Décrite à tort comme simple variété de Cetonia affinis, Eupotosia mirifica (Mulsant, 1842) a été découverte au début du 19e siècle, "non loin du département de la Lozère", par Crespon, naturaliste nîmois (Lambillionea, N°1, mars 2004). De nos jours une telle découverte aurait fait la UNE des revues spécialisées, et mis les forums entomologiques du Web en ébullition. A l'époque les "news" allaient moins vite et la trouvaille s'est semble-t-il égarée en chemin, pour finalement sombrer dans l'oubli et y demeurer durant plus d'un siècle !
Il aura fallu attendre juillet 1975 pour qu'Henri Pierre Aberlenc découvre l'existence de la bête en Païolive, et mette en émoi tous les entomologistes de "France et de Navarre", les coléoptéristes étant bien sûr les premiers concernés. Qu'une minuscule bestiole soit découverte au fin fond de la forêt Guyanaise se comprend aisément, mais qu'une cétoine "hexagonale" aussi grande et belle puisse si longtemps passer inaperçue défie l'entendement, et c'est peu dire ! Bien entendue la jolie bestiole en a fait courir plus d'un, tout en faisant couler beaucoup d'encre ... et de salive !
Présentation !
C'est assurément l'une de nos plus belles et grandes cétoines. C'est également la plus localisée, si ce n'est la plus rare, encore que la notion de rareté soit très souvent relative. Présentement les pièges aériens ont en effet totalement changé la donne, tout comme le piégeage des carabes mis en oeuvre par Michel Tarrier dans les années 70.
Du jour au lendemain de nombreuses "raretés" sont ainsi devenues quasi banalités, démontrant qu'il n'y a pas d'insectes rares, mais seulement des insectes qu'on ne sait pas chasser, tout se résumant à ces 3 maîtres mots : où, quand, comment ! Toute médaille ayant son revers, l'importante progression des connaissances s'est souvent faite au détriment d'insectes rendus accessibles, et de ce fait devenus vulnérables.
Bien qu'elle le mériterait la "Grande cétoine bleue" n'est pas protégée, comme l'est le non moins fameux "Pique-prune". Ce dernier est pourtant très largement répandu en France, gage évident de pérennité, là où la "Grande bleue" doit se contenter d'un véritable mouchoir de poche. Pour l'essentiel son domaine "hexagonal" se résume en effet au bois de Païolive, très original site forestier ardéchois où le végétal et le minéral ne font qu'un.
Comme
Cetonia aeruginosa ( ci-contre ! ), qui pourrait à juste
titre se qualifier de "Grande cétoine verte", Eupotosia
mirifica affectionne les hautes frondaisons "canopéennes"
où elle passe aisément inaperçue. Elle s'y
développe dans les cavités des vieux arbres,
essentiellement des chênes, où les larves trouvent le
terreau et le bois carié leur servant à la fois de
gîte et de couvert. L'insecte adulte se nourrit sur les
plaies suintantes des arbres, mais son attrait pour les fruits
avancés ( et le vin rouge ! ) peuvent causer sa perte. A
Païolive la "grande bleue" se développe
également sous le couvert arbustif, dans les cuvettes,
rainures, et crevasses rocheuses que sont les "lapiaz" (
géologiquement parlant ! ), où les ans et
l'accumulation des feuilles mortes finissent par former le
substrat nourricier.
Le développement de la larve se fait en seulement 3 stades (L1-L2-L3), là où les chenilles en comptent 5, et souvent plus d'une dizaine chez les insectes à métamorphose incomplète (blattes, sauterelles, grillons etc. ). Il s'ensuit évidemment une importante prise de volume, et de poids, lors des 2 mues précédant la nymphose. En nature le cycle complet demande 2 ans, et porte sur 3 années civiles (schématiquement, l'oeuf pondu en juillet 2017 donnera donc une "grande bleue" en juillet ... 2020 ! ). En élevage "intérieur", et donc hors hivernage, le cycle est ramené à 1 année pleine "à cheval" sur 2 années civiles !
En guise de conclusion ...
(*) Ce travail a permis au labo d'acquérir un Macintosh Classic II ( le "top" à l'époque ! ) ... mon tout premier ordi !