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les CARABES de FRANCE !
(Coléoptères Carabidae)
 
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36)- Carabus (Chrysocarabus) splendens -le "Carabe splendide"-
 
Le splendens resplendit vraiment, et je me souviens parfaitement du premier que j'ai pu voir "en chair et en os". C'était au tout début de mes débuts ( si je puis dire ! ), et la bestiole était loin d'être au mieux de sa forme, car elle provenait d'une collection manifestement hors d'âge ( et d'entretien ! ), mais pour moi ce fut néanmoins comme un véritable éblouissement.
 
A l'inverse du précédent ce carabe est essentiellement français, même s'il déborde en Navarre espagnole. L'espèce est avant tout pyrénéenne (toute la chaîne jusqu'au Canigou), mais elle remonte dans les Landes (40), ainsi que dans l'Aude (11), le Tarn (81), et l'Aveyron (12). A cela s'ajoute des incursions ponctuelles limitrophes ( Lot & Lozère par exemple) .... et le très mauvais exemple des introductions sauvages de Brive et du Finistère.
 
 
Chrysocarabus splendens .... Carabus (Chrysocarabus) splendens, sur le vif (photo 1) Carabus (Chrysocarabus) splendens, sur le vif (photo 2) ..... ou le Carabe splendide
..... sur le vif !
 
La nomenclature fait état de 4 sous-espèces, et d' une demi-douzaine de natios, mais la distinction est souvent malaisée hors des critères géographiques. Plus d'une trentaine de formes individuelles sont décrites, mais celles "valant le détour" sont très nettement moins nombreuses. Comme toujours la taille varie selon le sexe, et les conditions de vie . Pour splendens elle est de l'ordre de 28 à 30mm .... sauf exceptions !
 
Le "Carabe splendide" est une espèce forestière, qui peut s'accommoder de boisements plus réduits, limite "fricheux". Feuillus et résineux lui conviennent pareillement, et il vit pratiquement du niveau de la mer jusqu'à une altitude de 1500m. A titre indicatif j'ai eu la surprise d'en trouver un "en balade", au-dessus du tunnel de Bielsa (Hautes-Pyrénées-65-) .... à 2400 m !!!
 
Au gré de son aire de répartition, vous noterez enfin que ce carabe à la particularité de cohabiter avec des espèces "cousines", et donc génétiquement compatibles, d'où la possibilité d'hybrides naturels plus ou moins rares .... et plutôt plus que moins ! Concrètement notre splendens est au contact des Chrysocarabus lineatus, punctatoauratus, auronitens festivus, et des Chrysotribax rutilans et hispanus ....autrement dit que du beau monde !
 
Carabus (Chrysocarabus) splendens (photo 1) Carabus (Chrysocarabus) splendens (photo 2) Carabus (Chrysocarabus) splendens (photo 3)
 
Carabus (Chrysocarabus) splendens (photo 4) Carabus (Chrysocarabus) splendens (photo 5)
de haut en bas, et de gauche à droite .... comme d'habitude !
 
1)- ssp. vittatus, natio vittatus : Bois de Téthieu (40). Dans ses localités typiques ce splendens est d'un vert souvent qualifié de"froid" ou d' "acide", mais au sud de l'Adour on retrouve très vite des populations mixtes (St Lon par exemple) ou à dominante cuivrée.
2)- ssp. lapurdanus, natio lapurdanus : Ascarat (64). C'est la forme des Pyrénées-Atlantiques, à l'exclusion du Pic d'Arradoy (St Jean Pied de Port )
3)- ssp. ammonius, natio najacensis : Najac (Aveyron-12). Souvent très cuivré avec lustre violacé plus ou moins intense.
4 & 5)- ssp. lapurdanus, natio arradoyensis : Propre au Pic d'Arradoy (64) vers 600m. C'est le plus grand des splendens, les grosses femelles approchant les 35mm. La coloration varie du vert au cuivré, avec des formes chromatiques aussi remarquables que rares, comme le michellae figuré en dernière position.
 
aperçu chromatique .... Carabus (Chrysocarabus) splendens, gamme chromatique .... récapitulatif !
 
A propos de l'arradoyensis .... et de la forme individuelle michellae !
 
Pour la petite histoire, je rappelle être le "découvreur" du splendens arradoyensis, la publication ci-dessous référencée faisant foi (*).
 
C'était en juillet 1973, durant les vacances, et je campais sur Ascarat, quasiment au pied du fameux Pic d'Arradoy. Sans pour autant dédaigner les autres espèces, je recherchais avant tout le Chrysocarabus lineatus, et ma surprise a été grande en voyant ces énormes bestioles flotter dans mes pièges à vinaigre (**). Pour tout dire il m'a fallu examiner les ailerons membraneux pour constater qu'il s'agissait bien de splendens, et non du lineatus espéré, d'où une certaine déception .... même si j'avais le sentiment d'avoir finalement déniché une bestiole hors normes
 
Dans une vieille canette de bière trouvée sur place, et recyclée illico en piège à carabes, il y avait un mâle plutôt petit, limite "racho", avec des élytres en grande partie noirâtres. La bestiole était manifestement peu ordinaire, mais aussi passablement "usée" par les aléas du métier de carabus, ce qui pouvait accréditer la thèse d'un mélanisme "mécanique", et donc sans intérêt, puisque résultant d'une simple abrasion des téguments ( sur les caillasses par exemple).
 
L'hypothèse était d'autant plus plausible que l'hémimélanisme vrai, et donc génétique, était encore inconnu chez splendens. Un doute subsistait malgré tout, et la suite devait me donner raison, puisque mon michellae (si je puis dire!) fut re-découvert et décrit par Remond en 1985 ... soit 10 ans après ma première trouvaille!
 
(*)- Description de Chrysocarabus splendens lapurdanus arradoyensis, natio nova (Carabologia N° 1, 1975, page 41).
(**)- Je piège là où tous les carabes m'intéressent, au titre de la répartition géographique des espèces, et de la réalisation d'une collection de référence.
 
A propos du "splendens breton" !

Il s'agit bien entendu d'une introduction  à la fois très ancienne ( je n'ai pu remonter à la "source" ! ), et parfaitement réussie, car lors de mon dernier passage (2007) j'ai recensé une soixantaine d'individus en guère plus de 2 heures. Ce splendens est apparemment très localisé, et compte tenu des grandes "pointures" (y compris bretonnes ! ) qui aimeraient bien le "mettre en boîte" ( de collection s'entend ! ) je pense que très peu d'entomologistes savent vraiment où il se trouve.

Connaissant la localisation de longue date, mais n'étant pas "propriétaire" de l'info, je me suis engagé à ne point la divulguer, mais a contrario ce serait pourtant un bon moyen d' "assainir" le site. A défaut de pouvoir totalement éradiquer l'intrus, cela permettrait à coup sûr de nettement réduire ses effectifs, et de limiter pareillement ses éventuelles velléités d'expansion, encore que ces dernières me semblent assez peu probables.

Ce splendens fait néanmoins figure de "curiosité", et c'est bien là son seul attrait et intérêt, en dehors d'apporter la preuve qu'une introduction peut parfaitement réussir, et se pérenniser. Tout en étant à l'évidence condamnable, cette introduction a un impact à mon sens limité, quasi plus moral qu'écologique. En effet, sa nature écarte d'emblée toute ambiguïté, et d'autre part la surface concernée est très réduite, bien circonscrite, et l'absence de l'auronitens écarte là aussi de facto toute possibilité d'hybridation, et ce n'est pas le moins important. Tout finissant par se savoir, un jour viendra où le "splendens breton" fera figure de "secret de Polichinelle", et là je vous laisse imaginer la suite !

 
37)- Carabus (Chrysocarabus) auronitens -le "Carabe à reflets d'or"-
 
Carabus (Chrysocarabus) auronitens, sur le vifL'espèce occupe la majeure partie du territoire, à l'exclusion du Sud-Est, domaine réservé de solieri, et des Pyrénées où elle est remplacée par lineatus et punctatoauratus. Elle est également absente d'une bonne partie du Sud-Ouest , et d'une zone Ouest partiellement intercalée entre les populations bretonnes et normandes. Cette dernière discontinuité faunistique, souvent qualifiée de hiatus, demeure d'ailleurs inexpliquée, tout comme les énigmatiques isolats de la forêt de Cerisy (Calvados), et du massif forestier de Mervent-Vouvant. (Vendée).
 
Ce carabe est essentiellement forestier, et habituellement commun, du moins sous son chromatisme typique (ci-contre). Vous noterez l'existence de 5 sous-espèces, et de 6 natios, mais surtout celle de plus de 70 formes individuelles, pour la plupart relatives à des variations chromatiques. Les illustrations de cette page témoignent en partie de cet étonnant panel, issu des évolutions respectives des différentes entités, et d'une sorte de "cocktail" génétique entre mélanisation, cyanisation, et hyperchromatisme.
 
La taille du "carabe aux reflets d'or" est le plus souvent comprise entre 20 et 27 mm, du moins en France, car la ssp. autrichienne vindobonensis avoisine les 35mm. Les auronitens "montagnards" sont en principe plus petits, avec tendance au rembrunissement pour les plus haut situés .... mais il ne faut pas généraliser . Au titre des rares populations des prairies alpines, il me souvient en effet de bestioles très joliment lustrées, et de fort belle taille, pourtant débusquées au sommet du Puy-de-Sancy (1885 m ), et même au sommet du sommet ( si je puis dire ! ), car c'était au niveau de l'escalier sommital menant à la table d'orientation !
 
 
Sous-espèce subfestivus (Bretagne)
 
Typiquement bretonne, cette ssp. est propre aux Dpts du Finistère (29) et des Côtes d'Armor (22). Elle y vit principalement en forêts ( feuillus et mixtes ), mais aussi dans les bois, y compris parfois de faible importance. La répartition de la bestiole est fort capricieuse, car elle peut abonder sur "trois fois rien" .... et totalement dédaigner la luxuriance d'une forêt quasi jouxtante!
 
L'auronitens breton est chromatiquement très variable, mais le pourcentage et la nature des variétés peuvent plus ou moins différer d'une localité à l' autre, voire d'un secteur à l'autre. Bien que la notion de rareté soit souvent subjective en entomologie, les formes individuelles "melas" et "cuprea" méritent le podium, la plus haute marche revenant au très convoité "bleusei" .... qui coule souvent des jours heureux hors de ses traditionnels pénates ! En d'autres termes la Forêt de Lorges n'a pas l'exclusivité .... ni même les Côtes d'Armor .... mais là n'est pas le propos !
 
Le subfestivus bénéficie actuellement d'une protection juridique, mais comme souvent les activités économiques prévalent sur la Loi, et nul ne peut empêcher un propriétaire de raser ou enrésiner les bois lui appartenant ... au grand dam de notre bestiole .... et de bien d'autres !
 
Bon à savoir ... et à méditer !

Privilège de l'âge, j'ai eu à connaître les forêts bretonnes dès la fin des années 60 et le pourcentage des fameuses formes mélanisantes pouvait ponctuellement y atteindre les 20 %, et donc beaucoup plus qu'actuellement En outre les choses ne vont pas s'arranger pour une raison à mon avis fort simple. Particulièrement recherchées par les amateurs de carabes, les formes mélanisantes sont en effet systématiquement prélevées, comme elles l'étaient déjà à l'époque précitée. Au fil des ans il s'ensuit logiquement un appauvrissement du pratimoine génétique du mélanisme, d'où la progressive raréfaction de son expression. C'est d'autant plus vrai que voici quelques années j'ai eu à connaître des localités totalement nouvelles, pouvant se qualifier de "mouchoirs de poches". N'ayant jamais eu à faire au piochon ni au piégeage, les fameux " nigrinos " atteignent en ces lieux le 1/3 des populations, et toute la gamme chromatique holomélanisante y est bien représentée.

 
Bleusei Story ! (retour assuré ! )
 
 
Carabus (Chrysocarabus) auronitens (photo 1) Carabus (Chrysocarabus) auronitens (photo 2) Carabus (Chrysocarabus) auronitens (photo 3) Carabus (Chrysocarabus) auronitens (photo 4) Carabus (Chrysocarabus) auronitens (photo 5) Carabus (Chrysocarabus) auronitens (photo 6)Carabus (Chrysocarabus) auronitens (photo 7) Carabus (Chrysocarabus) auronitens (photo 8)
de haut en bas, et de gauche à droite: 1)- forme type; 2)- f.ind. viridipennis; 3)- f.ind. purpureus; 4)- f.ind. melas; 5 & 6)- f.ind. bleusei; 7)- f.ind. cuprea, propre au massif forestier de Huelgoat; 8)- f.ind. lequeti. Vous noterez que l'on parle d'hémimélanisme quand la mélanisation touche seulement l'abdomen (comme bleusei), et d'holomélanisme quand la mélanisation affecte toute la bestiole (tête-thorax-abdomen), comme viridipennis, purpureus, melas .... et coetera !
 
A chacun d'en juger : Près d'une vingtaine de formes individuelles sont peu ou prou reconnues chez cette seule sous-espèce, sans parler des inévitables intermédiaires, d'où une sorte de salade niçoise à la bretonne .... à mon sens pas toujours très digeste ! Personnellement je préfère m'en tenir à la notion de "gamme chromatique" .... libre à chacun d'y voir un réalisme de bon aloi ... ou une coupable paresse !
 
 
aperçu chromatique ! .... Carabus (Chrysocarabus) auronitens, gamme chromatique .... récapitulatif ! Carabus (Chrysocarabus) auronitens, sur le vif (photo 2) ....et forme type sur le vif !
 Les carabes sont toujours plus beaux sur le vif, car la mort et la dessication enlèvent logiquement de l'éclat.
Bien entendu, les années de collection n'arrangent rien, mais au final ces bestioles se conservent quand même étonnamment bien.
 
 
Sous-espèce auronitens (Normandie)
 
Il s'agit là de la natio normannensis, laquelle occupe essentiellement l'Orne (61), et pour partie les Dpts de l' Eure (27), de l'Eure-et-Loir (28), et de la Mayenne (53). L' insecte est là aussi forestier, avec des populations périphériques résiduelles, et une jolie palette de variations chromatiques. Les formes individuelles cauvini et pseudoviridipennis en sont les fleurons, mais la palme revient indéniablement au mythique et bien nommé coeruleomicans ( tout de bleu paré ! ).... et là c'est vraiment une rareté !
 
... et Cauvini Story ! (retour assuré ! )
 
Carabus (Chrysocarabus) auronitens (photo 2-1) Carabus (Chrysocarabus) auronitens (photo 2-2) Carabus (Chrysocarabus) auronitens (photo 2-3) Carabus (Chrysocarabus) auronitens (photo 2-4) Carabus (Chrysocarabus) auronitens (photo 2-5)Carabus (Chrysocarabus) auronitens (photo 2-6) Carabus (Chrysocarabus) auronitens (photo 2-7)
de haut en bas, et de gauche à droite : .... à titre indicatif, comme précédemment !
1)- forme type; 2)- forme cuivrée; 3)- f.ind. cauvini (foncée); 4)- f.ind. cauvini (claire); 5)- f.ind. charlottae; 6)- f.ind. letacqi;
7)- f.ind. pseudoviridipennis. Nota: là encore de nombreux intermédiaires existent, d'où ma préférence pour la notion de gamme chromatique
 
 
récapitulatif .... Carabus (Chrysocarabus) auronitens, gamme chromatique N°2..... chromatique !
  
 
Sous-espèce cupreonitens
 
Complètement isolée géographiquement, et génétiquement, cette population est cantonnée au seul secteur forestier de Cerisy, non loin de Caen (Calvados). Contrairement aux précédentes sous-espèces, tous les individus sont mélanisants, ou plus exactement "cupréonisants". Les bestioles à lustre vert ou bleu dominent, suivies d'assez loin par les formes bronzées, et d'encore plus loin par les cuivrées. Les formes noires sont très exceptionnelles, et c'est encore peu dire.
 
Cet auronitens est de longue date protégé par la Loi, mais en pratique cette protection vise surtout un certain mercantilisme entomologique ... classiquement favorisé par l'interdiction de chasser la bestiole ! Ce faisant on risque d'oublier l'essentiel, à savoir que la pérennité de tout insecte passe avant tout par celle de ses biotopes. Si besoin était j'ajouterais que ce carabe n'a jamais valu son pesant d'or, contrairement aux dires de la presse de l'époque !
 
Carabus (Chrysocarabus) auronitens (photo 3-1) Carabus (Chrysocarabus) auronitens (photo 3-2) Carabus (Chrysocarabus) auronitens (photo 3-3) 
Carabus (Chrysocarabus) auronitens (photo 3-4) Carabus (Chrysocarabus) auronitens (photo 3-5) 
là encore les bestioles sont nominativement différenciées ....
 
de haut en bas, et de gauche à droite: .... et à titre indicatif !
1)- f.ind. pseudopurpureus; 2)- f.ind. fastuosus; 3)- f.ind. ....4)- f.ind. rossi; 5)-f.ind. pseudomelas
 
 
récapitulatif .... Carabus (Chrysocarabus) auronitens, gamme chromatique N°3 ..... chromatique !
 
 
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les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr