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LE BOMBYX DISPARATE (Lymantria dispar) !
(Lépidoptère Lymantriidae)
 
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 Intro !
 
Les mâles et femelles de ce papillon sont si dissemblables, qu'ils paraissent appartenir à des espèces totalement différentes, d'où les dénominations de "dispar" et "disparate".
 
Par-delà les arcanes de l'Evolution, on pourrait d'ailleurs croire que Dame Nature a bâclé son ouvrage, ou raclé ses fonds de tiroirs, tant cette union apparaît de prime abord discordante, voir incongrue. Reste que ça "marche" ... et parfois même trop bien !
 
Présentation !
 
Comme Euproctis chrysorrhoea, ou "Cul-brun" (voir page entomo.), Lymantria dispar relève de la famille des Lymantriidae, laquelle est représentée en France par une vingtaine d'espèces. Comme lui encore il est susceptible de pulluler, et comme lui enfin il peut s'avérer dommageable, étant entendu que les dégâts sont évidemment imputables aux seules chenilles.
 
Le Bombyx disparate est très largement répandu (pratiquement tout l'hémisphère Nord !), et il se caractérise par un dimorphisme sexuel très prononcé, portant pour l'essentiel sur la coloration, et surtout la taille. Il n'a qu'une génération annuelle (= monovoltin), et il apparaît le plus souvent en juillet.
 
Bien que très normalement ailée, la femelle est incapable de voler, et elle se traîne assez péniblement tant son abdomen bourré d'oeufs est volumineux, et bien sûr pesant. L'envergure alaire des femelles atteint 55 à 60 mm, et celle des mâles est de l'ordre d'une quarantaine de mm.
 
Le mâle est par contre bon voilier, et son vol zigzagant est observable de jour, d'où le nom de "Zigzag" donné à L. dispar par nos voisins Suisses. La recherche de l' "âme soeur" s'avère souvent pure formalité, d'autant que les femelles vierges émettent de très attractives phéromones sexuelles, et que les 2 sexes ne sont jamais très éloignés eu égard à la fréquente concentration de l'espèce.
 
femelle de L. dispar sur le vif  
Le bien nommé Bombyx disparate, et son dimorphisme sexuel à l'évidence ... évident !
ci-dessus: la blanche femelle, et une "bedaine" pour le moins ... "prometteuse" !
ci-dessous: le mâle ... tout brun et tout fluet comme vous le verrez !
Bombyx disparate (Lymantria dispar), mâle.
 
 
Le dimorphisme antennaire ... sur le vif ! 
Bombyx disparate (Lymantria dispar), vue d'ensemble des antennes de la femelle. Bombyx disparate (Lymantria dispar), vue d'ensemble des antennes du mâle, photo 1. Bombyx disparate (Lymantria dispar), vue d'ensemble des antennes du mâle, photo 2. Bombyx disparate (Lymantria dispar),  détail d'une antenne mâle. Bombyx disparate (Lymantria dispar),  détail d'une antenne mâle., photo 2.
 à gauche : la femelle, et ses antennes filiformes (légèrement pectinées à plus fort grossissement ! ); à suivre: le mâle et ses antennes fortement "pectinées" ( = en forme de peigne ! ); à droite: cet agrandissement permet de distinguer les "sensilles" (poils sensoriels) sur les "dents" transversales du râteau antennaire. Ce sont ces sensilles, véritables récepteurs chimiques, qui captent les phéromones sexuelles émises par la femelle vierge pour attirer les mâles ... et ainsi perpétuer l'espèce !
 
 
Comme le Cul-brun, et comme bien d'autres espèces de papillons de nuit, la durée de vie des adultes est très brève d'autant qu'ils ne s'alimentent pas. En d'autres termes le mâle fait ce qu'il doit faire, et c'est manifestement..."crevant" ! Quant à la femelle, doublement "vidée" par la ponte (au propre comme au figuré là aussi !), elle meurt très vite d'épuisement.
 
Les chênes sont préférés, mais à défaut les chenilles du "disparate" peuvent s'en prendre à de nombreux autres feuillus forestiers, mais aussi fruitiers, y compris aux espèces ornementales (genre prunus par exemple) utilisées dans les alignements urbains. Je n'ai pas vu le cas, mais certains conifères, comme les mélèzes, seraient eux aussi "attaquables".
 
A noter enfin qu'une espèce voisine, la "Nonne" (Lymantria monacha), ci-dessus, a une biologie très comparable. Elle est cependant plus septentrionale, et le dimorphisme sexuel est nettement moins accusé. La coloration est en effet identique, du moins dans la forme type, et la différence de taille est nettement moindre. Dans la région nantaise ce nocturne apparaît peu répandu, voire rare (2 captures en 5 ans, du moins pour ma part). 
 
Lymantria monacha mâle  Lymantria monacha mâle au repos
Lymantria monacha (la "Nonne") mâles: étalé et au repos
 
L'accouplement !

Emises par la femelle vierge, et captées par les antennes du mâle, les phéromones sexuelles de certains papillons nocturnes sont extrêmement puissantes, leur " portée " atteignant la distance record de plusieurs kilomètres chez le Grand paon de nuit (Saturnia pyri). Chez le Bombyx disparate la distance d'appel est certes moindre, mais l'attractivité demeure très forte, au point d'amener les mâles à pénétrer à l'intérieur même de ma véranda où une femelle captive ... les " appelait " !

 
Une femelle vierge sur un rondin, une cloche à fromages recouvrant le tout,
ce tout placé dans ma véranda ... et la suite en vidéo !
 
J'ajouterais que les choses sont menées '"tambour battant" car chez ce bombyx les éclosions des 2 sexes ont le plus souvent lieu dans l'après-midi, et en l'espace d'une paire d'heures les femelles sont aptes à "émettre" ... et ne s'en privent pas ! L'accouplement proprement dit est lui aussi relativement bref, de l'ordre d'une à deux heures, là où d'autres espèces font largement .... le "tour de la pendule" ! Vous noterez que cette "précipitation" est classique (et logique ! ) chez les papillons nocturnes ne s'alimentant pas, mais qu'elle est ici particulièrement ... précipitée !
 
Bombyx disparate (Lymantria dispar), accouplement, photo 1. Bombyx disparate (Lymantria dispar), accouplement, photo 2 Bombyx disparate (Lymantria dispar), accouplement, photo 3 Bombyx disparate (Lymantria dispar), accouplement, photo 4
Exemples d'accouplements de Lymantria dispar.
ci-dessus à droite, et ci-dessous au centre: ces vues "de dessous", permettent de bien comparer le volume respectif des abdomens ...
.... et leur très impressionnante différence !
Bombyx disparate (Lymantria dispar), accouplement en main, photo 1. Bombyx disparate (Lymantria dispar), accouplement en vue ventrale Bombyx disparate (Lymantria dispar), accouplement en main, photo 3.
 
 
 ... et la ponte !

Compte tenu des très nombreux oeufs (300 à 500) et d'un volume a abdominal à l'avenant, la femelle de ce bombyx est incapable de voler, voire de se déplacer, ce qui l'amène à pondre là où elle est née, ou à très à faible distance. Les oeufs sont déposés sans véritable ordonnancement, sur une épaisseur variant d'une à trois couches, et ils sont "noyés" dans un feutrage constitué par les poils abdominaux de la pondeuse. Ce même feutrage recouvre la totalité de la ponte, laquelle forme une plaque sensiblement ovalaire de quelques cm2, du moins sur support plan, car le profil de la ponte est évidemment tributaire de celui du support.

Le développement embryonnaire est rapide, mais la jeune chenille va rester cloîtrée dans son oeuf durant les trois quarts de l'année, et en l'occurrence de juillet à mars-avril. A noter que ce laps de temps résulte de la conjugaison (sans interruption), d'une période d'estivation suivie de l'hivernage.

 
Bombyx disparate (Lymantria dispar), femelle à pondre; photo 2.
à gauche: femelle en train de pondre (l'émission complète demande 2 à 3 jours);
à suivre: mission accomplie ! Vous noterez que la couleur des poils abdominaux des femelles est susceptible de varier,
d'où des pontes elles même diversement colorées
 
 
Bombyx disparate (Lymantria dispar), ponte  "dénudée" Bombyx disparate (Lymantria dispar), oeufs extraits, photo 1. Bombyx disparate (Lymantria dispar), oeufs extraits, photo 2 Bombyx disparate (Lymantria dispar), détails d'oeufs embryonnés. Lymantria dispar après ponte 
de gauche à droite: 1)- ponte "dénudée" montrant les oeufs "in situ". Vous noterez qu'ils sont déposés "en vrac"; 2)- ponte décortiquée (347 oeufs ont été ainsi dénombrés sur une autre ponte); 3)- idem avec mon échelle ... préférée ! 4)- Les oeufs commencent à se développer avant l'hiver (les yeux et les mandibules sont ici bien visibles) mais ils n'écloront qu'au printemps suivant, lors du débourrage des bourgeons; 5)- ce qui reste de la défunte pondeuse, après 5 jours et au final 426 oeufs émis, compte tenu d'une "resucée" de 79 oeufs. Comparer le volume abdominal "après ponte", avec celui des femelles ... avant ponte !
 
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr