ACCUEIL - COLEOPTERES - LEPIDOPTERES - AUTRES -VIDEOS - HISTORIETTES - NEWS - LIENS - WANTED ! - MAILS d'OR -
 
 
La TORDEUSE VERTE du CHÊNE (Tortrix viridana)
(Lépidoptère Tortricidae) 
 
(page 3 sur 3 )
 
 - pour quitter les agrandissements faire "page précédente" dans votre navigateur -
 

Tout ayant une fin !

Les individus âgés tendent à nettement blanchir, et à perdre leurs écailles, de la même façon que nos chevelures finissent par pareillement s'éclaircir ... dans tous les sens du terme ! Classiquement là encore, les mâles des bestioles en tous genres disparaissent pour la plupart les premiers, "forts du devoir accompli", là où les femelles elles-mêmes vieillissantes voient leurs jours prolongés, mais néanmoins comptés … à l'image de leurs derniers œufs !

Pérenniser son espèce, telle est la destinée de tout être vivant, et parfois sa seule raison d'être. C'est notamment le cas chez de nombreuses espèces de papillons nocturnes dépourvues de trompes fonctionnelles, et donc de la possibiité de s'alimenter. La durée de vie s'en trouve fatalement très écourtée, l'intensité des activités reproductrices ayant tôt fait d'épuiser la dotation initiale des réserves. C'est bien sûr le cas de notre petite tordeuse, et de sa trompe atrophiée.

 
Tortrix viridana)  femelle en fin de vie, photo 1 Tortrix viridana)  femelle en fin de vie, photo 2 Tortrix viridana)  femelle en fin de vie, photo 3 ............  Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)  brosse de l'extrémité abdominale de lfemelle âgée, photo 1.  Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)  brosse de l'extrémité abdominale de lfemelle âgée, photo 12  Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)  brosse de l'extrémité abdominale de lfemelle âgée, photo  3
Vieillissement oblige, les écailles s'écaillent, les couleurs se décolorent , et les "ramasse-miettes" ... ne ramassent plus !

Bien entendu mon petit Lumix TZ30, poussé au bout du bout comme jamais, a encore fait merveille, et cela en dépit de ses 12 années d'âge, et de centaines de milliers de photos au compteur. Je tiens également à souligner le "bidouillage maison" qui lui est associé; car sans ce "duo" rien n'eut été possible, et surtout pas la mise en évidence de cette peu banale brosse "escamotable" ... et de ses "accessoires" !

 
Développement des oeufs !
Mi-décembre ! ... 6 mois d'incubation !
Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) oeufs de 6 mois, photo 1 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) oeufs de 6 mois, photo 2 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) oeufs de 6 mois, photo 3 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) oeufs de 6 mois, photo 4
En l'espace de 6 mois (mi-juin / mi décembre) le "camouflage" initial s'en est allé, et tout aussi nettement les oeufs se sont renflés et rembrunis, prélude évident aux chenillettes en devenir. L'évolution ultérieure ne diffère pas, sauf à l'approche de l'éclosion où la teinte noire de la tête transparait
Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) oeufs de 6 mois, photo 5 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) oeufs de 6 mois, photo 7 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) oeufs de 6 mois, photo 8 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) oeufs de 6 mois, photo 9
 
 
La chenille, dans tous ses états !  
L'heure de la sortie !

Sans trop d'illusions, des branchettes porteuses d'oeufs et issues d'élevage avaient été mises en extérieur, pieds dans l'eau. Bien entendu le bois s'est néanmoins asséché, et desséché, d'où mes craintes concernant la tenue des oeufs sur l'écorce, leur viabilité pouvant être également compromise. Mensuellement 2 oeufs étaient sacrifiés, afin de juger de leur état, et le cas échéant de l'avancement embryonnaire. Allez savoir pourquoi j'imaginais les chenillettes naissantes entièrement noires, d'où ma surprise, car elles sont en fait totalement dépigmentées, hormis la tête. Peu avant l'émergence, cette dernière devient progressivement d'un noir intense et luisant, et dans le même temps elle se sclérifie fortement en vue de la prise de nourriture.

En entomologie persévérance et patience sont en quelque sorte des vertus cardinales, ... mais elles ne suffisent pas toujours ! Tomber "pile poil" sur les émergences ci-dessous illustrées demande en effet d'avoir beaucoup de chance car rien ne les laisse présager. A cela s'ajoute la petitesse des oeufs (moins d'un millimètre !), avec taille des chenilles à l'avenant. Au passage vous noterez qu'avoir du bol, du pot, de la veine, voire du cul ... marche aussi !

 
Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)  émergence de la chenillette, photo 1 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)  émergence de la chenillette, photo 2 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)  émergence de la chenillette, photo 3 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) chenillette nouvelle née, photo1 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)  émergence de la chenillette, photo 5
ci-dessus : chenille naissante ... du "nez à la fenêtre" au départ en quête d'un bourgeon nourricier !
ci-dessous : de gauche à droite : 1)- chenille naissante 2)- oeuf à terme avec allumette 3 & 4)- oeuf à terme illustrant la petitesse et une partie du "camouflage"
Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) chenillette nouvelle née, mesure de la taille Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) oeuf à terme avec allumette Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)  oeuf à terme, takille, photo 1 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)  oeuf à terme, taille, photo 2
 
 
... et des premiers "casse-croûtes !
Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)  borgeon pénétré à coeur, ph 1 ..Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)  borgeon pénétré à coeur, ph 2
ci-dessus et ci-dessous à gauche : sitôt écloses les minuscules larvules pénètrent le bourgeon à coeur, s'y installent ... et s'attablent !
ci-dessous à droite : chenillettes au second stade larvaire. Vous noterez que la plus à droite vient de muer, d'où sa tête incomplètement pigmentée.
Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)  borgeon avec jeune chenillette , ph 2 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) ...... Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) , chenille 2e stade,.Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)   chenillette in situ
 
Déjà grandinettes !

Dès que les feuilles sont suffisamment développées, les chenillettes, alors le plus souvent au 3e stade, profitent de la relative mollesse du végétal pour déjà le plier ou l'enrouler, "comme des grandes", via d'innombrables fils soyeux. Ces très astucieux gîtes serviront également de couvert (autrement dit de " casse-croûte " ! ) au moins en partie de façon à ne pas trop s'exposer aux aléas extérieurs, prédation notamment. Une fois la table en quelque sorte rase la bestiole abandonne le gîte devenu trop étroit, et donc vulnérable, pour illico en construire un autre !

Ces chenilles très vives et agiles, sont parfaitement aptes à se déplacer "pédibus", mais elles peuvent aussi le faire sur le mode "ascenseur", la remontée étant toutefois nettement moins rapide que peut l'être la descente. Pour cela elles se suspendent à un fil de soie aussi ténu que résistant, à telle enseigne qu'il est invisible à l'oeil nu, y compris photographiquement sur fond noir. La chose paraît simple, mais elle est loin de l'être si l'on tient compte de la longueur du fil pouvant être émis, mais aussi des surprenantes "pointes de vitesse" quand elle se laisse chuter, tout en sachant que la bestiole peut s'arrêter pile poil en une fraction de seconde ... et redémarrer de même !

 
Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) , exemples d'enroulement et de pliage,  jeunes chenilles, photo 1 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) , exemples d'enroulements, photo 1 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) , exemples d'enroulements, photo 2 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) , exemples d'enroulements, photo 3
ci-dessus : au 3e stade, et parfois même au second, le pliage et l'enroulement n'ont déjà plus de secret pour les jeunes chenillettes, et cette vidéo en témoigne bien ! ci-dessous à gauche : ouverture d'un enroulement montrant la chenillette en place; à suivre : ... sous la toise !
Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana), enroulement ouvert. Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) , exemple de  jeune chenille.. Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana),  jeune chenille ss la toise photoou 1 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) , exemples d'enroulement et de pliage,  jeunes chenilles, photo 2
 

 

Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) , chenille 3e stade, photo 1 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) , chenille 3e stade, photo 2 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) , chenille 3e stade, photo 3 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) , chenille 3e stade, photo 4
Après ouverture des gîtes, jeunes chenilles dans leurs écrins ... plus ou moins soyeux !
 
 
Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) ,jeune chenille sur allumette, photo 1.. Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) ,jeune chenille sur allumette, photo 2 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) ,jeune chenille sur allumette, photo 3
Durant les 2 premiers stades larvaires les chenillettes sont uniformément blanchâtres ou légèrement grisâtres, avec la tête noire vernissée. Au 3e stade elles sont susceptibles de se rembrunir, et acquièrent de nombreuses ponctuations noires. Vous noterez qu'elles sont éparses, là où elles sont nettement alignées chez les ressemblantes chenilles d'ypomoneutes. La photo ci-dessus à droite montre une chenille venant de passer au 3em stade, et donc encore en cours de pigmentation..
Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) ,jeune chenille, illustration de la taille, photo 1.. Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) ,jeune chenille, illustration de la taille, photo 2 .. Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) ,jeune chenille, illustration de la taille, photo 3
 
 
Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) , jeune chenille en suspension, photo 1.. Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) , jeune chenille en suspension, photo 2 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) , jeune chenille en suspension, photo 3 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana) , jeune chenille en suspension, photo 4
Chenillettes en mode "ascenseur" !
Notez l'invisibilité du fil de suspension en raison de son extrême finesse.
  

La chrysalide !

Au terme de sa croissance la chenille replie une feuille, ou plutôt ce qu'il en reste, et elle s'y tisse une sorte de berceau de soie lui assurant le "confort" voulu, tout en garantissant le bon maintien de l'étui végétal ainsi formé, et de la protection qu'il procure. De la même façon que l'alpiniste ou le féru d'escalade "s'assure" pour parer aux risques de chute, la chenille (caprices météo obligent ! ) fait en sorte que la chrysalide qu'elle deviendra se retrouve amarrée au réseau soyeux via le "crémaster" situé à la toute extrémité de l'abdomen. Ce dispositif fonctionnant sur le principe même du "velcro" s'observe chez de nombreuses espèces de papillons tant diurnes que nocturnes.

Quand l'éclosion du papillon se précise, soit une quinzaine de jours en moyenne après formation de la chrysalide, cette dernière va se "mobiliser", en se tortillant, et en usant des couronnes de spicules dont elle est dotée. La progression est certes laborieuse, mais elle lui permet néanmoins de partiellement sortir de sa logette feuillue, afin que la papillon éclose à l'air libre. De nombreuses logettes étant totalement vides je pense que les chysalides sont susceptibles de complètement sortir de leur étui de verdure, et de se laisser tomber à terre, où le papillon pourra éclore à son gré. D'autres espèces telles le Cossus (cf. site) ou la Sésie apiforme (idem), disposent pareillement de couronnes de spicules leur permettant de quitter le bois nourricier. Une fois à l'air libre, ces chrysalides peuvent parcourir quelques dizaines de cm avant d'éclore.

 
Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)   lot de chrysalides avec logettes Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)   aspect après éclosion, photo 1 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)   aspect après éclosion, photo 2 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)   aspect après éclosion, photo 3 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)   aspect après éclosion, photo 4
llustration du fréquent mode d'émergence du papillon, ensemble et détails.
 
Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)   chrysalide in situ ................Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)   mise en évidence des couronnes  dentées Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)   mise en évidence des couronnes  dentées (détail)
à gauche : tissé par la chenille, cet écrin soyeux ajoute au "confort" de la chrysalide, tout en maintenant la cohésion de l'enroulement du feuillage;
à droite : ce gros plan permet de mettre en évidence les couronnes denticulées permettant une relative mobilité des chrysalides de ce papillon;
 
Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)  lot de chrysalides isolées, photo 1.. Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)  lot de chrysalides isolées,, avec allumette échelle..............Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)  lot de chrysalides  écloses.. Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)  lot de chrysalides vides avec allumette échelle
Vrac de chrysalides ... non écloses ! ... et écloses;.
.......
Parasitisme et prédation !

Par-delà la prédation proprement dite, le parasitisme et le cas échéant l'hyperparasitisme sont en quelque sorte des "inventions de la Nature" permettant de réguler ce qui doit l'être, et en la matière les papillons sont bien lotis dans la mesure où ils sont vulnérables à tous les stades de leur développement larvaire, qu'il s'agisse de l'oeuf, de la chenille, ou de la chrysalide. Au final plus de 600 tachinaires, Diptères souvent qalifiés de "mouches des chenilles" ( et pour cause ! ), et plus de 3000 ichneumons (Hyménoptères) se partagent l'ensemble du pactole.

 
Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)  chrysalide parasitée par  une larve d'ichneumon, photo 1 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)  chrysalide parasitée par  une larve d'ichneumon, photo 2 Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)  chrysalide parasitée par  une larve d'ichneumon, photo 3
Trouvée au terme de son développement, cette larve a finalement donné un ichneumon dont la courte tarière évoque les Cryptines .
(l'avis d'un spécialiste serait le bienvenu !)
Nymphe d'ichneumon parasite de la chrysalide de la ordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)  photo 1 Nymphe d'ichneumon parasite de la chrysalide de la ordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)  photo 2 Ichneumon parasite de la tordeuse verte du chêne, photo 1 Ichneumon parasite de la tordeuse verte du chêne, photo 2 

 

Nymphes d'ichneumon parasite de chenille de la tordeuse verte du chêne, photo 1 Nymphes d'ichneumon parasite de chenille de la tordeuse verte du chêne, photo 2 Ichneumon parasite de la tordeuse verte du chêne, photo 1 Ichneumon parasite de la tordeuse verte du chêne, photo 1
 Cet autre ichneumonidé, supposé avoir parasité une chenille de Tortrix est lui aussi en quête d'identité.
 
Prédation d'un oeuf de Tordeuse verte du chêne  par un Haplothrips.
Il s'agit là de la prédation d'un oeuf de Tortrix par un joli (mais minus !) Thysanoptère,
sans doute du Genre Haplothrips (leucanthemi ? subtilissimus ? autre ?)
 

En guise de conclusion !

Il aura suffi de la persistance d'un printemps pourri, et d'un vide entomologique sidéral (et sidérant !), pour qu'une bestiole, a priori banale, devienne source d'inspiration. Là encore Dame Nature a fait fort car par delà le défi de sa petitesse, l'apparente insignifiance ce papillon s'est avérée particulièrement trompeuse, d'où un passionnant challenge ... que je pense avoir relevé !

 
FIN !
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr