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La RHYSSE PERSUASIVE (Rhyssa persuasoria) !
(Hyménoptère Ichneumonidae)
 
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La nymphe !

Arrivée à terme la larve de rhysse va quitter l'espace initialement occupé par celle de sirex. A cette fin elle fore une galerie, relativement courte, où elle va élaborer un cocon finement constitué de sciure et de soie où elle va se nymphoser. Vous noterez que les cocons adhèrent plus ou moins fortement aux parois des galeries d'où l'impossibilité de pouvoir les extraire dans leur intégralité. C'est d'autant plus vrai que le débitage du bois implique l'emploi d'outils appropriés (tels que scie, coins acier, ciseaux à bois, marteau ! ).

 
Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria), larve  en prénymphose dans son cocon. ..............Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria), larve  en prénymphose Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria), tête de larve ebn prénymphose.............. Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria), nymphe fraîchement formée.
ci-dessus à gauche: larve en prénymphose dans son cocon; au centre : mise en évidence de la prénymphose : les yeux sont visibles, et l'aspect fripé du tégument témoigne de la très proche exuviation; à droite : nymphe tout juste formée ( femelle de grande taille ! ). ci-dessous à gauche : exemples de logettes nymphales de rhysse; au centre : détail des structures : dominance boiseuse, ou soyeuse; à droite : la nymphose du sirex se fait à "nu", au sein de sa galerie larvaire, l'espace compris entre l'extrémité de sa galerie et le fameux compactage faisant office de logette protectrice.
Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria), cocon nymphal, photo 1. Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria), cocon nymphal, photo 2. .............Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria), cocon nymphal, photo 1. Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria), cocon nymphal,  détail structural, photo 2.............Sirex : nymphe "in situ"
 

Le moment venu la rhysse devenue adulte va gagner l'air libre, là aussi à coups de mandibules. Concernant ces dernières la larve du sirex est manifestement bien dotée, leur forme pouvant se qualifier de classique. A contrario la larve de rhysse est simplement pourvue d'une sorte de croc triangulaire, a priori peu adapté au forage. Suite à un respectable volume de bois débité, et aux multiples galeries et cocons ainsi mis à jour, il a bien fallu me rendre à l'évidence, et donc attester d'une adéquation au forage de prime abord peu évidente.

Dans la mesure où la logette nymphale de la rhysse peut se trouver jusqu'à 30 mm sous la surface du bois (de surcroît écorcé) la galerie vers l'air libre est-t-elle creusée par l'imago de la rhysse, ou pré-forée par la larve. La question mérite en effet d'être posée car les mandibules de la Rhysse ne me semblent pas plus adaptées au forage que celles du grand capricorne du chêne (Cerambyx cerdo) dont l'émergence est présicément anticipée par la larve. En d'autres termes il suffit à ce grand et bel insecte de quasi "pousser la porte", puisque le grignotage d'un ou deux millimètres d'écorce lui permet de gagner l'air libre.

 
 Sirex : mise en évidence des mandibules. Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria), tête de larve, avec détail du "bec".
à gauche : les fortes mandibules dentelées de la larve de sirex.
à droite : à droite la robuste "dent" triangulaire de la larve de rhysse.
 
Exemple de maturation nymphale !
 
Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria) nymphe stade 1. Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria), nymphe, stade 2.
Evolution de la nymphe de Rhysse persuasive
6 jours pleins séparent la première photo (en haut et à gauche), et la dernière (en bas à droite) où la bestiole est prête à "émerger".
Il s'agit d'une future femelle, et vous remarquerez la longue tarière repliée sur le dos.
Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria) , nymphe, stade 3. Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria), nymphe prête à éclore.
 
 
... et la suite logique !
 
Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria), femelle, photo 1. Rhysse persuasive (Rhysse persuasoria) femelle, photo 2. Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria) femelle, photo 3.
Eclosions ... à domicile !
Ci-dessous à droite: exemple de trou de sortie parfaitement circulaire ... 4 mm au compas !
Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria), gros plan 1. Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria) gros plan 2. Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria), trou de sortie. Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria) trou de sortie avec échelle.
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Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria), trous de sorties, in naturan photo 1. Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria), trous de sorties, in naturan photo 2 Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria), trous de sorties, in naturan photo 3
Exemples de trous de sorties "in natura"
 
 
les Rhysses ... à table !

De très nombreuses espèces d'insectes apprécient les inflorescences des ombellifères, et les Rhysses en font partie, comme les illustrations ci-dessous le montrent. Vous noterez que ces bestioles sont du genre à "mâchouiller", plutôt qu'à butiner !

 
Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria) femelle sur ombellifères. Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria) mâle sur ombellifères, photo 1. Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria), mâle sur ombellifères, photo 2. Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria) mâle sur ombellifères, photo 3
Creuser le bois .... creuse aussi les estomacs !
ci-dessus à gauche: femelle à l'oeuvre; à suivre: mâle;
ci-dessous: femelles. Celle du centre est toute barbouillée de pollen .... comme un bébé peut l'être de bouillie !
 
Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria)  sur ombellifères, gros plan 1. Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria) sur ombellifères, gros plan 2.  Rhysse persuasive (Rhyssa persuasoria) sur ombellifères, gros plan 3.
 
A propos des différences de taille !

Chez les insectes, dans des conditions normales de développement, les femelles sont généralement un peu plus grandes que les mâles. Dans le même esprit, la taille des 2 sexes est logiquement influencée par la nourriture, et il n'est pas un éleveur d'insectes pour arguer du contraire. En toute logique une carence qualitative, ou quantitative, entraîne à coup sûr une réduction de la taille des imagos obtenus. Par contre la surabondance sera sans effet ( en dehors d'une possible réduction du temps de développement), car les larves ne peuvent absorber et assimiler plus que la physiologie de l'espèce le permet.

Ce préambule posé force est de constater que les sirex et les rhysses présentent couramment des différences de tailles considérables allant parfois au-delà du simple au double. Dans la mesure où le fait a été observé lors d'une même génération, de surcroît issue d'un même rondin nourricier, les facteurs précités me semblent ne pouvoir tout expliquer.

 
Sirex et Rhysse : illustration de l'importance des différences e tailles respectives.
Illustration de la variabilité des tailles ...du maxi au mini !
en haut : rhysses femelles (gaines des stylets enlevées), en bas : 1 grande femelle et un petit couple de sirex

Cet ensemble de considérations donne cependant à penser qu'il peut y avoir un rapport entre la taille des rhysses adultes et celles des larves de sirex nourricières. Ces dernières étant en effet paralysées lors du dépôt de l'œuf de la rhysse, le volume nourricier disponible est évidemment fonction du stade larvaire de l'hôte, et partant de sa taille. La larve de la rhysse étant contrainte de " faire avec " elle semble donc pouvoir boucler son cycle en s'accommodant d'un volume nourricier pouvant être réduit, possiblement estimé et validé par la pondeuse, ce qui expliquerait la disparité des tailles.

Pour corroborer le fait j'ai encore en mémoire le cas d'une larve de Rhagium bifasciatum, quelque peu " oubliée " dans un tube à essai, de surcroît à nu et sans la moindre parcelle de nourriture. Contre toute attente elle est parvenue à muer, et passer ainsi au dernier stade larvaire, au prix d'une étonnante et notable réduction de taille, avant de donner vie à un " minuscule " imago, via une nymphe à l'avenant. Pour anecdotique qu'il soit, le fait témoigne bien de la probable origine des " mini-rhysses " … sans pour autant expliciter le cas des sirex.

 
En guise de conclusion ...
 
.... et maintenant faites connaissance avec le Sirex géant ... le "plat préféré" de la Rhysse !
 
 Oyez oyez !
Techniquement parlant, je doute que nous puissions égaler la Rhysse, à savoir réaliser un foret de 2/10 de mm de diamètre, qui ne soit pas d'acier, et puisse sans se rompre percer des dizaines de trous dans du bois résineux, et cela sur une profondeur de 40 mm. Si un spécialiste en micromécanique passe par là, je serais curieux et ravi d'avoir son avis !
 
Cette "Page entomo" a fait l'objet d'une publication dans le Bull. Soc. Sc. Nat. Ouest de la France (N.S.), 2022, 44, (1-2) : 55-60,
et dans la Revue "INSECTES" de l'OPIE (2022, N° 207, 4e trimestre)
 
FIN
 les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr