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La RANATRE !
Ranatra linearis (= fusca), Hétéroptère Nepidae
 
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Intro !
 
La Ranatre est une bien curieuse bestiole, sorte de phasme aquatique mâtiné de mante religieuse. J'ajouterais qu'elle est aussi de celles qu'on hésite bien souvent à toucher, et plus encore à "tripoter". La lenteur de ses mouvements a en effet quelque chose d'inquiétant, la bête donnant toujours l'impression de mijoter quelque mauvais coup. Par ailleurs vous verrez qu'elle cache bien son jeu, notamment quand il s'agit de passer à table, et qu'elle sait aussi se faire belle ... mais pour en juger de visu il faudra surmonter votre appréhension !
 
Présentation !
 
La Ranatre est un insecte Hétéroptère, autrement dit une punaise. Comme sa cousine la Nèpe (cf. page entomo) elle est aquatique et relève de la Famille des Nepidae, représentée en France par ces deux seules espèces. L'allure générale des Ranatres n'est pas sans rappeler celle de certains phasmes, tel Clonopsis gallica (le plus répandu en France), d'où la prise en main ci-dessous comparative.

Cette convergence morphologique vaut également au niveau du mimétisme, et de la faculté de "faire le mort" (= catalepsie), moyens défensifs fréquents chez les insectes. Le corps de la ranatre atteint une longueur de 35 à 40 mm, et un siphon respiratoire à peine moins long prolonge l'abdomen. Comme tous les insectes la Ranatre dispose de 6 pattes, au demeurant fort longues, la paire antérieure étant nettement plus adaptée à la prédation qu'à la locomotion.

 
Ranatre ! .... Ranatre  (Rana  linearis) en main, photo 1. Ranatre  (Rana  linearis) en main, photo 2.................Phasme (Clonopsis gallica) en main, photo 1. Phasme (Clonopsis gallica) en main, photo 2. ... et phasme !
Aspect général comparatif !
 
 
Ranatre  (Rana  linearis)  dans son élément, photo 3. Ranatre  (Rana  linearis)  dans son élément, photo 4. Ranatre  (Rana  linearis)  dans son élément, photo 1. Ranatre  (Rana  linearis)  dans son élément, photo 2.
La ranatre dans son élément;
 
 
Ranatre  (Rana  linearis)  "à sec", photo 1. Ranatre  (Rana  linearis)  "à sec", photo 2. ............... Ranatre  (Rana  linearis)  extrémité abdominale, vue latérale. Ranatre  (Rana  linearis)  extrémité abdominale, vue ventrale.
à gauche: ranatre "à sec" (vue ventrale et dorsale); à droite: extrémité abdominale (vue latérale et ventrale) avec départ du siphon respiratoire.
Ce dernier est constitué de 2 demi-gouttières accolées qui peuvent se disjoindre en dehors des phases respiratoires, comme la 1e photo ci-dessus à gauche le montre.
 
Lieux de vie !
 
Nèpes et Ranatres affectionnent les mares, étangs, et marais, autrement dit les eaux stagnantes. En raison de leur mode de prédation, de leur peu d'aptitude à la natation, et de la nécessité de venir capter l'air en surface, ces drôles de bestioles sont le plus souvent cantonnées à faible profondeur, au plus près des rives, et là où la végétation aquatique ou sub-aquatique est souvent importante.
 
L'identité des moeurs fait que la cohabitation est fréquente, pour ne pas dire de règle. La Ranatre est souvent considérée comme moins commune que la Nèpe, mais il m'est aussi arrivé de constater l'inverse, sans pouvoir définir si cela tenait à la nature du point d'eau ou encore à la saison . Par contre, et c'est là une certitude, la ranatre est plus difficile à déceler pour les raisons précitées (mimétisme et catalepsie). En outre, et bien que les fonds vaseux ne lui conviennent pas, elle est souvent plus ou moins enduite de "cochonum", un peu comme la Nèpe, ce qui ajoute encore à l'efficience du camouflage.
 
Le vol !

Les illustrations ci-dessous témoignent de l'importance du développement alaire, mais aussi d'une délicatesse de couleurs assez inattendue chez un tel insecte. Certaines nuances étant difficiles à capter je précise que l'abdomen est rouge velouté sur le vif, et que par-delà leur transparence, les ailes membraneuses sont d'un joli bleu nacré, très clair, nettement plus perceptible sur fond sombre, comme ci-dessous, mais aussi selon l'incidence de la lumière.

 
Agrandissez ! ... Ranatre  (Rana  linearis)  étalée.  Ranatre  (Rana  linearis)  étalée, détail des ailes. ... et admirez ! 
La bestiole cache bien son jeu ... mais aussi sa beauté !
Pour qui "débute dans le métier" réussir ce genre de préparation (pour mise en collection ! ) n'est pas sinécure,
et les choses peuvent très vite tourner au "jeu de massacre", tant la bestiole est fragile !
 

Consacrée au vol, cette rubrique est née du constat suivant: tout le monde dit que la ranatre vole .... mais personne l'a vue voler ! Désireux d'en avoir le coeur net, j'ai donc soumis plusieurs bestioles à l'épreuve de vérité, et comme vous le verrez les Ranatres volent, et même fort bien, aptitude favorisant la dissémination de l'espèce, mais aussi l'abandon de lieux devenus défavorables, au profit de sites plus propices.

Dans un premier temps la Ranatre sort de l'eau, et comme les photos ci-dessous le montrent, elle profite de la végétation superficielle pour littéralement "se mettre à sécher", ce qu'elle fait en se surélevant sur ses pattes et en restant longuement immobile. Le moment venu tout va très vite, car en une fraction de seconde la bête replie ses pattes antérieures au plus près du corps, se hausse sur les autres, et s'envole avec une aisance aussi surprenante que remarquable !

 
Ranatre  (Rana  linearis)  ranatre hord d'eau avant envol, photo 1. Ranatre  (Rana  linearis)  ranatre hord d'eau avant envol, photo 2. Ranatre  (Rana  linearis)  ranatre hord d'eau avant envol, photo 3. Ranatre  (Rana  linearis)  ranatre hord d'eau avant envol, gros plan.
ci-dessus et ci-dessous à gauche: ranatres hors d'eau en train de se sécher, passage obligé avant l'envol ....
ci-dessous à droite: l'essor .... et le retour à la nature ! ..... à découvrir en vidéo !
Ranatre  (Rana  linearis)  ranatre hord d'eau avant envol, photo 5. Ranatre  (Rana  linearis)  ranatre hord d'eau avant envol, photo 6....................Ranatre  (Rana  linearis)  envol, photo 1. Ranatre  (Rana  linearis)  envol, photo2.
 
 
La prédation !
 
Comme déjà dit, les Ranatres sont des insectes carnassiers piqueurs-suceurs, et à cet effet elles sont évidemment dotées d'un rostre permettant de perforer le tégument de leurs proies, et de les vider de toute substance. A l'instar des Mantes religieuses, les Ranatres chassent à l'affût, et elles sont pareillement armées de pattes antérieures dites ravisseuses parfaitement adaptées à la prédation. Outre une mobilité quasi "tous azimuts" ces pattes sont en effet terminées par une partie falciforme mobile faisant office de pince. Vous noterez qu'il s'agit d'une adaptation des tarses, non conçue pour "piquer" (et encore moins pour envenimer ! ), d'où une action purement mécanique. L'ensemble du dispositif est néanmoins particulièrement efficace, et on peut dire que tout fait ventre dès l'instant où une proie est "crochetée" (larves diverses, vers, petits insectes, jeunes têtards, voire alevins à l'occasion).
 
 Ranatre  (Rana  linearis)  tête vue de dessus. Ranatre  (Rana  linearis) )  tête en vue latérale.
à gauche: en permettant un champ de vision "panoramique", pour ne pas dire carrément circulaire, la très importante protubérance des yeux témoigne d'une parfaite adaptation à la chasse à l'affût. D'où qu'elle vienne la proie est en effet perçue sans que la ranatre bouge "d'un poil", et donc sans que le futur déjeuner se méfie ... et batte en retraite ! à droite: le rostre est utilisé pour "poignarder" les proies, et les fins stylets que le prolongent (canaliculés et rétractables), permettent d'aspirer les éléments nutritifs liquéfiés.
 
 
Ranatre  (Rana  linearis)  pattes ravisseuse étendues, photo 1. Ranatre  (Rana  linearis)  pattes ravisseuse étendues, photo 2................. Ranatre  (Rana  linearis) détails de l' extrémité des  pattes ravisseuses Ranatre  (Rana  linearis)  détail de pince d'une patte ravisseuse.
A gauche et au centre: très longues et très mobiles, les pattes antérieures, dites "ravisseuses", sont terminées par un crochet falciforme articulé. Outre la capture des proies, d'où leur nom., elles interviennent également dans la préhension et la locomotion, par exemple pour se hisser au sein de la végétation où la bestiole aime se tenir en embuscade; à droite: détail des crochets articulés. Vous noterez qu'ils correspondent aux tarses, et se replient sur l'avant-bras, la pince ainsi formée se "verrouillant" sur une forte épine triangulaire ajoutant au maintien de la proie.
 
La reproduction !
 
Chez les Ranatres les sexes sont séparés, mais très comparables. Moyennant un peu d'attention (et une loupe ! ) il est toutefois possible de les différencier via les "plaques génitales", autrement dit l'extrémité abdominale de la face ventrale. Comme les photos ci-dessous le montrent, le dimorphisme est caractérisé par la présence d'une "tarière", apanage des femelles. Vous noterez que cette tarière permet d'inciser les végétaux , en vue d'y insérer les oeufs en bonne place.
 
La reproduction a lieu au printemps, et suivant la surface végétale disponible ou choisie (tiges ou feuilles par exemple) les oeufs peuvent être déposés avec une certaine régularité, ou au contraire disséminés isolément çà et là comme observé. Comme pour la Nèpe ils comportent des filaments dits aérifères, mais seulement au nombre de 2 (5 à 7 pour la Nèpe).
 
Par sa forme, et la présence de filaments aux allures de tentacules, l'oeuf se présente "in situ" comme une sorte d'hydre blanchâtre. L'adhérence au support est relativement faible, du moins quand les oeufs ne sont pas littéralement plantés, comme dans les feuilles de nénuphar. Le chorion (= coque de l'oeuf ), étonnamment rigide, rend la manipulation aisée.
 
Le développement larvaire comporte 5 stades, suivis de la mue dite "imaginale" ( et donc du passage à l'état adulte ! ). Il est estival, et rapide, puisque la larve naissante devient adulte en l'espace de plus ou moins 2 mois, et cela en élevage extérieur, avec larves de moustiques au menu (la taille de ces denières étant bien sûr proportionnée à celle des convives).
 
Le dimorphisme sexuel !
Ranatre  (Rana  linearis), dimorphisme sexuel.
Il est observable ventralement (voir agrandissement ! ) et caractérisé par la présence, ou non, d'une tarière.
(chez la femelle présentée les valves du siphon sont simplement séparées, et n'ont rien à voir avec le sexe ! )
 
 
La tarière ! (vue ventralement ! )
Ranatre (Ranatra linearis), tarière en position repliée. Ranatre (Ranatra linearis), tarière  en position "active" Ranatre (Ranatra linearis), tarière avec vue sur les pièces génitales. Ranatre (Ranatra linearis), vue sur la gouttière interne de la tarière.
Puissante, courte, acérée, tranchante, et articulée à la base, telle se présente la tarière de dame ranatre !
de gauche à droite: 1)- tarière "au repos", et donc repliée; 2)- tarière en position active, au maxi de son redressement ; 3)- vue sur les pièces génitales internes; 4)- ce véritable scalpel est doté sur sa face interne d'une gouttière en "V" faisant office d'ovipositeur.  
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr