dosage était à la mesure de la taille des Procustes, et plus encore de l'énormité de la femelle ainsi délogée. Pour désagréable qu'il soit, et même douloureux qu'il puisse être, l'effet de ces peu banales "pulvérisations" est toujours passager, et habituellement sans conséquences.

  

 

29)- Carabus (Megodontus) violaceus -le "Carabe violet"-

 

REMARQUE : Pour certains auteurs les 5 Megodontus français (ci-dessous à suivre) seraient relégués au niveau de sous-espèces relevant d'une même entité spécifique, à savoir du présent violaceus. Pour ma part je m'en tiendrais au découpage classique, même s'il n'est pas forcément plus satisfaisant en regard de la complexité des réalités du terrain, et même si ce choix correspond plus à la facilité de l'habitude qu' à une véritable conviction.

 

Caractérisée par ses élytres finement granuleux (apparaissant lisses à l'oeil nu), et marginés de violacé plus ou moins bleuissant, le Megondontus violaceus atteint une petite trentaine de mm de longueur ... et une altitude d'environ 1200m ! C'est une espèce essentiellement forestière, et très localisée, puisqu'elle occupe une étroite zone frontalière franco-suisse intéressant quasiment le seul département du Doubs (25). Vous noterez qu'il s'agit de la sous-espèce meyeri, la forme nominative (ssp. violaceus) n'existant pas en France

 

le "Carabe violet".... ... Megodontus violaceus !

Forêt de Jougne (Doubs-25)

 

Vous noterez que la petite commune de Mouthe, voisine de celle de Jougne, est à juste titre considérée comme la plus froide de France.

Le record date du 13 Janvier 1967 avec -36,70°C à 937 m d'altitude ! .... "chauffe qui peut !"

  

 

30)- Carabus (Megodontus) purpurascens -le "Carabe purpurin"-

 

En son temps ce carabe a fait couler beaucoup d'encre, et si la littérature s'est passablement tarie, ce n'est pas par épuisement du sujet, mais plutôt par celui des carabologues face à l'ampleur et la complexité de la tâche. Il faut en effet savoir que la bestiole couvre toute la France, depuis le niveau de la mer jusqu'à 2000m. et qu'elle est susceptible d'occuper la quasi totalité des milieux .... y compris votre jardin à l'occasion !

 

En matière de classification il s'ensuit l'instauration de 5 "Groupes" ( moins restrictifs et rigides que les ssp.), et d'une bonne vingtaine de natios souvent plus ou moins imbriquées. J'ajouterais que la bestiole n'a pas son pareil pour "infiltrer" les populations consoeurs jouxtantes .... et s'y métisser sans vergogne à l'occasion !

 

Bien entendu il n'est pas question de tout passer en revue, ce qui serait fastidieux, et de surcroît parfaitement inutile. Sachez seulement que la bestiole peut avoisiner un maximum de 35 mm, que la teinte fondamentale est noire, et que les élytres sont normalement striés (finement et régulièrement) , et le plus souvent marginés de violet.

 

Au titre de la variabilité, sachez que la taille tend classiquement à diminuer avec l'altitude ( au point de ne guère dépasser les 25 mm ), et que la striation élytrale peut s'atténuer et se faire plus confuse. Sachez également que les marges élytrales peuvent être violettes, dorées, bleues, ou en quelque sorte "panachées", avec possibilité d'un lustre général à l'avenant, mais plus ou moins accentué ... le tout étant évidemment fonction des divers Groupes et natios !

 

Quelques exemples ....

à gauche : Groupe laevicostatus natio crenatocostatus( forêt d'Ecouves, Orne-61-).

au centre : Groupe baeterrensis natio viridilucens (Luzenac, ariège-09-).

à droite : Groupe fulgens natio fulgens (Pic d'Orrhy-64-).

 

 

aperçu chromatique .... .... récapitulatif !

 

 

31)- Carabus (Megodontus) germari -le "Carabe de Germar"-

 

D'origine transalpine, et peu différent des Megodontus violaceus et mixtus, ce carabe comporte 2 natios étroitement localisées. L'une (pedemontanensis) occupe la région de Chamonix (Haute-Savoie-74-), et l'autre (dechambrei) occupe la zone frontalière comprise entre les cols de Larche (Alpes-de-Haute-Provence-05-) et de Tende (Alpes-Maritimes-06-). La première natio est forestière, et excède les 30mm, alors que la seconde reste en deçà et préfère les prairies alpines.

 

le "Carabe de Germar" .... ... Megodontus germari !

.... natio dechambrei !

col de Tende (Alpes-Maritimes)

 

32)- Carabus (Megodontus) mixtus

 

C'est là encore l'illustration des subtilités de l'entomologie, et plus encore de la carabologie. C'est également l'illustration de la nécessité de disposer de séries comparatives, qui font apparaître ce qui est indiscernable sur un individu, d'autant que ce dernier n'est pas forcément représentatif de la population, compte tenu des variables inhérentes à tout être vivant.

 

Ce carabe, pour l'essentiel forestier, compte parmi les plus petits Megodontus, avec une taille se situant fréquemment autour des 25mm. Le quasi alignement des granulations élytrales lui est spécifique. Trois natios se partagent la Haute-Savoie (74), la Savoie (73), l'Isère (38), et la Drôme (26)

 

Megodontus mixtus .... ..... natio mixtus !

Forêt de Lente (Drôme)

 

 

33)- Carabus (Megodontus) picenus

 

Bis repetita, si je puis dire ! Là aussi d'origine italienne, où il est d'ailleurs très répandu, ce carabe frontalier présente une sculpture rappelant celle de purpurascens, sauf que les striations résultent de l'alignement de chaînons irréguliers issus de la granulation élytrale.

 

Géographiquement très proches, et même voisines, 2 sous-espèces sont observables dans les Alpes-Maritimes. L'une (liguriensis), caractérisée par un lustre très brillant et prononcé vit aux alentours de 2000m sur le massif de l'Authion et ses environs. L'autre (hypochora), aux élytres ternes, vit à relativement basse altitude en Vésubie (Berthemont , Roquebillère).

 

Megodontus picenus ....  ... natio liguriensis !

Massif de l'Authion, 1900m

 

 

34)- Carabus (Chrysocarabus) solieri -le "Carabe de Solier"-

 

 exemples de forme type

 

Ce franco-italien occupe le Var (83), les Alpes-Maritimes (06), les Alpes-de-Haute-Provence (04), et à moindre degré les Hautes-Alpes (05). Cette grande et belle espèce a fait les beaux jours de la littérature carabologique, suite aux prospections intensives et aux très nombreuses découvertes de Michel Tarrier, le "Mr Carabes" des années 70.

 

Pour la petite histoire, et puisque c'était de notoriété publique, j'ajouterais qu'on ne peut être au four et au moulin, et qu'il lui fallait bien faire bouillir la marmite .... ce qu'il faisait en monnayant une partie de ses prises. Cela n'a pas toujours été apprécié, et peut bien sûr se comprendre, mais la rigueur et l'objectivité scientifique ne pâtirent jamais de ce négoce.... nonobstant les incontournables et quasi rituelles controverses inhérentes à la culture entomologique .... et à la complexité du Vivant.

 

Très schématiquement, une lignée verte, et une bleue, se partagent le territoire ci-dessus délimité, et donc la diversité des milieux, et des potentialités évolutives. Elles y forment de multiples populations plus ou moins bien individualisées, d'où de nombreuses zones de mixité et bien sûr de métissage. Ce morcellement se traduit par une demi-douzaine de sous-espèces ( encore que 3 eussent peut-être pu suffire), avec une vingtaine de natios, et autant de formes individuelles, le tout pour un panel de bestioles dont la taille s'échelonne pratiquement de 20 à 40mm.

 

Bien entendu, il serait hors de propos, et pour le moins prétentieux, de vouloir tout passer en revue, d'autant que je suis très loin d'être le mieux placé .... le fait de résider en pays nantais n'arrangeant pas les choses !

 

Pour conclure sachez que la bestiole est protégée par Loi, mais qu'elle a sûrement plus à craindre des incendies (entre autres considérations ! ) que des entomologistes ! Selon le très officiel "Portail du Gouvernement", les départements méditerranéens, durant la période estivale, voient partir en fumée 13600 hectares (moyenne sur 10 ans), et cela pour 1300 départs de feux (moyenne idem). Est-il besoin de le préciser, l'imprudence et la malveillance sont dans la plupart des cas à l'origine de ces sinistres.

 

 

Quelques exemples et commentaires .... de haut en bas, et de droite à gauche !

 

1)- ssp. solieri, natio solieri : Forêt des Dourbes, Digne (04). Ce solieri se situe autour des 28mm. A titre indicatif, le plus petit des solieri (natio altamontanus) plafonne à 20-22mm, et le plus grand (ssp. liguranus) avoisine les 40mm.

2)- ssp. vesubiensis, natio tarrieri : Roquebillères (06), vers 600m. Insecte d'une trentaine de mm, de basse altitude, et au profil élytral ventru.

3)- ssp. bonnetianus, nation bonnetianus : St Cassien-des-Bois (83) .. 70m!. Typiquement bleu nuit à marges violettes, ce pur mélanisant est le solieri vivant le plus bas (massifs de l'Esterel & du Tanneron), c'est aussi un des rare à pouvoir se capturer en chasse d'hiver.

4)- ssp. clairi, natio axiomorphus : Berthemont (06), vers 1300m). Ce solieri résulte d''un métissage entre clairi (bleu) et vesubiens (vert).

5)- ssp. clairi, natio clairi : vallée de la Gorgolasque (06), vers 1700m.

 

aperçu chromatique ......... récapitulatif !

 

 

35)- Carabus (Chrysocarabus) lineatus -le "Carabe rayé"-

 

Essentiellement ibérique ce carabe "déborde" au niveau des Pyrénées-Atlantiques (64), où il occupe une zone avant tout frontalière, ayant le Pic d'Orrhy pour limite Est. Sans entrer dans le détail, il est généralement admis que lineatus résulte d'une très ancienne "fusion" génétique entre Ch. lateralis (espèce hispano-portugaise aux élytres très costulés) et le Ch. splendens (carabe franco-espagnol complètement lisse ).

 

Il s'ensuit une réduction de la costulation élytrale de lineatus, au point de pouvoir laisser place à de simples lignes cuivrées. Cette réduction est évidemment plus patente et importante au contact de splendens, et non moins logiquement plus atténuée au-delà des zones de mixité. Ce beau et grand carabe ( 30mm en moyenne), comporte quatre natios "indigènes", et ses formes individuelles sont nettement plus tranchées en Espagne.

 

Ce carabe vit pratiquement du niveau de la mer jusqu' à 1500m, et parfois au-delà. Il occupe les biotopes les plus divers, bois, bosquets, prairies, hêtraies, alpages ..... y compris les bords ombragés des routes de campagne, comme aux alentours de Macaye et Mendionde, où il affectionne hiverner dans les talus !

 

Dans les zones de cohabitation la distinction entre splendens et lineatus n'est pas toujours évidente, surtout quand il s'agit de lineatus "incostatus", c'est-à-dire à élytres lisses. Le seul critère fiable consiste en l'examen des ailerons membraneux, brièvement triangulaires chez splendens (2-3 mm), et au contraire très effilés et longs (8-10 mm) chez lineatus.

 

 

de haut en bas, et de gauche à droite ....

 

1)- ssp. lineatus, natio ursuius : Macaye (64). C'est le plus typé et plus grand des lineatus (au-delà des 30mm).

2)- le même, mais sous la forme individuelle "incostatus", autrement dit complètement lisse, comme le Ch. splendens.

3)- ssp. lineatus, natio beharrius : pic d'Urdanasburu (64) vers 1100m. Nettement plus petit que le précédent, en raison de l'altitude.

4 à 6)- A titre indicatif : ssp. basilicus de la Sierra d'Urbasa (1000m), Pamplona. Propres à l'Espagne ces lineatus très rutilants vont du vert au cuivré le plus intense, avec de peu fréquentes formes individuelles mélanisantes mordorées à lustre violacé (holoiodus).

 

 

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les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr