Tout ayant une fin !
Les individus âgés tendent à nettement blanchir, et à perdre leurs écailles, de la même façon que nos chevelures finissent par pareillement s'éclaircir ... dans tous les sens du terme ! Classiquement là encore, les mâles des bestioles en tous genres disparaissent pour la plupart les premiers, "forts du devoir accompli", là où les femelles elles-mêmes vieillissantes voient leurs jours prolongés, mais néanmoins comptés à l'image de leurs derniers ufs !
Pérenniser son espèce, telle est la destinée de tout être vivant, et parfois sa seule raison d'être. C'est notamment le cas chez de nombreuses espèces de papillons nocturnes dépourvues de trompes fonctionnelles, et donc de la possibiité de s'alimenter. La durée de vie s'en trouve fatalement très écourtée, l'intensité des activités reproductrices ayant tôt fait d'épuiser la dotation initiale des réserves. C'est bien sûr le cas de notre petite tordeuse, et de sa trompe atrophiée.
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Bien entendu mon petit Lumix TZ30, poussé au bout du bout comme jamais, a encore fait merveille, et cela en dépit de ses 12 années d'âge, et de centaines de milliers de photos au compteur. Je tiens également à souligner le "bidouillage maison" qui lui est associé; car sans ce "duo" rien n'eut été possible, et surtout pas la mise en évidence de cette peu banale brosse "escamotable" ... et de ses "accessoires" !


Sans trop d'illusions, des branchettes porteuses d'oeufs et issues d'élevage avaient été mises en extérieur, pieds dans l'eau. Bien entendu le bois s'est néanmoins asséché, et desséché, d'où mes craintes concernant la tenue des oeufs sur l'écorce, leur viabilité pouvant être également compromise. Mensuellement 2 oeufs étaient sacrifiés, afin de juger de leur état, et le cas échéant de l'avancement embryonnaire. Allez savoir pourquoi j'imaginais les chenillettes naissantes entièrement noires, d'où ma surprise, car elles sont en fait totalement dépigmentées, hormis la tête. Peu avant l'émergence, cette dernière devient progressivement d'un noir intense et luisant, et dans le même temps elle se sclérifie fortement en vue de la prise de nourriture.
En entomologie persévérance et patience sont en quelque sorte des vertus cardinales, ... mais elles ne suffisent pas toujours ! Tomber "pile poil" sur les émergences ci-dessous illustrées demande en effet d'avoir beaucoup de chance car rien ne les laisse présager. A cela s'ajoute la petitesse des oeufs (moins d'un millimètre !), avec taille des chenilles à l'avenant. Au passage vous noterez qu'avoir du bol, du pot, de la veine, voire du cul ... marche aussi !


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Dès que les feuilles sont suffisamment développées, les chenillettes, alors le plus souvent au 3e stade, profitent de la relative mollesse du végétal pour déjà le plier ou l'enrouler, "comme des grandes", via d'innombrables fils soyeux. Ces très astucieux gîtes serviront également de couvert (autrement dit de " casse-croûte " ! ) au moins en partie de façon à ne pas trop s'exposer aux aléas extérieurs, prédation notamment. Une fois la table en quelque sorte rase la bestiole abandonne le gîte devenu trop étroit, et donc vulnérable, pour illico en construire un autre !
Ces chenilles très vives et agiles, sont parfaitement aptes à se déplacer "pédibus", mais elles peuvent aussi le faire sur le mode "ascenseur", la remontée étant toutefois nettement moins rapide que peut l'être la descente. Pour cela elles se suspendent à un fil de soie aussi ténu que résistant, à telle enseigne qu'il est invisible à l'oeil nu, y compris photographiquement sur fond noir. La chose paraît simple, mais elle est loin de l'être si l'on tient compte de la longueur du fil pouvant être émis, mais aussi des surprenantes "pointes de vitesse" quand elle se laisse chuter, tout en sachant que la bestiole peut s'arrêter pile poil en une fraction de seconde ... et redémarrer de même !






La chrysalide !
Au terme de sa croissance la chenille replie une feuille, ou plutôt ce qu'il en reste, et elle s'y tisse une sorte de berceau de soie lui assurant le "confort" voulu, tout en garantissant le bon maintien de l'étui végétal ainsi formé, et de la protection qu'il procure. De la même façon que l'alpiniste ou le féru d'escalade "s'assure" pour parer aux risques de chute, la chenille (caprices météo obligent ! ) fait en sorte que la chrysalide qu'elle deviendra se retrouve amarrée au réseau soyeux via le "crémaster" situé à la toute extrémité de l'abdomen. Ce dispositif fonctionnant sur le principe même du "velcro" s'observe chez de nombreuses espèces de papillons tant diurnes que nocturnes.
Quand l'éclosion du papillon se précise, soit une quinzaine de jours en moyenne après formation de la chrysalide, cette dernière va se "mobiliser", en se tortillant, et en usant des couronnes de spicules dont elle est dotée. La progression est certes laborieuse, mais elle lui permet néanmoins de partiellement sortir de sa logette feuillue, afin que la papillon éclose à l'air libre. De nombreuses logettes étant totalement vides je pense que les chysalides sont susceptibles de complètement sortir de leur étui de verdure, et de se laisser tomber à terre, où le papillon pourra éclore à son gré. D'autres espèces telles le Cossus (cf. site) ou la Sésie apiforme (idem), disposent pareillement de couronnes de spicules leur permettant de quitter le bois nourricier. Une fois à l'air libre, ces chrysalides peuvent parcourir quelques dizaines de cm avant d'éclore.

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Par-delà la prédation proprement dite, le parasitisme et le cas échéant l'hyperparasitisme sont en quelque sorte des "inventions de la Nature" permettant de réguler ce qui doit l'être, et en la matière les papillons sont bien lotis dans la mesure où ils sont vulnérables à tous les stades de leur développement larvaire, qu'il s'agisse de l'oeuf, de la chenille, ou de la chrysalide. Au final plus de 600 tachinaires, Diptères souvent qalifiés de "mouches des chenilles" ( et pour cause ! ), et plus de 3000 ichneumons (Hyménoptères) se partagent l'ensemble du pactole.


En guise de conclusion !
Il aura suffi de la persistance d'un printemps pourri, et d'un vide entomologique sidéral (et sidérant !), pour qu'une bestiole, a priori banale, devienne source d'inspiration. Là encore Dame Nature a fait fort car par delà le défi de sa petitesse, l'apparente insignifiance ce papillon s'est avérée particulièrement trompeuse, d'où un passionnant challenge ... que je pense avoir relevé !