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Intro
!
Alors que certains Sphinx jouent les
"m'as-tu vu", comme celui de la vigne tout de rose vêtu, la
livrée du Sphinx du tilleul tend au contraire à se
fondre dans le décor, du fait de son homochromie et du
caractère disruptif de ses formes et ornementations
graphiques.
Au passage vous noterez que le
camouflage des matériels de guerre, tout comme celui de la
classique "tenue de combat" des militaires en tous genres, usent
exactement des mêmes principes, ce que les anglo-saxons
traduisent et résument par "Disruptive Pattern
Material".
Sphinx de la vigne
Sphinx
du tilleul
Présentation
Le Sphinx du tilleul est essentiellement
nocturne, comme la plupart des Sphingidae, Famille
représentée en France par une grosse vingtaine
d'espèces. Le papillon est de taille moyenne, avec une
envergure de l'ordre de 60 à 70 mm, et il est très
largement répandu, y compris en milieu urbain. Cela tient
évidemment à la fréquente utilisation du
tilleul, son arbre préféré, comme essence
d'alignement, ou encore d'ornement (parcs, et autres espaces
publiques par exemple).
En règle générale
il n'y a qu'une génération annuelle, avec
émergence des adultes en Mai-Juin (selon les régions
et les années), mais une seconde peut se voir en automne,
du moins dans les régions les plus chaudes de son aire. La
durée de vie de l'adulte est brève, d'autant qu'il
ne s'alimente pas du fait de l'atrophie de sa trompe, et sa seule
préoccupation, si je puis dire, est évidemment de
perpétuer l'espèce.
La livrée du Sphinx du tilleul
est susceptible d'assez largement varier, selon les individus,
mais la teinte générale se situe le plus souvent
dans la gamme des verts et des bruns, avec parfois une tendance
à l'ochracé, voire plus rarement au
rosé-rougeâtre comme ci-dessous. Les femelles sont
souvent plus claires, mais c'est là un simple
constat.
une peu fréquente
coloration ...tous azimuts !
L'accouplement et la
ponte
L'accouplement intervient très
rapidement après l'émergence de la femelle, et on
peu considérer que c'est chose faite dans les 24 à
48 heures. L'élevage montre qu'une femelle née au
cours de l'après-midi (fréquente période
d'émergence chez les Sphinx) est le plus souvent
fécondée le soir même, l'accouplement pouvant
se prolonger des heures durant, voire toute la nuit ... mais ce
n'est pas exceptionnel chez les papillons nocturnes !
à gauche: couple
de Sphinx du tilleul (femelle à
gauche)
au centre et à
droite: ce qui devait arriver .... arriva
!
(ce type d'accouplement, au
demeurant classique, est dit "en opposition", ou encore
"tête-bêche").
Les oeufs sont pondus au revers des
feuilles de l'arbre nourricier, le plus souvent par une ou deux
unités, et la durée d'incubation est de l'ordre de 2
à 3 semaines. En règle générale le
tilleul est préféré, mais à l'occasion
l'aulne et l'orme peuvent convenir, voire même le bouleau ou
encore le chêne.
En captivité la femelle
est censément perturbée, et les oeufs sont souvent
plus "évacués" (si je puis dire ! ) que
pondus.
Il s'ensuit évidemment
des regroupements importants, ce qui n'est pas le cas dans la
nature !
oeuf "sauvage" prêt
à éclore !
(la coloration brune
témoigne du développement avancé de la future
"chenillette")
La chenille
La chenille naissante (ci-dessous
à gauche) est particulièrement longue, et on a du
mal à imaginer qu'elle puisse sortir d'un oeuf
proportionnellement si petit. En fait, et c'est sans doute
là l'explication, la chenille néonate est
littéralement en "accordéon" (voir sur
agrandissement), un peu comme le sont les gaines
électriques souples au standard "ICO" (ci-dessous à
droite ! ). A terme la chenille de
Mimas tiliae peut atteindre les 60 mm, et le changement de
couleur, prélude à la nymphose, est aussi radical
que spectaculaire.
chenille naissante de "Mimas
tiliae"..... et parallèle morphologique avec gaine "ICO"
!
chenilles en début de
développement
chenilles à mi-parcours
de leur développement
chenilles au dernier
stade
à droite:
remarquer le détail de la corne, ou "scolus", appendice
complètement inoffensif propre aux
Sphingidae
.
de gauche à
droite: 1)- chenillea en fin de 5e stade, et au maxi de leur
taille;
2)- comparaison entre
chenilles "normales" (vertes) et chenilles en
pré-nymphose;
3 & 4)- exemples de
chenilles en pré-nymphose;
le spectaculaire changement de
coloration, prélude à la
nymphose
La
chrysalide
Le moment venu, c'est à dire au
terme de leur croissance, les chenilles "mûres" quittent
l'arbre nourricier. En principe elles empruntent la voie normale,
à savoir le tronc, mais il n'est pas rare qu'elles se
laissent choir, alternative généralement
favorisée par un coup de vent, et par un certain
engourdissement lié à l'approche de la
nymphose.
Une fois au sol la chenille se met en
quête d'un terrain à sa convenance, et elle s'y
enterre à faible profondeur. Comme chez tous les Sphingidae
la chrysalide est nue, et donc sans cocon, hormis un trame
très superficielle, assurant un minimum de cohésion
entre les particules terreuses formant la paroi de la logette.
Sauf en cas d'émergence automnale (seconde
génération), la chrysalide va hiverner en
l'état, et le papillon éclore au printemps suivant.
à gauche et au centre:
Chrysalide du Sphinx du tilleul;
à droite:
détail du "cremaster", apex épineux permettant
l'amarrage de la chrysalide, ce qui facilite l'émergence du
papillon.
... et quand tout ...
... se passe bien !
Pour
conclure
Aussi curieusement que cela puisse
paraître le Mimas tiliae, sorte de "Sphinx des villes", se
porte plutôt bien, si je puis dire, en regard des "Sphinx
des champs" nettement plus soumis à la pression croissante
et généralisée des biocides en tous genres,
à commencer bien sûr par les insecticides.
J'en veux pour exemple le fameux Sphinx
tête de mort (Acherontia atropos), le plus grand de nos
Sphinx, sinon de nos papillons, qui en des temps aujourd'hui
révolus était bien loin d'être rare, et
coulait des jours heureux (presque ! ) sur le feuillage de nos
pommes de terre.
FIN
les pages entomologiques d'
andré lequet
: http://www.insectes-net.fr