L'accouplement ne traînant pas, ces sortes de "mêlées copulatoires" sont toujours très brèves puisqu'en l'espace d'une vingtaine de secondes ... c'est chose faite ! L'important étant dit-on de participer, ces mêlées se concluent rituellement par le "retour à la case départ" des mâles malchanceux, là où le couple en plein coït prend son essor nuptial, la femelle entraînant l'élu à sa suite. Au terme de cette peu banale "mêlée" la femelle se retrouve assez fréquemment un tantinet "groggy", mais comme vous pourrez le voir sur la vidéo ci-dessous... on le serait à moins !
Les femelles étant très loin d'abonder ( du moins en regard des "prétendants" ! ), l'excitation des mâles est évidemment à son comble, et il n'est pas rare d'en voir "se sauter dessus". Le fait d'avoir participé à une "mêlée", et donc d'être entré en contact avec une femelle, est sans doute de nature à favoriser ces velléités, au demeurant toujours brèves.
Le "nid" de ces abeilles est constitué d'une galerie principale, sensiblement verticale, atteignant une profondeur de 30 à 40 cm, si ce n'est plus quand le terrain s'y prête. Au long de cet axe principal plusieurs galeries latérales secondaires aboutissent chacune à une cellule dont le fond est garni d'un "miel" très fluide exclusivement élaboré à partir de pollen du lierre commun (Hedera helix). L'unicité du pollen collecté fait que l'abeille du lierre est dite "monolectique" , là où l'abeille domestique est au contraire qualifiée de "polylectique", en raison de la diversité de ses quêtes nectarifères.
Produite par la glande de Dufour, vous noterez qu'une véritable cellophane tapisse et obture les cellules. Transparente et d'une grande finesse cette pellicule assure une protection très efficace à l'instar de notre bien connue cellophane inventée en 1908 par le chimiste suisse Jacques Edwin Brandenberger !
Le leurre sexuel est si efficace, et les triongulins si nombreux ( les qualifier d'innombrables relèverait de l'euphémisme ! ), que l'existence même des abeilles du lierre semble tenir du miracle. Désireux d'en avoir le cur net je suis allé "piocher" (au sens propre ! ) dans la zone du site la plus fréquentée par lesdites abeilles, et la mieux "dotée" en triongulins. Vous l'aurez compris il s'agit de la zone du "bouleau racho aux 25 pontes" figurant au début de la page précédente.
Ce premier "sondage" a eu lieu à le 10 Avril, et pour éviter de fausser la donne les fouilles ont été réparties sur 5 "bourgades" différentes. En raison de la fragilité des cellules, et d'un sol rendu compact par les ans et l'abondance des pluies, la "casse" était aussi inévitable qu'importante. Sur les 60 cellules ainsi trouvées, 42 ont plus ou moins "souffert", et sur ces dernières 12 se sont avérées parasitées. Il s'ensuit un taux de 28,6 %, certes élevé, mais néanmoins très en deçà de ce qu'il pourrait être, d'où une probable capacité des abeilles femelles à éliminer une partie des parasites ( les moins "futés" ? ou rapides ? ) lors de la nidification.