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la PYRALE du BUIS !
(Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis).
(Lépidoptère Crambidae )
 
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Remerciements !

Avant d'entrer dans le vif du sujet je tiens à remercier Michèle Tourdot, pour les chenilles et chrysalides franciliennes aimablement envoyées, car elles m'ont permis de réaliser cette ébauche ( déjà sympa ! ), de "page entomo". Dès que la bestiole (nettement moins sympa ! ) arrivera en Loire-Atlantique, ce qui ne saurait tarder (*), la présente sera bien sûr complétée … voire corrigée si nécessaire ! .......(*) Elle vient tout juste ( 2013 ! ) d'y montrer le "bout de ses antennes" (un seul signalement ! ), puis 7 localités ont été découvertes en 2014 ... et de multiples autres en 2015 !

 
Merci également à "Rodg" pour ces très édifiantes photos, (Villebois, Ain, août 2015 et printemps 2016),
et des commentaires qui ne le sont pas moins.
août 2015 ! ................ printemps 2016 !
2015 : "Et, hélas, des millions de pyrales, comme des giboulées de neige. Vu dans les phares, au point que des gens doivent renoncer à des soirées en plein air !"
(Présentement attirées par un simple allumage extérieur ... et pour partie ( petite ! ) "scotchées" sur papier tue-mouches .. version pyrales ! ).
2016 : "Je pense que la situation est bien pire que l'an passé, au vu des situations quasi dantesques auxquelles nous sommes confrontés. La dernière génér. attira des millions d'imagos sur les tilleuls en fleurs. Il suffisait alors de jeter quelque objet dans les frondaisons pour faire aussitôt apparaitre une nuée de papillons !"
" ... les sentiers n'étaient que fils de soie assemblés tels des filets serrés, d'où pendaient presque autant de chenilles...Je me suis dévoué (sacrifié!) pour passer devant en brandissant un bâton à grands moulinets afin de "faire la trace" aux amis suiveurs.

Intro !

Avec cette nouvelle venue, le très populaire adage "jamais 2 sans 3" trouve là encore sa raison d'être. Après la coccinelle asiatique, et le frelon aux yeux pareillement bridés, une 3e "chinoiserie" nous arrive en effet, et croyez-moi elle mérite également sa place sur le podium des espèces aussi envahissantes que nuisibles. Comme vous le verrez, il s'agit cette fois d'un petit papillon nocturne, fort élégamment vêtu de blanc et noir, comme l'est une dame enchapeautée ... non moins familière des podiums !

Historique ... en bref !

Originaire d'Asie orientale (Chine, Corée, Japon) ce papillon a été signalé d'Allemagne en 2007, et plus précisément du Bade Wurttemberg, région limitrophe de la France et de la Suisse. En 2008, n'ayant que faire des frontières, la bestiole s'est installée "chez nous" (et pas que ! ), et plus précisément dans le Haut-Rhin, à deux pas du foyer allemand initial. A ce jour (2014) et donc en l'espace de 6 ans 51départements sont touchés, et comme la carte (*) ci-contre le montre, la plupart d'entre eux sont fort éloignés de l'Alsace, berceau du ravageur, du moins pour la France.
 
(*) avec l'aimable autorisation de Christophe Brua, Président de la S.A.E. (Société Alsacienne d'Entomologie).

Bien entendu la bestiole est totalement incapable de porter ses méfaits à de telles distances, si ce n'est par le biais des circuits commerciaux spécialisés, mais aussi des activités annexes (pépiniéristes, jardineries, paysagistes, fleuristes, bourses aux plantes etc... ) ... et bien sûr de leur clientèle ! En second lieu, et donc au plan local, la propagation se fait cette fois "en tache d' huile", et cela relativement progressivement, car ce papillon n'est pas vraiment doué pour les grandes envolées.

Présentation !

Cette Pyrale relève de la Famille des Crambidae, représentée en France par 270 espèces. Les papillons de cette Famille sont petits, nocturnes, et bon nombre d'entre eux sont nuisibles à l'agriculture et aux denrées alimentaires entreposées. Comme son nom l'indique la pyrale du buis s'attaque au buis et plus exactement à tous les buis, qu'ils soient "naturels" ou horticoles. L'adaptation à d'autres végétaux, fusains notamment, n'est pas confirmée, mais elle ne peut être exclue. J'en veux pour exemple les plantes dites de "substitution" bien connues des éleveurs de papillons. Vérité oblige, j'ai testé sans succès le très polyvalent troène, et le fusain panaché de mon jardin. Faute de mieux c'était avec des chenilles relativement âgées, d'où la nécessité de réitérer l'expérience avec des "jeunettes" toujours plus aptes ... à s'adapter !

Les 3 générations annuelles observées en Alsace me donnent à penser que cette pyrale peut se reproduire "non-stop", d'autant qu'elle semble pouvoir hiverner simultanément à l'état de chrysalide et de très jeune chenille, dualité très inhabituelle chez les papillons. Le seul "frein" au développement larvaire de ce ravageur étant à coup sûr la baisse des températures, il reste à déterminer le niveau de "froidure" induisant la "cessation d'activités", et donc l'hivernage.

Sachant que la météo niçoise lui est censément plus favorable que la strasbourgeoise, et qu'une baisse passagère ou modérée des températures peut induire un simple ralentissement du développement, une 4e génération (si ce n'est plus ! ) me semble tout à fait possible au niveau méditerranéen. Dans les conditions optimales le cycle complet (et donc d'oeuf à oeuf ! ) étant en effet de l'ordre de 2 mois ... je vous laisse compter ! Autant dire que les buis concernés ont du souci à se faire... et les jardiniers encore plus !

 
forme "type" ! ...   .... ... et forme brune !
Suivant les populations la forme "type" (= normale) peut être exclusive, ou au contraire coexister avec des formes brunes, et cela dans des proportions très variables. En général le quotat est faible, mais une population de Sainte Foy-lès-Lyon (dpt. 69) déroge nettement à la règle. Sur 145 individus (en majorité piégés aux phéromones) Jean-Yves Barbier (que je remercie pour cette aimable contribution ! ) a en effet dénombré 57 formes brunes, soit près de 40 %. Ce même contributeur (re-merci à lui ! ) vient de m'adresser un état de ses "chasses" pour 2015. Par-delà le pourcentage des formes brunes, le bilan est à la fois étonnant et inquiétant par le nombre des captures, mais aussi fort instructif quant' à l'efficience du piégeage aux phéromones (extrait de mail ci-dessous).

"En 2015, j'ai repris des pointages journaliers sur les captures réalisées avec 2 pièges à phéromones. A ce jour, 14 août, j'ai compté 529 captures depuis début juin dont 353 de forme typique et 176 de forme brune. Le % de bruns actuellement enregistré cette année est donc un peu plus faible que celui de l'an passé et se stabilise autour de 33 % indiquant donc qu'on rencontre actuellement chez nous, un papillon brun pour deux blanc à marge brune".

 

la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis),  adulte, photo 1. la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis),  adulte, photo  2. la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis),  adulte, photo 3. la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis),  adulte, photo 4. la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis),  adulte, photo 5.

Quelques "pyrales attitudes" !
Vous noterez qu'il s'agit de la coloration habituelle, des individus entièrement bruns, peu courants, pouvant coexister. Au repos les ailes sont portées à plat, et se relèvent lorsque le papillon est inquiété, ou simplement actif. Bien qu'essentiellement nocturne, et attiré par la lumière, ce papillon s'envole aisément de jour, lorsqu'il est dérangé, mais ses essors restent très limités dans le temps et l'espace. ci-dessous au centre: un essai de contrejour ( pas très probant ! ) sur le vitrage intérieur de la véranda ! 
la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis),  adulte,  profil, photo 1. la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis),  adulte,  profil, photo 2. la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis),  adulte,  contre-jour la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis),  adulte,  profil, photo 3. la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis),  adulte,  profil, photo 4.
 
 
 
forme "standard" ! ...   ..... ... et forme brune !
 

 

Comme vous le verrez cette pyrale est prolifique, sa chenille insatiable, et sa progression à l'évidence inéluctable. Nul ne sait où elle s'arrêtera, puisqu'outre l'Allemagne et la France, elle est dorénavant signalée (voire implantée ! ) en Suisse, Autriche, Grande-Bretagne, Pays-Bas ... et ce n'est sans doute qu'un début ! En plus c'est une espèce butineuse, gage de longévité en regard des nombreuses espèces nocturnes privées de trompe ou dotées d'un organe atrophié, et donc inutilisable.

Pour info: Par-delà un nom commun parfaitement explicite, et un nom d'espèce bien établi ( perspectalis ! ), ce papillon truste littéralement les noms de Genre (Diaphana, Cydalima, Glyphodes, Phakrellura, Palpita, Neoglyphodes .... excusez du peu ! ). Il s'agit bien sûr de synonymes, Diaphana et Cydalima étant semble-t-il consacrés par l'usage. Vous noterez qu'en vertu de la règle dite "d'antériorité" la dénomination la plus ancienne devrait prévaloir, et être la seule valide.

 
la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis),  adulte,  gros plan. la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis),  adulte,  portrait? la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis), trompe déroulée. la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis),  adulte en main.
de gauche à droite: 1 & 2)-"portrait"; 3)- l'interminable trompe ... "déspiralée" ! 4)- la rituelle prise en main.
Non contente de nuire "à répétitions", via ses multiples générations, la bestiole est en outre dotée d'une trompe spiralée (d'où le nom de "spiritrompe" ! ) très développée, atteignant la longueur du corps. L'avantage est assurément indéniable, les espèces contraintes de vivre sur leurs réserves ne faisant pas de vieux os. Il convient toutefois de relativiser, car cette faculté peut se muer en régulateur, par exemple quand les plantes nectarifères se raréfient du fait de la saison ou d'une météo défavorable, voire calamiteuse.
  
Dimorphisme sexuel !

De prime abord les 2 sexes sont identiques, mais comme le montrent les illustrations ci-dessous les extrémités abdominales diffèrent nettement. Moyennant un peu d'attention, et une bonne vue (ou une loupe !) le sexage est aisé.

 
Elle la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis),  abdomen femelle, photo 1. la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis),  abdomen femelle, photo 2 ...........la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis),  abdomen mâle, photo 1. la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis),  abdomen mâle, photo 2. et lui !
Le pinceau ... apanage des mâles !
Nota: le dernier segment abdominal de la femelle la plus à gauche paraît plus court car il est sensiblement incurvé vers le bas.
 
 
la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis),  femelle en appel, photo 1. la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis),  femelle en appel, photo 2. la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis),  femelle en appel, photo 3.
N'ayant pu observer d'accouplement, je suis évidemment contraint d'extrapoler, mais la position et l'ouverture de l'extrémité abdominale ressemblent fort  à un "appel sexuel", et donc à une émission des très attractives phéromones sexuelles. Vous noterez que des phéromones de synthèse font actuellement l'objet de recherches en vue de "piéger" et détruire les mâles. Cette technique, connue sous le terme de "confusion sexuelle", permet une régulation à la fois sélective et efficace.
 
La ponte !

Les oeufs sont bien sûr en rapport avec la petite taille du papillon, l'importance de leur nombre (200 /300) ajoutant à cette petitesse. Ils sont classiquement pondus au revers des feuilles, ce qui leur confère protection et discrétion vis à vis des intempéries et prédateurs en tous genres. Comme les photos ci-dessous le montrent, ils sont aplatis, lenticulaires, plus ou moins chevauchants et semi translucides, d'où une réelle originalité en regard de la notion d'oeuf ... par nature ovoïde !

 
 la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis), ponte, photo 1. la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis), ponte, photo 2. la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis), ponte, photo 3. la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis), ponte, photo 4.
Exemples d'oeufs frais pondus au revers du feuillage.
Vous remarquerez leur "platitude", leur originalité, mais aussi leur discrétion.
 
 
la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis), ponte embryonnée, photo 1. la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis), ponte embryonnée, photo 2. ....... la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis), ponte prête à éclore, photo 1. la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis), ponte prête à éclore, photo 2.
à gauche: les touches "ferrugineuses" ( comme l'eau chère au regretté Bourvil ! ) témoignent de l'évolution embryonnaire des oeufs; à droite: oeufs prêts à éclore, les "points noirs" correspondent bien sûr à la tête des chenillettes en devenir. A partir du moment où les "taches de rousseur" apparaissent tout va très vite, et c'est encore plus vrai lorsque la température est élevée (disons qu'en 48 h ... la "messe est dite" ! ).
 
La chenille !

Bien entendu c'est elle qui pose problème, à la fois par sa boulimie, par sa taille (relativement importante en regard de celle du papillon), et par sa fâcheuse préférence alimentaire pour les buis, qu'ils soient "sauvages" ou horticoles. En plus ces chenilles tissent tous azimuts une sorte de filet de camouflage, à la fois très inesthétique et peu ragoûtant, car fait de soie et de crottes mêlées. Ces dernières se faisant plus ou moins "ramollo" sous la pluie, je vous laisse imaginer la "cata" visuelle qui s'ensuit.

Comme si cela ne suffisait pas cette chenille semble dédaignée par les oiseaux insectivores, et notamment par les très efficientes mésanges. Connu pour ses vertus médicinales le buis contient en effet des alcaloïdes (buxine, entre autres ! ), lesquels deviennent toxiques au-delà d'un certain seuil, et notre chenille pourrait fort bien les concentrer et s'en imprégner au point de devenir elle-même plus ou moins toxique. Vous noterez que cette forme de "transfert" n'est pas rare chez les chenilles, et que les espèces concernées arborent souvent des couleurs très voyantes (dites "aposématiques"), sorte de mise en garde à l'intention des prédateurs.

La bonne nouvelle, et c'est bien la seule, c'est que cette chenille n'est pas urticante ! ... mais ce n'est pas une raison pour faire n'importe quoi !

Le développement !

Pour de multiples raisons ("cheptel" réduit, petitesse et fragilité des premiers stades larvaires, entrelacs soyeux tous azimuts, bestioles adorant y jouer à cache-cache), les manipulations ont été fatalement limitées, d'où la difficulté de situer très précisément les stades du développement larvaire. Le recours systématique à mon "allumette / échelle" permettant d'apprécier le volume de la tête (seul critère fiable), les risques d'erreurs sont limités ... mais ils existent !

Chenilles naissantes !
(3-X-2013)
la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis), chenille naissante, photo 1. la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis), chenille naissante, photo 2 la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis), chenille naissante, photo 3 la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis), chenille naissante, photo 4 la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis), chenille naissante sur allumette, photo 1. la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis), chenille naissante sur allumette, photo 2.
Eu égard à la petitesse des oeufs, les chenilles néonates sont logiquement ... "minus de chez minus" !
 
 
2e stade larvaire (=L2)
la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis), chenille  2e stade, photo 1. la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis), chenille  2e stade, photo 2. la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis), chenille  2e stade, photo 3.
Le précédent "vermisseau" commence à ressembler à une chenille, et les jeunes mandibules à témoigner de leur efficience !
 La partie superficielle du dessus des feuilles est manifestement préférée, car sans doute plus tendre, plus charnue ... et peut-être plus "goûteuse" !
la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis), chenille  2e stade sur feuillage, photo 1. la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis), chenilles 2e stade sur feuillage, photo 2. la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis), chenilles 2e stade sur feuillage, photo 3 la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis), chenilles 2e stade sur feuillage, photo 4 la pyrale du buis (Cydalima perspectalis = Diaphania perspectalis), chenilles 2e stade sur feuillage, photo 5
 
 
  
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr