Généralités
Ce sont de très "vieux" insectes en ce sens que les formes fossiles sont assez comparables aux actuelles. Plusieurs milliers d' espèces de blattes sont connues de par le monde, mais la plupart d'entre-elles habitent les zones équatoriales et tropicales car ces insectes affectionnent tout particulièrement la chaleur et l'humidité.
Les blattes dites domestiques sont fort heureusement bien moins nombreuses et en France les espèces les plus représentatives se comptent sur les doigts de la main, ce qui ne les empêche pas d'être parfois fort nuisibles du fait de leur tendance à proliférer et de leur facilité d'adaptation. Les plus petites espèces, telles la "blatte germanique" (Blattella germanica), ou encore la "blatte des meubles" (Supella supellectilium) excèdent à peine les 10 mm à l'état adulte, tandis que la "blatte orientale " (Blatta orientalis) et la "blatte américaine" (Periplaneta americana) dépassent respectivement les 20 et 30 mm. Toutes ces espèces sont plus ou moins cosmopolites et ont colonisé de nombreux pays, dont la France, à la faveur des transports et des échanges commerciaux internationaux. A titre d'exemple les transports maritimes sont à l'origine de l'infestation des grandes zones portuaires, et des villes avoisinantes, par la blatte américaine. De même la blatte orientale, bien connue du Maghreb, a très vite envahi tout le sud-est.
Contrairement à une idée reçue les blattes ne sont pas spécifiquement liées aux grands ensembles urbains dits défavorisés, et pas davantage aux constructions anciennes. De fait les quartiers résidentiels et les bâtiments récents, voir neufs, ne sont pas épargnés et en règle générale on peut dire que toutes les couches sociales sont touchées, même si certaines sont effectivement plus vulnérables. Dans le même esprit les espaces ruraux et les zones pavillonnaires sont également concernés, mais à l'évidence la propagation de ces insectes est grandement facilitée en milieu urbain du fait même de la densité de l'habitat.
Biologie succincte
Les blattes sont très polyphages et toute matière organique d'origine animale ou végétale (fraîche ou corrompue) fait l'affaire. Elles ont besoin de chaleur, d'humidité, et leur caractère lucifuge (fuite de la lumière) fait qu'elles recherchent l'obscurité et que leur activité est pour l'essentiel nocturne. Bien que fréquemment dotées d'ailes, au demeurant peu adaptées à un vol soutenu, nos blattes se déplacent plus volontiers "à pattes", et très souvent avec une extrême vélocité telle la petite blatte germanique ou encore l'américaine, véritable "blatte de course".
Une autre caractéristique est la recherche du contact (phénomène qu'on appelle le thygmotactisme), d'où leur propension à suivre le contour des obstacles, ou encore a s'insinuer dans les moindres fissures, fentes, ou interstices. Cette faculté est en outre favorisée par une forme générale très profilée (en ovale allongé), et surtout par un corps fortement aplati doté de téguments à la fois lisses et souples.
Les blattes sont sexuées et selon le cas le dimorphisme sexuel (différence entre mâle et femelle) est plus ou moins prononcé, et peut par exemple porter sur la présence ou non d'ailes, ou encore sur leur longueur. Ces blattes sont ovipares et les oeufs sont regroupés, et parfaitement alignés, dans une capsule rigide et carénée appelée oothèque. De l'ordre du cm chez nos grosses blattes cette véritable boîte à oeufs est élaborée par la femelle et elle pointe plus ou moins à l'extérieur de l'extrémité abdominale. Chez certaines espèces l'oothèque est rapidement abandonnée au gré des déplacements de l'insecte , et chez d'autres elle est portée quasiment jusqu'à la naissance des larves. Dans tous les cas ces dernières ressemblent aux adultes, mais les ailes ne s'acquièrent qu'à la fin du développement larvaire, lors de la mue dite imaginale.
Détection
La découverte des petites espèces est souvent fortuite et peut tout simplement se produire à l'occasion de l'ouverture d'un tiroir, du rangement d'un placard, ou du déplacement d'un petit élément mobilier. Du fait de leur taille les grosses espèces sont évidemment plus facilement repérables. C'est surtout la nuit, période de pleine activité, qu'il convient de détecter les blattes et le cas échéant d'apprécier le degré d'envahissement. Pour cela il suffit de brusquement éclairer une zone sensible, telle la cuisine, ce qui déclenche une réaction de fuite qui peut parfois tenir du sauve qui peut général . Il faut en effet savoir que ces squatters, petits ou grands, ont tôt fait de peupler les lieux au delà de l'imaginable, pour peu qu'ils trouvent gîte et couvert à leur convenance. Par ailleurs les déjections des grosses espèces sont aisément repérables sur les surfaces verticales, et notamment sur les murs où elles forment des coulures excrémentaires brunâtres très visibles et typiques.
Localisation des gîtes
En règle générale la cuisine est la partie la plus prisée de l'habitat, et les classiques placards sous éviers font véritablement office d'hôtels "4 étoiles" car les blattes y trouvent tout ce qu'elles affectionnent: tranquillité, obscurité, chaleur, humidité .....sans oublier l'incontournable poubelle plus ou moins débordante, ou la proximité du non moins attractif vide ordures des immeubles collectifs. Pour autant il ne faut pas oublier l'arrière des radiateurs muraux et du gros électroménager ( frigo, gazinière, lave-vaisselle, etc....), ni les éléments de cuisines aménagées dont les dessous ou les parties arrières sont aisément accessibles pour les blattes, et d'autant plus appréciées que le propriétaire des lieux n'y a pas accès. Bien entendu les toilettes, salles d'eaux, sous-sols, débarras, garages, buanderies, placards, sont là encore des sites où les blattes peuvent allègrement s'installer, quitte à passer sous les portes pour aller chercher leur pitance là où elles savent la trouver. A noter pour finir que les blattes ont plus ou moins tendance à se regrouper, mais ces sortes de "familles" ou de "colonies" correspondent plus une opportunité qu' à une véritable socialisation.
Prévention
La meilleure solution consiste à "couper les vivres" mais cela implique une discipline et un ensemble de précautions qui sont souvent plus contraignantes qu'il n'y paraît, d'autant que le processus s'inscrit obligatoirement dans la durée. En fonction de la configuration des lieux, et des habitudes de vie, chacun s'organisera évidemment en conséquence, le principal étant d'atteindre le but recherché, à savoir affamer l'ennemi et le dissuader ainsi de rester dans la place ou de venir s'y installer.
A titre d'exemple toutes les denrées alimentaires courantes, telles que les pâtes, légumes secs, biscuits, confiseries, céréales du petit déjeuner, biscottes, etc...., seront obligatoirement conservées dans des boîtes hermétiques. Pas question non plus de laisser le pain dans un simple sac, ou les fruits et légumes verts à l'air libre. Pas davantage question de laisser de la vaisselle sale accessible (évier ou lave vaisselle entrouvert), ou encore d'oublier le coup de balai après les repas. Toujours pas question de laisser traîner la gamelle de Médor ou du minet avec un fond de pâtée ou de croquettes, et mieux vaut des poissons rouges que des volatiles qui gaspillent dix fois plus qu'ils ne mangent et en mettent partout. Enfin, et c'est là une évidence, il faut s'équiper d' une poubelle véritablement hermétique, et le cas échéant s'assurer de la bonne fermeture du vide ordures et du parfait état de son joint.
Pareillement il est souhaitable d'assoiffer les bestioles, même si là encore c'est plus vite dit que fait. En cas d'usage tardif il est par exemple souhaitable d' essuyer les parois des éviers, baignoires, lavabos, bacs à douches, sachant que toute goutte d'eau résiduelle peut faire office d'abreuvoir. Il faut également se défier des robinets "goutteurs", et même de la dernière goutte qui souvent reste en suspend, et qu'il convient donc d' éliminer. Dans le même esprit il est bon de fermer les bondes, ou le cas échéant d' obturer les évacuations avec le classique disque de caoutchouc souple. J'ajouterais que l'aquarium ou le bocal du petit "Némo" doivent être dotés de couvercles, que les fontaines décoratives sont évidemment à proscrire, que les éponges de services doivent être bien essorées.... et que cet "assèchement" général est à faire ou vérifier le soir, puisque les blattes sont essentiellement nocturnes.
Au final, et vous l'aurez compris, il faut s'efforcer de mener la vie dure aux "squatteuses", mais sans pour autant sombrer dans la paranoïa, ni transformer le quotidien de la maisonnée en check-list !
Traitements
Dans le cadre d'appartements collectifs il est illusoire de vouloir se "déblattiser" totalement et durablement, car les colonies du voisinage auront tôt fait de migrer et de réinvestir la place dès l'alerte passée. La seule solution valable passe à l'évidence par le traitement global de l'immeuble via une entreprise spécialisée. Le cas échéant il appartient au syndic d'en décider sachant que ce type de traitement a un coût et implique des contraintes non négligeables, et entre autres "l'expulsion" momentanée des résidents et de leurs animaux de compagnie.
A défaut il existe des produits susceptibles de limiter les dégâts, ce qui est déjà appréciable. Pour l'essentiel il s'agit d'insecticides de contact qu'il faut pulvériser conformément aux prescriptions du fabricant. Ces produits ont généralement une rémanence effective de plusieurs semaines et il suffit que l'insecte se déplace sur une surface traitée pour qu'il soit condamné à court terme, le produit toxique étant ingéré lors du toilettage des pattes. Les appâts empoisonnés sont également efficaces, et ils le sont encore plus lorsque l'insecte n'a pas le choix, c'est à dire quand les vivres sont par ailleurs coupés, comme précédemment décrit. Il existe également des pièges où l'appât est disposé au centre d'une surface engluée et l'insecte se fait littéralement "scotcher" à l'instar du bon vieux papier tue-mouches. Pour finir il existe des répulsifs qui dissuadent les blattes de rester dans les gîtes qu'elles ont l'habitude de fréquenter, et qui permettent par ailleurs de protéger ceux où elles pourraient se réfugier.
Dans le cas de maisons individuelles on peut évidemment utiliser la même gamme de produits, mais aussi opter pour un traitement plus radical par gazage. Dans cette dernière alternative il est nécessaire de rigoureusement respecter les prescriptions du fabricant telles que le calfeutrage des ouvertures et des aérations, ou encore la durée d'éviction qui est généralement de 24 à 48 h. Il faut cependant savoir que ce type de bombe détruit rarement les oothèques (les fameuses "boîtes à oeufs!), et qu'une deuxième opération sera donc nécessaire dans des délais relativement brefs (quelques mois) le but étant évidemment d'éliminer les jeunes blattes issues de ces oothèques, et cela bien sûr avant qu'elles soient adultes, et donc aptes à se reproduire.
Vecteur pathogène ou pas ?
N'étant pas médecin je me bornerais à constater que depuis toujours des générations l'hommes et de blattes cohabitent très étroitement, notamment dans les zones tropicales et équatoriales, et qu'au final cette forme de commensalisme se passe plutôt bien. Par ailleurs je rappelle que la blatte, au sens large du terme, est très utilisée comme matériel de laboratoire, et que tout laborantin vous dira que cela se passe bien..... sauf parfois pour les blattes!
La solution miracle ?
Extrait du mail reçu d'une internaute (B.O.) le 2 Mai 08 :
"Cherchant des info sur les blattes et trouvant votre courriel je voulais vous parler d'une moyen facile et pas trop contraignant pour s'en débarrasser. Il s'agit d'une "recette" de marins (dont les bateaux sont souvent envahis ). Je l'ai essayée, ainsi q'une amie beaucoup plus envahie que moi. Elle en est complètement débarrassée ainsi que moi-même .
Il suffit de mélanger dans du lait concentré sucré, de l'acide borique , d'en faire une sorte de pâte et d'en déposer quelques centimètres cubes dans un coin de la cuisine . C'est redoutable et les blattes disparaissent en trois semaines environ . S'il en reparait quelque temps après il suffit de renouveller l'opération . J'ai fait circuler cette recette dans l'immeuble où j'habite et je n'ai revu une blatte que deux fois depuis le mois de février, date à laquelle j'ai opéré" .