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Le LUCANE RHINOCEROS = LUCANE CORNU = SINODENDRE CYLINDRIQUE
(Sinodendron cylindricum)
(Coléoptère Lucanidae) 
 
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Avec tous mes remerciements à l'ami Stéphane !
 
En guise d'intro !

Quand un philodendron, un rhododendron, ou encore un lepidodendron, rencontre un sinodendron, que se racontent-ils, sinon des histoires de ... "dendron" ! Ce suffixe, signifiant "arbre" en grec ancien, illustre parfaitement l'approche étymologique permettant d'appréhender les origines d'appellations a priori "hermétiques". Quant à "sino", faute de mieux, je dirais qu'il s'agit cette fois d'un préfixe généralement "sinisant", bien connu et très usité, mais cette explication ne semblant pas satisfaire la noire bestiole (ni moi d'ailleurs !) j'en appelle aux "pros de l'étymo". D'avance merci !

Sachez-le !

Pour que les bestioles puissent "vivre leur vie" dans de bonnes conditions j'ai opté pour 2 gros morceaux de hêtre "mûrs à point" (soit 1 par box), ce qui m'a semblé le mieux répondre aux attentes des bestioles, tout en permettant l'observation aisée de leurs activités, disons de "plein air". Par contre, tout ce qui se passe en interne est évidemment inaccessible, visuellement parlant. L'accès aux pontes, aux jeunes larvules, ou encore au réseau des galeries, implique de morceler l'habitat, et donc le détruire, ce que j'ai été amené à faire pour la plus petite des "bûches". Est-il besoin de le préciser, je me borne comme toujours à observer et constater, même si cela revient parfois à contester … à tort ou à raison !

Lucanidae, vous avez dit Lucanidae ...

Les Coléoptères Lucanidés, ex Pectinicornes (= antennes en forme de peigne) sont notamment caractérisés par leurs massues antennaires dotées de feuillets fixes, là où ils sont mobiles chez les Scarabéidés. La Famille des Lucanidés (7 espèces en France, 1300 au niveau mondial) est chez nous parfaitement illustrée par le Lucane (Lucanus cervus), alias le bien nommé "Cerf-volant". Il est suivi, de loin il est vrai, par la "Petite biche" (Dorcus parallelipipedus), espèce très commune mais bien moins connue en raison de la modestie de sa taille, et de son apparence.

Lucane mâle "XXL"Le "Cerf-volant" est le plus grand coléoptère européen, les mâles pouvant atteindre 85 mm (cas ci-contre !), voire les dépasser. Sa taille, ses mœurs, et plus encore ses mandibules (parfois XXL, re-ci-contre ! ) comparables aux bois d'un cerf, en font un insecte particulièrement spectaculaire. Les autres Lucanidés se font plus discrets, du moins au niveau de la taille (de 5 à 20 mm), car au pays des bestioles l'inventivité de Dame Nature relève du "no limit". Comme vous le verrez cela vaut bien sûr pour le "sino" de cette "page entomo", mais aussi pour les Platycerus caraboïdes et Ceruchus chrysomelinus, déjà présentés.

Au peu seyant "Sinoderme cylindrique", traduction littérale du patronyme scientifique, j'avoue préférer "Lucane rhinocéros", ou encore "Lucane cornu", appellations à mon sens nettement plus simples et "parlantes". Comme les cartes ci-dessous le montrent l'espèce est très inégalement répartie, la discrétion de la bestiole (taille et moeurs) ajoutant à sa méconnaissance. Plus localisé que rare, ce petit lucanidé n'est pas vraiment menacé ("préoccupation mineure" selon l'UICN), du moins au niveau européen, car "chez nous" il pourrait le devenir car il semble en nette régression. Les "sino" recherchent le bois fortement dégradé, et suffisamment humide, avec un préférendum marqué pour le hêtre (limite spongieux !), le tilleul, et le pommier. La durée de vie constatée est de plus ou moins 2 mois 1/2.

 Sinodendron carte 1  Sinodendron carte 2
Répartition "Hexagonale" de Sinodendron cylindricum
Cartes issues du site de l'INPN (Inventaire National du Patrimoine Naturel)
 
 
 Sinodendron cylindricum "in situ", photo 1  Sinodendron cylindricum "in situ", photo 2 ............ Sinodendron cylindricum trou de sortie de galeris, photo 1  Sinodendron cylindricum trou de sortie de galeris, photo 2  Sinodendron cylindricum trou de sortie de galeris, photo 3 ........... Sinodendron cylindricum, déblais de creusements
ci-dessus à gauche : "sino" in situ; au centre : exemples de débouchés de galeries; à droite : il creuse il creuse le "sino" !
ci-dessous : le dimorphisme avant l'heure !
. Sinodendron cylindricum, femelle.  Sinodendron cylindricum,  mâle.
 
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 Sinodendron cylindricum,  femelle sur doigt.  Sinodendron cylindricum, mâle sur doigt.  Lucane ceornu (Sinodendron cylindricum) femelle sur allumette.  Lucane ceornu (Sinodendron cylindricum) femelle sur règle graduée.
La prise en main, l'allumette, et le mètre à ruban ... les incontournables du site !
Si besoin était, je rappelle que pour moi la prise en main est l'expression d'un hommage rendu à l'insecte, et à la Nature. En d'autres termes il s'agit d'une véritable "communion" et non la marque d'une possession qui n'a pas sa place dans le cadre de mes "pages entomo".

Contrairement à ce que l'on peut lire et relire sur le web, les mœurs nocturnes de Sinodendron cylindricum me posent question. De fait, et j'ai eu tout loisir de le constater durant plus de 2 mois, la noire bestiole sort de sa retraite l'après-midi, souvent en seconde partie, et son activité donne lieu à de classiques "scènes de vie". Les envols sont également fréquents, et répétitifs, avec attirance très marquée pour la lumière du jour … et le vitrage de mon séjour ! La nuit venue, crépuscule compris, les "sino" restent invisibles, mais au sein du bois l'activité dans les galeries doit plus ou moins se poursuivre à en juger par les déblais évacués sous la forme de minuscules copeaux.

Les "sino" tirent leur nourriture des produits issus de la dégradation du bois, mais le "sucré", exsudats par exemple, reste attractif. Censée "les booster " la confiture habituellement très appréciée a été totalement dédaignée, et les fragments de pomme "invendable" ont fait illusion le temps d'un repas.
 
 Sinodendron cylindricum,  prémices à l'envol.  Sinodendron cylindricum,  envol,  photo 1  Sinodendron cylindricum,  envol,  photo 2  Sinodendron cylindricum,  envol,  photo 3  Sinodendron cylindricum,  envol,  photo 4  Sinodendron cylindricum,  rangement des ailes.
Contrairement à certaines assertions les "sino" volent, et même très bien, le vitrage de mon séjour pouvant en témoigner. Ce genre de cliché, habituellement difficile à réaliser, est ici particulièrement aisé. L'envol se fait en effet en 2 temps, les ailes restant déployées l'espace d'une seconde, à minima, avant l'essor proprement dit. ci-dessus: 1)- prémices de l'envol; 2 à 5)- c'est parti !; 6)- atterrissage avec rentrée des ailes; ci-dessous à gauche : autres envols ! à droite : exemple de travaux nocturnes ... et une petite gâterie brièvement appréciée !
 Sinodendron cylindricum,  envol,  photo 5  Sinodendron cylindricum,  envol,  photo 6.................  Sinodendron cylindricum, déblais,  photo 1  Sinodendron cylindricum, déblais,  photo 2  Sinodendron cylindricum,  trio à table !
 

Le dimorphisme sexuel !

Il ne souffre pas d'ambiguïté tant la corne céphalique des mâles est développée, là où celle des femelles peine à décoller. A titre comparatif ces mêmes embryons de cornes s'observent chez le "Rhinocéros" (Oryctes nasicornis), et les Copris (lunaris et hispanus), mais chez ces derniers l'extrémité de ce semblant de corne présente curieusement l'apparence d'une cassure … qu'elle n'est pas !

 Sinodendron cylindricum,  avant corps mâle  Sinodendron cylindricum,  avant corps mâle............... Couple de "Rhinocéros" (Oryctes nasicornis) ...............Copris lunaris mâle Copris lunaris femelle
à gauche : couple de sinodendron; au centre : couple de "Rhinocéros (Oryctes nasicornis); à droite : couple de Copris lunaire (Copris lunaris)
(mâles à gauche !)

 La corne !

Vous noterez l'adaptation du mâle au creusement des bois dégradés, mais aussi son aptitude à regrouper et amalgamer les fragments boiseux en résultant. Du fait de sa position céphalique la mobilité de la corne est évidemment aisée, et sa pointe semble se comporter telle une gouge de menuisier, dont elle rappelle la forme. D'autre part l'arrière de la corne des "sino" est nettement aplani, et de part et d'autre rebordé par un alignement légèrement surélevé et grossièrement dentelé. En outre, la moitié antérieure de cette même corne est flanquée de 2 étroites gouttières garnies d'une pilosité roussâtre, peu dense et relativement longue, pouvant se qualifier de "brosses", mais on ne peut exclure de possibles éléments sensoriels. A cela s'ajoutent la concavité thoracique (mode bulldozer !), et les 3 excroissances de son pourtour (2 latérales, 1 sommitale) lesquelles doivent pouvoir assurer l'ancrage et la stabilité de notre "sino" lorsque que la corne entre en action. Semblant peu adaptée à ces "grandes manœuvres", la femelle pourrait se contenter d'emprunter les voies déjà tracées, afin d'y assurer son quotidien, tout en oeuvrant pour la pérennité de son espèce ! En fait elle peut bel et bien creuser, aussi lentement que sûrement ... mais elle creuse, ! (photos et vidéo faisant foi !).

 Sinodendron cylindricum,  avant corps mâle.  Sinodendron cylindricum, corne, détails.  Sinodendron cylindricum, déblais, compactés.  Sinodendron cylindricum, déblais,  photo 1  Sinodendron cylindricum , déblais de ponte.
ci-dessus : on ne peut voir la corne à l'oeuvre, mais sa conformation, et notamment l'effet "gouge" précité, est sans doute à l'origine des copeaux qui présentent une certaine similitude d'aspect (comme à droite), là ou d'autres sont triturés et compactés, comme le montre l'illustration centrale; ci-dessous : moins bien "armée" la femelle est néanmoins capable de "faire son trou" mais c'est évidemment laborieux puisqu'un peu plus de 2 h séparent ces 2 photos.
 Lucane ceornu (Sinodendron cylindricum) femelle à creuser (début)  Lucane ceornu (Sinodendron cylindricum) femelle à creuser (fin)

 L'accouplement !

Au gré des besoins ou des humeurs les cornes animalières sont utilisées tels des outils ou permettent de vider des querelles, le plus souvent amoureuses et saisonnières. Au pays des bestioles la concurrence est sévère, d'autant que le sexe mâle peut être pléthorique. En pareil cas les "soupirants" n'ont d'autre choix que celui de "participer", car le premier arrivé est généralement le premier servi, et bien souvent le seul à l'être ! Le "combat" des mâles sous les yeux d'une aguichante lucane fait partie des classiques en raison de son caractère souvent spectaculaire, comme cette vidéo et les extraits ci-dessous le montrent. Certes, les "carrosseries" peuvent parfois en pâtir, mais c'est généralement sans gravité. 
 
Trio de Lucanes (Lucanus cervus) Lucanes, scène de combat photo 1 Lucanes, scène de combat photo 2
Extraits de la vidéo ci-dessus mentionnée

Vous l'aurez compris nos petits "sino" ne sont pas en reste, du moins le dit-on, car en dépit d'observations prolongées, et quotidiennes, je n'ai rien observé de comparable sur les 2 lots comportant chacun 3 couples. Je dirais même avoir constaté un intérêt très relatif pour les femelles, (hormis de rares et courtes velléités de poursuite), et n'avoir pu observer le moindre accouplement, du moins dans des conditions normales. Comme le fameux "Pique prune" (Osmoderma eremita) tout se passe, semble-t-il, "à l'abri des regards". Le creusement des galeries permet en effet d'aménager des évidements suffisamment spacieux pour servir tout à la fois d'arène et de "copularium", où les pudiques bestioles ont tout loisir pour s'exprimer. J'ajouterais que les bestioles en question ont été prélevées peu avant leur émergence (re-merci Stéphane ! ) d'où la certitude que "tout" s'est passé entre mes "4 murs".

 Sinodendron cylindricum ,  "espace de vie" photo 1  Sinodendron cylindricum ,  "espace de vie" photo 2  Sinodendron cylindricum ,  "espace de vie" photo 3 .............. Sinodendron cylindricum ,  "espace de vie" photo 4.
Rien ne se passant à l'air libre ....
à gauche : au fil des "travaux" des évidements pouvant se qualifier de "polyvalents" se créent;
à droite : ... ou sont déjà créés comme cette logette nymphale parfaitement ovalaire..  
 
Pour bien comprendre la suite il me faut un peu ..."rembobiner" !

Suite à la destruction de la plus petite des "bûches ( récolte des oeufs), tous les "sino", soit 6 mâles et 7 femelles, ont été regroupés dans la seconde "bûche". Alors qu'au fil des jours mon petit cheptel semblait se comporter normalement, j'ai été confronté à un bien curieux constat. En l'espace de 2 ou 3 jours toutes les bestioles se sont en effet claquemurées, hormis une femelle errante arpentant la bûche en tous sens, jour après jour. Cette anormalité me semblant prometteuse, ma curiosité et mon impatience ont fini par prendre le dessus. Au bout d'une dizaine de jours, j'ai donc fendu la "bûche" en deux, partition permettant de préserver l'intégrité de l'une des parties ... et de complètement décortiquer l'autre !

J'attendais le mieux, et j'ai eu le pire. Toutes les bestioles étaient en effet çà et là dans leurs galeries et c'est tout juste si j'ai eu droit à quelques mouvements de pattes. Après extraction, et dépôt à la surface d'une nouvelle "bûche", cette quasi léthargie s'est confirmée, avec in fine la découverte de quelques oeufs. Pas cher payé me direz-vous ... sauf que !

Totalement "dépaysées" (on le serait à moins !), les bestioles se sont finalement dégourdies les pattes en arpentant lentement leur nouveau domaine, et la nuit venue la "bûche" était pratiquement désertée. Lors d'une visite nocturne (être insomniaque peut avoir du bon !) je suis tombé une première fois sur une femelle en train de creuser son trou, et la seconde fois (à 2h30 du matin !) sur l'accouplement tant espéré. Bien qu'il se soit passé à la surface du bois, cet accouplement nocturne s'est bien déroulé "à l'abri des regards", confirmant en cela mes présomptions.

L'accouplement s'est prolongé durant plusieurs heures, et les protagonistes ont été trouvés "tête-bêche" (disposition fréquente chez les insectes), là où les lucanes cerfs-volants se "chevauchent". Toute règle ayant ses exceptions le "grand chambardement" a donné lieu, dès le lendemain, à un nouvel accouplement, mais cette fois de jour ...et par chevauchement ! De quoi y perdre son latin, sauf à croire que les sino s'adonnent au kamasutra sans le savoir ... comme Monsieur Jourdain faisait de la prose !

 
Lucane cornu (Sinodendron cylindricum) accouplement, photo 1. Lucane cornu (Sinodendron cylindricum) accouplement, photo 12 .................Accouplement de "gendatrme" (Pyrrhocoris apterus) Accouplement de lucanes (Lucanus cervus)
ci-dessus à gauche : accouplement "tête-bêche"", et par chevauchement; à droite : "gendarme" (Pyrrhocoris apterus) en tête-bêche, et Cerf-volant (Lucanus cervus) en chevauchement; ci-dessous à gauche : ce mâle a passé une bonne partie de l'après-midi à convaincre une femelle peu disposée à sortir de sa galerie ... et la persévérance a fini, par payer; au centre et à droite : manifestement demandeur, ce mâle était fin prêt ... et il le montre !
Lucanr cornu (Sinodendron cylindricum), mâle entré dans sa galerie. Lucanr cornu (Sinodendron cylindricum),  pénis, photo 1. Lucanr cornu (Sinodendron cylindricum),  pénis, photo 12.
 

La ponte !

Chez les insectes les femelles peuvent parfois prendre soin de leur progéniture, à l'image du fameux perce-oreille … qui d'ailleurs n'a jamais rien percé ! A contrario les mâles se bornent le plus souvent à "l'essentiel", mais là encore les "sino" témoignent d'une belle originalité. De fait, et aussi étonnant que cela puisse paraître, le mâle "monte la garde" à l'entrée de la galerie où la femelle est à l'œuvre. Les oeufs sont le plus souvent émis dans un "cul de sac" de galerie, mais de courtes dérivations sans issues sont toutefois possibles. Dans tous les cas (comme les illustrations le montrent !), les œufs sont déposés au sein de fins copeaux peu densément amalgamés, là où la très parcellaire littérature fait état de "cupules en spirales" (sic) disposées le long de la galerie de ponte.

 Sinodendron cylindricum ,  oeuf, photo1  Sinodendron cylindricum ,  oeuf, photo2  Sinodendron cylindricum ,  oeuf, photo3  Sinodendron cylindricum ,  3 oeufs
ci-dessus : les oeufs ont toujours été trouvés au sein d'un moelleux et très aéré  matelas de fins copeaux. Ils y sont souvent seuls, mais si l'espace est suffisant on peut observer des regroupements de quelques unités comme à droite (un 4e oeuf, involontairement lésé, a dû être retiré). ci-dessous : vous noterez la taille conséquente des oeufs en regard de celle des femelles, ce qui laisse présumer une ponte numériquement limitée, de l'ordre de 20 à 30 unités; à droite : copeaux issus du "matelas" où sont insérés les oeufs. Vous noterez leur quasi régularité de taille et de forme.
 Sinodendron cylindricum , oeuf sur allumette  Sinodendron cylindricum , oeuf sur règle graduée  Sinodendron cylindricum, déblais,  photo 2.
 
 
 Sinodendron cylindricum ,  mâle sentinelle, photo 1  Sinodendron cylindricum ,  mâle sentinelle, photo 2  Sinodendron cylindricum ,  mâle sentinelle, photo 3................ Sinodendron cylindricum ,  mâle sentinelle, photo 4 Sinodendron cylindricum ,  mâle sentinelle, photo 5
à gauche : quand le mâle se positionne à l'entrée de la galerie, afin de parer à toute intrusion intempestive lors de la ponte.
à droite : la femelle peut aussi "mettre le nez à la fenêtre" !

La ponte des "sino" pourrait être banale, comme elle l'est fréquemment chez de nombreux insectes, mais la femelle a aussi un "p'tit truc en plus" qu'elle partage avec d'autres "mangeurs de bois". A titre d'exemple, les termites étant incapables de "digérer" le bois (un comble me direz-vous !), ils doivent avoir recours à des "flagellés" intestinaux qui vont transformer la cellulose en sucre, cette fois assimilable. Ces flagellés n'étant pas compris dans le "paquetage" ils seront transmis et échangés entre individus de la naissance à la mort via une sorte de bouche à bouche savamment appelé "trophallaxie".

Chez notre "sino" le bois ingéré par les larves étant fortement dégradé (d'où la notion d'insecte saproxylophages) le processus diffère, mais la finalité reste la même. De fait, chaque œuf pondu se verra flanqué de levures qui rendront le bois en quelque sorte "comestible", tout en permettant à la larvule naissante de "s'ensemencer". Vous noterez que ce processus est commun à de nombreux insectes xylophages, et que ces levures sont stockées et dispensées via un organe idoine appelé "mycangium".

 La larve !

Comme chez les autres Lucanidés, mais aussi pour l'ensemble des Scarabéides, les larves sont dites de type mélolonthoïde, celle du hanneton commun (Melolontha melolontha) faisant en l'occurrence référence. Comme toujours les larves "mangent leur chemin" et le cycle qui comporte 3 stades larvaires s'étale sur 2 à 3 ans. Au terme de son développement, et une fois l'été venu, la larve se nymphose au sein d'une logette aménagée à cet effet. Au cours de l'automne l'insecte adulte (on dit "parfait" !) va "éclore" et poursuivre sa maturation au sein de sa logette où il va passer l'hiver pour finalement "faire surface" en mai-juin.
 
 Sinodendron cylindricum ,  larves photo 1 Sinodendron cylindricum ,  larves photo 2 Sinodendron cylindricum , in situ  photo 1 Sinodendron cylindricum , in situ  photo 2
 
Elles étaient attendues ... les voila !
Larves néonates tous azimuts !
Vous noterez la grosseur importante de la tête, en regard de celle du corps,
mais aussi la puissance des toutes jeunes mandibules.
 
That is the question !

La curiosité est, dit-on, un vilain défaut, mais en entomo ce serait plutôt une qualité. De fait, en visionnant les séquences d'envols j'ai remarqué qu'à l'instant du décollage les "sino" relèvent les pattes intermédiaires, lesquelles viennent au contact des ailes membraneuses. Rien n'étant gratuit dans la nature je m'interroge sur la raison d'être de ce curieux comportement. C'est à la fois très fugace et très net, les 4 ralentis (à 5 images seconde) de cette courte vidéo permettent d'illustrer et accréditer cette observation. Si des spécialistes "es sinodendron" sont au fait de la chose, je leur serai reconnaissant de bien vouloir éclairer ma lanterne.

  
En guise de conclusion !

Les années passent (la 87e est en vue), et à chaque nouvelle "page entomo" je me dis "cette fois c'est la dernière", mais en fait la suivante n'est jamais très loin ... passion oblige ! De fait, tant que la tête et les jambes iront bien, et que l'envie sera là, je ne pourrais m'empêcher de passer des heures le nez sur une bestiole. Au risque de manquer de modestie je pense que la plus banale d'entre elles a toujours quelque chose à dire sous l'objectif de mon APN ... et sous l'encre de ma plume ! Qu'on le veuille ou non l'horloge tourne, et un jour viendra où le mot "FIN" s'écrira, et où ces "pages entomo" disparaîtront à jamais, mais je compte sur la mémoire "éléphantesque" de Google pour y suppléer au travers de mes vidéos Youtub, et d'illustrations porteuses d'un certain petit logo vert ... qui en a enquiquiné plus d'un !

... avec une petite vidéo récapitulative !
 
FIN
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr