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- le SPHINX
TÊTE de MORT (Acherontia atropos) !
- (Lépidoptère
Sphingidae)
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-
- Intro !
-
- Fut un temps où la seule
évocation de ce papillon faisait frémir dans les
chaumières. Bien entendu la bouteille d'eau bénite
n'était jamais bien loin, une sainte aspersion ayant la
vertu, entre autres propriétés, de parer au funeste
présage annoncé par la survenue d'une bestiole qu'il
suffisait d'entrapercevoir pour redouter le pire.
-
- A l'époque j'étais tout
gosse, mais il me souvient très bien du jour où la
"bête" a eu la malencontreuse idée de venir
trépasser dans la véranda de ma grand-mère.
J'exagère à peine en disant qu'un bon demi litre
d'eau quasi miraculeuse a été nécessaire pour
conjurer le sort, avec interdiction absolue d'en parler à
quiconque alentour ... des fois que !
-
- A décharge, il faut bien
reconnaître la force évocatrice du dessin thoracique,
d'où l'appellation commune et scientifique de ce sphinx.
Acherontia se réfère en effet à l'
Achéron , fleuve des Enfers "que les ombres des morts
traversaient sans retour", tandis qu' Atropos était la
Parques qui "coupait le fil des jours", autrement dit celui de la
vie. Tout un programme, et vous en conviendrez, pas des plus
réjouissants !
-
- Que dire de plus, sinon qu'au fil des
ans et des biocides en tous genres, le "papillon du diable" s'en
est allé, et les croyances de mauvais augure avec, du moins
celles qui lui étaient attachées, car d'autres
perdurent à coup sûr ça et là tout
comme le recours à l'eau bénite, pour qui croit en
ses bienfaits.
-
-
- le Sphinx tête de mort ...
..
.... et son fameux "logo"
-
- Sauf à totalement manquer
d'imagination, il est bien difficile de nier toute ressemblance,
- mais le graphisme n'est pas
toujours aussi réaliste, ni aussi tranché, et il
peut même faire défaut dans la forme dite
"obsoleta".
- Pour le reste chacun voit
midi à sa porte, et que celui qui n'a jamais lu un
horoscope jette la première pierre
!
-
- Remerciements
-
- Avant d'entrer dans le vif du sujet,
sachez que la bestiole s'est longtemps appelée
"Désirée", et que je commençais à
vraiment désespérer de pouvoir lui consacrer une
"page entomo". Il aura fallu l'aimable et très fortuite
contribution de 2 internautes (avec 2 chenilles "sauvages"
à la clé ! ), et surtout la gentillesse
désintéressée d'un naturaliste havrais,
photographe professionnel, qui a su passion garder ... et partager
les quelques oeufs et chenillettes reçus ! Une fois encore,
qu'ils en soient tous trois sincèrement remerciés !
-
-
- Présentation
-
- Le bien nommé "Sphinx tête de mort" est
très largement répandu en Afrique, et
avec une envergure alaire atteignant 12
à 13 cm, c'est le plus grand, et le plus gros des
Sphingidae français, et même européens.
-
- C'est par excellence un papillon
migrateur, et il nous arrive régulièrement d'Afrique
du Nord, la traversée de la Méditerranée ne
posant guère de problèmes à cet excellent
voilier ( terme que je préfère au barbare
"volateur", souvent employé en entomo ... mais absent du
dico ! ). J'ajouterais qu'il lui arrive de visiter nos voisins
"Grands Bretons", et de parfois même atteindre les pays
Scandinaves, avec quelques très exceptionnelles
observations .... au niveau du cercle polaire .... excusez du peu
!!!!
-
- En règle générale
les atropos immigrants arrivent en Mai-Juin, et se reproduisent
sur place, avec émergence de la nouvelle
génération en Septembre-Octobre. Les chenilles
issues de cette seconde fournée auront bien du mal à
boucler, et si chrysalides il y a, elles seront le plus souvent
totalement décimées par les gels hivernaux. Leur
survie est toutefois possible là où les conditions
climatiques du lieu ou de l'année sont favorables. Vous
l'aurez compris, mieux vaut donc être Niçois que
Lillois ... mais c'est toujours limite !
-
- Avant la généralisation
des insecticides, et autres biocides, ce papillon était
relativement commun, la chenille appréciant tout
particulièrement le feuillage des pommes de terres. Trouver
des chrysalides à l'arrachage était d'ailleurs
monnaie courante, mais la mécanisation des récoltes
est venue donner le coup de grâce, ou peu s'en faut.
-
- Sachez enfin que ce papillon est
protégé en Suisse (Cantons de Vaud, de Schaffhouse,
et de Thurgovie), et pour mémoire qu'il a eu les honneurs
du Cinéma avec des films comme "Le silence des agneaux", ou
encore "Un chien andalou" très étonnante et
surréaliste oeuvre de 1928.
-
-
-
-
- Acherontia atropos ... comme si
vous y étiez !
- La bestiole peut étonner,
intriguer, inquiéter, fasciner, répugner .... mais
jamais indifférer !
-
-
-
- Dimorphisme sexuel
!
Côté sexe, si j'ose dire, le
dimorphisme est pratiquement nul. Les femelles sont
généralement plus grandes, ce qui est quasi de
règle chez les papillons. L'abdomen est aussi plus
"avantageux" et plus obtus, mais ce n'est pas toujours patent,
sauf à pouvoir comparer, comme ci-dessous. Cela vaut
également pour les antennes, très ( trop ! )
discrètement différentes, ou encore pour le "frein"
alaire qui demande un minimum d'expérience, et comme vous
le verrez .... de bons yeux !
-
- Elle ! ...
... et lui !
- ci-dessus: dimorphisme
sexuel des plaques dites génitales, et donc des
extrémités abdominales en vues
ventrales.
- ci-dessous: illustration
du dimorphisme antennaire
- Encore elle ! ...
... et encore lui !
-
-
- Pour les curieux ce frein alaire, ou "joug", est un
étonnant dispositif propre à certains papillons
nocturnes (dont les Sphingidae), qui permet d'améliorer la
qualité du vol, par couplage des ailes antérieures
avec les postérieures. Chez le mâle le couplage
revêt la forme d'une étroite bride spiralée
(située au bord de l'aile antérieure), qui tel un
ressort s'enroule autour d'une très forte soie à
base articulée, implantée en bordure de l'aile
postérieure. Pour plus de détails, vous pouvez vous
reporter à la page entomo consacrée au Sphinx du
laurier rose, encore que les agrandissements des illustrations
ci-dessous soient parfaitement explicites
-
- le frein alaire ....
.... de l'atropos mâle
- à gauche:
localisation du "frein" (voir sur agrandissement); au centre:
repérage et détails du frein; à
droite: détail l'enroulement de la bride sur la
soie.
-
- Les androconies
!
Comme les illustrations ci-dessous le
montrent, les mâles sont dotés de curieux bouquets
pilifères disposés latéralement, à la
base de l'abdomen. Aussi surprenant que cela puisse paraître
ils sont totalement "escamotables", tout en pouvant
disparaître ou réapparaître à
volonté, et ce en l'espace d'une fraction de seconde. En
dépit d'une morphologie pour le moins originale, il s'agit
très certainement d'androconies, autrement dit de poils
odorifères émettant des phéromones sexuelles,
afin d'attirer les bonnes grâces ... des demoiselles
atropos !
-
-
- Les poils androconiaux de
l'atropos .... aussi hors normes que l'est ce sphinx
!
- de gauche à
droite: 1)- "bouquets" en vue ventrale, vous noterez leur
position; 2)- "bouquet" déployé, cette fois
en vue latérale ; 3)- mise en évidence de
l'invagination dans laquelle le faisceau des poils androconiaux se
"range", tel un éventail replié sur
lui-même; 4)- détail du "bouquet" en cours de
rangement.
- ....
et le tout en action ... et en vidéo !
-
- Nota: ce curieux dispositif androconial a fait l'objet
de la publication suivante :
- Michel Faucheux & André Lequet - L'organe
odoriférant abdominal du mâle du Sphinx
tête-de-mort Acherontia atropos (Linnaeus, 1758) :
étude en microscopie électronique à balayage
(Lepidotera : Sphingidae). - Bull. Soc. Sc. Nat. Ouest de la
France, nouvelle série, tome 37, (1) 2015.
-
- Quelques
spécificités ....
-
- - le cri
-
- Rien à voir avec le brame du
cerf, ou le "cri qui tue", et c'est là une évidence.
Reste que c'est suffisamment audible et surprenant pour ajouter
à l' originalité de la bestiole, et à
l'occasion à sa malfaisante réputation. Si le chat
est connu pour miauler, et le chien aboyer, il est par contre
difficile de définir si la bête piaule, crisse,
couine, grince, ou autre chose encore. De surcroît
l'émission sonore est susceptible de varier, un peu comme
chez le grillon. Concrètement cela se traduit par des sons
quasi plaintifs, faibles et espacés, ou au contraire
puissants et rapprochés quand la bestiole est au plus fort
de son excitation, comme
ici , le fait d'être
tenue par les ailes étant évidemment peu
apprécié ! ( ne pas trop monter le son, risque de
"déformations" ! )
-
- L'origine de ce "cri" est longtemps
restée plus ou moins obscure. Pour les uns les sons
émis résultaient d'un frottement (comme
ici chez le Grand capricorne
du chêne), et pour d'autres il s'agissait d'une expulsion
d'air par les voies trachéennes. En fait la bestiole a
inventé l'harmonica bien avant l'Homme, car son fameux
"cri" est schématiquement produit par le passage de l'air
dans la trompe, via une lamelle pharyngienne pouvant se qualifier
de "vibrante".
-
- - la trompe
-
- Chez de nombreux papillons de nuit la trompe est souvent plus
ou moins atrophiée, voire carrément inexistante,
d'où la brièveté d'une vie dévolue
à la seule reproduction. En pareil cas les femelles
disposent de réserves graisseuses, ce qui leur permet de
"tenir le coup", et surtout d'assurer la ponte dans de bonnes
conditions. Le sort des mâles est généralement
moins enviable, et pour tout dire scellé en quelques jours,
sinon quelques heures, l'essentiel étant pour eux de faire
ce qu'ils doivent faire ...et font toujours !
-
- Parmi les butineurs la majorité opère
très classiquement, c'est à dire au posé. Les
autres, très minoritaires, préfèrent le vol
stationnaire, à la manière d'un colibri, d'où
une trompe "à rallonge" (si je puis dire ! ), celle du
Sphinx du liseron, ci-dessous à droite, dépassant
par exemple les 10 cm, ce qui constitue un record, du moins pour
notre faune.
-
- Le Sphinx tête de mort se démarque nettement du
lot avec une trompe à la fois très courte,
très robuste, et néanmoins très
acérée. Cela l'oblige bien sûr à se
poser pour s'alimenter, mais ce véritable épieu lui
permet d'aisément "piocher" dans les fruits avancés,
ou encore de se sustenter sur les exsudations d'arbres
blessés ou malades, et à l'occasion de "craquer"
pour une gâterie .... à haut risque !
-
-
-
- de gauche à droite: 1)-
trompe d'atropos déroulée (remarquez sa
brièveté, guère plus du centimètre);
2)- trompe isolée ( remarquez la taille, la
puissance, et la pointe particulièrement
acérée) 3)- détail de l'apex de la
trompe d'atropos; 4 & 5)- à titre comparatif, la
spiritrompe à la fois très longue, très fine,
et très fragile du Sphinx du liseron (Agrius convolvuli).
Vous noterez qu'il s'agit d'un nourrissage à base d'eau
miellée.
-
- .... et le
nourrissage manuel !
Là où certains papillons
effectuent leur ponte d'une traite, ou encore en l'espace de
quelques jours, l'atropos prend son temps, et c'est encore peu
dire. Il s'ensuit une durée de vie pouvant atteindre
plusieurs semaines pour les femelles (limite le mois ! ),
d'où l'obligation de les nourrir en élevage. L'eau
miellée est appréciée par la bête, mais
les indispensables manipulations le sont nettement moins, tel le
déroulage manuel de la très robuste trompe.
L'expérience de l'éleveur, sa
dextérité, et le "ventre affamé" de la
bestiole permettent d'arriver au résultat ci-dessous, et
aussi étonnant que cela puisse paraître la bête
finit souvent par s'habituer ... jusqu'à un certain point
!
-
- Le nourrissage des
"reproducteurs" ! ... et
ici en vidéo !
- La petitesse des "abreuvoirs" permet
d'apprécier le volume ingurgité, et limite le risque
de les voir transformés en visqueuses "pataugeoires", comme
ci-dessus à droite. Bien affamé ce papillon est
capable d'absorber la totalité du contenu (soit 1
cm3),
mais en règle générale la moitié
suffit à le contenter. A la fin de leur repas les bestioles
ont fréquemment tendance à "piquer du nez" dans leur
coupelle ... comme mon père le faisait dans son assiette
!
-
- - la
défense
-
- La position de repos, ci-dessous
à gauche, constitue déjà une défense,
en l'occurrence passive. Quand la menace se précise le
papillon ouvre d'un coup ses ailes, ce qui donne la mesure de sa
taille, et fait surtout apparaître les zébrures
abdominales jaunes et noires qui valent un panneau "stop" au pays
des bestioles. Ces couleurs sont en effet celles d'insectes
piqueurs redoutables, et redoutés, tels les guêpes et
frelons. A l'occasion le fameux "cri" ajoute à
l'intimidation, et pour tout dire au bluff, d'autant qu'il peut
aller crescendo en intensité, et surtout en
fréquence.
-
- défense passive par
mimétisme
...et active ...là aussi par mimétisme
!
- Au repos, à gauche, le papillon
passe aisément inaperçu, mais s'il est
inquiété, dérangé, agressé,
l'entrouverture brutale des ailes fait apparaître des
zébrures jaunes et noires, synonymes de danger par analogie
avec les guêpes, frelons, et autres bestioles "piqueuses".
Il s'agit bien sûr d'un bluff, mais l'agresseur peut s'en
trouver dissuadé, ou décontenancé .... et
l'agressé sauvé ... CQFD !
-
- Les tibias des pattes
intermédiaires et postérieures sont dotés de
très robustes et acérées "épines"
(savamment appelées "épiphyses épineuses" !
). Sans être vraiment douloureux le ressenti de la
piqûre est néanmoins à la mesure de la
puissance des pattes, et l'effet de surprise ajoute
évidemment à son efficience. Bien entendu les "coups
de pattes" sont plus désordonnés que ciblés,
mais il s'en trouve toujours pour arriver ... là où
il faut !
-
-
- Qui s'y frotte s'y pique
!
- à gauche: patte
intermédiaire "armée" de 2 épines; au
centre: patte postérieure dotée cette fois de 4
épines; à droite:
détail.
-
-
- Dans les cas extrêmes la bestiole
serait susceptible de "poignarder" l'agresseur, en usant de sa
trompe comme d'un rostre. J'avoue n'avoir aucune certitude, mis
à part le fait que ce soit mécaniquement possible,
compte tenu de la puissance de l'insecte, mais aussi de la
robustesse et de l'acéré de la trompe.
-
- Toujours au titre des incertitudes j'ai
observé un curieux comportement, et ce à plusieurs
reprises, et avec des individus différents. Tenue par les
ailes la bestiole recourbe son abdomen, s'en empare, et les pattes
antérieures en "plument" l'extrémité à
toute vitesse. Autant dire que les poils volent, mais en l'absence
de propriétés urticantes peut-on y voir un vrai
bluff défensif, ou une simple réaction
réflexe sans véritable signifiance.
-
- Pour clore ce chapitre, vous noterez qu'
en matière de sécurité (industrie, B.T.P.,
etc...) notre signalétique emprunte en quelque sorte au
monde des insectes, car par convention normalisée
l'alternance de zébrures jaunes et noires est toujours
synonyme de danger. Ce choix n'est certainement pas fortuit, et on
peut même le qualifier de judicieux dans la mesure où
il s'inspire de la crainte généralement ressentie
face à tout insecte arborant ce type de graphisme. En
pareil cas il s'ensuit de notre part un recul systématique,
quasi réflexe, et c'est précisément cette
réaction salutaire qui est recherchée en
matière de sécurité.
-
- - le "péché
mignon"
-
- Le Sphinx tête de mort est bien connu des apiculteurs,
du moins là où ce papillon n'est pas rare. Il est en
effet si friand de miel, qu'il n'hésite pas à
pénétrer dans les ruches pour s'y goinfrer sans
vergogne, sa robuste trompe ayant tôt fait d'y
éventrer les rayons "mielleux".
-
- Face à l'intrusion les abeilles peuvent se montrer
relativement passives, le pillard en profitant pour quasiment
puiser à sa guise, et quitter le "restaurant" sans coup
férir. En fait tout se passe très vite, tel un raid,
et non sans fébrilité, comme si la gourmande
bestiole pressentait les risques encourus, et le fait que ses
hôtesses puissent à l'occasion changer d'avis ...sans
préavis !
-
- En d'autres circonstances l'accueil est de fait plus
mitigé, voire carrément hostile. Au mieux, notre
Sphinx se verra contraint de piteusement battre en retraite, et
d'aller chercher pitance en d'autres lieux. Au pire, les
aiguillons venimeux finiront par avoir raison de l'épaisse
toison du papillon, et à terme l'apiculteur
découvrira le cadavre de l'intrus tout enrobé de
propolis ( substance résineuse naturelle,
récoltée par les abeilles, et utilisée comme
matériau de colmatage ).
-
- Cela étant, vous conviendrez que ces divergences
comportementales suscitent bien des questions. Personnellement je
pense que l'olfaction joue un rôle déterminant, mais
je ne saurais en dire plus. Si un visiteur averti peut
éclairer ma lanterne, je suis évidemment preneur, et
même des 2 mains !
-
- Pour conclure ce chapitre, je dirais que la quantité de
miel prélevée par le papillon est insignifiante, et
que le dérangement causé dans la ruche ( si branle
bas de combat il y a ! ) est à peine plus
préjudiciable, du moins en regard du "Varroa" (Varroa
jacobsoni, voir site), minuscule acarien parasite pouvant
compromettre le devenir même de la ruche.
-
- Témoignage
!
- 7 Mai 2018, Neuchâtel, Suisse : "Je viens de lire
avec intérêt votre page sur ce papillon. Je suis
apiculteur amateur et débutant. Hier soir, je l'ai surpris
en train d'essayer d'entrer dans une ruche. Ce qui m'a beaucoup
impressionné, il faisait nuit et j'étais
équipé d'une lampe de poche, c'est que les yeux de
la bête brillaient comme ceux d'un chat dans la
lumière. J'avais l'impression d'être fixé par
ces yeux oranges alors qu'il continuait de vrombir autour de moi.
Étrange recontre. Et chapeau aux abeilles qui faisaient
bloc à l'entrée de la ruche! La différence de
taille est impressionnante...." Merci à Basile Graf,
pour cette intéressante observation, et son accord pour
publication.
-
- L'accouplement
-
- Bien que l'accouplement et la ponte de
ce Sphinx soient censés nécessiter un espace vital
important (de l'ordre du
m3
à en croire la littérature
spécialisée), il est tout à fait possible
d'obtenir d'excellents résultats avec des volumes beaucoup
plus réduits. Détournées pour l'occasion, et
déjà souveraines à maintes reprises en
entomo, les bourriches à poissons ci-dessous
figurées, ont là encore fait leurs preuves. Elles se
sont mêmes avérées plus pratiques que
l'enceinte grillagée réalisée pour la
circonstance, d'autant qu'il s'agissait d'un élevage
totalement hors saison (en l'occurrence au coeur de l'hiver),
d'où la nécessité d'installer ladite enceinte
en intérieur chauffé
à savoir dans un
bureau pas vraiment " fait pour " !
-
-
- à gauche et au
centre: entre superposition et juxtaposition, tel se
présente l'accouplement ("flashé") des
atropos.
- à droite: la
fameuse enceinte grillagée (80 x100), très vite
abandonnée au profit des bourriches (35 x 60) ... "made in
Décathlon" !
-
-
-
- de gauche à droite: 1
à 3)- dérangés dans leurs oeuvres ces
couples se sont placés "tête-bêche",
position semble-t-il moins fréquente
chez atropos,
- mais classique chez les autres
espèces de Sphinx; à droite: preuve de la
"fusion" des abdomens ... si besoin était
!
-
-
-
- ... et pour le plaisir
!
-
-
- ...
avec l'uncus (et le reste ! ) en prime !
-
- Aperçu, in situ, de
l'armature génitale du mâle d'atropos (vue ventrale !
).
- L'ouverture des valves permet
d'apercevoir l'armature génitale et son impressionnant
"crochet d'attelage". Tout comme les
valves, cet "uncus" (tel est son nom ! ) assure le maintien de la
femelle durant l'accouplement. Lorsque le tandem est
dérangé, on comprend mieux que le mâle (
déjà peu enclin à lâcher prise ! )
puisse se faire littéralement "remorquer" par sa partenaire
... voire carrément traîner !
-
- tout ça ....
... pour ça !
- Dissection de l'armature
génitale du mâle d'atropos, avec mise en
évidence des pièces chitinisées
constitutives.
- à gauche: en vue
latérale; à droite: en vue
ventrale.
- Vous remarquerez la forme du
pénis (souvent appelé "édéage" en
entomologie), mais aussi sa position
et une certaine modestie en regard d'une armature aux allures
carnassières, limite piège à loups. Vous
noterez également la forte chitinisation de l'ensemble,
d'où une dissection relativement aisée, et une
présentation "à sec" particulièrement
explicite.
-
- That is the question
!
Dérangé dans ses oeuvres
par une malencontreuse manipulation, un couple d'atropos s'est
désuni. Estimant la durée de l'accouplement
suffisante, je m'attendais à voir la bête pondre dans
les jours suivants ... mais que nenni ! En désespoir de
cause j'ai tenté une "remise au mâle", et contre
toute attente il y a eu un second accouplement, ce qui semble
très inhabituel chez les papillons. On peut même dire
que le couple s'est "rattrapé", en jouant si je puis dire
les "prolongations". Accouplés à coup sûr une
grande partie de la nuit, ils l'étaient encore à 8h
du matin , et le sont restés jusqu'à 16 h 30, alors
que l'union de cette espèce est donnée comme courte
par certains auteurs, au point de pouvoir passer
inaperçue.
Considérant cet accouplement "bis"
comme purement accidentel, j'ai eu la surprise de l'observer sur
un second couple, et cette fois il n'était plus question de
"rattrapage" car l'accouplement initial s'était
parfaitement déroulé. Tenant à
vérifier la normalité de la chose, j'ai testé
un 3e couple ... comme suit ! Dans un premier temps, faute de
mieux, j'ai mis à contribution un mâle aux ailes
atrophiées, ce qui ne l'a pas empêché de
rejoindre la femelle "pedibus", et de faire ... ce qu'il devait
faire ! Le lendemain j'ai pu ajouter un mâle né entre
temps, cette fois parfaitement constitué ... mais c'est
l'avorton qui a été trouvé accouplé !
L'immaturité du second mâle ayant pu jouer j'ai
poursuivi la "confrontation", et aussi étonnant que cela
puisse paraître, le même scénario s'est
répété ... 5 jours de suite !
Désespérant de voir la
femelle se mettre à pondre (entre copuler et pondre ... il
faut choisir ! ), j'ai finalement retiré les mâles,
d'autant que notre "avorton" avait largement prouvé la
multiplicité des accouplements chez Acherontia atropos.
Pour finir il faut souligner la paradoxale et peu banale
vitalité génésique de cet "avorton", le fait
de ne pouvoir voler lui permettant semble-t-il de mobiliser toutes
ses forces au seul profit du sexe opposé ... mais c'est
là une simple hypothèse !
-
- Manifestement inapte au vol ...
... mais au "top" ... pour le reste !
-
-
-
- les pages entomologiques d'
andré lequet
: http://www.insectes-net.fr