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le défaut de la cuirasse !
 
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Plus qu'en elle-même, et comme quelques autres, cette historiette vaut avant tout pour les questions restées à ce jour sans réponses ....
 
A une époque, aujourd'hui bien lointaine, la Licence de Sciences Naturelles était basée sur l'obtention de divers "Certificats", à commencer par celui de "Zoologie Générale".
 
Dans le cadre de ce Certificat, et plus précisément des Enseignements pratiques afférents, les étudiants étaient amenés à disséquer de nombreux animaux, tant vertébrés qu'invertébrés.
 
Les reptiles figuraient évidemment au "menu", et tous les ans, compte tenu de mon attrait pour ces bestioles, j'étais évidemment chargé de "récolter" le nécessaire, à savoir une trentaine de vipères et couleuvres.
 
En pratique il s'agissait surtout de vipères, et en l'occurrence de l'aspic (Vipera aspis), très commune dans la région, du moins à l'époque. Les couleuvres, étaient à la fois moins fréquentes, moins faciles à capturer …et souvent trop grandes pour être commodément disséquées
 
Capturés vifs quelques jours avant les " TP ", autrement dit les "travaux pratiques", les malheureux reptiles étaient le plus souvent euthanasiés au dernier moment, c'est-à-dire juste avant d'échouer dans les "cuvettes à dissections" des étudiants ... après neutralisation drastique de l'appareil venimeux !
 
En principe je chassais seul, mais ce jour-là j'étais accompagné de J.B., un enseignant du labo. J'avais eu l'occasion de l'initier à ce genre de traque, et vous l'aurez compris…. il y avait pris goût !
 
Concrètement, les vipères repérées étaient promptement immobilisées sous la botte, puis saisies au plus près de la tête avec de longues pinces à pansements (bricolées à cet effet ! ), et enfin enfournées dans le "sac de chasse".
 
Les couleuvres étaient capturées sans plus de fioritures, et le plus souvent directement à la main. Il s'agissait principalement de la très classique couleuvre à collier (Natrix natrix), les autres espèces étant nettement moins présentes, du moins là où nous chassions.
 
Nous progressions de concert, le long d'un talus bien exposé, quand nous sommes tombés sur l'emblématique couleuvre d'Esculape (Elaphe longissima), celle-là même qui figure sur le fameux caducée des médecins.
 
La belle déroulait tranquillement ses 1,20 m, taille au demeurant normale, car j'avais déjà trouvé des spécimens dépassant le 1,50 m. Sous des cieux plus méridionaux ce serpent flirte d'ailleurs avec les 1, 80 m, voire les 2 m, et à ce titre il compte parmi les trois plus grands reptiles français.
 
Relativement agressive, cette couleuvre mord volontiers, notamment lors de sa capture. Surprise aidant, et sauf à porter des gants, on a alors tendance à vivement retirer la main …et bien souvent c'est là qu'on s'érafle la "couenne" sur les nombreuses petites dents crochues du reptile !
 
Bien entendu la "blessure" est très superficielle, et dans l'absolu sans gravité aucune. Le sang peut toutefois perler, voire couler un tout petit peu, mais sans être "maso" cela reste quasi-plaisir tant la bête est belle !
 
L'incitant d'un geste à profiter de l'aubaine, j'ai vu J.B. se saisir promptement de la grande couleuvre, à l'instant même où cette dernière amorçait sa fuite. Appréciant fort peu de se voir enlevée à son talus, la bête se tortillait violemment …. tout en mordant à pleine gueule la main gantée la retenant prisonnière !
 
Sauf à être brutalisée, ou manipulée en dépit du bon sens, cette couleuvre se calme très vite, mais elle reste évidemment sur la défensive, et donc toujours prête à mordre … ce qui allait très vite se vérifier !
 
La bête étant trop grande ( et trop belle! ) pour finir disséquée, nous discutions de son sort, à savoir la conserver momentanément pour démonstration, ou la relâcher de suite, là où elle avait ses marques.
 
Chassant une guêpe venue voir ce qui passait ( si l'on peut dire ! ), la main gauche de J.B. est alors passée à portée de la couleuvre, ce qui a instantanément déclenché son attaque…avec une morsure bien peu banale à la clé !
 
J.B. chassait en effet avec des vieux gants de cuir, et suite à l'usure, ou à la défaillance d'une couture, un entrebâillement s'était créé dans le creux du pouce gauche, c'est-à-dire à la jonction de l'index et dudit pouce.
 
Aussi étonnant que cela puisse paraître, c'est très précisément là qu'il s'est fait mordre, alors que la zone dénudée n'excédait pas quelques cm2 !
 
On peut certes considérer qu'il s'agit d'un pur hasard, ou que la bête a vu le "défaut de la cuirasse", ou encore senti l'ouverture, au sens olfactif du terme.
 
On peut également considérer qu'il s'agit d'une sorte de détection thermique, dans une certaine mesure assimilable à celle que l'on connaît par exemple chez les pythons, et plus encore chez les crotales.
 
Vous noterez au passage que ces reptiles peuvent capter des écarts thermiques de l'ordre du demi-degré, ce qui leur permet de détecter, localiser, et capturer leurs proies aisément, y compris dans l'obscurité la plus complète.
 
Au final, et vous l'aurez compris, l'incertitude demeure, et bien entendu je suis preneur de toute observation du même genre, mais aussi de toute info technique, ou expérimentale, permettant de déterminer l'origine de cette .... "frappe chirurgicale" !
 
 
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