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2)- la GRANDE QUEUE
FOURCHUE (Cerura vinula)
Présentation
Plus grande, plus terne, plus
zébrée, plus fréquente, ainsi pourrait se
caractériser la " Grande queue fourchue", en regard de la
blanche et fragile Hermine sa cousine. Reste que ce n'est pas
toujours évident de les différencier sur le terrain,
d'autant qu'il faudrait vraiment beaucoup de chance pour avoir les
2 bestioles sous le nez. De surcroît il faut compter avec
les variations individuelles inhérentes à toute
espèce, mais aussi avec les ...."heures de vol" !
En d'autres termes une Hermine un
tantinet "frottée" sera fatalement plus terne qu'une
fraîche, d'où un risque accru de confusion. Encore
une fois cela vaut sur le vif, et en quelque sorte sur le tas, car
bête en main la question ne se pose même pas, puisque
l'abdomen de vinula est entièrement blanc, et celui d'
erminea comporte une très large et bien visible "selle"
dorsale noire.
Pour le reste les 2 bestioles sont quasi
"superposables", qu'il s'agisse comme vous le verrez de la
morphologie larvaire, des plantes nourricières, de la
construction des cocons, du nombre de génération, et
de la période de vol (encore que vinula apparaisse
dès Avril, mais l'étalement des émergences
jusqu'en Juillet a tôt fait de "gommer" ce
décalage).
la " Grande queue fourchue" ....
ou Cerura vinula en entomo !
L'oeuf
Les oeufs sont pondus ça et
là sur les feuilles nourricières, et plus ou moins
en petits lots. A titre indicatif, la femelle ci-dessus en a pondu
170. La durée de l'incubation est de l'ordre d'une dizaine
de jours.
Les oeufs de Cerura vinula,
alias la "Grande queue fourchue"
Vous noterez la parfaite
visibilité du "micropyle", notamment à
droite.
Pour mémoire cet orifice
permet le passage des spermatozoïdes, et donc la
fécondation de l'oeuf.
La chenille
Comme l'Hermine elle vit sur les saules
et peupliers, d'où une présence plus affirmée
de ce papillon dans les zones humides ou limitrophes des cours
d'eau . La chenille naissante fait pour l'heure défaut,
mais elle ne diffère pas d' erminea. La suite du
développement est ci-dessous figurée et
comparativement commentée.
de gauche à droite: 1 &
2)- le 2e stade larvaire comporte là aussi 2 taches,
comme chez erminea, mais elles sont plus latérales que
dorsales; 3)- au 3e stade l'ornementation définitive
commence à poindre, toujours comme chez erminea, mais la
coloration est généralement plus "jaunasse" que
verte; 4)- exemple de chenille parasitée par des
Apanteles (Hyménoptères). Arrivés au terme de
leur développement les larves du minuscule parasite
perforent le tégument de la chenille, et coconnent dans la
foulée.
suite logique, le 4e stade passe
par l'accroissement de la taille, et l'acquisition de couleurs
cette fois vives et bien tranchées
la " Grande queues fourche" au
5e et dernier stade larvaire, avec "portrait" à
l'extrême droite.
(vous noterez que la bande
verticale médiane peut faire
défaut.)
erminea.... .....vinula
!
les chenilles sont globalement
très comparables, pour ne pas dire identiques
...
....mais les flancs de vinula ne
portent pas la tache verticale blanche observable chez erminea
....CQFD !
la défense
.....
....en évidence !
de gauche à droite: 1
&2)- en matière de "fouets" il y a plus
démonstratif, mais en élevage les bestioles sont
souvent moins réactives, et une hypothétique "belle
photo" ne justifie pas de "brutaliser" la bestiole. Disons que la
longueur des fouets en question atteint aisément le double
... et que j'essaierai de mieux faire la prochaine fois !
3)- cette fois c'est nettement mieux ! 4)- ici on
voit très bien la fente permettant la projection d'un jet
défensif d'acide formique. Vous noterez que la chenille du
Cossus gâte-bois (voir site) est pareillement
"armée".
Le cocon & la
chrysalide
La
pré-nymphose !
.
La phase pré-nymphale se traduit
bien sûr par l'arrêt de l'alimentation, mais aussi par
un changement de couleur, débutant comme ci-dessus. Cette
coloration , assez indéfinissable, va très vite
évoluer vers le violet, comme ci-dessous. Dans le
même temps la bestiole arpente son espace vital au "pas de
course", pressée qu'elle est, semble-t-il, de trouver un
site à sa convenance, pour y coconner.
.
Le
cocon !
....de la belle ouvrage, et
c'est bien le moins qui se puisse dire !
(est-il besoin de le
préciser, ces cocons moussus à souhait datent au
plus de 48 h ! )
La chrysalide
!
....autopsie d'un cocon
!
Secrets
de fabrication !
Je me suis longtemps
interrogé sur la façon dont la bestiole s'y prenait
pour arriver à un tel degré de
camouflage.
La réponse est sous vos
yeux, en images, et sous la forme de 2 exemples ... et d'un
même protocole !
Les inventions de la Vie ...
et de votre serviteur!
à gauche et au centre:
bien avant l'homme cette chenille a inventé le fameux
"filet de camouflage" (voir les agrandissements), utilisé
par les militaires, mais aussi par les photographes animaliers, ou
encore les chasseurs; à droite: branchette
suspendue, astuce (utilisée pour les 2 exemples ci-dessus),
"incitant" la bestiole à coconner là où on le
souhaite ! Vous noterez qu'elle pourrait grignoter le bois d'une
vulgaire boîte de camembert .... mais le résultat
serait à l'évidence moins instructif et
spectaculaire !
En guise de
conclusion
Le rire est dit-on le propre de
l'Homme, tout comme l'est l'intelligence, mais que dire face
à la perfection des cocons ci-dessus
....
.... si ce n'est qu'une
intelligence, fut-elle supérieure, ne saurait mieux faire
!
Convenez que cela mérite
réflexion, et que la notion d'intelligence instinctive a sa
raison d'être,
tant il est parfois difficile de
déterminer où finit l'instinct ....et commence
l'intelligence!
Bien entendu cela vaut d'abord
chez les vertébrés, et plus encore chez les
mammifères,
mais il y aura toujours des
"bestioles" pour défier l'entendement
!
FIN
les pages entomologiques d'
andré lequet
:
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