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la CHRYSOMÈLE du PEUPLIER (Melasoma populi) !
ou LINA du PEUPLIER (Lina populi)
(Coléoptère Chrysomelidae)
 
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Intro !
 
Cette "page entomo" n'était pas vraiment prévue, mais l'occasion était trop belle pour ne point vous en faire profiter. Alors que la bestiole tend globalement à se raréfier ( comme beaucoup d' espèces ! ), je suis en effet tombé sur une très belle population .... alors qu'évidemment je cherchais tout autre chose !
 
Présentation
 
Couramment appelée la "Chrysomèle du peuplier" ( Melasoma populi ) ou encore la "Lina du peuplier"( Lina populi ) la rouge bestiole relève de la très nombreuse Famille des Chrysomelidae ( plus de 650 espèces en France), Coléoptères essentiellement phytophages, autrement dit "végétariens". Après les Timarcha, plus connus sous le nom de "Crache-sang", c'est l'une de nos plus grandes chrysomèles, sinon la plus grande, car elle atteint 10 à 12 mm.
 
 
accouplement de Melasoma populi accouplement de Melasoma populi accouplement de Melasoma populi, sur doigt.
 Melasoma populi ... au travail !
 
Melasoma populi "in natura" Melasoma populi "in natura" Melasoma populi, "in natura" Melasoma populi, "in natura"
 .... et à l'heure du déjeuner ... ou de la sieste !
 
L'espèce est très largement répandue et elle vit principalement aux dépens des Trembles et Peupliers, bien qu'elle puisse se développer sur les Saules. En fait elle s'attaque surtout aux jeunes sujets et aux "rejets", sans doute en raison de la plus grande "tendreté" du feuillage. Melasoma populi a au moins 2 générations annuelles, souvent 3, et de ce fait elle peut se rencontrer du printemps à l'automne. La bestiole est ailée, et parfaitement apte au vol, ce qui favorise censément la colonisation de "nouvelles terres". Elle semble toutefois assez casanière, du moins quand elle trouve gîte et couvert à sa convenance.
 
femelle couple de Melasoma populi mâle
Couple de Melasoma populi.
Comme vous pouvez le constater le dimorphisme sexuel joue essentiellement sur la taille, mais bien souvent l'écart est nettement moins significatif.
 
 
A l'approche de la mauvaise saison, les adultes de la dernière génération se réfugient dans les endroits les plus divers (sous la litière, les mousses, les pierres). Après hivernage ils se réactiveront au printemps, et se reproduiront, donnant ainsi la 1 ère génération de l'année. L'espèce est prolifique, et ponctuellement elle peut s'avérer dommageable aux oseraies et peupleraies.
 
Plusieurs espèces sont très ressemblantes, mais M. populi se distingue par la présence d'une très petite tache noire à l'apex des élytres ( ci-dessous ! ). A titre d'exemple ce critère permet à coup sûr de la différencier de Melasoma tremulae, espèce très voisine, mais sensiblement plus petite, qui a la même biologie, et fréquente les même lieux.
 
La tache apicale ( très petite ! ) des élytres de Melasoma populi
  
Toujours au titre des ressemblances, mais cette fois uniquement morphologiques, je citerais Chrysomela grossa (même taille, même coloration), qui elle vit sur les menthes, et uniquement dans le midi de la France. A citer enfin la très commune Chrysomela polita, nettement plus petite que M. populi, qui vit également sur les menthes et affectionne les zones humides. 
 
La ponte
 
Elle suit bien sûr les accouplements ( au demeurant répétés et prolongés ! ), et peut représenter plusieurs centaines d'oeufs. Ces derniers sont déposés sous les feuilles de la plante nourricière, ce qui est d'usage chez de nombreux insectes, et ils le sont par lots comprenant en moyenne une cinquantaine d'unités. La coloration des pontes varie de l'orangé au brun, les fraîches étant généralement un peu plus claires.
 
 
ponte de Melasoma populi détail des oeufs
 
 exemples de ponte ... ensembles et détails !
 
ponte (orangée) de M. populi (photo 1) ponte (orangée) de M. populi (photo 2) ponte (détail) de M. populi
 
La larve
 
Le développement embryonnaire est rapide, souvent de l'ordre de la semaine, et dès leur naissance les larvules s'attaquent à la partie superficielle de la feuille, autrement dit au "limbe". Dans un premier temps elles restent groupées, témoignant ainsi d'un certain grégarisme, mais passé le second stade larvaire elles se dispersent pour satisfaire l'essentiel de leurs activités, à savoir se goinfrer .....et déféquer à l'avenant !
 
En dépit d'une apparente lourdeur les larves se meuvent aisément, voire avec une certaine vélocité si nécessaire, et cela grâce à l'extrémité abdominale qui s'arqueboute sur le substrat, à la manière d'une très efficace 7 ème patte. Un ventouse, a priori anale, ajoute encore à l'efficience de l'appui, et donc à celle de la "propulsion". En cas de besoin cette ventouse assure par ailleurs un solide amarrage, ce qui n'est pas superflu pour une bestiole qui vit sur un feuillage que l'on sait particulièrement sensible au vent.
 
.... naissante !
 
larves de M. populi en train d'éclore larves naissantes de M. populi (photo 1) larves naissantes de M. populi (photo 2) détail d'une larve naissante de M.populi (photo 1) détail d'une larve naissante de M.populi (photo 2)
de gauche à droite: 1)- larves en train d'éclore ! 2 & 3)- larves naissantes ...et déjà bien attablées !
(à ce stade seul le limbe de la feuille est attaqué, voir ci-dessous à gauche; 4 & 5)- taille et détails de larves naissantes.
 
 
feuillage attaqué par des larves naissantes de M.populi larves de M. populi au second stade larvaire aspect de feuille attaquée (second stade larvaire)
 à gauche: aspect de feuillage attaqué par des larves naissantes ( seul le limbe est touché ); au centre: larves de Lina au second stade;
à droite: feuille attaquée par des larves en fin de second stade ...c'est déjà de la dentelle
 
 
.... jeune, et moins jeune !
 
jeunes larves de M. populi jeune larve de M. populi, détails larves de M. populi ( jeunes et plus âgées) larves de M. populi ( jeunes et plus âgées) larves de M. populi
de gauche à droite: 1 & 2)- exemples de jeunes larves; 3 & 4)- groupes de larves, jeunes et plus âgées.
 
 
.... à terme !
 
larve à terme de M. populi (photo 1) larve à terme de M. populi (photo 2) groupe de larves à terme de M. populi
exemples de larves à terme !  
 
A terme, voir ci-dessus, les larves atteignent 12 à 15 mm de longueur, et elles sont le plus souvent blanches ( parfois légèrement rosées ou jaunâtres ), à l'exception des rangées de protubérances qui elles restent noires. A noter que ces formations coniques, de prime abord ornementales, sont en fait secrétrices ( y compris chez les jeunes larves ) car en cas d'agression ou d'inquiétude elles laissent sourdre des gouttelettes poisseuses à caractère manifestement défensif ( voir ci-dessous ! )
 
Le dispositif apparaît d'ailleurs efficace, du moins contre les oiseaux insectivores, car ces derniers semblent se désintéresser de ces larves, alors qu'elles sont le plus souvent nombreuses, bien visibles ...et dodues à souhait ! Cela dit j'avoue ignorer si cette exudation est toxique, ou simplement répugnatoire ...ou les 2 à la fois. Si un visiteur est au fait de la question, je suis évidemment preneur !
  
.... et sur la défensive ! 
 
gouttelettes défensives de la larve de M.populi (photo 1) gouttelettes défensives de la larve de M.populi (photo 1)
Mise en évidence des "gouttelettes" défensives. Sur l'image de droite une fourmi a été utilisée pour déclancher la réaction. Vous noterez que le phénomène est très bref, de l'ordre de la seconde, et que les gouttelettes peuvent en quelque sorte se rétracter, sauf s'il y a contact avec l'agresseur, et donc dépôt de la sécrétion sur ce dernier.
 
  
Les larves étant toujours nombreuses, et faisant preuve d'un bel appétit, le feuillage est le plus souvent réduit à l'état de dentelle, voire de "squelette", car il ne subsiste que les grosses nervures. A noter enfin que la larve de Melasoma populi n'est pas sans rappeler celle des coccinelles (cf. page entomo !), mais le régime alimentaire ( aisément vérifiable ! ) fait que la confusion n'est guère possible.   
 
 aperçu des dégâts larvairesdégâts sur branchette
Exemples de dégâts: sur feuilles, et branchette.
( ils sont évidemment susceptibles de varier -localisation et importance- selon la taille et le nombre des "convives" )
 
La nymphe
 
Arrivées à terme les larves se nymphosent de préférence sur ou sous les feuilles...du moins quand il en reste! ( à défaut les branchettes font l'affaire ! ). Dans un premier temps la larve s'arrime au support par son extrémité abdominale, et la mue nymphale s'opère ensuite classiquement, sauf que la nymphe reste solidaire de l'exuvie ( = mue ! ). Là encore point de temps perdu ( 3 générations obligent ! ), les adultes émergeant en effet 10 à 15 jours plus tard.
 
 
larve de M. populi en pré-nymphose (vue dorsale) nymphe de M. populi larve de Melasoma populi en pré-nymphose larve de M. populi en pré-nymphose (vue latérale)
exemples de larves de M. populi en pré-nymphose
 
 
nymphe in situ, en vue dorsale, de M. populi nymphe in situ, en vue latérale, de M. populi nymphe de M. populi, en vue ventrale .................
à gauche: nymphes "in situ" ( en vues dorsale, latérale, et ventrale )
à droite: adulte fraîchement éclos, en cours de pigmentation ( = chromatogenèse ! )
 
 
avec suite logique ! .... M. populi fraîches écloses accouplement de M.populi .... et re suite logique !
 
En guise de conclusion....
 
Je dirais que la bête est bien jolie, point farouche pour deux sous, et que j'ai toujours plaisir à la rencontrer. J'ajouterais que c'était dans les derniers jours de juillet, sur les bas-côtés "fricheux" d'un simple chemin de terre. Les alentours n'étant que cultures, ou presque, les insectes en tous genres abondaient classiquement en ce modeste mais très florifère et attractif refuge.
 
Il aura suffi de quelques minutes, et d'un gyrobroyeur venu l' "entretenir",
pour voir disparaître mon petit Eden entomologique ... 48 h après sa découverte !
 
Cette "page entomo" a fait l'objet d'une publication, dans la revue "INSECTES" de l'OPIE (N° 165, 2e trimestre, 2012)
  
 
FIN
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr