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le Rat musqué !

 

Sous le nom d'Ondatra, ou de Loutre de l'Hudson, il orne les épaules des jolies femmes, et dégarnit le portefeuille des Messieurs....

 

Plus prosaïquement il peut également finir en terrines de pâtés ou de rillettes, comme quoi tout se résume à une affaire de goûts et de moyens, y compris le sort d'un pauvre animal.

 

Mal aimé, pour ne pas dire honni, le rat musqué est par ailleurs traqué, fusillé, piégé, empoisonné, et pourtant il sait se montrer étonnamment familier, et même attachant.

 

L'animal inspirant cette historiette avait malencontreusement " rencontré " une voiture sur le boulevard longeant le Campus des Sciences. Recueilli par une âme compatissante, il m'est arrivé dans une grande lessiveuse.

 

Passablement " sonnée " la bête se laissait faire sans broncher, et elle me semblait indemne en dehors d'un énorme " cocard ". De fait l'œil droit était clos, quelque peu ensanglanté, et le côté de la tête très visiblement enflé et tuméfié.

 

Au final la bête s'en tirait plutôt bien, et en dehors d'un collyre il n'y avait pas grand-chose à faire. Dès le lendemain notre rongeur avait d'ailleurs recouvré ses esprits, et l'œil entrouvert témoignait déjà d'une enflure en voie de résorption.

 

À l'époque nous disposions d'une animalerie, au demeurant totalement inadaptée à un quelconque élevage. Il s'agissait de boxes grillagés cubiques de 2 m de côtés, occupant le centre d'un petit bâtiment.

 

Moyennant une grande bassine d'eau permettant un minimum d'ablutions, et un abri sommaire de parpaings sur fond de paille, notre rat musqué a trouvé là des conditions de vie à peu près acceptables

 

Dès le lendemain de sa mésaventure, carottes et salades connurent un franc succès, et l'animal accepta même ma présence dans le box. A vrai dire l'appréhension était plus patente de mon côté que du sien, car les incisives d'un rat musqué inspirent déjà le respect, même si elles ne sont rien en regard de celles de son cousin le ragondin.

 

Au final, et aussi incroyable que cela puisse paraître, l'animal me mangeait dans la main au bout d'une dizaine de jours. Au début il se contentait d'arracher des lambeaux de la feuille de salade que je lui tendais, et de les manger à l'écart. Puis ladite feuille a été consommée sur place, étant entendu qu'il valait peut-être mieux la lâcher à l'approche des incisives. Sur la fin, confiance réciproque aidant, la bête en est venue à m'écarter les doigts à l'aide de ses pattes antérieures, et à tranquillement finir de grignoter sa salade, sa carotte, ou son morceau de pomme, dans le creux de la main.

 

C'était mon premier rat musqué et au vu d'un tel comportement il était évidemment tentant d'y voir une certaine forme de " reconnaissance " eu égard à l'accident subi et aux soins prodigués. En fait il n'en était rien, car plusieurs " successeurs " se sont comportés à l'identique.

 

Cela dit mon rat musqué appréciait les caresses et autres " gratouilles ", mais pour autant il n'était pas question de le décoller du sol. De fait dès qu'il se sentait un tant soit peu soulevé il se dégageait promptement et les incisives sortaient.

 

Par ailleurs l'animal était d'une extrême propreté, et sans aucune odeur, bains et toilettages occupant beaucoup de son temps. Dans le même esprit toutes les crottes étaient abandonnées dans l'eau, ce qui impliquait de la changer quotidiennement, mais réduisait le nettoyage du box à sa plus simple expression.

 

La captivité de l'animal ne se justifiant pas, j'ai décidé de le libérer sur le campus, où une bordure marécageuse issue de l'Erdre (qualifiée de "plus belle rivière de France" par François 1er en personne !) lui permettrait d'aisément retrouver ses congénères. C'était sans compter sur l'obstination de l'animal à vouloir rester dans le box où il venait de passer deux mois. C'était également oublier son incroyable vivacité, sa rapidité, et son aptitude à déjouer toutes les ruses.

 

Le faire sortir de son box, et l'empêcher d'y retourner, était déjà très ardu, mais le faire ensuite sortir du bâtiment s'est carrément avéré " mission impossible ". Au final il a fallu s'y mettre à 3, s'armer de grands balais en paille de riz pour " houspiller " quelque peu la bestiole, et opérer de nuit car toutes les tentatives de jour s'étaient soldées par des échecs!

 

Pour conclure je rappelle que ce rat musqué était adulte, et partant je vous laisse imaginer la qualité des rapports qui doivent pouvoir se nouer avec un jeune animal.

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les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr