ACCUEIL - COLEOPTERES - LEPIDOPTERES - AUTRES -VIDEOS - HISTORIETTES - NEWS - LIENS - WANTED ! - MAILS d'OR -
 
 
LE CHARANÇON DE L'IRIS DES MARAIS !
(Mononychus pseudacori, Coléoptère Curculionidae)
 
(page 2 sur 3)  
 
- pour quitter les agrandissements faire "page précédente" dans votre navigateur -
 
 
Intro !
 
Au coeur de Mai, l'iris des marais (Iris pseudacorus) nous gratifie d'une magnifique floraison jaune, aussi généreuse qu'éphémère. Dans le même temps de futurs petits locataires apparaissent, et passablement excitées, les rondelettes bestioles s'approprient les inflorescences épanouies.
 
Il est alors aisé de les voir allègrement y trottiner, tournicoter, voleter, tout en farfouillant et grignotant ça et là sans vergogne, en l'attente de plus succulente provende. Les rencontres sont bien sûr fréquentes, et au gré de bousculades qui n'en sont pas vraiment, on sent poindre des velléités procréatrices pour l'heure prématurées.
 
 
 groupe d'iris des marais fleur d'iris des marais (détail) Mononychus "in natura" illustration de la prise de nourriture sur les fleurs
de gauche à droite: 1)- l'iris des marais (Vendée); 2)- détail d'une fleur;
3)- Mononychus pseudacori "in natura", et très affairés ! ; 4)- exemple de "grignotages" !
 
 
Présentation de l'insecte ....
 
Le Mononychus pseudacori, puisque tel est son nom, et qu'il n'en a point de commun, est un petit charançon de l'immense Famille des Curculionidés. Comme tous ses congénères il porte rostre, plutôt long et robuste (ci-dessous à droite) du moins en regard de la taille de l'insecte. Comme toujours les pièces buccales se situent à la toute extrémité dudit rostre, et leur discrétion n'enlève rien à une efficience qui nous le verrons conditionne la pérennité de l'espèce.
 
A noter que la bestiole a des allures arachnéennes, qu'elle est normalement noirâtre, et que sa variété " café au lait foncé" est généralement répertoriée sous le nom de "punctum album", bien que le point blanc en question soit présent dans les 2 cas. A noter surtout que cet insecte a la particularité de n'avoir qu'un seul ongle aux tarses, et non deux comme la norme le voudrait, d'où la dénomination de "Mononychus", par référence à l'onychium, c'est-à-dire l'ongle ou la griffe.
 
 
groupe de mononychus rostre du Mononychus
 à gauche: groupe de Mononychus pseudacori, avec la forme nominative (noire), et la variété punctum album (dans le cas présent les 2 colorations "cohabitaient", la plus claire dominant à 90 %). A droite: mise en évidence du rostre (flèche). Vendée, mi-Mai.
 
 
Mononychus pseudacori (forme punctum album) Mononychus pseudacori (forme punctum album) Mononychus pseudacori (forme nominative, noire)
en un peu mieux, et plus grand !
(remarquez l'unicité des ongles !)
 
 
La gousse, futur "berceau" de l'insecte
 
Très vite passés fleurs, ces iris vont rapidement donner de fortes gousses trigones, autrement dit triangulaires, chacune abritant logiquement 3 rangées de graines radialement disposées à 120°. Les graines proprement dites sont plus ou moins circulaires, nettement aplaties, et très étroitement juxtaposées pour ne pas dire imbriquées. Les plus grosses gousses, à l'instar de celle ci-dessous à droite, peuvent en comporter près d'une centaine.
 
 
vue générale aspect d'une gousse de l'iris des marais gousse ouverte sur une rangée de grainesdisposition des graines
la gousse trigone de l'iris des marais (Iris pseudacorus)
 
 
 
coupe transversalecoupe transversale d'une gousse graines mûres isoléesgraines mûres isolées
 
Les Mononychus ont naturellement la "bougeotte", et ils font preuve d'une belle vélocité dès que le soleil daigne paraître. J'ajouterais que les pattes paraissent courtaudes, mais ne le sont pas vraiment, et qu'ils volent avec une grande aisance, et ne s'en privent pas. Cela vaut encore plus au moment de la pariade, la quête d'un partenaire semblant alors prévaloir sur toute autre considération.
 
Ce genre d'activité passant pour dit-on "creuser", vous noterez que la prise de nourriture se fait précisément de la sorte, et ce aux dépens de la "cosse" proprement dite. Il s'ensuit d'ailleurs de minuscules cicatrices punctiformes, plus ou moins brunâtres (ci-dessous), au demeurant parfaitement semblables à celles qui seront ultérieurement générées par la ponte.
 
 
cicatrices punctiformes liées à la prise de nourriture cicatrices punctiformes liées à la prise de nourriture
 Illustration des cicatrices punctiformes consécutives à la prise de nourriture (sur jeunes gousses). Remarquer qu'elles sont préférentiellement localisées sur les crêtes, ces dernières étant aisément "enfourchables" par les bestioles, ce qui leur assure une meilleure tenue.
 
 
La ponte
 
Suite logique de tout accouplement (du moins au pays des "bestioles"!), nos "charançonnes" vont bien sûr pondre, et ce n'est pas une mince affaire, même si le nombre d'oeufs me semble a priori assez limité. Faute d'être doté d'une tarière (*), notre Mononychus est en effet contraint d'user de son rostre pour forer l'enveloppe de la gousse, jusqu' à atteindre la graine sous-jacente, futur berceau de la larve. Via un ovipositeur dévaginable, l'oeuf est ensuite déposé au fond du pertuis, lequel se colmate très vite, assurant ainsi une protection qui peut expliquer la présumée modestie de la ponte. La relation est d'ailleurs classique, et loin d'être propre aux insectes. En d'autres termes plus la ponte est soumise à prédation, plus le nombre d'oeufs est élevé. L' inverse va de soi, mais les exceptions ne sont pas forcément....exceptionnelles !
 
 
allure des gousses à la mi-juillet section d'une gousse à la mi-juillet aspect de graines attaquées (début) trous de pontes
à la mi-juillet (Vendée, Loire-Atlantique)
 
de gauche à droite: 1)- les gousses approchent de leur taille maxi, et le cas échéant les arêtes noircies témoignent des "morsures" de Mononychus; 2)- section de gousse montrant des graines bien formées, mais encore très "pulpeuses"; 3)- aspect des graines au début des attaques larvaires; 4)- détail de la précédente montrant des trous de pontes, et des traces de cheminements des larvules.
 
(*) appendice abdominal qui chez bon nombre d'insectes assure le percement ou le fouissement du substrat de ponte, ainsi que le transit et le dépôt de l'oeuf )
 
 
 
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr