le p'tit cheval brun
- les
"Gaspards" d'antan - 1958-1961:
les rats de guerre - "Choukette" la
fouine - le rat musqué -
"Picasso" le hérisson - la biche
de Jean - la surprise d'Azrou - les
putois du Tonton - faux manchots, mais
vraie fouineuse -
-
- la biche de Jean
!
-
Il
était largement 22 h quand le téléphone a
sonné
-
- Il s'agissait d'un cousin qui tout de go m'annonce son
arrivée d'ici 1 h, et surtout avoir une biche
blessée dans le coffre de sa voiture.
-
- À l'entendre il rentrait d'une réunion, et alors
qu'il traversait une forêt d'Ille et Vilaine, l'animal
s'était littéralement jeté devant la voiture,
et il n'avait pu l'éviter. Il comptait évidemment
sur moi pour faire le nécessaire, et le cas
échéant pour jouer les bouchers,
éventualité qui était bien loin de
m'enchanter.
-
- Le moment de surprise passé je voyais mal une biche
dans le coffre de sa 4L. Suite à ma demande, la description
qu'il donna de l'animal confirma ce que je pensais. Il s'agissait
d'un chevreuil, et en l'occurrence d'une chevrette. La bête
lui paraissait fortement commotionnée, mais elle
n'était cependant pas morte. Il ne pouvait m'en dire plus,
sinon qu'elle avait été heurtée et
projetée par l'aile de ladite 4L.
-
- À l'époque j'habitais en ville, de
surcroît en appartement, et en outre j'étais pour
l'heure passablement grippé. Autant dire que je ne me
voyais pas du tout sorti de l'auberge.
-
- Jean est arrivé un peu plus tard que prévu, et
non sans soulagement, j'ai constaté que notre chevreuil
avait quelque peu récupéré. Il était
tranquillement couché sur le ventre, col relevé,
tête bien droite, et nullement effarouché par notre
présence.
-
- Au fond de la cour de l'immeuble, chaque locataire avait ce
qu'il est convenu d'appeler un caveau. Le local était
évidemment minuscule, sans éclairage, mais nous
n'avions pas le choix.
-
- Les choses se sont corsées quand il a fallu sortir la
bête du coffre. Bien que nous soyons 2 à la tenir,
elle a failli nous échapper et surtout elle s'est mise
à pousser des cris véritablement déchirants
et d'une incroyable puissance. Sans exagération aucune je
voyais déjà les fenêtres s'ouvrir et les gens
crier " à l'assassin ! ".
-
- Une fois dans le caveau, et de nouveau sur ses pattes,
l'animal s'est tu et très vite calmé. À la
lumière d'une pile électrique j'ai alors pu
l'examiner à loisir, et on peut dire qu'il s'en tirait
bien, et par le fait moi aussi. En dehors d'un beau " cocard ", et
d'une estafilade sur toute la longueur de la cuisse, la bête
était a priori indemne de toute fracture, notamment des
membres.
-
- Nanti d'une illère, et du produit oculaire voulu,
j'ai longuement nettoyé l'il tuméfié.
Très étonnamment notre chevreuil se laissait faire
quand je lui inclinais la tête, puis la relevais, afin de
bien faire circuler le liquide. Puis l'estafilade a
été pareillement lavée et
désinfectée. Curieusement la peau était
coupée avec la netteté d'un coup de rasoir, mais les
muscles sous-jacents n'étaient pratiquement pas
entamés.
-
- A priori le pronostic était excellent, et chacun a
regagné ses pénates avec la satisfaction du devoir
accompli. À l'heure convenue, tôt le lendemain matin,
nous sommes allés prendre des nouvelles d'un " patient ",
qui finalement l'était fort peu.
-
- De fait notre chevreuil avait totalement
récupéré, et sitôt la porte entrouverte
il s'est mis à bondir tous azimuts. Il fallait donc
l'immobiliser très rapidement, car dans l'étroitesse
du caveau l'animal risquait évidemment de se rompre le cou,
et plus encore de se briser un membre dans les entrelacs
métalliques de mes vélos.
-
- Non sans mal on a pu se saisir de l'animal, mais aussi prendre
toute la mesure de sa puissance, et de sa nervosité. Alors
que nos quatre mains enserraient les pattes arrières
réunies, et que les antérieures ne touchaient plus
le sol, nous piquions littéralement à la machine
sous la répétition de ses coups de reins. Vu
l'extrême finesse des pattes c'était proprement
incroyable, d'autant que le cousin était plutôt du
genre " sportif-baraqué ".
-
- Définitivement maîtrisé, et les 4 pattes
réunies et attachées par des bas nylons pour
éviter toute lésion, j'ai pu prodiguer les derniers
soins. À cette occasion on a constaté que le "
cocard " s'était déjà bien
résorbé, car l'il était nettement moins
enflé, et quasi normalement ouvert bien qu'encore
injecté de sang.
-
- Ainsi entravé, puis roulé dans une vieille
couverture, notre chevreuil a réintégré la
4L, avant de regagner sa forêt natale.
-
- À mon grand regret je n'ai pu
assister au relâcher, mais aux dires du cousin la bête
est partie au petit trot, et s'est arrêtée au bout
d'une vingtaine de mètres. Elle s'est alors
retournée, a regardé son sauveur quelques instants,
puis elle est repartie vers les siens, et sa destinée,
toujours en trottinant, et toujours aussi tranquillement.
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- les pages entomologiques d'
andré lequet
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