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le MORO-SPHINX ou SPHINX COLIBRI (Macroglossum stellatarum) !
(Lépidoptère Sphingidae)  
 
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Avant d'entrer dans le vif du sujet je tiens à remercier Mathieu et Damien Charneau,
ainsi qu' Alexandre et Antoine Leitz, car sans eux cette "page entomo" ne serait pas ce qu'elle est !  

 Intro !

Moro-sphinx ! Sphinx colibri ! Sphinx du caille-lait ! Sphinx moineau ! Sphinx queue de canard ! Sphinx fou ! Sphinx des étoilées ! Macroglosse des gaillets ! Oiseau-mouche ! .... et je vous fais grâce des appellations plus ou moins locales et "patoisées". Dans son N° 86, le fameux opuscule naturaliste "la Hulotte" dénombre en effet un total de 31 noms communs ... et la liste n'est pas close ! Là où de très nombreuses espèces d' insectes doivent se contenter de leur seul nom scientifique (et donc latin ! ), j'ai envie de dire ... "n'en jetez plus la cour est pleine" !

En dépit de ses redondances, une telle débauche vernaculaire témoigne à l'évidence de la notoriété d'une bestiole pouvant se qualifier d'hors normes, et cela à plus d'un titre. En guise "d'amuse-bouches" sachez que ce véritable drone miniature n'hésite pas à butiner sans vergogne les géraniums de votre balcon, et se complaît à pareillement visiter tout ce qui porte corolle, y compris en limite des névés à 2500 m d'altitude.... voire en zones polaires estivales ! Croyez-moi j'exagère à peine, et par-delà cette quasi ubiquité, j'ajouterais que la bestiole n'a pas son pareil pour déjouer votre curiosité ... et plus encore se jouer de l'objectif du photographe ! ... entre autres du mien !    

 Présentation !

Le Macroglossum stellatarum (*) relève de la Famille des Sphingidae représentée en France par près de 25 espèces. En dépit de sa petitesse (45 à 50 mm d'envergure) ce grand migrateur, nous arrive principalement du Maghreb, et sa descendance s'ajoute à celle des "sédentaires" qui s'observent de plus en plus fréquemment, conséquence semble-t-il du réchauffement climatique. L'espèce peut ainsi donner 2 générations, une partie de la seconde pouvant hiverner à l'état de chrysalides, et l'autre entreprendre une migration inverse, sorte de "retour aux sources".
 
Par définition nocturne, comme le sont les Sphingidae, ce papillon a la particularité d'être actif le jour, et de se reposer la nuit ... comme vous et moi ! Au titre des autres particularités vous noterez sa parfaite aptitude au butinage en vol stationnaire (d'où bien sûr le nom de Sphinx colibri ! ), mais aussi sa "maniabilité", à savoir l'extrême rapidité et précision de ses déplacements de fleur en fleur. A cela s'ajoute une "vitesse de croisière" pouvant atteindre les 40 km/h, voire flirter avec les 50 km/h en pointe.
 
(*) Macroglossum pouvant se traduire par "grande langue" ( trompe ! ), et stellatarum faisant référence aux stellaires ou "étoilées" ( d'où le nom de Sphinx des étoilées ! ), plantes dont la chenille peut parfois se nourrir.
 
Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum), adulte au repos. Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum), adulte en main, photo 1. Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum), adulte en main, photo 2. Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum), adulte en main, photo 3.
à gauche: Moro-sphinx au repos, à suivre: la prise en main ... un classique du site !
ci-dessous à gauche: ... t'as de beaux yeux ! à droite: spécimen de collection (mise en évidence des ailes postérieures)
Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum), adulte , gros plan de l'avant corps.  Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum), adulte, gros plan de la tête. .......... Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum),  spécimen de collection, et donc "étalé".
 
Toujours au titre des particularités vous noterez la vitesse du battement des ailes, de l'ordre de 75 par seconde, ce qui est considérable pour un papillon, si bien que les ailes en question en deviennent pratiquement "invisibles". Cette très importante cadence est principalement imposée par la petitesse de la surface alaire portante, en regard du poids et du volume du corps. Il s'ensuit une dépense énergétique considérable, d'où la nécessité de butinages nourriciers quasi "non-stop", eux mêmes très énergivores ! ... avec au final la parfaite illustration du fameux cercle vicieux ! Au passage, dans le même ordre d'idées, vous noterez que les musaraignes, ces très petits mammifères insectivores, ont un tel métabolisme qu'elles doivent manger quotidiennement l'équivalent de leur propre poids ... ou périr d'inanition en quelques heures ! Dure dure la Nature !
 
Pour finir sachez que le Moro-sphinx peut s'observer une grande partie de l'année, pratiquement de Mai à Octobre, et qu'il affectionne les lieux "fricheux" ensoleillés, les vieilles carrières, les lisières boisées, mais qu'il peut pareillement visiter les parterres urbains (y compris parisiens ! ), tout comme votre jardin .... ou vos balconnières ! Autant dire que ce drôle de colibri ne passe pas inaperçu, son côté "m'as-tu vu" ajoutant à la curiosité suscitée ... d'où la kyrielle de ses noms communs !
 
Panel de "colibri attitudes"
Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum), adulte en  vol, photo 1. Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum), adulte en  vol, photo 2. Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum), adulte en  vol, photo 3. Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum), adulte en  vol, photo 4. Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum), adulte en  vol, photo 5.
 
Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum), adulte en  vol, photo 6. Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum), adulte en  vol, photo 7. Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum), adulte en  vol, photo 8. Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum), adulte en  vol, photo 9. Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum), adulte en  vol, photo 10.
 
 
Le dimorphisme sexuel !

Il est souvent peu marqué chez les sphinx, et c'est encore "pluss pire" chez le Macroglosse. Comme ces photos essaient de le montrer, la queue du "colibri" est en forme de pinceau relativement allongé chez le mâle, et cette même queue est au contraire élargie, plus arrondie, et plus sensiblement bilobée chez la femelle. Attention cependant car ces faisceaux pileux ( latéraux et terminaux) tendent à plus ou moins s'étaler en éventail (comme la femelle ci-dessous), et cela d'autant plus facilement que je les suspecte de servir à la fois de stabilisateurs et de gouvernail. Attention également aux "heures de vol", lesquelles génèrent fatalement une "érosion" de ces structures pileuses, ce qui accentue également les risques d'erreurs, sauf à parfaitement maîtriser les morphologies respectives.

 
Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum), mâle au repos. Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum),  extrémité abdominale du mâle en face ventrale. ................... Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum),  extrémité abdominale de la femelle en face dorsale. Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum),  extrémité abdominale de la femelle en face ventrale.
à gauche: mâle sur le vif, et détail en vue ventrale; à droite: femelle (vue dorsale et ventrale).
Dans le droit fil des remarques ci-dessus, et en l'attente d'illustrations plus convaincantes, je dirais que l'extrémité abdominale de la femelle "quiète" est trapézoïdale, et qu'elle déborde rectangulairement chez le mâle.

 La ponte !

Elle fait suite à un accouplement que je n'ai pu observer en élevage, confirmant en cela les difficultés mentionnées dans la littérature afférente. Selon certains auteurs l'accouplement se produirait en vol, et pour d'autres il s'agirait seulement d'envols "in copula" comme cela s'observe chez de nombreuses espèces en cas de dérangement du couple. Personnellement je penche pour cette seconde alternative, mais étant du genre Saint Thomas je vais néanmoins essayer de vérifier la chose ... par moi-même !
 
Par contre, et là c'est sûr, les oeufs sont déposés en vol à l'unité ou par paire, et ils le sont de préférence au niveau des fleurs et bourgeons de la plante hôte (en l'occurrence les gaillets, comme ci-dessous précisé). Leur nombre est généralement estimé à plus ou moins 200, ce qui me paraît raisonnable ... mais là Saint Thomas devra faire avec !
 
Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum),  oeuf prêt à éclore, photo 1. Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum),  oeuf prêt à éclore, photo 2. ................ Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum), oeuf frais pondu, photo 1. Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum), oeufs frais pondus, photo 2. Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum), oeuf frais pondu, photo 3.
à gauche: oeufs prêts à éclore (sur agrandissement on distingue très nettement la future chenillette ... et notamment ses poils ! à droite: oeufs frais pondus sur le gaillet "gratteron" (Galium aparine)  ainsi nommé pour sa faculté de s'accrocher aux vêtements et au pelage des animaux, cela valant pour toutes les parties de la plante.
 
La chenille ... aperçu !

Vertes ou brunes, densément ponctuées, doublement lignées, et toujours avec l'apex du scolus orangé, telles se présentent les chenilles du Moro-sphinx, du moins au 5e et dernier stade larvaire. Au passage vous noterez que le scolus est typique de la Famille des Sphingidae, et que cette sorte de corne est totalement inoffensive, aussi acérée soit-elle, comme chez le sphinx du troène (cf. site).

Cette chenille se développe sur divers gaillets, tels le blanc, le jaune, ou encore le "gratteron", mais aussi sur la garance sauvage (dite "voyageuse"). Contrairement à une croyance populaire les gaillets, communément appelés "caille-lait" seraient bien incapables de faire cailler ... ledit lait !

 
Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum),chenille à terme, forme verte, photo 1. Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum),chenille à terme, forme verte, photo 2. Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum),chenille à terme, en main.
Pourquoi des vertes et des brunes, nul ne sait, mais côté appétit (ici en vidéo ! ) point de différence !
Vous noterez les très nombreuses ponctuations blanches, la double ligne latérale, et la pointe orangée de la "corne" 
Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum),chenille à terme, forme brune. Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum), scolus de chenille à terme.
 
 
La chenille ... développement !
 
Stade 1 (= L1)
Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum),chenillette naissante, photo 1. Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum),chenillette naissante, photo 2.
ci-dessus: chenille à la naissance !
ci-dessous: à gauche et au centre: chenillettes à l'oeuvre; à droite: prête à muer (passage en L2)
Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum),chenillette stade 1, photo 1. Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum),chenillette stade 1, photo 2. Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum),chenillette stade 1, photo 3.
 
 
Stade 2 (= L2)
Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum),chenillette stade 2, photo 1. Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum),chenillette stade 2, photo 2.
La livrée claire et ponctuée a fait place à une "robe" assombrie et fortement pileuse.
Vous noterez également le logique accroissement de la taille.
Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum),chenillette stade 2, photo 3. Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum),chenillette stade 2, photo 4. Moro-sphinx ou Sphinx colibri (Macroglossum stellatarum),chenillette stade 2, photo 5.
 
 
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr