Il s'agit bien entendu d'une introduction à la fois très ancienne ( je n'ai pu remonter à la "source" ! ), et parfaitement réussie, car lors de mon dernier passage (2007) j'ai recensé une soixantaine d'individus en guère plus de 2 heures. Ce splendens est apparemment très localisé, et compte tenu des grandes "pointures" (y compris bretonnes ! ) qui aimeraient bien le "mettre en boîte" ( de collection s'entend ! ) je pense que très peu d'entomologistes savent vraiment où il se trouve.
Connaissant la localisation de longue date, mais n'étant pas "propriétaire" de l'info, je me suis engagé à ne point la divulguer, mais a contrario ce serait pourtant un bon moyen d' "assainir" le site. A défaut de pouvoir totalement éradiquer l'intrus, cela permettrait à coup sûr de nettement réduire ses effectifs, et de limiter pareillement ses éventuelles velléités d'expansion, encore que ces dernières me semblent assez peu probables.
Ce splendens fait néanmoins figure de "curiosité", et c'est bien là son seul attrait et intérêt, en dehors d'apporter la preuve qu'une introduction peut parfaitement réussir, et se pérenniser. Tout en étant à l'évidence condamnable, cette introduction a un impact à mon sens limité, quasi plus moral qu'écologique. En effet, sa nature écarte d'emblée toute ambiguïté, et d'autre part la surface concernée est très réduite, bien circonscrite, et l'absence de l'auronitens écarte là aussi de facto toute possibilité d'hybridation, et ce n'est pas le moins important. Tout finissant par se savoir, un jour viendra où le "splendens breton" fera figure de "secret de Polichinelle", et là je vous laisse imaginer la suite !
Privilège de l'âge, j'ai eu à connaître les forêts bretonnes dès la fin des années 60 et le pourcentage des fameuses formes mélanisantes pouvait ponctuellement y atteindre les 20 %, et donc beaucoup plus qu'actuellement En outre les choses ne vont pas s'arranger pour une raison à mon avis fort simple. Particulièrement recherchées par les amateurs de carabes, les formes mélanisantes sont en effet systématiquement prélevées, comme elles l'étaient déjà à l'époque précitée. Au fil des ans il s'ensuit logiquement un appauvrissement du pratimoine génétique du mélanisme, d'où la progressive raréfaction de son expression. C'est d'autant plus vrai que voici quelques années j'ai eu à connaître des localités totalement nouvelles, pouvant se qualifier de "mouchoirs de poches". N'ayant jamais eu à faire au piochon ni au piégeage, les fameux " nigrinos " atteignent en ces lieux le 1/3 des populations, et toute la gamme chromatique holomélanisante y est bien représentée.