Il
est des détails qui ne s'inventent pas, et c'est heureux
tant la présente historiette relève de l'incroyable,
alors qu'elle est parfaitement
véridique....
C'était au Maroc, dans les années 50, et dans
une sorte de volière grillagée ma mère avait
un couple de pigeons, et de mon côté j'avais les
inséparables " Tiouit " et " Nénétte ",
autrement dit mon cochon d'inde, et une tortue terrestre de la
taille d'un gros poing.
Tout ce petit monde vivait en parfaite harmonie, à
telle enseigne que les pigeons aimaient se poser sur la tortue, et
à l'occasion se laisser véhiculer, tandis que le
cochon d'inde partageait volontiers sa couche avec la tortue.
Cette dernière aimait en effet se réfugier dans la
litière du rongeur pour y passer la nuit, et même y
hiverner le moment venu.
Trompant notre vigilance, et profitant sans doute de l'absence
de loquet intérieur, la fameuse tortue était
portée disparue depuis plusieurs jours. J'étais
d'autant plus fâché que la bête n'était
pas une tortue ordinaire, et que les chances de la retrouver
étaient à l'évidence quasi nulles.
J'ai donc été pour le moins surpris de voir la
fameuse " Nénette " entre les mains de ma mère, et
plus encore d'apprendre qu'elle l'avait trouvée dans le
nichoir des pigeons, à un mètre cinquante du sol.
J'étais bien sûr ravi, mais ma mère
l'était nettement moins considérant que la
plaisanterie des copains était de nature à perturber
ses volatiles.
Quelques jours plus tard la tortue était de nouveau
retrouvée dans le coin pondoir des pigeons, mais là
il n'était plus question d'incriminer les copains car un
cadenas flambant neuf était venu concrétiser le
mécontentement maternel.
Bien entendu la " Nénette " a été
placée sous haute surveillance et je l'ai surprise à
mi-parcours d'une étonnante ascension. Elle s'était
insinuée entre le grillage et la planche servant de
piétement, et adossée à cette dernière
elle grimpait en s'aidant des mailles du grillage. C'était
assez laborieux, et les pauses étaient fréquentes,
mais le fait d'être ainsi prise en " sandwich " lui
permettait néanmoins de se hisser sans risque de
chuter.
Au terme de cette première étape les choses se
sont nettement corsées, car il lui fallait passer de la
verticale à l'horizontale, autrement dit quitter le
piétement pour pouvoir accéder à la planche
d'envol du nichoir. Le retournement était d'autant plus
périlleux à " négocier " que notre tortue
arrivait de dos au niveau de la planche d'envol et qu'elle perdait
évidemment l'appui du piétement. En d'autres termes
elle se tenait au seul grillage, et de surcroît il lui
fallait " enjamber " l'espace qui lui avait permis de
grimper.
En s'aidant du grillage et des seuls membres
antérieurs, dix bonnes minutes de véritables
contorsions se sont avérées nécessaires. Le
reste était pure formalité et dans la minute
suivante elle était dans le nid proprement dit, c.a.d. dans
la partie close du nichoir.
Bien entendu j'ai redescendu la bestiole, qui est
évidemment remontée dans les 48 h, car elle
entendait manifestement hiverner dans le nid des pigeons, ce
qu'elle aurait sans doute fait si nous l'avions laissée
faire.
De ce fait, et c'est bien là mon regret, je n'ai jamais
su si la bestiole aurait emprunté le même chemin pour
redescendre, ou si elle se serait décidée pour le
grand saut . en rentrant tout ce qui dépassait !
Pour conclure je dirais que cette
tortue ne faisait décidément rien comme ses
congénères car " l'héroïne " de la "
momie " (cf. menu), c'était déjà elle !
L'échelle n'y est pas, mais le principe et l'exploit
sont respectés !
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andré lequet
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