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la MYGALE à CHAUSSETTE (Atypus affinis) !
(Arachnide, Mygalomorphae Atypidae)
 
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N'étant pas spécialiste des araignées ( et pour cause ! ) cette "page entomo" est censément "light",
du moins en regard de celles consacrées aux insectes. En "farfouillant" dans les sites spécialisés en "arachno",
il est sûrement possible "d'aller plus loin" ... si vous le souhaitez !
 
Intro !

Toute règle a ses exceptions … et mes "Pages entomo" aussi ! Par principe dévolues aux seuls insectes, la domiciliaire et très "speed" scutigère (Myriapode) a pourtant su y trouver place en vertu de son utilité. Hasard du menu alphabétique elle y figure entre la Rhysse et le Sirex, deux grands hyménoptères pas vraiment copains puisque la progéniture du premier se développe aux dépens de celle du second.

Cette fois l'exception concerne un Arachnide, et en l'occurrence une petite mygale qui tricote discrètement sa chaussette … en nos jardins ! J'ajouterais être limite arachnophobe mais l'apparente "bonhommie" de cette aragne, et l'étrangeté de ses mœurs, ont titillé ma curiosité au point de passagèrement occulter mon aversion pour ce genre de bestioles. Bien entendu, et vous l'aurez compris, il s'agit là d'une exception très … exceptionnelle ! 

Présentation !

La Mygale à chaussette (Atypus affinis pour les arachnologues) doit cette curieuse appellation à sa tubulure soyeuse, dont la partie souterraine sert d'abri, et l'aérienne de piège nourricier. Cette araignée terricole est très thermophile ( = aimant la chaleur ! ), et par ailleurs qualifiée de mygalomorphe, ou encore de mygaloforme, en raison de sa ressemblance avec une mygale, mais aussi du fait de son appartenance au Sous-Ordre des Mygalomorphae, dont les vraies mygales relèvent elles aussi …CQFD !

Côté taille cette araignée ne peut évidemment rivaliser avec les mygales africaines ou sud-américaines, certaines atteignant 15 à 20 cm de diamètre pattes étendues, voire 25 à 30 pour les plus grandes. Par contre, toutes proportions gardées, les chélicères hors normes de notre miniature font mieux que soutenir la comparaison avec ceux de ses "grandes soeurs". Dame Nature s'est en effet montrée fort généreuse à son endroit, et cela à juste titre, car le creusement des terriers n'est pas mince affaire ( notamment en terrain "caillasseux" comme chez moi ! ), d'où la nécessité de disposer d' "outils" performants, à la fois puissants et robustes.

En dépit du particularisme de son mode de vie, cette araignée a bien sûr son lot de prédateurs, à commencer par d'autres araignées, des hyménoptères chasseurs ou parasites, des oiseaux, des rongeurs, sans oublier les redoutables .... semelles de chaussures ... et "binettes" jardinières ! Pour clore cette brève présentation, sachez qu'une autre "Atypus" (A. piceus), plus rare et moitié plus petite peut également se rencontrer "chez nous". La présence d'une 3e espèce (A. muralis) reste semble-t-il à confirmer. Toutes ces araignées ont des moeurs comparables, et selon "Wiki" la Famille des Atypidae compte pour l'heure 43 espèces au niveau mondial.

Si tout se passe bien l'espérance de vie de cette araignée est de l'ordre de 5 à 7/8 ans, le chiffre de 10 ans étant parfois avancé, mais j'avoue ne point trop y croire. La croissance étant lente, la maturité sexuelle (et donc l'aptitude à se reproduire) est atteinte la 4e année. Les femelles vivent à l'évidence plus longtemps que les mâles, ces derniers servant le plus souvent de "complément alimentaire" ... après un devoir dûment rempli !

La bête !

Avec une longueur de18 à 20 mm maxi pour la femelle, et une grosse dizaine de mm pour le mâle, cette miniature de mygale a néanmoins tout d'une grande, à commencer par des chélicères pouvant se qualifier d'hors normes ... et ça se voit ! Outre la taille, le dimorphisme porte sur la coloration, les mâles étant franchement noirs là où les femelles sont brun clair, du genre "café au lait". Cette araignée est connue pour ne pas être agressive, mais d'instinct sa manipulation impose néanmoins un minimum d'égards, si je puis dire, surtout si comme moi vous débutez dans le métier ... au pays des aragnes !

 
Mygale à chaussette (Atypus affinis) femelle, photo 1. Mygale à chaussette (Atypus affinis) femelle, photo 2. Mygale à chaussette (Atypus affinis) femelle, photo 3. Mygale à chaussette (Atypus affinis) femelle, photo 4. Mygale à chaussette (Atypus affinis) femelle, photo 5.
ci-dessus: quelques "mygales attitudes" !
ci-dessous à gauche: premières prises en main, et même une vidéo ... en me faisant violence ! à droite: vues ventrales !
Mygale à chaussette (Atypus affinis) femelle en main, photo 1. Mygale à chaussette (Atypus affinis) femelle en main, photo 2. Mygale à chaussette (Atypus affinis) femelle en main, photo 3. ............... Mygale à chaussette (Atypus affinis) femelle en vue ventrale, photo 1. Mygale à chaussette (Atypus affinis) femelle en vue ventrale, photo 2.
 
 
 
Mygale à chaussette (Atypus affinis) mâle, photo 1. Mygale à chaussette (Atypus affinis) mâle, photo 2. ............ Mygale à chaussette (Atypus affinis)  très grosse femelle, photo 1. Mygale à chaussette (Atypus affinis)  très grosse femelle, photo 2. Mygale à chaussette (Atypus affinis)  très grosse femelle, photo 3
Couple faisant "chaussette commune", trouvé le 11 Octobre.
à gauche: par sa relative petite taille, ses pattes plus longues, et plus encore par sa coloration noire, le mâle est aisément reconnaissable.
à droite: sa très grosse compagne ... largement de taille à lui réserver un mauvais sort !
  
Les chélicères !

Dame Nature n'a pas lésiné sur le "matos", et les photos ci-dessous en témoignent ! Vous noterez que les chélicères comportent 2 parties articulées , à savoir le bien nommé "croc" ou "crochet", suivi de la glande à venin. Le tout fonctionne comme une seringue hypodermique, la quantité de venin injecté pouvant varier selon la nature des proies, avec possibilité de morsure dite "sèche" et donc sans venin. Par-delà leur fonction alimentaire, les chélicères ont bien sûr un rôle défensif, mais aussi un volet "travaux publics" puisqu'ils sont utilisés pour creuser le sol et déplacer les déblais.

 
Mygale à chaussette (Atypus affinis)  chélicères de femelle, photo 1. Mygale à chaussette (Atypus affinis)  chélicères de femelle, photo 2. Mygale à chaussette (Atypus affinis)  chélicères de femelle, photo 3. Mygale à chaussette (Atypus affinis)  chélicères de femelle, photo 4. Mygale à chaussette (Atypus affinis)  chélicères de femelle, photo 5. Mygale à chaussette (Atypus affinis)  chélicères de femelle, photo 6.
Pour douloureuse qu'elle doive être ( j'ai préféré ne pas tester ! ) la morsure de cette araignée ne prête pas à conséquences, graves s'entend.
Pour autant mieux vaut à l'évidence lui dire vous, d'éventuelles réactions allergènes ne pouvant être totalement écartées.
 
 
... et à titre comparatif ! 
Mygale africaine, photo 1. Mygale africaine, photo 2 ................ Mygale sud américaine, photo 1. Mygale sud américaine, photo 2. ............... Comparaison  des chélicères, Atypus et mygale africaine.
à gauche: exemple de mygale africaine; au centre: son homologue sud-américaine; à droite: comparaison des chélicères entre une Atypus et sa consoeur africaine. Comme vous pouvez le constater, les chélicères de "notre" mygale sont nettement plus développés du moins proportionnellement (voir la grosseur des pattes, ou encore le volume du céphalothorax).
 
 
Chélicère de mygale africaine, avec allumette. Chélicère de mygale africaine, vue interne. Chélicère de mygale africaine, vue externe. Chélicère de mygale africaine, vue de l'orifice du canal à venin.
Détail d'un chélicère de mygale africaine
de gauche à droite: 1)- sous la toise de la SEITA ! 2)- en vue interne; 3)- en vue externe; 4)- mise en évidence du canal en rapport avec la glande venimeuse. Nota: en raison de son évidente petitesse je n'ai pu définir la position du débouché de ce canal chez Atypus, mais je pense qu'il se situe nettement en retrait de la pointe, cette dernière pouvant se voir émoussée, si ce n'est cassée, car mise à rude épreuve lors des travaux de terrassements.
  
La chaussette !

Contrairement aux très communes épeires diadèmes qui tendent leurs toiles bien en vue au jardin, cette "mygale" est nocturne et sait parfaitement se dissimuler. Elle vit en effet en quasi permanence dans un tube de soie en majeure partie souterrain, l'extrémité inférieure restant ouverte et en contact avec le sol, là où la partie aérienne est parfaitement close ... tel le pied de vos chaussettes ! L'essentiel du camouflage est constitué de particules terreuses, de menus débris végétaux pouvant être incorporés au tissage. Ainsi dissimulée notre mini mygale a toutes les chances de tromper la défiance de ses proies, et à l'occasion de déjouer la curiosite du naturaliste, ou encore d'échapper à la binette inquisitrice du jardinier ! ... ou de la jardinière !

La chaussette ci-dessous a été trouvée sous un bac à fleurs (posé à terre bien sûr ! ), mais elle est le plus souvent tissée à même le sol, en principe avec une préférence pour les zones à végétation rase ou plus ou moins clairsemée, mais en pratique tout semble possible, l'exposition semblant prévaloir sur la nature du sol et de la végétation A titre d'exemple, et aussi étonnant que cela puisse paraître, j'ai trouvé 5 chaussettes dans une grosse touffe de montbretia, plante poussant pourtant très drue et de plus dotée de longues feuilles lancéolées issues d'innombrables bulbes.

Plus qu'un piège la partie aérienne de la chaussette fait office de détecteur, et il suffit qu'une proie potentielle s'y aventure pour générer une vibration et sur l'instant déclencher l'attaque de l'araignée. Les puissants et très acérés chélicères traversent sans peine la paroi soyeuse, tant pour tuer la proie, que pour y pratiquer une ouverture afin de rentrer le déjeuner à pied d'oeuvre. Filières aidant la chaussette sera ensuite "reprisée", et l'ouverture temporaire se verra ainsi refermée à plus ou moins brève échéance.

 
 Mygale à chaussette (Atypus affinis) partie aérienne de la "chaussette" Mygale à chaussette (Atypus affinis) déterrage de la "chaussette", photo 1. Mygale à chaussette (Atypus affinis) déterrage de la "chaussette", photo 2
ci-dessus à gauche: la partie "émergée", disons 5 à 6 cm en moyenne; à suivre: en cours de déterrage.
ci-dessous à gauche: la chaussette ... déchaussée ! au centre: section d'une partie aérienne; à droite : exemple de chélicères aux pointes nettement brisées. Le fait est rare, même en terrain caillouteux, où les pointes peuvent tout au plus légèrement s'émousser.
Mygale à chaussette (Atypus affinis)  "chaussette", déterrée.  Mygale à chaussette (Atypus affinis)  section d'une partie aérienne de chaussette. Mygale à chaussette (Atypus affinis) exemple de chélicères  aux pointes cassées
 
 
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr