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L'ANOXIA (Anoxia villosa) !
(Coléoptère Meolonthidae)
 
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Avant propos ! Datant du tout tout tout début du site (et donc de 2002 ! ) ce semblant de "Page entomo" sert avant tout de prétexte à la narration d'une curieuse anecdote ( devenue par la suite "Historiette" à part entière ! ) car la biologie de l'Anoxia villosa n'est guère originale. Elle s'apparente en effet à celle du hanneton commun (Melolontha melolontha, ci-dessous), qui entre parenthèses n'est plus si commun que ça. On peut même dire qu'il a bien failli disparaître car à une époque c'était vraiment l'ennemi N°1 du monde agricole. De ce fait on ne lésinait pas sur un DDT qui par la suite s'est avéré nettement plus néfaste et difficile à éliminer que l'insecte lui-même, mais c'est là une autre histoire.
 
couple d'hannetons communs (melolontha melolontha) Melolontha melolonta (hanneton commun) Melolontha melolonta (hanneton commun) , adultes en main.
le "Hanneton commun" (Melolontha melolontha) ... plus si commun que cela !
 
Une "Page entomo", digne de ce nom, lui est désormais consacrée ... ici !
 

Cela dit l'Anoxia villosa est un coléoptère Mélolonthidé, autrement dit un hanneton au sens large du terme. L'espèce est assez répandue, mais toujours localisée aux zones sablonneuses. A ce titre elle affectionne les espaces dunaires du littoral atlantique et sa larve s'y développe au détriment des racines de divers végétaux. Cet insecte est rarement rare, si je puis dire, et il serait même plus conforme à la réalité (au moins pour la Vendée) de dire que certaines années il est encore plus abondant qu'à l'accoutumée. L'adulte vole le soir et dans la journée il s'ensable au pied de la végétation, et notamment des oyats qui lui offrent protection et relative fraîcheur.

variations chromatiques d'anoxia villosa
palette chromatique de l'Anoxia vendéen
 
 
L'insecte est d'assez bonne taille (proche de 3 cm), et sa coloration va du roux au noir. La face ventrale de ces hannetons est par ailleurs entièrement et densément pubescente, d'où le nom de villosa donné à l'espèce. Chez tous les hannetons présentés le sexe est aisément reconnaissable à la forme des antennes. Celles du mâle sont en effet plus longuement pectinées que celles des femelles, et cette différence est particulièrement spectaculaire chez Polyphylla fullo (voir début de l'anecdote).
anoxia villosa, pilosité ventrale d' Anoxia villosa
la pubescence ventrale de l'Anoxia villosa
 
Cet Anoxia apparaît vers la mi-juin, et durant sa courte vie il fait preuve d'une étonnante ponctualité, mais aussi d'une curieuse propension à tournoyer autour de tout ce qui émerge au dessus de son horizon. A l'occasion il se laisse même aller à une non moins surprenante frénésie génésique, et vous allez pouvoir en juger.
 
 
C'était à la mi-juin, sur la côte vendéenne, et je débutais quasiment dans le "métier" d'entomologiste...

j' escomptais trouver le grand hanneton des dunes, autrement dit Polyphylla fullo (ci-dessous). Encore appelé hanneton des pins ou hanneton foulon, ce grand et bel insecte me faisait en effet rêver, et bien sûr j'avais hâte de m'y frotter.....

Craignant cependant que ma belle "mob" toute neuve fasse pareillement rêver, je l'avais par précaution péniblement hissée au plus haut de la dune bordant la mer, afin de l'avoir toujours à l'oeil.
 
mâle de la forme "rouge" couple de hannetons des dunes (polyphylla fullo)femelle de la forme "noire"
couple de Polyphylla fullo

En fait j'étais trop tôt pour le fullo, à la fois en soirée et en saison, si bien que je suis tombé sur l'Anoxia qui n'était pas prévu au programme. L'espèce étant cependant nouvelle pour moi, je ne me suis pas fait prier.

Très vite l'envol s'est généralisé, et des dizaines de bestioles se sont mises à tournoyer autour de moi, certaines allant même jusqu'à se poser sur ma modeste personne, dès l'instant où j'arrêtais de marcher. A l'évidence je n'ai pas eu grand mérite à faire une ample moisson, et je suis donc rapidement retourné vers mon engin, toujours accompagné de ma vrombissante escorte.

J'ai alors découvert un étonnant spectacle car de véritables grappes d'Anoxia s'accrochaient sur la mob partout où cela était possible. Certains étaient même entrés dans les sacoches, tandis que d'autres continuaient d'arriver et de tournoyer !

Je n'ai compris que plus tard, c'est-à-dire en examinant ma collecte. De fait la proportion des femelles était extrêmement faible, et vous l'aurez compris il y avait la presse autour des belles. Apparemment il importait peu que la place soit déjà prise, l'essentiel étant en quelque sorte de participer, et en l'occurrence d'espérer.

A noter au passage que l'explication est classique car chez beaucoup d'insectes les mâles éclosent majoritairement avant les femelles, et les premières nées sont évidemment très sollicitées. A titre d'exemple j'ai vu des mâles de papillons s'empresser autour de femelles émergentes dont les ailes n'étaient pas encore complètement développées.

Par ailleurs les Anoxia ont une propension très marquée pour tout ce qui domine le sol, et dans la dune, vous l'avez vu, la fameuse mob et son heureux propriétaire remplissaient éloquemment les conditions requises.

En d'autres occasions j'ai également constaté que les anoxia sont d'une étonnante ponctualité, car les premiers envols se produisent toujours au moment même où le soleil disparaît à l'horizon. C'est véritablement réglé comme du papier à musique, et une seule fois j'ai vu déroger à la règle, et là encore le spectacle était au rendez-vous.

Après plusieurs jours d'un temps exécrable le soleil était enfin revenu. Tout comme moi les Anoxia étaient pressés de se dégourdir les pattes, à telle enseigne que les premiers envols commencèrent alors que l'astre du jour était encore très haut sur l'horizon....et surtout que les mouettes n'étaient pas encore couchées !

Plus les hannetons sortaient, et plus les mouettes rappliquaient. Le concert de leurs cris se faisait assourdissant, et au gré d'évolutions qui tenaient du ballet aérien les malheureux hannetons disparaissaient dans la profondeur des gosiers. Pas un n'y échappait, à l'instar de ces malheureuses petites tortues naissantes que de noires frégates viennent cueillir sur nos écrans TV.

Tout ayant une fin, les envols d'Anoxia commencèrent peu à peu à se tarir, et quand un retardataire prenait son essor, deux, trois, ou quatre volatiles piquaient sur lui dans l'instant. C'était vraiment superbe à voir, car si la plus rapide des mouettes empochait la mise, les autres devaient s'éviter à la faveur d'un zig ou d'un zag, et le plus souvent au dernier moment. Dans d'autres cas le freinage en catastrophe s'imposait, et les corps à la verticale restaient comme suspendus au gré d'ailes battantes brassant l'air à rebours, ou comme crucifiés l'espace d'un instant, ailes figées et largement déployées....

Ce jour-là je me suis contenté de regarder chasser la concurrence. ... et j'avoue avoir eu grand plaisir à le faire.
 
FIN
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr