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L' ÉCAILLE MARTRE !
(Arctia caja, Lépidoptère Arctiidae)
 
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Intro !
 
"La nuit tous les chats sont gris" .... comme le sont croît-on les papillons que l'on voit virevolter autour des lampadaires, ou apparaître l'espace d'un instant dans la lueur des phares de nos voitures.
 
En fait rien n'est plus faux, et les "Ecailles" en témoignent d'éclatante manière. Cela vaut notamment pour l'emblématique Ecaille martre (ou marte), parfois appelée "Ecaille hérissonne", tant ses chenilles savent se mettre en boule .... tous poils hérissés ! ...CQFD !
 
Présentation
 
Arctia caja (élevage)L' Ecaille martre (Arctia caja pour les entomologistes ! ), relève de la Famille des Arctiidae, représentée en France par 68 espèces, dont certaines d'assez grande taille, et très vivement colorées. Vous en découvrirez quelques-unes sur cette "page entomo", et verrez aussi qu'elles sont en quelque sorte trop belles pour être honnêtes. Présente dans toute la France, Arctia caja vole de Juin à Août selon la région considérée, mais aussi selon l'altitude puisqu'elle atteint 2000m. L'espèce est loin d'être commune, du moins en regard de ce qu' elle était voici 20 ou 30 ans. C'est d'autant plus paradoxal, et pour tout dire inquiétant, que la chenille de cette écaille est particulièrement polyphage, facteur pourtant éminemment favorable à la pérennité des insectes dits phytophages (= se nourrissant de végétaux ! ).
 
 
La livrée de l'écaille martre est très variable, et de nombreuses formes graphiques et chromatiques ont été décrites. Sachez par exemple que le "chocolat" des ailes antérieures peut être plus ou moins "mangé" (si je puis dire ! ) par la couleur ivoire, mais aussi que les ailes postérieures peuvent virer au jaune, et les taches ocellaires varier en étendue, ou encore en nombre comme ci-dessous. Au final, et vous l'aurez compris, il est quasi impossible de trouver 2 individus rigoureusement identiques, étant entendu que certaines variations peuvent être très rares, là où d'autres sont banalités.
 
Arctia caja (collection perso) écaille martre étalée (cliché 1) écaille martre étalée (cliché 2)envergure moyenne 50-60 mm
illustration de la variabilité de l'espèce
(réduction du nombre des taches ocellées des ailes postérieures)
 
 
le dimorphisme sexuel
 
Les sexes sont très comparables, pour ne pas dire indifférenciables, hormis le fait que les femelles sont généralement un peu plus grandes, et nettement plus ventrues que les mâles .... du moins avant ponte !
 
couple d' Arctia caja (femelle à gauche) ... couple d'arctia caja abdomen de femelle d'Arctia caja .... et la bedaine rebondie de Madame
illustration du dimorphisme, ou plus exactement de sa quasi absence!
 
 
la défense 
 
L'activité de l'écaille martre est essentiellement nocturne, et en trouver une dans la journée relève de l'impossible tant elle sait se dissimuler dans la végétation herbacée, voire arbustive, ou encore profiter d'une litière de feuilles mortes. L'immobilité ajoute bien sûr à cette défense passive, tout comme les ailes en "toit" (ci-dessous à gauche) ajoutent à la discrétion de la bestiole au repos, en masquant totalement les très voyantes ailes postérieures.
 
J'ajouterais que l'ornementation des ailes antérieures est dite "cryptique", le maillage graphique rompant présentement la continuité des formes et contours de l'insecte. Il s'ensuit une meilleure fusion dans le décor, et bien sûr une protection accrue vis-à-vis des prédateurs .... encore que ces derniers aient plus à craindre que notre écaille ! La bestiole est en effet toxique, comme le sont les espèces voisines, ce qui leur vaut d'être généralement dédaignées par les prédateurs, qu'ils soient nocturnes comme les chauves-souris, ou diurnes tels les oiseaux insectivores.
 
Vous noterez que ces papillons ont le bon goût ( si je puis dire, tant leur âcreté est grande ! ), d'avertir les prédateurs potentiels en arborant une livrée qualifiée d' "aposématique" (= "avertisseuse") basée sur la dominance, et la fréquente association, du rouge, du noir, et du jaune.
 
Si besoin était, l' écaille au repos dispose d'une autre défense, cette fois active. Elle consiste à brusquement ouvrir les ailes, le rouge des postérieures se retrouvant d'un coup sous le nez de l'intrus, d'où un effet de surprise pouvant "couper l'appétit" du présumé prédateur !
 
 
position au repos .... écaille martre au repos attitude défensive de l'écaille martre ....et réaction défensive !
l'ouverture brutale des ailes, et le rougeoyant des ailes postérieures.... un argument dissuasif parmi d'autres !
 
 
La ponte
 
L'accouplement, ci-dessous à gauche, suit de peu l'émergence de la femelle, et la ponte elle-même intervient quasiment dans la foulée. D'un joli vert amande, les oeufs sont pondus à touche-touche au revers de la plante nourricière. Ici il s'agit de pissenlit, et cette feuille comporte déjà près de 200 oeufs, soit à peu près la moitié de la ponte. L'incubation est relativement longue, de 2 à 3 semaines présentement, encore que l'obtention hors saison des parents puisse fausser la donne. Disons qu'en temps normal, et donc dans la nature, les pontes sont le plus souvent émises en Juillet, avec éclosions en Août.
  
accouplement d'écaille martre ponte d'écaille martre détail des oeufs d'écaille martre
à gauche: exemple d'accouplement en classique "tête-bêche"; au centre: ponte sur pissenlit; à droite: détail des oeufs.
 
 
La chenille
 
Comme indiqué en intro, la chenille de l'Ecaille martre est très polyphage, et il est même difficile de l'être davantage, car presque toutes les plantes basses (sauvages ou cultivées ) font ventre, ainsi que bon nombre d'arbres et arbustes à feuilles caduques. Autant dire que la bestiole n'a que l'embarras du choix, et que cet éclectisme représente un avantage considérable en regard des espèces plus ou moins monophages.
 
Vous noterez que ces chenilles sont dotées d'une pilosité particulièrement longue et abondante (ci-dessous à gauche), mais non urticante. En cas d'exceptionnelle sensibilité aux allergènes, mieux vaut toutefois éviter de "tripoter" ce genre bestiole. Sachez encore que ces chenilles se laissent tomber de la plante nourricière à la moindre alerte, tout en s'enroulant sur elles-mêmes (ci-dessous, au centre et à droite). Ce mode de défense a aussi pour effet de leur "hérisser le poil" tous azimuts, d'où leur surnom de "chenilles hérissonnes", et par voie de conséquence celui d' Ecaille hérissonne parfois donné au papillon.
 
chenille à terme d'écaille martre chenilles d'arctia caja ("mûres") en position défensive chenilles d'arctia caja (jeunes) en position défensive
à gauche: pilosité faisant, la chenille d'Arctia caja mérite bien le surnom d' "hérissonne" !
au centre: illustration de l'enroulement défensif (avec chenilles à terme).
à droite: les bonnes habitudes se prennent dès le plus jeune âge.... y compris chez les chenilles !
 
La chenille de caja a également la particularité d'hiverner à mi-développement, un peu comme le Bombyx de la ronce qui devrait bientôt figurer sur ce site. Concrètement les chenilles naissent en août, se développent lentement jusqu'à l'automne, puis elles entrent en hibernation (dans la litière superficielle par exemple) avant de "refaire surface" au printemps, et de terminer leur croissance en juin.
 
Sachez enfin que la vélocité de ces chenilles est tout à fait surprenante, encore faut-il un peu de chance pour pouvoir en juger. La "grande vadrouille" s'observe en effet en toute fin de croissance, lorsque la chenille abandonne sa plante nourricière pour partir à la recherche d'un lieu propice à sa nymphose. Le plus amusant est qu'elle file généralement droit devant, toutes pattes dehors et crinière au vent, comme si elle savait très précisément où elle allait, et n'avait point une seconde à perdre, alors que la première touffe d'herbe venue peut parfaitement convenir !
 
 le développement en images ( ...et imagé !)
 
chenille naissante d'écaille martre (cliché 1) chenille naissante d'écaille martre (cliché 2) jeunes chenilles d'arctia caja (cliché 1) jeunes chenilles d'arctia caja (cliché 2)
de gauche à droite: 1 & 2)- justes nées, et pas bien grosses ! 3 & 4)- ...ça pousse !
 
 
chenille d'écaille martre "stade orange" (cliché 1) chenille d'écaille martre "stade orange" (cliché 2) passage au stade "pileux" (cliché 1) passage au stade "pileux" (cliché 2)
de gauche à droite: 1 & 2)- le passage à l'orange ...en quelque sorte !
3 & 4)- acquisition de l'aspect sub-définitif (pilosité et coloration générale).
 
 
chenille stade pileux (détail) chenille écaille martre stade d'hiver disparité de croissance en élevage
à gauche: l'âge des premiers poils ...si je puis dire ! au centre: ...et celui de l' hivernage !
à droite: premier plan: chenille restée "coincée" au stade hivernant; arrière plan: chenille à terme (même ponte, même élevage).
 
 
chenilles d'arctia caja en élevage (cliché 1) chenilles d'arctia caja en élevage (cliché 2) chenille d'écaille martre (à terme)
à gauche: "bouquet garni" (élevage sur pissenlits, chenilles approchant du terme)
au centre: transfert sur litière de feuilles mortes, en prévision de la nymphose.
à droite: ....l'acrobate de service !
 
 
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr