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la SOUCIEUSE (Orgyia recens)
(Lépidoptère Lymantriidae)
 
(page 2 sur 2)

Intro !

Cette peu fréquente espèce déboulant sans crier gare dans mes élevages (un tout grand merci à Jean-Alain G.), j'avais prévu de la faire figurer dans mes "pages entomo" sous la forme d'un simple additif comparatif à Orgyia antiqua, espèce jumelle largement répandue, et donc déjà présente sur le site.

En dépit d'un suivi photographique censément moins soutenu qu'à l'accoutumée, et d'observations elles-mêmes moins assidues, mon futur additif s'est finalement avéré nettement plus copieux que prévu, d'où sa conversion in fine en page entomo .... disons" light " !

Quelques lacunes et imprécisions sont de ce fait inévitables, mais bien entendu elles seront ultérieurement comblées et corrigées ... du moins si possible ! Comme en tous domaines, il est en effet des occasions qui ne se présentent pas 2 fois, et c'est particulièrement vrai en entomo.

Présentation !

L' Orgyia recens des entomologistes, communément appelée la "Soucieuse", relève des Lymantriidae, Famille de lépidoptères nocturnes représentée en France par une vingtaine d'espèces. Ce petit papillon (35 à 40 mm d'envergure) occupe la majeure partie de l'Europe. L'espèce est largement répandu en France, y compris en Corse, mais sa répartition étant assez inégale, il peut localement se faire rare, voire absent.
 
An nord de son aire, ou encore en montagne où elle atteint 2000 m, la Soucieuse montre une seule génération annuelle (Juillet-Août). Par contre, là où les conditions climatiques le permettent l'espèce est alors bivoltine ( Juin, puis Août-Septembre). Ce papillon peut quasiment se rencontrer partout, y compris en zones urbanisées, ce caractère ubiquiste étant à la mesure de l'éclectisme alimentaire de ses chenilles. J'ajouterais que le mâle vole de jour, et que les adultes ne s'alimentent pas, d'où une durée de vie réduite, essentiellement axée sur la reproduction, cas fréquent chez les papillons dits "de nuit"

Ni grand, ni beau, ni vraiment rare, telle pourrait-être la conclusion de cette brève présentation, mais par-delà son apparente insignifiance, ce papillon se singularise, par un dimorphisme sexuel hors normes .... et une "vie de couple" à l'avenant !

La Soucieuse (Orgyia recens), mâle, photo 1. La Soucieuse (Orgyia recens), mâle, photo 2. La Soucieuse (Orgyia recens), mâle, photo 3..............Bombyx antique ou Bombyx étoilé (Orgyia antiqua), mâle, photo 1. Bombyx antique ou Bombyx étoilé (Orgyia antiqua), mâle, photo 2.
à gauche : Orgyia recens, dite la "Soucieuse" (allez savoir pourquoi ! ); à droite: Orgyia antiqua (Bombyx antique).
Dans les 2 cas vous noterez qu'il s'agit de mâles ... à comparer avec les femelles ci-dessous !
 

Le dimorphisme sexuel !

Par opposition aux mâles ci-dessus, la femelle des Orgyia est bien loin de ressembler à un papillon digne de ce nom, car les ailes sont si réduites qu'elles confinent l'inexistence, au point de pouvoir se qualifier de vestigiales. Outre l'absence d'ailes, et donc l'incapacité de voler, la femelle émergente peut tout juste grimper sur son cocon tant l'abdomen est volumineux et alourdi par la masse des oeufs en quelque sorte ... prêts à pondre !

Vous noterez que l'aptérisme, ou le microptérisme, peuvent se rencontrer chez d'autres espèces de Lépidoptères (Geometridae), et que le dimorphisme de certains insectes est non moins étonnant , tel celui de Lampyris noctilucta, coléoptère plus connu sous le nom de "Ver luisant".

 
La Soucieuse (Orgyia recens), femelle sur son cocon. La Soucieuse (Orgyia recens), femelle sur allumette, photo 1. La Soucieuse (Orgyia recens), femelle sur allumette, photo 2. La Soucieuse (Orgyia recens), femelle en vue ventrale. La Soucieuse (Orgyia recens), femelle  vue de face.
Véritables "sacs d'oeufs", telles se présentent les femelles d'Orgyia recens ... copies conformes de celles d'Orgyia antiqua !
à gauche: femelle de "Soucieuse" en attente sur son cocon; à suivre : femelles tous azimuts !
 

L'accouplement !

N'ayant d'autre choix que celui de se hisser sur son cocon pour y perpétuer l'espèce, la très atypique femelle a tôt fait d'y dégainer l'arme fatale que sont les phéromones sexuelles. Il s'ensuit un accouplement digne de la belle et la bête, et de quoi rendre possible celui du "petit poisson et du petit oiseau" si joliment chanté par Juliette Gréco. Pour illustrer la puissance attractive de ces phéromones, et si je puis dire le total "aveuglement" des mâles, le Bombyx du mûrier fait figure de classique. Concrètement, les mâles du fameux "ver à soie" suivent au plus près les petits objets (crayon ou stylo par exemple) que vous faites "circuler" sur une table, sous réserve de les avoir préalablement mis en contact avec les glandes anales d'une femelle vierge. C'est très démonstratif, de plus amusant ... et ça marche à tous les coups !
 
La Soucieuse (Orgyia recens), antennes du mâle, photo 1. La Soucieuse (Orgyia recens), antennes du mâle, photo 2.
Particulièrement développées, et fournies en "sensilles" olfactives, les antennes du mâle ont tôt fait de détecter les phéromones sexuelles émises par les femelles vierges. Il suffit ensuite de remonter la piste des affriolantes effluves ... lesquelles cessent dès l'instant où le mâle est à l'ouvrage. Sur l'agrandissement, les innombrables et très ténues sensilles sont nettement discernables de part et d'autre des branches horizontales de l'antenne ... "kif-kif" nos "râteaux" TV !
 
 
La Soucieuse (Orgyia recens), accouplement, photo 1. La Soucieuse (Orgyia recens), accouplement, photo 2. La Soucieuse (Orgyia recens), accouplement, photo 3. La Soucieuse (Orgyia recens), accouplement, photo 4. La Soucieuse (Orgyia recens), accouplement, photo 5.
La Belle et la Bête ... version Orgyia !
 

La ponte !

Elle commence dès la fin de l'accouplement, et se poursuit sans interruption jusqu'à "épuisement du stock". De 300 à 500 oeufs sont en moyenne émis, et classiquement déposés côte à côte à la surface du cocon. Comme les photos ci-dessous en témoignent les oeufs des Orgyia se ressemblent ... tout en différant !
 
La Soucieuse (Orgyia recens),  femelle à pondre. La Soucieuse (Orgyia recens),  ponte. La Soucieuse (Orgyia recens),  détail des oeufs..............Bombyx antique ou Bombyx étoilé (Orgyia antiqua), détail des oeufs.
 à gauche : O. recens : femelle à pondre et gros plans sur les oeufs; à droite : oeufs de O. antiqua

La chenille !

En toute logique les chenilles de ces 2 Orgyia se ressemblent beaucoup globalement, et non moins logiquement elles diffèrent très nettement dans le détail ... spéciation oblige ! Toutes les chenilles de ma fournée étant pareillement vêtues, la coloration des recens semble plus constante, voire "invariable", là où celle des antiqua est au contraire joliment diversifiée.
 
La Soucieuse (Orgyia recens), chenille, photo 1. La Soucieuse (Orgyia recens), chenille, photo 2. ..........La Soucieuse (Orgyia recens), chenille,  détail, photo 1 La Soucieuse (Orgyia recens), chenille,  détail, photo 2. La Soucieuse (Orgyia recens), chenille,  détail, photo 3.
ci-dessus : chenille d'Orgyia recens, vues générales et détail des "marguerites" présentes sur les segments non occupés par les "brosses".
Vous noterez l'absence des pinceaux latéraux, bien visibles et développés chez antiqua.
ci-dessous : chenilles d'Orgyi antiqua, vues générales et détails des zones abdominales montrant la présence de "verrues" rouges,
en lieu et place des très typiques "marguerites" ci-dessus observables. 
Bombyx antique ou Bombyx étoilé (Orgyia antiqua), chenille, photo 1. Bombyx antique ou Bombyx étoilé (Orgyia antiqua), chenille photo 2. .......... Bombyx antique ou Bombyx étoilé (Orgyia antiqua), chenille,  détail, photo 1 Bombyx antique ou Bombyx étoilé (Orgyia antiqua), chenille,  détail, photo 2. Bombyx antique ou Bombyx étoilé (Orgyia antiqua), chenille,  détail, photo 3.

 

Le développement !

Très polyphage (comme l'est O. antiqua) la chenille se développe sur de nombreux arbres et arbustes feuillus, entre autres chênes, saules, aubépines, aulnes. Le développement est rapide, et dans de bonnes conditions climatiques, "la messe est dite" en l'espace d'un mois, et l'exemple ci-dessous en témoigne.
 
21 Mai ... naissantes !
L1 La Soucieuse (Orgyia recens), chenille,  stade 1, photo 1. La Soucieuse (Orgyia recens), chenille,  stade 1, photo 2. La Soucieuse (Orgyia recens), chenille,  stade 1, photo 3.
 
L2 La Soucieuse (Orgyia recens), chenille,  stade 2, photo 1. La Soucieuse (Orgyia recens), chenille,  stade 2, photo 2. La Soucieuse (Orgyia recens), chenille,  stade 2, photo 3.
 
L3 La Soucieuse (Orgyia recens), chenille,  stade 3, photo 1 La Soucieuse (Orgyia recens), chenille,  stade 3, photo 2. La Soucieuse (Orgyia recens), chenille,  stade 3, photo 3.
 
L4 La Soucieuse (Orgyia recens), chenille,  stade 4, photo 1 La Soucieuse (Orgyia recens), chenille,  stade 4, photo 2. La Soucieuse (Orgyia recens), chenille,  stade 4, photo 3.
 
23 Juin ... à terme !
L5 La Soucieuse (Orgyia recens), chenilles à terme. 1 La Soucieuse (Orgyia recens), chenille,  stade 5, photo 1 La Soucieuse (Orgyia recens), chenille,  stade 5, photo 2. La Soucieuse (Orgyia recens), chenille,  stade 5, photo 3. La Soucieuse (Orgyia recens), chenille,  stade 5, photo 4.
 
La Soucieuse (Orgyia recens), chenille,  stade 5, photo 5. La Soucieuse (Orgyia recens), chenille,  stade 5, photo 6. La Soucieuse (Orgyia recens), chenille,  stade 5, photo 7.
 
 
Le cocon et la chrysalide !

Au terme de son développement la chenille tisse un cocon bien individualisé, mais fort mince et très aéré, ce qui permet de la voir à l'oeuvre, et ultérieurement de très nettement distinguer la chrysalide. Comme précisé en intro cet élevage a été mené avec une attention moins soutenue, si bien qu' une très étonnante "bizarrerie" a été découverte après coup. Comme les photos ci-dessous le montrent, la mue de la chenille est en effet en dehors du cocon, situation à l'évidence totalement illogique. Vous l'aurez compris, j' ignore si cette peu banale particularité est de règle chez recens ... et surtout "comment ça marche" !

Comme vous le verrez, ci-dessous là encore, j'ai pu observer un cas de prime abord comparable chez le Bombyx de la ronce (Macrothylacea rubi). Sous une trame très finement tissée on voit parfaitement la mue de la chenille, et d'autre part le supposé cocon du papillon ... sauf que ce cocon est en fait celui d'une énorme larve parasite, toujours non identifiée, bien que nettement apparentée à un Hyménoptère. Pour plus de détails et photos sur ce parasite, voyez la page entomo dédiée à ce bombyx.

 
La Soucieuse (Orgyia recens), cocon, photo 1. La Soucieuse (Orgyia recens), cocon, photo 2. La Soucieuse (Orgyia recens), cocon, photo 3. La Soucieuse (Orgyia recens), cocon, photo 4.
Cherchez l'erreur ... comprenne qui pourra !
ci-dessus : comment expliquer la présence des mues nymphales de la chenille ... à l'extérieutr du cocon ! ci-dessous à gauche: vrac de chrysalides, puis mise en évidence du dimorphisme des tailles, les chrysalides mâles étant toujours très petites en regard de celles des futures femelles ; à droite : l'apparente analogie est trompeuse car là il s'agit de la dépouille d'une chenille de Bombyx de la ronce ... et du cocon de son parasite !
La Soucieuse (Orgyia recens),  chrysalides , photo 1. La Soucieuse (Orgyia recens),  chrysalides , photo 2..................Bombyx de la ronce (Macrothylacea rubi), cocon et chenille parasités.
 
 
En guise de conclusion ...
Mieux vaut tard que jamais !

Commencée en 2011 cette "page entomo" dédiée à Orgyia recens aura mis 5 ans pour se voir finalisée et mise en ligne. Ce très inhabituel délai, à la limite des "oubliettes", témoigne sans doute d'une sorte de "panne d'inspiration" ... inspirée par Orgyia antiqua ! Cette espèce jumelle étant déjà abondamment traitée, j'avais évidemment le sentiment peu motivant d'engendrer un "doublon" ! A tort ou à raison j'ai fini par "accoucher" ... à vous d'en juger !

 
FIN
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr