ACCUEIL - COLEOPTERES - LEPIDOPTERES - AUTRES -VIDEOS - HISTORIETTES - NEWS - LIENS - WANTED ! - MAILS d'OR -
 
 
La PROCESSIONNAIRE du PIN !
(Thaumetopoea pityocampa, Lépidoptère Notodontidae)
 
(page 5 sur 5)  
 
- pour quitter les agrandissements faire "page précédente" dans votre navigateur -
 
 
Les poils urticants
 
Contrairement à une idée reçue la pilosité apparente de ces chenilles n'est pas en cause. En fait les poils urticants sont à la fois extrêmement nombreux et petits (1 à 2/10 de mm), et tel un feutrage ils tapissent des invaginations tégumentaires situées sur la partie dorsale des segments abdominaux. Ces plages urticantes, appelées des "miroirs" (ci-dessous), s'ébauchent au 3 èm stade larvaire et atteignent leur plein développement au 5 èm et dernier.
 
Processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) localisation des poils urticants (ensemble) Processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) localisation des poils urticants,  (detail)
localisation des "miroirs", et détail de ces plages urticantes.
.
 
Processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa), mise en evidence des poils urticants, photo 1. Processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) mise en evidence des poils urticants, gros plan. Processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa), detail des pols urticants.
à gauche et au centre: mise en évidence des plages urticantes; à droite: les innombrables poils urticants
( le tout sur le vif ! )
 
 
Processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) poils urticants, ensemble. Processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) poils urticants, gros plan. Processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) poils urticants isoles, photo 1. Processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) poils urticants isoles, photo 2.
 Toujours sur le vif, mais cette fois avec prélèvement de "quelques" poils urticants !
 
Processionnaire du pin (Taumetopoea pityocampa) poil urticant  (microscopie à balayage)
apex de poil urticant (d'après cliché en microscopie électronique à balayage)
 
 
Lorsque la chenille est excitée, dérangée, ou agressée, les zones urticantes "s'ouvrent" et libèrent les poils proprement dits. Ils ressemblent à de minuscules harpons, avec une partie basale aiguë, et un apex doté de barbules acérées (clichés ci-dessus) qui tel l'ardillon d'un hameçon permettent la pénétration, mais s'opposent à l'extraction. Par-delà un effet purement mécanique ces poils sont enduits d'une sécrétion qui provoque de très intenses démangeaisons.
 
Ces réactions cutanées sont certes très désagréables, mais généralement sans conséquences fâcheuses. À noter au passage qu'elles siègent principalement là où l'épiderme est le plus fin, et donc le plus vulnérable (ex: espaces interdigitaux, intérieur des poignets et des avant-bras, cou, etc...). A noter encore que la transpiration est un facteur éminemment favorisant car la peau s'en trouve quelque peu "ramollie", et dans le même temps les poils urticants y "collent" plus aisément.
 
Par-delà l'aspect cutané il faut se défier des atteintes pulmonaires, et surtout oculaires, car elles peuvent être infiniment plus dommageables. Concernant l'œil, et indépendamment des effets immédiats aisément imaginables, il faut savoir que ces minuscules "corps étrangers" sont susceptibles de migrer et de provoquer à long terme des lésions très sévères.
 
A noter enfin que les animaux domestiques ne sont pas à l'abri, et que les herbivores (sauvages ou d'élevages) sont aussi très vulnérables par ingestion d'herbe "souillée" par ces "lancettes" urticantes.

Précautions

 
Elles sont essentiellement de bon sens, à savoir qu'il ne faut jamais toucher de chenilles à mains nues, et pas davantage de nids, même vieux, et même tombés à terre. Ces nids sont en effet bourrés de "mues", et donc de poils urticants qui restent actifs très longtemps. Par ailleurs, en cas de pullulation, et de météo venteuse, mieux vaut éviter les zones à risques (forêts par exemple). En cas de doutes, ou de problèmes, ne pas hésiter à consulter un médecin.
 
Prévention
 
Pour peu que le résineux voulu figure sur son terrain, le particulier est très souvent confronté au problème des "processionnaires", et la meilleure solution consiste à détruire les nids durant la période hivernale. Concrètement il suffit de sectionner les rameaux portant les nids, et de brûler le tout. Un simple " échenilloir" , et au besoin une échelle, suffisent la plupart du temps. Bien entendu il faut se munir de gants, même si les chenilles ne possèdent pas encore la totalité de leur "armement".
 
Traitements
 
Par leur ampleur, et par les moyens mis en œuvres, ils relèvent des pouvoirs publics. En raison de son impact désastreux sur la faune, le "chimique" est le plus souvent abandonné ( du moins en principe ! ) au profit du "biologique", et plus exactement du "microbiologique". Cette dernière méthode, plus sélective, est basée sur la propagation d'une maladie bactérienne via le "Bacille de Thuringe" (Bacillus thuringiensis). Ce type de traitement se fait le plus souvent à l'aide d'hélicoptères, ou de petits avions spécialement équipés, et le mois de septembre est le plus approprié eu égard au stade de développement de la chenille.
 
De prime abord cette méthode apparaît séduisante, mais au final c'est bien loin d'être la panacée, car le "BT" (abbréviation commerciale) s'attaque à TOUTES les espèces de chenilles, et pas seulement à celles de la processionnaire. Ce faisant c'est bien sûr la raréfaction assurée, voire la disparition, pour de très nombreux papillons. C'est d'autant plus vrai, et dommageable, que ce genre de traitement est également utilisé en d'autres périodes et milieux, à l'encontre de diverses chenilles urticantes ou défoliantes, telles la processionnaire du chêne, le Bombyx cul-brun, ou encore le Bombyx disparate.
 
Bien entendu cette "polyvalence" destructrice est toujours passée sous silence, et de surcroît ce bacille un temps réservé à des spécialistes est devenu accessible aux particuliers .... auxquels on demande (*) de recenser les papillons de leurs jardins ! ... comprenne qui pourra !
 
(*) via "Noé Conservation" et le Muséum National d'Histoire Naturelle.
 
Prédateurs naturels
 
Par principe ils sont aptes à réguler les populations de Thaumetopoea pityocampa, mais l'usage souvent inconsidéré (et non sélectif) des pesticides a généré des déséquilibres importants. Parmi les prédateurs naturels on compte bon nombre d'Hyménoptères parasites (Chalcidiens, Braconides, Ichneumonides), mais aussi des Diptères. On citera également les fourmis, et notamment Formica rufa, et parmi les oiseaux le bien connu "coucou".
Calosome sycophante (Calosoma sycophanta), adulte.On citera enfin un insecte Coléoptère Carabidé de bonne taille (3 cm), le Calosoma sycophanta, (ci-contre). Doté d'un vol aisé c'est en quelque sorte un "spécialiste" de la prédation des chenilles (processionnaires et autres). Cela vaut pour le Sycophante adulte, mais aussi pour ses larves, lesquelles peuvent se développer au sein même du nid des chenilles processionnaires, ce qui ajoute encore à l'efficience de ce bel insecte. A noter également que ces larves sont dotées d'un solide appétit (comme toutes celles des Carabidae), sans parler des coups de mandibules distribués si je puis dire gratuitement, toute chenille atteinte s'en trouvant condamnée à brève échéance.
 
 
Les autres chenilles urticantes
 
La processionnaire du chêne (voir page entomo !)
 
La chenille de Thaumetopoea processionea est tout aussi urticante, et potentiellement dangereuse, que sa cousine la processionnaire du pin. Les mœurs sont assez comparables, sauf que les chenilles de cette espèce ne descendent pas à terre (la nymphose se faisant dans le nid proprement dit), et que les fameuses "processions" ne se font pas à la queue leu-leu, mais en "ruban" , c.a.d. sur plusieurs rangées contiguës. D'autre part cette espèce passe l'hiver à l'état d'oeufs, et non de chenilles avancées. Les oeufs sont en effet pondus au coeur de l'été, mais n'écloront qu'au printemps suivant.
 
 
la femelleProcessionnaire du chene (Thaumetopoea processionea), couple, etale. le mâle
poils urticants de processionnaire du chene (Microscope a balayage)
les poils urticants sont très comparables à ceux de la processionnaire du pin
(d'après cliché en microscopie électronique à balayage)
 
 
Comme pour la processionnaire du pin, le nid définitif est construit quand les chenilles arrivent au 4 èm stade. En règle générale cette processionnaire a plutôt moins tendance à pulluler, et ses nids, accolés le long des troncs et des grosses branches, passent généralement plus facilement inaperçus. A noter qu'ils peuvent toutefois atteindre une longueur avoisinant le mètre, mais cela reste très exceptionnel.
 
 
Le Bombyx chrysorrhée, ou "Cul-brun" (voir page entomo !)
 
 
Euproctis chrysorrhea  (étalé)nid de Euproctis chrysorrhea (septembre)
à gauche: adulte de "Cul-brun" mâle; à droite: nid avec chenilles au 2e stade, tel qu'il s'observe fin août début septembre.
 
 
La chenille d'Euproctis chrysorrhea est certes urticante, mais elle est en quelque sorte moins "virulente" que les processionnaires. Par contre l'impact économique peut être considérable car cette espèce a une forte tendance à pulluler et elle s'attaque à de nombreux feuillus (chênes, ormes, aubépines, prunelliers), y compris aux espèces fruitières (pruniers, pommiers, abricotiers, etc…). En hiver il très aisé d'apprécier la densité de l'espèce, car les arbres étant dépouillés de leurs feuilles, les nids soyeux des jeunes chenilles deviennent alors particulièrement bien visibles.
 
 En guise de conclusion ....
 
Comme pour l'intro, cette conclusion sera commune aux processionnaires du pin et du chêne, leurs propriétés urticantes étant quasi sans égales . Bien entendu, il faut être un peu "fou" pour élever et manipuler ce genre de bestiole, mais ce site se voulant le reflet d'un "vécu" (et l'étant ! ), je me dois d'en payer le prix .... et en l'occurrence d'endurer quelques "gratouilles".
 
Je dirais encore qu'on peut être fou sans être idiot, et que l'expérience permet censément de réduire les risques. Je dirais enfin que ce type d'élevage ( ou de manipulation ! ) est à l'évidence formellement déconseillé aux débutants, et plus encore aux allergiques !
 
FIN
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr