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- la PUNAISE
AMÉRICAINE ou PUNAISE du PIN (Leptoglossus
occidentalis)
!
- (Hémiptère-Hétéroptère
Coreidae)
-
- (page 2 sur
5)
-
- - pour quitter les
agrandissements faire "page précédente" dans votre
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-
- Intro !
-
- Cette "page entomo" fait partie de
celles qui s'imposent par l'actualité du moment, et du
sujet, mais aussi par la fréquence des "courriels"
reçus, des craintes exprimées, et des questions
posées ... d'autant que la bestiole a fâcheusement
tendance à squatter nos demeures à l'approche des
frimas !
-
- Bouclée fin 2010, elle fait suite
à la mise en élevage, au printemps, de plusieurs
spécimens trouvés chez moi (région nantaise)
au cours de l'automne 2009. Réalisée au jour le
jour, et en quelque sorte "en direct", cette "page entomo" a bien
failli tourner court juste avant son terme, mais comme vous le
verrez ... la Providence veillait !
-
- La "grande vadrouille"
!
-
- Décrite en 1910 par Heidemann,
cette punaise, pour l'essentiel californienne, était en
quelque sorte "coincée" entre les montagnes Rocheuses, le
désert mexicain, et la froidure canadienne. La situation
semblait ne pouvoir changer, quand à mi-parcours des
années 1950 la bestiole a entrepris de "sauter" les
Rocheuses ... sans doute grandement aidée en cela !
-
- Il s'en est suivi la "colonisation"
progressive du pays, d'Ouest en Est, avec arrivée à
New York en 1990. Dès lors la conquête de l'Europe
était prévisible, via les classiques échanges
commerciaux, notamment maritimes. Les premières
observations outre Amérique sont venues d'Italie du Nord
(1999), et on considère que cette "tête de pont" est
à l'origine de l'infestation "en tache d'huile" des pays
voisins (Suisse, Autriche, Croatie, Hongrie, République
Tchèque), mais aussi des bestioles trouvées en
France, et plus précisément en Corse (2005) et en
région méditerranéenne continentale
(2006),
-
- Depuis cette date la progression s'est
avérée fulgurante, puisque 20 départements
étaient déjà touchés en 2007, et qu'
actuellement (2010) la "punaise américaine" est connue de
multiples régions, certaines (Bretagne & Normandie
notamment) étant fort éloignées de
l'épicentre historique, voire carrément à l'
opposé (Lille, cf. nota ci-dessous). Il s'ensuit d'ailleurs
une réelle suspicion à l'encontre des grandes zones
portuaires, notamment depuis la découverte, au Havre
(2006), de plusieurs Leptoglossus dans un conteneur provenant des
Etats-Unis.
-
- Nota (à toutes
fins utiles ! ): début Septembre 2010 je signale avoir
trouvé la bestiole (1 femelle adulte et une larve "L3") sur
l' île d'Yeu (Vendée), soit à près de
20 km du continent. C'était de surcroît à
proximité de l'extrémité sud-est de
l'île ("Pointe des corbeaux"), et donc à
l'opposé du trafic maritime de Port Joinville. Deux
signalements (mails) des environs de Lille (Octobre 2010)
méritent également d'être mentionnés
... ainsi que 2 autres de l'Est courant Septembre 2016 : 1 de
Nancy (Lorraine), et l'autre de Molsheim
(Alsace).
-
-
-
- Leptoglossus occidentalis, alias
la "punaise US"
- .... appelée dans son
pays d'origine "Western Conifer Seed Bug", ou encore
"Leaf-footed-conifer-seed-bug".
-
- Pour info !
-
- La bestiole est certes
particulièrement invasive, mais les espèces dites
"exogènes" le sont fréquemment, notamment en raison
de l'absence de leurs "régulateurs" habituels .
Mondialisation aidant, les exemples ne manquent pas (y compris
d'ailleurs pour la flore), car par-delà les anciens venus,
tel le doryphore ( made in USA lui aussi ! ), il faut en effet
compter avec tout un panel de "bêtes à
problèmes" plus ou moins récemment
débarquées dans l'Hexagone.
-
- Au titre des plus
médiatisées, vous noterez le frelon d'Asie qui met
nos ruches en péril - le capricorne asiatique qui
transforme nos arbres en passoires - la coccinelle chinoise qui
croque les nôtres sans vergogne - le charançon rouge
d'Asie du Sud Est et un gros papillon nocturne argentin qui
expédient nos palmiers à la casse - et telle une
cerise sur le gâteau ... le fameux moustique à
chikungunya, arrivé sans crier gare du côté de
Nice et Menton ! En cette année 2010, il vient d'ailleurs
de faire ses 2 premières victimes, et ce n'est sans doute
qu'un début.
-
- Présentation et
morphologie
-
- Leptoglossus occidentalis n'a pas encore
de patronyme "grand public" bien défini, du moins en
France. Pour l'heure "Punaise du pin" et Punaise
américaine" prédominent, la référence
à son origine semblant néanmoins prévaloir,
à l'instar de la "Coccinelle chinoise", ou encore du
"Frelon asiatique". La bestiole relève de l'Ordre des
Hémiptères (3500 espèces en France), et plus
précisément des Hétéroptères,
Sous-Ordre regroupant les punaises proprement dites.
-
- Ces insectes sont typiquement
"piqueurs-suceurs", et dotés d' élytres
qualifiés d'hémélytres, car constitués
de 2 parties, l'une coriacée, et l'autre membraneuse. La
punaise US, si je puis dire, est aisément reconnaissable
à ses pattes postérieures aux fémurs
fortement épineux, et aux tibias nettement foliacés.
En outre, chaque hémélytre porte un très
typique dessin blanchâtre, plus ou moins losangique ou en
forme de "W".
-
- Comme toutes les punaises de la Famille
des Coreidae, la bestiole est strictement phytophage, et notre
épiderme n'a absolument rien à redouter de son
rostre, au demeurant fort long et grêle, d'où
l'appellation de Leptoglosse (Lepto = fin, mince, grêle, et
gloss = langue). D'autre part, comme vous pouvez le constater, les
antennes et le rostre comportent 4 articles ... mais il n'y a pas
corrélation ! Enfin, et croyez-moi c'est
appréciable, la fameuse et très
désagréable "odeur de punaise" est
présentement très supportable, y compris en cas d'
"écrabouillage" accidentel ... ou volontaire !
-
-
- la "punaise US" .... sous
toutes les coutures !
- de gauche à droite:
1)- en vue dorsale; 2)- en vue latérale.
Remarquer, sur agrandissement, la position ventrale du rostre au
repos;
- 3)- vue ventrale, avec
rostre en place; 4)- rostre en action. Remarquer sa
finesse, et sa longueur (voir détails
ci-dessous).
-
-
- Détails
morphologiques
- L'aile et la
cuisse !
-
-
- à gauche: la
bête étalée ! au centre: détail
des typiques "losanges" élytraux;
- à droite:
détail des hémélytres et des pattes
postérieures (sur agrandissement)
-
-
- Les
yeux ... grands et petits !
-
- "T'as de beaux yeux"
....
.... et même des ocelles !
- Par delà de très
classiques et performants yeux "composés" (= "à
facettes"), la punaise US dispose d'une paire
d'ocelles,
- autrement dit d'yeux
rudimentaires, qualifiés de "simples" par opposition aux
"composés" (voir les flèches sur
agrandissements).
-
-
- Les glandes
"odoriférantes" !
-
- Chez la punaise US, elles sont
situées de part et d'autre du thorax, à la quasi
base des pattes intermédiaires. Ces 2 glandes sont bien
sûr à l'origine de la fameuse "odeur de punaise",
à la fois très désagréable,
très intense, et très tenace. Comme
déjà dit, le "parfum" des Leptoglossus est nettement
plus supportable, car différent et plus discret, tout en
restant fort éloigné de la rose... et plus encore
d'un bien connu "N°5" !
-
- Ces glandes sont souvent
qualifiées de "répugnatoires", en raison de leur
rôle défensif, l'odeur n'étant rien en regard
du goût. J'ajouterais parler en connaissance de cause, car
étant gosse j'ai véritablement croqué une
punaise grise avec une poignée de framboises, et les
papilles s'en souviennent encore ! Ces glandes, et les
phéromones émises, doivent également
intervenir tels des "marqueurs", territoriaux ou sexuels par
exemple.
-
-
- Localisation et
morphologie des orifices des glandes dite
"répugnatoires"
-
-
- Le rostre
!
-
- Il se compose de 4 segments
articulés, en apparence tubulaires, mais qui comportent en
fait une gouttière (sur la face avant), laquelle sert de
gaine à un stylet semi-rigide, pouvant y coulisser, et
perforer le végétal nourricier. Quand la prise de
nourriture se fait à la surface du végétal,
ou à très faible profondeur (comme ci-dessous) le
stylet reste dans sa gaine, et se borne à "pointer"
à l'extrémité du rostre.
-
-
- La pitance de la bestiole peut
fort bien se glaner en surface,
- mais la démesure de son
rostre laisse augurer de plus profondes agapes
!
-
- Par contre, quand la bestiole puise plus
profondément, le stylet se libère en partie ou
totalité, tandis que la gaine se replie ( en quasi
accordéon ! ) ou s'escamote complètement. Tout
dépend de la profondeur atteinte par le stylet, mais sans
doute aussi de la nature des tissus perforés ... et
peut-être de l'humeur de la bestiole ! Enfin,
Evolution aidant, sachez que le stylet correspond aux
mâchoires et mandibules des autres insectes.
-
- Quand le rostre joue ...
.... les accordéons !
- à gauche: voir
l'agrandissement .... pour bien comprendre la suite
!
- au centre et à droite:
plus le stylet s'enfonce, et plus la gaine se replie
-
-
- de gauche à droite: 1
& 2)- toujours l' accordéon !
- 3)- pour accéder
aux "grandes profondeurs", le stylet est entièrement
dégagé, et la gaine passe en classique position
ventrale.
- 4 )- suite de la
précédente: la bête retire son stylet, et
la gaine (qui était en ventrale) est alors ramenée
vers l'avant.
- 5)- suite de la
précédente: le stylet est rengainé d'un
simple coup de patte ... et cela en une fraction de seconde
!
- 6)- ici le stylet est
enfoncé jusqu'à la garde, et la gaine est bien
sûr "rangée" en position ventrale.
- (cette photo permet de voir une
sorte de "langue", normalement insérée à la
base du rostre)
-
-
- Le dimorphisme
sexuel ...
-
- "elle" ...
... et "lui" !
- Chez cette punaise le dimorphisme sexuel
est inexistant, ou plus exactement inapparent. En principe le
mâle est plus étroit, et la femelle un peu plus
grosse, mais il y a des grands mâles, et des petites
femelles ... comme chez les humains ! En pareil cas le seul
recours consiste en l'examen des "plaques génitales", et
donc de l'extrémité ventrale de
l'abdomen
-
- Biologie
succincte
-
- Cette punaise s'attaque aux cônes
et inflorescences de diverses espèces de résineux (y
compris d'ornement), et en cas d'infestation importante la
production des semences peut très notablement chuter. En
pareil cas il s'ensuit une véritable nuisibilité,
d'autant que la "parade" reste à inventer, du moins au
niveau des arbres forestiers. Cela dit j'ai fréquemment vu
la bestiole "piocher" directement dans les aiguilles, et
même dans les branchettes, le fait de s'y attarder
témoignant qu'elle y trouvait provende. J'ajouterais qu'en
captivité la pomme est fort appréciée, ce qui
peut laisser augurer ( en théorie ! ) de possibles
transferts de nuisances vers les vergers ... par goût ou
nécessité !
-
- Après hivernage, les adultes se
reproduisent, et comme vous le verrez, les femelles pondent sur
les "aiguilles" des arbres nourriciers. L'incubation des oeufs est
de l'ordre de 2 à 3 semaines, et les jeunes bestioles s'en
prennent aux parties les plus tendres des cônes, avant de
gagner en âge et puissance pour pouvoir s'attaquer aux
semences proprement dites. C'est là encore une
préférence, car j'ai couramment vu de très
jeunes "Lepto" attablés sur des aiguilles pouvant se
qualifier d'âgées. Le développement larvaire
comporte 5 stades, l'acquisition des ailes marquant le passage
à l'état adulte, lequel se produit au coeur de
l'été.
-
-
- La bestiole est
généralement coopérante, et la photo
aisée ...
- ... mais le décollage est
non moins aisé ... et totalement imprévisible
!
-
-
-
- L'heure du déjeuner
!
- ( au centre: il s'agit
d'un faux "effet miroir", un second individu étant bien en
arrière plan ! )
-
-
-
- A l'occasion, un p'tit
extra (pomme en l'occurrence) est fort apprécié
!
- Vous noterez le rostre en
action, mais aussi la nette préférence pour les
morceaux de fruits quelque peu "confits",
- le dessèchement
superficiel favorisant sans doute la concentration des "fructoses"
( sucres ! ), et autres éléments
nutritifs.
-
- Particularités
-
- A l'approche de l'hiver, et donc en
automne, bon nombre de bestioles ont tendance à chercher
refuge dans nos maisons et dépendances. Les coccinelles
sont un peu les championnes du genre, mais il faut
également compter avec des visiteurs nettement moins sympa.
Je pense par exemple aux grandes araignées
tégénaires, sorties de nulle part, qui se retrouvent
piégées dans votre baignoire .... ou prennent un
malin plaisir, le soir venu, à se balader sur le mur du
salon .... au beau milieu de votre émission TV
préférée !
-
- Par-delà le petit peuple des
perce-oreilles, cloportes, et autres menus squatters dits
"domiciliaires", il faut dorénavant compter avec la
nouvelle venue, et ce n'est pas peu dire. De fait, quand une
punaise US a trouvé gîte à sa convenance, elle
émet des phéromones très
particulières, dites "d'agrégation", et là
où l'espèce abonde ... les copines rappliquent par
dizaines ! ... et s'agrègent !
-
- La seconde particularité est encore plus ...
particulière ! En effet la bestiole dispose de capteurs
infrarouges (sans doute des sensilles spécialisées)
qui lui permettent de déceler son déjeuner à
distance, le métabolisme des cônes nourriciers en
formation induisant une certaine "surchauffe". Cette forme de
détection était déjà connue chez les
punaises hématophages (= "mangeuses de sang"),
attirées si je puis dire par la "chaleur animale", mais
c'est une nouveauté pour un insecte phytophage.
-
-
-
-
- les pages entomologiques d'
andré lequet
: http://www.insectes-net.fr