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- le VER
à QUEUE de RAT des ERISTALES !
- (Eristalis tenax,
Diptères Syrphidae)
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- Intro !
-
- Le jour où Dame Nature a fait
sa grande distribution, le ver des Eristales est à coup
sûr arrivé en
retard.
Il est même
arrivé si tard qu'il s'est vu attribué ce qui
restait, à savoir la queue d'un autre, et l'obligation de
vivre là où nul ne voulait !
-
- J'ajouterais que le fond de mon
jardin se souviendra longtemps de cette page, mais comme il se
doit, vous me permettrez de garder le meilleur pour la fin
!
-
- Présentation
-
- A l'état adulte les Eristales
sont des Diptères, autrement dit des "mouches" (au sens
large du terme), et elles dépendent de la Famille des
Syrphidae (500 espèces en France !). Les plus typiques
relèvent du Genre Eristalis, et notre faune comporte une
petite quinzaine d'espèces. La plus connue d'entre-elles,
qui nous servira d'ailleurs de "modèle", est Eristalis
tenax, communément appelée "Eristale gluante",
ou encore "Mouche pourceau".... tout un programme !
-
-
-
- exemple d'Eristales issues de
mes élevages.
- (il s'agit probablement de la
classique Eristalis tenax, autrement appelée "Eristale
gluante", ou encore "Mouche pourceau")
-
-
- De prime abord la bestiole ressemble
à une abeille, mais outre l'absence d'aiguillon venimeux,
elle diffère fondamentalement par le port d'une seule paire
d'ailes fonctionnelles. Vous noterez au passage que ce dernier
caractère est propre aux Diptères, et qu'il s'oppose
aux Hyménoptères (guêpes et abeilles par
exemple), qui eux sont toujours dotés de 4
ailes.
-
- Comme les espèces voisines, et
comme les Syrphidae en général, Eristalis tenax est
floricole, et héliophile. L'insecte est par ailleurs
commun, largement répandu, et il se rencontre
aisément sur les fleurs les plus diverses, et entre autres
sur les Ombellifères, plantes appréciées par
de très nombreuses espèces d'insectes.
-
- Vous noterez enfin que les Syrphidae, et
donc les Eristales, sont d'excellents voiliers, et qu'ils se
reconnaissent aisément à leur maîtrise du vol
stationnaire, le plus souvent pratiqué en plein
soleil.
-
-
- La larve
-
- Les larves de l'Eristale se
développent dans les eaux généralement
très chargées en matières organiques. Elles
se tiennent fréquemment non loin de la surface, et semblent
nettement mieux adaptées à l'immersion qu'à
la natation proprement dite. La nage est en effet heurtée,
saccadée, pour ne pas dire désordonnée, tant
la bête est tout à la fois susceptible d' onduler, et
de godiller par à coups, de surcroît tous azimuts.
Reste qu'elle nage, et qu'une sorte de système de ballast
doit faciliter la manoeuvre, qu'il s'agisse de "naviguer" en
surface, ou plus profondément.
-
-
-
- Exemples de "vers à
queues de rats", d' Eristalis sp.
- (pour une meilleure
"lisibilité" ils ont été extraits de leur
milieu d'origine !)
-
-
- La fameuse "queue de rat" est en fait un
siphon respiratoire (ci-dessous à gauche),
extrêmement souple, mobile, et perfectionné. Il peut
s'étirer ou se rétracter à volonté,
selon la position de la bestiole, ou la profondeur de ses
évolutions. Ce siphon comporte 3 parties
télescopiques, un peu à la manière d'une
canne à pêche, et au maximum de son
déploiement il atteint près d'une dizaine de cm,
soit 4 à 5 fois la longueur du corps de son
propriétaire.
-
- Situés à la toute
extrémité de la partie la plus fine, 2 orifices
respiratoires permettent de capter l'air en surface, une couronne
de cils imperméables empêchant l'intrusion du liquide
ambiant. Cet appendice caudal, comparable à un fouet, ou
à un flagelle, contribue évidemment à la
propulsion proprement dite de larve, mais sans doute aussi
à son orientation spatiale.
-
- Plus facilement qu'elles ne nagent, du
moins en apparence, les larves de l'Eristale peuvent "crapahuter"
grâce à 6 paires de bourrelets épineux
assimilables à des pattes. Cette faculté est
d'ailleurs aisément observable "à sec", et elle est
particulièrement précieuse au moment de la nymphose
(vous verrez ultérieurement qu'elle a permis à mes
captives de franchir le "mur du seau" ! )
-
-
- à gauche:
extrémités de siphons respiratoires, permettant
de percevoir le caractère "télescopique" de
l'organe.
- au centre et à
droite: mise en évidence des bourrelets ambulatoires,
et de leur zone apicale épineuse.
-
-
- La nymphose
-
- Arrivées à terme, les
larves de l'Eristale vont devoir abandonner leur
élément, jusqu'alors liquide, pour gagner la "terre
ferme", et trouver un gîte à leur convenance. Il n'y
a pas d'exigences particulières, la nymphose pouvant
parfaitement se faire à l'abri d'une simple pierre, d'un
morceau de bois, d'une anfractuosité du sol, d'une touffe
d'herbe.... voire à découvert faute de mieux
!
-
- Par opposition à la chenille, et
à la chrysalide du papillon, vous noterez que la larve des
Diptères porte le nom d' "asticot", et la nymphe celui de
"pupe". Dans l'absolu le terme de "ver à queue" est donc
impropre, mais la morphologie de la bête, alliée
à l'usage, font qu'il perdure et
prévaut.
-
-
- à gauche: larves
d'Eristales en pré-nymphose;
- à droite: pupes
(équivalent de la nymphe d'un Coléoptère, ou
de la chrysalide d'un papillon ! )
-
-
-
-
- à gauche: larve
d'Eristale surprise à faire le "mur du seau".
- (vous noterez qu'il ne s'agit
pas d'une "évasion", mais seulement d'un départ pour
cause de nymphose!)
- au centre & à droite:
un aperçu de celles qui ont pris le même chemin,
et se sont nymphosées dans un très accueillant lit
de sable mis à leur disposition. !
-
-
- Objectivité
oblige...
-
- Afin de ne point vous ôter
prématurément l'envie d'aller au bout de cette "page
entomo", je me suis bien gardé de préciser la teneur
des "matières organiques " précédemment
évoquées. Je vais donc y revenir, gardant en quelque
sorte le meilleur pour la fin, et là vous n'y couperez pas
!
-
- Sachez en effet que les "queues de rats"
affectionnent les eaux fortement polluées, et que l'
Eristalis tenax est une pro de l'excrément, tant animal
qu'humain. Concrètement la bestiole se délecte du
contenu des fosses à purin, mais aussi de celui des fosses
dites d'aisances, sans oublier les variantes de temps pas toujours
révolus, que sont les latrines, feuillées, et autres
tinettes, l'essentiel étant que le "milieu" soit en partie
liquide, et suffisamment "disponible" dans la durée, afin
de permettre le développement des larves.
-
- Pour l'anecdote j'ajouterais que
l'idée de cette page est née d'un grand et vieux
seau de peinture (ci-dessous à gauche) quelque peu
oublié au fin fond du jardin. Partiellement empli d'eau par
la pluie, et de feuilles mortes à demi
putréfiées , le tout s'est avéré un
excellent "fond de sauce" !
-
- "Améliorée" comme vous
l'imaginez, et même amenée au "top" avec des
déchets de boucherie "mûris à coeur", la
mixture s'est très vite avérée
"irrésistible". Vous avez d'ailleurs le résultat
sous les yeux , odeurs en moins il est vrai. A cet égard,
et puisque tous les goûts sont dit-on dans la nature,
j'ajouterais que selon le cas vous ratez quelque chose....ou
échappez au pire !
-
-
-
.............
- à gauche: le
fameux seau, avec vue plongeante sur le contenu ... pour
téméraires !
- à droite: authentiques
"tinettes" à l'ancienne. Notez qu'une lessiveuse hors
d'âge servait souvent de réceptacle temporaire, et
qu'une pile de vieux journaux faisait office de papier-toilette,
tout en permettant à l'occasion de "patienter", encore que
l'asphyxie guettait très vite celui qui "trônait"
!
-
-
- mea..........culpa
!
- un accidentel et malencontreux
"coup de chaud" a mis fin à un élevage à
l'évidence florissant,
- fort heureusement cette page
entomo était "bouclée", mais j'avoue avoir
été vexé.
-
-
- Le mot de la
fin....
-
- Ce pourrait être "beurk!", et de
plus avec un grand "B", mais par-delà les apparences,
sachez que les "vers à queues de rats" contribuent
efficacement à l'assainissement de notre environnement, et
que les adultes pollinisent autant qu'il butinent, ce qui n'est
pas rien. Pour ma part j'estime que cela mérite un minimum
de considération, ou pour le moins de réflexion....
et je vous y invite !
-
-
-
FIN
-
- les
pages entomologiques d' andré
lequet : http://www.insectes-net.fr