Nettement moins fréquent que son cousin le Moro-sphinx, le "Gazé" doit son nom commun à la transparence de ses ailes. L'appellation scientifique fait quant' à elle référence à la bordure rougeâtre desdites ailes (Hemaris), et d'autre part à l'abondante pilosité de la bestiole, laquelle lui donne un aspect "en forme de bourdon" (fuciformis).
En regard de la coloration plutôt "tristounette" du Moro-sphinx, la livrée du Gazé se fait joliment polychrome et plus conforme au plumage souvent très coloré des colibris, également connus sous le nom d' "oiseaux-mouches". Pour finir vous noterez que le peu fréquent Sphinx bourdon (Hemaris tityus) complète le trio des sphinx précisément qualifiés de colibris en raison de leur petitesse et du vol stationnaire utilisé pour butiner.
Présentation !
Comme le Moro-sphinx, le Gazé ( Hemaris fuciformis pour les puristes ! ) relève de la Famille des Sphingidae, et donc des papillons dits nocturnes, à cela près qu'il vole lui aussi de jour, et uniquement de jour. Toujours dans le cadre des similitudes, ou plus exactement des ressemblances, le Gazé est tout aussi vif, mobile, limite déconcertant, et il butine pareillement en vol stationnaire ... du moins à première vue ! En effet, si l'ensemble du "train d'atterrissage" (si je puis dire) est toujours rentré chez le "Moro", les pattes du Gazé , et notamment les antérieures, se déploient pour venir effleurer la fleur visitée, mais cela sans jamais s'y accrocher, et encore moins laisser présager l'imminence d'un ... atterrissage floral !
Le Sphinx gazé occupe une grande partie de l'Europe et de l'Afrique du Nord, où il peut se rencontrer en plaine comme en montagne (jusqu'à 2000 m). C'est un hôte des lisières boisées, des grandes allées forestières, des jachères, des carrières abandonnées ... mais il peut tout à fait venir visiter vos plates-bandes fleuries, ou votre très apprécié buddleia (*) ... s'il y a ! Suivant les régions ce papillon s'observe de Mai à Août, en 1 ou 2 générations.
(*) le buddleia "sauvage" étant un arbuste exogène (= étranger) considéré comme invasif, préférez les hybrides horticoles. Ces derniers ne peuvent en effet se disséminer, et ils sont pareillement attractifs pour les papillons.
Bizarre ! ... vous avez dit bizarre !
A l'émergence, les parties habituellement transparentes des ailes du Gazé sont en effet entièrement recouvertes d'écailles grisâtres ... qui tombent lors des premiers vols ! Cet étonnant "strip-tease" a sans doute sa raison d'être, mais à ma connaissance les entomologistes ..."sèchent grave" !
La chenille du Sphinx gazé (35 mm à maturité) se développe principalement sur les chèvrefeuilles et autres camérisiers, d'où l'appellation ( peu usitée ! ) de Sphinx du chèvrefeuille. Compte tenu de sa coloration , entièrement verte, et de la volubilité de sa plante nourricière de prédilection, cette chenille est très difficilement repérable "in natura", d'autant qu'elle se tient le plus souvent sous les feuilles. Compte tenu de son cycle de développement cette chenille est observable de juin à août, puis de septembre à octobre pour la génération hivernante.
Là où le papillon fait preuve d'une réelle originalité morphologique, la chenille s'avère au contraire fort banale. Elle se contente en effet de grossir, et cela sans guère varier de livrée lors des 4 mues l'acheminant progressivement au terme du développement larvaire. Ce dernier est généralement bouclé en l'espace de 5 à 6 semaines et le très sommaire "coconnage" est précédé d'une phase pré-nymphale, aussi brève que classique.