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Le MINIME à BANDES JAUNES ou BOMBYX du CHÊNE (Lasiocampa quercus) !
(Lépidoptère Lasiocampidae)
 
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 Intro !
 
Au pays des bestioles les amours ne sauraient attendre, et comme chez nous elles enivrent tant et si bien qu'elles peuvent même "donner des ailes" ....y compris à ceux et celles qui en ont déjà !
 
Dès lors vous comprendrez que le mâle énamouré d'un papillon de nuit puisse voler de jour, et de plus si vite que l'oeil peine à le suivre au-delà des 2 secondes ....alors même qu' il parcourt le double du nécessaire, tant l'ivresse de la quête rend le vol incroyablement zigzagant !
 
 Présentation
 
Plus connu sous le nom de "Minime à bandes jaunes", eu égard à la coloration du mâle, le Bombyx du chêne ou Lasiocampa quercus est un papillon de taille moyenne, atteignant près de 80 mm d'envergure chez la femelle. Par-delà une taille plus imposante, et un abdomen visiblement prometteur, la femelle est aisément reconnaissable à sa coloration ....tout comme le mâle d'ailleurs. L'espèce est très largement répandue, y compris en montagne. Il n'y a qu'une génération, et selon les régions ce papillon apparaît de Mai-juin à Août.
 
 
exemplaires "étalés"....  couple de Minime à bandes jaunes (Lasiocampa quercus).....et donc de collection !
Couple de Lasiocampa quercus (femelle à gauche)
 
 
 
femelle de Minime (photo 1) femelle de Minime (photo 2) femelle de Minime (photo 3)
exemples de femelles de Minimes
 

mâle de Minime mâle de minime antennes du mâle de Minime

exemples de mâles de Minimes et détail des antennes (siège des capteurs en quelque sorte "sexuels").
 
 
Contrairement à certaines espèces aux femelles très ventrues, et de ce fait rendues plus ou moins inaptes au vol, Dame Bombyx vole parfaitement, mais seulement dit-on après avoir été fécondée. Elevage aidant, j'ai pourtant pu constater des essors de femelles vierges, à coup sûr impatientes de ne plus l' être, et plus encore de perpétuer l'espèce. C 'était au-delà de 24 h il est vrai, et surtout en l'absence de galants, car dans la nature je ne suis pas certain qu' une femelle réceptive ait vraiment le temps de s'envoler, ni même d' y songer, tant la presse est grande pour lui rendre hommage !
 
 
accouplement de Minimes (photo 1) accouplement de Minimes (photo 2)
accouplement de Minimes !
Vous noterez que la femelle était en quelque sorte du jour, et qu'une 1 / 2 douzaine de mâles "sauvages" ont répondus "présents" alors que la bestiole était dans ma véranda ( baie ouverte est-il besoin de le préciser ! ). Ce faisant j'ai pu sélectionner l'élu, à savoir un prétendant aussi présentable que possible pour la photo, certains étant en effet passablement "déguenillés". Si besoin était cette expérience confirme ce que je pressentais à propos de la très éphémère virginité des femelles.
 
Comme évoqué dans le préambule, le mâle vole de jour, par beau temps, et la quête d'une compagne est particulièrement spectaculaire tant le vol est à la fois extrêmement rapide et zigzagant, de surcroît tous azimuts. A l'instar des Saturnidae (Grand paon de nuit, par exemple, voir site) les femelles du Minime émettent des phéromones sexuelles qui "rameutent" les mâles en maraude, y compris de fort loin parfois. Bien entendu le premier arrivé empoche la mise, si je puis dire, et comme il se doit les autres en sont quittes pour aller voir ailleurs....ou "tenir la chandelle" !
 
 
La ponte
 
Comme chez la "Sésie apiforme", papillon à chenilles xylophages ( cf. site ), les oeufs sont pondus au hasard, et de surcroît en vol. Dès lors on comprend mieux le nombre élevé des oeufs, mais aussi l'éclectisme polyphagique des chenilles (voir ci-dessous). En d'autres termes, et vous l'aurez compris ...tout fait ventre ou presque !
 
 
abdomen de femelle de  Minime oeufs de Lasiocampa quercus oeufs de Lasiocampa quercus (détail)
à gauche: abdomen "bien garni" de femelle de "Minime"; au centre: oeufs de "Minime"; à droite: détail des oeufs.
 
 
La chenille
 
Dotées d'un tube digestif pouvant se qualifier de " TGV " ( ....comme " Transit à Grande Vitesse " ! ), les chenilles ont la quasi faculté d'évacuer aussi vite qu'elles mangent, un peu à la manière d'un célèbre vin nantais qui passe pour se boire d'une main ...et s'éliminer de l'autre !
 
Il s'ensuit une voracité redoutée des jardiniers, et un appétit insatiable que tout éleveur de bestioles est à même de constater, tant il lui faut réapprovisionner ses gloutonnes pensionnaires.
 
Il est toutefois des exceptions, car notre chenille de Bombyx est plutôt du genre à prendre son temps, a priori plus par paresse que plaisir. Là où d'autres font table rase en trois coups de mandibules, il lui complait en effet d'aimablement grignoter, voire de chipoter, alors que gîte et couvert lui sont royalement servis. Bien entendu la notion d'élevage hors saison est présentement à prendre en compte, mais ce "décalage horaire", si je puis dire, ne saurait tout expliquer.
 
Concrètement les chenilles de Minimes éclosent en fin d'été, et elles se développent très lentement d'où leur petite taille à l'hivernage (ci-dessous à gauche). L'activité reprend évidemment au printemps, mais toujours plus ou moins "piano", à telle enseigne qu'un second hivernage est possible en altitude.
 
Ce Bombyx est très polyphage, et il s'accommode du feuillage de nombreux arbres et arbustes (chênes, aubépines, saules, aulnes, bouleaux, punelliers, voire ronces, bruyères, genêts à balais), et même du laurier cerise (= laurier palme) comme dans le cadre de cette "page entomo" (la persistance du feuillage permettant bien sûr le nourrissage hivernal).
 
Illustration du développement
 
Les images ci-dessous témoignent d'un élevage "forcé", c'est à dire de la suppression de l'hivernage, avec arrivée à terme des chenilles fin avril. En pareil cas il y a fatalement un peu de "casse", mais le plus significatif concerne les écarts de tailles (ci-dessous à droite), lesquels démontrent que l'hivernage va bien au-delà d'une simple quiescence, c'est à dire d'une sorte de "mise en veille" pouvant être réactivée à tout moment.
 
De fait, en dépit d'une mise en température correcte (20°), d'une alimentation à l'avenant, et d'une "durée de jour" accrue ( par éclairage artificiel ! ) certaines chenilles sont longuement restées à la traîne, avant de pouvoir surmonter les blocages physiologiques inhérents à une véritable diapause.
 
Au passage vous noterez que cette "diapause" est le plus souvent induite par la photopériode (c'est à dire la durée du jour en regard de celle de la nuit), alliée à une prise en compte de la température. En d'autres termes la diminution des jours et des températures induit ladite diapause, et l'inverse la lève. Bien entendu, et vous l'aurez compris, la notion de "seuil" est aussi à prendre en compte: en deça, ça ne marche pas ...et au-delà, ça ne marche plus ...CQFD !
 
 
 jeunes chenilles de Minime jeune chenille de Minime jeune chenille de Minime chenilles de Minimes à divers stades chenilles de Minimes à divers stades
 de gauche à droite: 1 & 2)- chenilles au stade "hivernage"; 3)- changement de stade, et de "robe";
4 & 5)- disparité des tailles illustrant la différence entre simple quiescence, et véritable diapause (voir paragraphes ci-dessus)
 
 
 
chenilles de Minimes à divers stades chenille de Minime isolée chenilles de Minime à terme (dans la main) chenilles de Minime à terme (dans la main)
 de gauche à droite: 1 & 2)- "scènes" d'élevage; 3 & 4)- chenilles rendues au terme de leur développement ;
 
 
 
mue de chenille de Minime "portrait" chenille de Minime "portrait" chenille de Minime
 à gauche: comme chez beaucoup de chenilles, la mue reste typiquement "camponnée" au support.
au centre et à droite: ....."portraits".
 
 
La nymphose
 
Dans le droit fil de son apparente "paresse", la chenille de Minime arrivée à terme ne sacrifie pas à la quasi rituelle "grande vadrouille" observable chez beaucoup d'espèces. Elle se contente d'évacuer une sorte de liquide excrémentaire, mélé de crottes plus ou moins "mollassonnes", et de s'atteler illico au tissage d'un cocon particulièrement "moulant", et très finement élaboré, ce qui suppose de réels talents de contorsionniste.
 
La perfection de l'ouvrage fait qu'il se suffit à lui-même, ou presque, en ce sens qu'il est simplement amarré à son plus proche environnement (feuillage, brindilles, branchettes, parois). J'ajouterais que les cocons ressemblent étonnamment à des crottes de ragondin, par la forme et la couleur, encore faut-il isoler les premiers ....et trouver les secondes !
 
 
cocon "in situ" de chenille de Minime cocons isolés de chenille de Minime cocon ouvert de chenille de Minime chrysalide de Minime extraite du cocon
de gauche à droite: 1)- cocon "in situ", en situation classique, et en l'occurrence très peu tributaire de son environnement; 2)- cocons isolés ....type "crottes de ragondin"; 3)- cocon ouvert montrant l'étroitesse du logement (d'où la notion de "cocon moulant"); 4)- chysalide extraite.
 
 
En guise de conclusion .... quelques chiffres !
 
Un peu plus de 5100 espèces de papillons en France métropolitaine !
( dont plus de 4800 nocturnes ou Hétérocères ! .....et moins de 270 diurnes ou Rhopalocères ! )
 
36 espèces normalement protégées !
( dont 27 diurnes ! .....et 9 nocturnes ! )
 
3 espèces vraiment urticantes !
( nocturnes ! )
 
 
 
FIN
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr