ACCUEIL - COLEOPTERES - LEPIDOPTERES - AUTRES -VIDEOS - HISTORIETTES - NEWS - LIENS - WANTED ! - MAILS d'OR -
 
 
 LE GRAND CAPRICORNE DU CHÊNE (Cerambyx cerdo) !
(Coléoptère Cerambycidae)
 
(page3 sur 4)
 
   
- pour quitter les agrandissements, ou les vidéos, faire "page précédente" dans votre navigateur -
 

La reproduction !

1)- l'accouplement !
 
"Mr. cerdo" (ci-dessous à l'extrême gauche), avait décidé de ne point se laisser tirer le portrait, et tant il avait la bougeotte, rien n'y faisait, pas même la fraîcheur matinale censée l'engourdir. L'idée m'est alors venue d'essayer de calmer le jeu, en adjoignant une accorte compagne, au demeurant déjà fécondée à multiples reprises par un autre mâle. Vous avez la suite sous les yeux, et vous conviendrez qu'au pays des cerdo il n'y a pas d'heure pour les braves, et qu'à l'évidence la couche importe peu, l'essentiel étant de pouvoir s'y cramponner !
 
 
Cerambyx cerdo mâle (sur ma main) couple de Cerambyx cerdo (sur ma main) Cerambyx cerdo en phase d'accouplement (sur ma main) Cerambyx cerdo en phase d'accouplement (sur ma main) Cerambyx cerdo accouplés (sur ma main)
"Vite fait, bien fait " ....et surtout peu banal !
 
 
accouplement de Cerambyx cerdo Grand capricorne du chêne (Cerambyx cerdo) , accouplement. Grand capricorne du chêne (Cerambyx cerdo) , détail de l'accouplement.
à gauche: comme les scouts ...."toujours prêts" !
à suivre: détail de l'accouplement ... et une vidéo en prime !
2)- la ponte !

Elle suit bien sûr l'accouplement, et les œufs sont tout naturellement déposés à pied d'oeuvre, c'est à dire dans les anfractuosités de l'écorce. Dans la mesure où il est impossible de suivre les évolutions arboricoles de ce genre de bestiole j'ai été amené à user d'un leurre pour inciter la pondeuse … à pondre ! Comme vous pouvez le voir il s'agit d'alléchants traits de scie, leur étroitesse mimant les fissures et anfractuosités recherchées par la femelle. Vous noterez l'ovipositeur (= organe de ponte), en quelque sorte dévaginable et télescopique. Vous noterez également sa longueur, sa mobilité, et ses propriétés tactiles, le tout permettant d'insérer les œufs en bonne place, et d'assurer ainsi la pérennité de l'espèce.

 
Grand capricorne du chêne (Cerambyx cerdo), femelle à pondre, photo 1. Grand capricorne du chêne (Cerambyx cerdo), femelle à pondre, photo 2 Grand capricorne du chêne (Cerambyx cerdo), femelle à pondre, photo 3 Grand capricorne du chêne (Cerambyx cerdo), femelle à pondre, photo 4 Grand capricorne du chêne (Cerambyx cerdo), femelle à pondre, photo 5
Pondeuse en action , et là encore avec une très démonstrative vidéo !
 
 
Grand capricorne du chêne (Cerambyx cerdo), oeufs, photo 1. Grand capricorne du chêne (Cerambyx cerdo), oeufs, photo 2 Grand capricorne du chêne (Cerambyx cerdo), oeufs, photo 3. Grand capricorne du chêne (Cerambyx cerdo), oeufs, photo 4. Grand capricorne du chêne (Cerambyx cerdo), oeufs, photo 5.
Les oeufs frais pondus sont jaunes, relativement allongés, les extrémités pointues facilitant évidemment leur insertion.
à droite: oeufs "in situ", proches de l'éclosion. Vous noterez le changement d'aspect sous l'effet de l'incubation, et donc du développement embryonnaire.
 
3)- la larve !

A l'éclosion la jeune larvule se fore un chemin dans l'écorce, puis le temps et la croissance aidant, elle finit par atteindre et attaquer l'aubier, puis les parties plus profondes comme le liber (voire le duramen, c.a.d. le bois parfait, sur des arbres jeunes). Quand elles ne sont pas traitées en vue de faciliter leur cicatrisation (application par exemple de "goudron de Norvège") , les coupes d'élagage sont évidemment très prisées. En pareil cas les larvules sont de suite "dans le vif du sujet" ...  et ce n'est pas une métaphore !

 
Grand capricorne du chêne (Cerambyx cerdo),  larves naissantes, photo 1. Grand capricorne du chêne (Cerambyx cerdo),  larves naissantes, photo 2. .................. C. cerdo: larves naissantes en action C. cerdo: très jeunes larves
à gauche: larves naissantes; à droite: la sciure témoigne de l'éclosion des larves, et surtout de la puissance des pourtant toutes jeunes mandibules. La très apparente "saignée" de l'illustration centrale est en effet l'oeuvre d'une larvule identique à celles de droite, et je rappelle qu'il s'agit de chêne, sec de surcroît, d'où son extrême dureté.
 
 
larve de Cerambyx cerdo larve de cerdo (sur le vif) larve de cerdo (sur le vif) coupe tranversale d'une branche maîtresse très attaquée
de gauche à droite: 1)- larve au terme de sa croissance (elle atteint quasiment la grosseur de mon petit doigt!). Présentement elle apparaît brune, suite à son séjour dans l'alcool, mais sur le vif, comme à droite, elle est de couleur crème, ou "ivoire"; 2 & 3)-photographiée début Mai, cette larve n'est pas au bout de ses peines, si je puis dire. De fait, elle va encore grossir, puis via la nymphose elle atteindra le stade adulte en automne, mais l'insecte dit "parfait" ne sortira à l'air libre que dans un an, et même 13 mois pour être exact ! 4)- coupe transversale d'une branche maîtresse (30cm de diamètre) attaquée à coeur. Le triple décimètre donne par ailleurs une bonne idée de la section des galeries.
 
 
4)- la nymphose !
 
En début d'été, et au terme d'un développement qui demande 3 à 4 ans, la larve va creuser le bois nourricier pour aménager une loge dite nymphale où elle se métamorphosera en insecte parfait. Les images ci-dessous ( 2e décade de Juillet) montrent des nymphes fraîchement "écloses", puisque les yeux eux-mêmes ne présentent pas la moindre trace de pigmentation. Ces images, assez exceptionnelles, résultent de l'abattage et du débitage d'un chêne devenu potentiellement dangereux, mais aussi et surtout de l'amabilité de son propriétaire qui a eu la gentillesse de m' aviser de cette opportunité. Qu'il en soit de nouveau remercié !
 
 
nymphe "in situ" de cerdo mâle nymphe de cerdo mâle (hors logette)
à gauche: nymphe de cerdo mâle "in situ", c'est à dire dans sa loge nymphale;
à droite: la même, après extraction, afin de bien visualiser l'enroulements des antennes, ces dernières pouvant atteindre une dizaine de cm.
 
 
nymphe de cerdo mâle en vue ventrale nymphe de cerdo mâle en vue latérale nymphe de cerdo mâle en vue latérale nymphe de cerdo mâle en vue dorsale
nymphe toute "fraîche", et tous azimuts, de cerdo mâle !
Bien entendu j'espère une suite ....disons pigmentaire !
 
 
nymphe de cerdo femelle en vue ventrale nymphe de cerdo femelle en vue latérale
nymphe de cerdo femelle, très récente là encore. Remarquez la relative brièveté des antennes en regard de celles du mâle.
 
 
.... et suite logique !
 
nymphe de cerdo (proche de la mue imaginale) nymphe de cerdo en  cours de mue imaginale imago de cerdo venant de faire sa mue imaginale
à gauche: aspect pigmentaire de la nymphe de cerdo (mâle) juste avant la mue imaginale
au centre: en cours de mue imaginale; à droite: le tout jeune imago !
 
début de pigmentation de l'imago de cerdo pigmentation  un peu plus avancée de l'imago de cerdo
début de la pigmentation, de la sclérification ( = durcissement ) des téguments, et de la résorption de l'abdomen.
Chez cerdo plusieurs mois sont nécessaires pour que l'insecte arrive à maturité.
 

Le protocole nymphal semble classique, pour ne pas dire banal, mais à la réflexion il l'est beaucoup moins. De fait la loge est souvent profondément aménagée, alors que l'insecte adulte est bien incapable de creuser le bois. A cela s'ajoute la rigidité de la carapace ce qui lui interdit de gagner l'air libre en empruntant à l'occasion l'entrelacs des galeries larvaires tant ces dernières ne sont que méandres et sinuosités.

Par voie de conséquence la larve va donc devoir anticiper et préparer sa sortie, ou plus exactement celle de l'insecte adulte qu'elle deviendra si tout se passe bien. Pour ce faire elle va creuser une large galerie menant jusqu' à la périphérie de l'arbre, et là elle ne laissera qu'une très mince pellicule d'écorce que l'insecte parfait pourra aisément franchir en la "grignotant". Parfois même cet ultime écran est en quelque sorte pré perforé et le moment venu cet avant-trou facilitera encore les choses.

Une fois la voie tracée notre larve peut alors s'installer dans sa loge où elle s'isole totalement en l'obturant avec un excréta calcaire (en l'occurrence du carbonate de calcium), qu'elle façonne à la demande. Pour finir elle devra s'orienter dans le bon sens, c.a.d. face à la sortie, faute de quoi l'insecte adulte serait condamné car l'exiguïté de la loge ne lui permettrait pas de se retourner.

loge nymphale ....loge nymphale de cerambyx cerdo, avec insecte en place ....coupée en 2 ! 
Vers la fin de l'été, ou le début de l'automne, la nymphe va se transformer en insecte parfait, comme ci-dessus. La sortie à l'air libre se fera cependant beaucoup plus tard, en l'occurrence en Juin de l'année suivante, car la maturation est considérablement ralentie par l'hiver, voire carrément mise entre-parenthèses.
 
 
loge nymphale de cerambyx cerdo, détail de l'opercule bouchon calcaire isolé
 
à gauche: cette deuxième moitié de loge permet de voir l'opercule calcaire, ou plus exactement ce qu'il en reste (flèches rouges) dans la mesure où le fragile cloisonnement s'est fragmenté lors du fendage du billot; à droite: bouchon calcaire isolé, et cette fois intact. La partie concave, et donc creuse, fait face à l'intérieur de la logette.
  
Concrètement .... que faire ?
 
Estimée ambigüe en regard de la Loi sur la protection des espèces,
cette rubrique a fait l'objet d'une intervention auprès de la Société Nationale de Protection de la Nature.
Sur conseil de cette dernière, la partie concernée a été supprimée le 8 Février 2014.
 
 
   Oups ! parole de cerdo ... mieux vaudrait supprimer les tronçonneuses !
 
C'en est fini de ce grand chêne (3m75 de circonférence à la base), et de 6 autres à l'avenant,
C'en est pareillement fini des centaines de larves et jeunes imagos de Grands capricornes qui s'y développaient.
 
 
Pour conclure ....
 
Je dirais qu'il peut se poser un dilemme, en quelque sorte juridique, dans la mesure où de vieux arbres sont à la fois classés et attaqués par le cerdo, lui-même protégé. Personnellement je souhaiterais préserver l'arbre mais il faut savoir qu'une fois attaqué il est pratiquement condamné car rien ne saurait venir à bout des larves du Grand Capricorne tant elles sont profondément enfoncées. Il faudra certes quelques décennies, mais à l'échelle d'un arbre multicentenaire c'est finalement bien peu. Je dirais également que la protection de cet insecte mériterait d'être nuancée, car au sud de son aire sa fréquence pose souvent de sérieux problèmes, et bon nombre de Municipalités y sont confrontées.
 
 
lles pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr