ACCUEIL - COLEOPTERES - LEPIDOPTERES - AUTRES -VIDEOS - HISTORIETTES - NEWS - LIENS - WANTED ! - MAILS d'OR -
 
 
Le NÉCROPHORE ENSEVELISSEUR (Nicrophorus humator) ... and Co !
(Coléoptères Sylphidae)
 
(page 2 sur 2)
 
- pour quitter les agrandissements et les vidéos, faire "page précédente" dans votre navigateur -
 
 
Intro !

Estimant cette "page entomo" déjà digne d'intérêt, j'ai décidé d'anticiper sa mise en ligne, et cela en dépit de lacunes qui se verront comblées au rythme imposé par Dame Nature. Comme moi vous devrez-donc patienter un peu pour voir la "totale", en espérant que tout se passera bien, car en entomo rien n'est jamais gagné d'avance.

 
Comme dans la pub, ça c'était avant , car cette énième page entomo est maintenant bouclée ... et bien bouclée !

Les "vrais" nécrophores !

Ils enterrent là où les autres nécrophages dépècent sur place ! Les 2 plus grandes espèces sont entièrement noires et très ressemblantes, puisque Nicrophorus humator (20-25 mm) a les massues antennaires rousses, là où elles sont noires chez Nicrophorus germanicus (20-30 mm). Les 7 autres espèces sont également noires, mais avec 2 bandes orangées en travers des élytres. Vous verrez qu'elles se ressemblent là aussi énormément, d'où une différenciation souvent assez subtile. Compte tenu des incontournables variations individuelles, normales au sein de toute espèce, j'ajouterais qu'il faut se défier de certains critères, se rapportant par exemple à la position et l'étendue des taches orangées.

 
Nécrophore (Nicrophorus vespillo), photo 1 Nécrophore (Nicrophorus vespillo), photo 2 Nécrophore (Nicrophorus vespillo), photo 3 Nécrophore (Nicrophorus vespillo), photo 4 Nécrophore (Nicrophorus vespillo), photo 5 Nécrophore (Nicrophorus vespillo), photo 6
 Exemple de Nicrophorus vespillo sur le vif.
 
pael de Nécrophores (5 espèces) 
Quelques espèces de Nicrophorus (*)
de gauche à droite: 1)- N. humator; 2)- N. interruptus (= fossor); 3)- N. vespillo; 4)- N.vestigator; 5)- N. vespilloides (= "mortuorum), Nota: ces insectes datant des années 50 à 60, certains critères ne sont plus utilisables, tel la pilosité, d'autant qu'un toilettage a été rendu nécessaire par l'ancienneté des bestioles. Merci de votre indulgence ... en cas de "plantage" !
 
Nécrophore (Nicrophorus vespilloides (= mortuorum) adulte, photo 1. Nécrophore (Nicrophorus vespilloides (= mortuorum) adulte, photo 2 Nécrophore (Nicrophorus vespilloides (= mortuorum) adulte, dur doigt.
Necrodes vespilloides (= "mortuorum") le plus petit de nos nécrophores.
Bien qu'il puisse se laisser tenter par une "charogne", c'est avant tout un amateur de champignons ... en décomposition !
 
(*) N. humator : noir, avec massues antennaires rousses; N. interruptus (= fossor) : bord latéral externe de l'élytre (="épipleure") avec une tache noire à l'avant; N. vespillo : tibias postérieurs arqués ; N. vestigator: premier article de la massue antennaire noir et avant du corselet nettement élargi ; N. vespilloides (= "mortuorum) : notre plus petite espèce (12 à 15 mm), massue des antennes noire, bande postérieure orangée réduite à 2 simples taches. Assez souvent dans les gros agarics pourris.
 
Par-delà leurs différences, les nécrophores ont en commun le fait d'être très fréquemment porteurs de nombreux acariens Gamasidae dits "phorétiques". En d'autres termes ces acariens (Gamasus crassipes notamment) font simplement du stop, et se nourrissent au gré des déplacements des divers "transporteurs" empruntés. Il ne vivent donc pas aux dépens de ces derniers, et par le fait ne sont pas des parasites au sens strict, mais la gêne induite peut parfois s'avérer manifeste et conséquente, comme cette vidéo et les illustrations ci-dessous le montrent.
 
Acariens Gamsidae sur nécrophore (photo 1) transport  africain ! Acariens Gamsidae sur nécrophore (photo 1) ....................Acariens Gamsidae sur nécrophore, détail Acariens Gamsidae sur nécrophore, gros plan
à gauche: le transport en commun encore une "invention" de la Nature plagiée par les humains ... avec la preuve en images !
à droite: gros plans sur les "auto-stoppeurs"
 
La nidification ... mode d'emploi !
 
Les vrais nécrophores ont également en commun le fait de préférer les petits cadavres (rongeurs, oiseaux, batraciens, reptiles), car ils sont contraints de les enterrer pour y nidifier, et bien souvent de devoir un peu les déplacer pour optimaliser le site. En cas de "problème technique" avéré, cadavre trop volumineux par exemple, plusieurs bestioles peuvent se mettre à l'ouvrage. Concurrence ou simple "coup de main", difficile à dire, si ce n'est qu'au final un seul couple va nidifier.
 
Très schématiquement, le nécrophore creuse sous le petit cadavre qui peu à peu s'enfonce, et en retombant d'eux-mêmes les déblais évacués assurent l' "inhumation". La profondeur semble logiquement tributaire de la nature du sol, mais elle est généralement de l'ordre de 5 ou 6 cm. Au passage vous noterez qu'une taupe pèse de 100 à 150 gr, et la bestiole tout au plus 1 gr, d'où un travail pouvant se qualifier de "titan".
 
Une large crypte est ensuite réalisée, et la préparation du futur garde-manger des larves peut alors commencer. Aidé en cela par le début de la putréfaction, notre petit fossoyeur élimine les poils ou plumes, ainsi que l'éventuelle concurrence (larves et pontes de mouches par exemple). Au terme de la préparation, le cadavre se voit transformé et condensé en une sorte de boule putride et suintante n'ayant plus grand chose à voir avec l'original. Afin de faire durer les plaisirs de la table, et à défaut de frigo si je puis dire, ce qui reste du cadavre est semble-t-il enduit d'une sécrétion ralentissant la putréfaction ... et reculant d'autant la date de péremption !
 
Partant de la crypte, une petite galerie en "cul-de-sac" est ensuite aménagée, et les oeufs sont insérés un à un dans la paroi. A leur naissance les larves gagnent le "garde-manger" communautaire, et plus précisément une dépression de la boulette alimentaire, où la femelle va nourrir sa progéniture et la toiletter durant toute la durée du premier stade larvaire. Qualifiée de "trophobiose" cette forme de nourrissage est très exceptionnelle chez les insectes non "sociaux". Passé ce premier cap de leur existence, les larves se débrouillent par elles-mêmes, avec poursuite de leur croissance, puis nymphose en logette souterraine, et enfin émergence au pays des Nécrophores ... si tout se passe bien !
 
Outre les "accidents de la vie", pouvant se qualifier de normaux, il y a en effet une "régulation" peu banale, laquelle relève quasiment d'une sorte de "planning familial". Concrètement il s'agit pour la femelle d'adapter le nombre de larves au volume des victuailles disponibles, et le cas échéant de "cannibaliser" la progéniture estimée en surnombre. A l'inverse, si le garde-manger est copieusement garni, la bestiole "remet le couvert", d'où la fréquente cohabitation de très petites larvules et de "soeurs aînées" beaucoup plus âgées. Cette régulation "réfléchie" est exceptionnelle chez les insectes, mais par contre bien connue chez certains oiseaux, tels les rapaces.
  
Le Nécrophore ensevelisseur à l'oeuvre !
 
la tête ! .... Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator),  adulte sur mulot, photo 1.......... Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator),  adulte sur mulot, photo 2. ... et les jambes !
... petit clin d'oeil au célébrissime jeu télévisé ainsi intitulé (1960-1980), et un temps animé par Pierre Bellemarre !
Plus sérieusement notre nécrophore inspecte le "chantier", en l'occurrence un mulot, et plus exactement une mulotte. Aussi originales qu'étonnantes, plusieurs séquences de cette vidéo montrent le déplacement du cadavre dudit mulot. Force et technique allant de paire, il s'ensuit une relative facilité. Cette dernière peut surprendre, mais elle ne doit pas faire oublier les rapports de poids et de taille. En effet, là où le mulot pèse 30 gr, le poids de l'insecte est inférieur à 1 gr, autrement dit un homme pesant 70 kg devrait déplacer plus de ... 2 tonnes !
 
 
Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator) adulte, photo 1. Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator) adulte, photo 2 Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator) adulte en main, photo 1 Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator) adulte en main, photo 2 Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator), tête en gros plan.
Entièrement noir (et même "noir noir", comme dirait Murielle Robin ! ), et atteignant une longueur de 25 mm , tel se présente le plus "costaud" de nos nécrophores. Vous noterez la puissance des mandibules, mais aussi les massues antennaires orangées permettant de le distinguer de son cousin "germanicus". Contrairement à ce dernier N. humator peut se rencontrer dans toute la France, mais il est loin d'abonder et serait même en régression comme le sont beaucoup d'insectes.
 
 
taupe à demi enterrée par un Nécrophore Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator) surface du sol après enterrage d'une taupe. Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator)  ouverture de la crypte. Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator) larves dans la crypte. Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator) larves dans la crypte, gros plans.
de gauche à droite: 1)- cette taupe a "mystérieusement" disparu avant d'être complètement enterrée; 2)- cette fois la taupe a été enterrée avec succès, et quelques jours plus tard rien ne permet de discerner l'ouvrage, hormis quelques paquets de poils agglutinés restés en surface; 3)- pratiquée avec toute la délicatesse voulue, une "grattouille" à la petite cuillère a mis la crypte à jour, avec en son centre ce qui reste de la taupe; 4 & 5)- larves à l'oeuvre. La présence d'une très jeune larvule atteste d'une seconde ponte, corollaire d'un "garde-manger" bien garni.
 
Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator) larves  au 2e stade, dans la crypte,, photo 1. Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator) larves  au 2e stade, dans la crypte,, photo 2. ................. Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator) larves  au 3e stade, dans la crypte,, photo 1. Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator) larves  au 3e stade, dans la crypte,, photo 2. Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator)  duo comparatif entre larves du 1e et du 3e stade.
à gauche: là où j 'attendais la plus commune des espèces locales (dans la gamme des "noires et jaunes"), c'est le tout noir et peu fréquent "humator" (flèches) qui s'est chargé de la besogne ... et cela à mon insu ! Vous noterez que les larves observables sont pour la plupart au 2e stade; à droite: les mêmes venant de passer au 3e et dernier stade larvaire, avec duo comparatif entre les 1er et 3e stade.
 
Détails morphologiques !

Les larves étant à "pied d'oeuvre", les déplacements s'en trouvent fort réduits, et non sans logique les pattes le sont pareillement. L'embonpoint important de ces larves posant néanmoins problème, Dame Nature les a dotées d'une très efficace "béquille" postérieure (assimilable à un "pygopode" ! ), laquelle facilite grandement un mode progression de type "ondulatoire" assez comparable à celui d'une chenille. Vous noterez également les fortes plaques épineuses des segments thoraciques. En d'autres circonstances on pourrait y voir une armure défensive, mais en ces lieux je les pense plus adaptées au fouissement, et plus exactement à l'enfouissement prénymphal, d'autant qu'elles acquièrent leur plein développement au dernier stade larvaire. Pour finir vous noterez la modestie de la tête et des mandibules, petitesse logique là encore, car les "mets" ingérés sont pour le moins "attendris" par la putréfaction, voire semi liquéfiés.

 
Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator) larve isolée, photo 1. Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator) larve isolée, photo 2.  Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator) larve isolée, photo 3. Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator), larve, détail des plaques épineuses dorsales.
Mise en évidence de la petitesse des pattes et de la tête en regard du volume du corps, et détail des "griffes" dorsales abdominales
 
.
Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator), larve, détail de la tête. Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator), larve, détail des pattes. Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator), larve, détail du pygopode, photo 1. Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator), larve, détail du pygopode, photo 2. Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator), larve, détail du pygopode, photo 3.
de gauche à droite: 1)- détail de la tête; 2)- détail des pattes; 3 à 5)- le "pygopode", sorte de béquille anale rétractable ( et donc extensible ! ) jouant un rôle primordial dans les déplacements. Comme cette vidéo le montre, ce pygopode permet à la larve de s'arquebouter et de se projeter vers l'avant, processus de nature à favoriser le déplacement en compensant la brièveté des pattes en regard du volume et de la masse du corps. !
 
... suite logique !
Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator),, larves à terme Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator), nymphe en loge, photo 1 Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator), nymphe en loge, photo2 Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator), nymphe avec échelle allumette
de gauche à droite: 1)- larves au maxi de leur taille, et donc fin prêtes pour l'enterrage;
2 & 3)- exemples de logettes nymphales; 4)- nymphe ... à l'aune de la S.E.I.T.A. !
 
 
Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator), nymphe  fraîche vue de 3/4. Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator), nymphe  fraîche en vue dorsale. Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator), nymphe  fraîche vue de 3/4, photo 2. Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator), nymphe  fraîche en vue dorsale, photo 2.
ci-dessus: nymphes "fraîches", et donc totalement dépigmentées (vues de 3/4, et dorsales).
ci-dessous: nymphe proche de l'éclosion (yeux et mandibules fortement pigmentés)
Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator), nymphe  âgée (pigmentée) photo 1. Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator), nymphe  âgée (pigmentée) photo 2.
 
 
... la boucle est bouclée !
Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator),  imago effectuant sa chromatogenèse, photo 1. Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator),  imago effectuant sa chromatogenèse, photo 2. Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator),  imago  au terme de sa chromatogenèse, photo 1. Nécrophore ensevelisseur (Nicrophorus humator),  imago  au terme de sa chromatogenèse, photo 1.
Aperçu de la "chromatogenèse"
 A l'émergence la bestiole est entièrement blanche (pas de bol ... j'ai raté le coche ! ), puis les tégument se pigmentent peu à peu., tout en se durcissant.
(le processus demande plusieurs jours, voire la semaine)
 
 
En guise de conclusion ....
 
Observée sur le vif, la très utile biologie des insectes coprophages et nécrophages a bien souvent valeur d'offense pour les yeux et les odorats non "initiés",
mais c'est toujours un régal pour le naturaliste en quête d'images rares, et cette "page entomo" en témoigne.
 
... avec une ultime vidéo sur l'adulte et les larves !
 
FIN
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr