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- Intro !
-
- Fort d'une longue expérience
acquise sur le terrain, et au sein d'un laboratoire
spécialisé de l'Université de Nantes, il me
paraît utile de proposer quelques conseils pratiques
destinés aux particuliers qui résident en zone
termitée, ou en "zone susceptible de l'être", selon
l'officielle formulation administrative ! Ces insectes ne cessent
en effet de gagner du terrain, et partant d'étendre leurs
ravages. La cartographie n'étant pas toujours en phase avec
les réalités du terrain, il est important de bien
connaître les moeurs de ces insectes, afin de les mieux
repérer et combattre.
-
- Si elle ne peut tout résoudre la
prévention permet cependant de limiter les
dégâts, tant au niveau financier que patrimonial, et
c'est loin d'être négligeable car les subventions
accordées restent limitées en regard du coût
des traitements curatifs. Par ailleurs les biens endommagés
ne sont pas toujours réparables, ou remplaçables, et
c'est encore plus vrai quand le côté affectif est
touché.
-
- La biologie des termites
... aperçu !
-
- Les Termites sont des insectes primitifs
de couleur blanchâtre, et de petite taille (5 à 8 mm
de longueur pour une largeur de l'ordre du mm), d'où leur
surnom de "fourmis blanches". Ils sont qualifiés d'
insectes "sociaux", car ils vivent en colonies organisées,
tout comme les abeilles, les guêpes, ou les fourmis. Leurs
colonies sont souvent très importantes et chaque individu y
joue un rôle bien précis en fonction de la "caste",
et donc du groupe social dont il dépend.
-
- De par le monde on connaît
près de 2000 espèces de termites, mais la grande
majorité d'entre-elles vit dans les régions
tropicales et équatoriales où les
dégâts causés sont considérables. En
France, 6 espèces (très ressemblantes) sont connues
pour être dommageables à l'habitat. Une
septième (méditerranéenne), n'est pas
considérée comme véritablement nuisible, car
elle se cantonne aux milieux naturels, où elle vit dans le
bois sec, et de plus ses colonies comportent relativement peu
d'individus.
-
- Les termites ne s'installent, et ne
prolifèrent, que là où l'eau leur est
accessible. A cet égard la présence de nappes
phréatiques superficielles (les puits en sont un bon
indicateur), constitue un facteur éminemment favorable,
tout comme la proximité de marais, de cours d'eau, de plans
d'eau, de sources, et en règle générale de
tout facteur générateur d'
humidité.
-
-
-
- Ils vivent cachés ...
mais pas solitaires !
... à
voir en vidéo !
- En raison de leur petitesse, de leur
nombre, de leurs moeurs coloniales, et bien sûr de leur
couleur, les termites sont souvent appelés "fourmis
blanches". Bien entendu il s'agit là de simples
convergences, et d'une "appellation non contrôlée" (
si je puis dire ! ), car au niveau de l' Evolution ces
espèces sont en effet très éloignées
l'une de l'autre. Au passage vous noterez que les insectes se
développant sans métamorphoses complètes
(larves ressemblant aux adultes) sont considérés
comme primitifs, et c'est par exemple le cas des blattes,
sauterelles ... et termites ! A contrario, ceux avec
métamorphoses complètes (larves différentes
des adultes) sont dits "évolués", tels les
papillons, coléoptères ... et fourmis !
... CQFD !
-
- Dans la région nantaise, et les
départements limitrophes, c'est principalement le
Reticulitermes santonensis
(*) dit Termite dit de Saintonge
qui est en cause, mais les autres espèces ont des moeurs
comparables. Les termites vivent dans le sol et se nourrissent du
bois (et de ses dérivés), qu'ils trouvent dans la
nature ou dans nos habitations. Les termites étant des
"locataires" extrêmement discrets, leur présence est
souvent décelée tardivement d'où la
découverte de dommages parfois irréversibles. En
effet la surface des matériaux attaqués reste
toujours intacte (mais souvent réduite à
l'état de mince pellicule), même si la partie interne
est complètement détruite.
........(*)
des travaux récents ont conduits à l'invalidation de
cette appellation au profit de Reticulitermes flavipes ( =
"Termite à pattes jaunes" ).
-
- Sachez également qu'en
dépit de leur petitesse, et de leur apparente
fragilité, les termites sont dotés de mandibules
très puissantes aptes à attaquer les bois les plus
durs ou des matériaux tel le PVC. A titre d'exemple les
câbles électriques souterrains peuvent être
attaqués, ce qui peut provoquer des infiltrations d'eau, et
donc des courts-circuits parfois importants. Outre la
vétusté, et en général tout manque
d'entretien de l'habitat et de ses abords, 3 facteurs favorisent
la présence et le développement des termites. Ce
sont l'obscurité (car ils sont lucifuges et fuient donc la
lumière), l'humidité (puisqu'elle conditionne leur
survie), et enfin une température élevée
d'où leur recrudescence dans nos habitations depuis
l'avènement du chauffage central et la
généralisation des matériaux isolants
(polystyrène et assimilés notamment).
-
-
..............
- à gauche: comparée
à celle de la tête, la taille des mandibules en dit
long sur leur puissance. Vous noterez également leur
bordure dentelée , laquelle ajoute à l'efficience de
ces "mâchoires"; à droite: communément
appelé "gésier", le proventricule des termites
(taille réelle 4/10 mm) est un organe
particulièrement complexe. Assimilable à un
minuscule broyeur, il prolonge l'oesophage et
précède la panse (photos prises au microscope
électronique à balayage); photo 1: vue
interne du dispositif de broyage; photo 2: détail
des "pilons" qui broient les particules de bois
ingérées.
-
- Les castes !
Au sein de leurs colonies, pouvant se
qualifier de "sociétés", les termites sont
organisés en "castes" hiérarchisées.
Assimilables à des "groupes sociaux" elles comprennent les
"ouvriers" (les plus nombreux); les "nymphes" (futurs
reproducteurs); les "soldats" (pour la défense de la
colonie); et enfin le "couple royal" (chargé de la
reproduction). Sous certaines conditions on peut également
trouver des individus dits "néoténiques", parfois
relativement nombreux, et pour le moins très particuliers.
Tout en conservant des caractères en quelque sorte
larvaires ils sont en effet aptes à se reproduire .... et
ne s'en privent pas !
-
- Illustration de la notion
de "caste"
- S = les soldats :
reconnaissables à leur grosse tête et leurs grandes
mandibules ;
- N = les "nymphes"
: futurs reproducteurs reconnaissables à leur grande
taille et à leurs ébauches
alaires;
- O = les ouvriers :
les plus petits et les plus nombreux (tous ne sont pas
marqués).
-
-
Les ouvriers
!
-
- Ce sont les plus nombreux, et ce
sont eux qui font tout le boulot ... comme chez les humains
!
-
- Les soldats
!
-
- Aisément reconnaissables
à leur grosse tête, et à leurs puissantes
mandibules.
- Ils représentent environ
5% des effectifs, et ils sont bien
sûr chargés de défendre la colonie, par
exemple contre l'attaque de fourmis.
- Leurs grandes mandibules les
rendant incapables de se nourrir eux-mêmes, ils le sont au
"bouche à bouche" par les ouvriers.
-
- Les "nymphes"
!
- ( à l'avant
dernier stade larvaire )
-
- Ce sont les futurs reproducteurs, et
comme chez tous les insectes dits
"hétérométaboles" la croissance se fait
progressivement, par mues successives, et ce jusqu'au stade
adulte. Outre la taille, cette
croissance se traduit par l'allongement non moins progressif des
ébauches alaires (ci-dessus à droite,
flèches), encore appelées "fourreaux alaires" et
plus savamment "ptérothèques".
-
-
- Les "nymphes"
!
- (au
dernier stade larvaire )
-
.
- Devenus très visibles,
les futures ailes ont atteint leur maximum de
développement,
- et la prochaine mue de la
bestiole donnera un termite adulte, et donc apte à se
reproduire.
-
- Les
néoténiques !
-
- Avant de parvenir à leur terme
certaines nymphes "bifurquent", physiologiquement parlant, et vont
donner des individus dits "néoténiques", aptes
à se reproduire. Vous remarquerez qu'ils conservent un
aspect larvaire, tout en ayant tendance à "charbonner", ce
qui permet d'aisément les différencier. Vous noterez
que la néoténie se manifeste là où les
conditions climatiques ne permettent pas la "voie royale" de la
reproduction par essaimage. Vous noterez également la
taille relativement importante des ébauches alaires, ce qui
témoigne de la différenciation tardive des
néoténiques.
-
-
- Les adultes ...
avant essaimage !
Le moment venu,
généralement en Avril / Mai , les termites adultes
"essaiment", comme le font les "fourmis volantes". Qualifié
de nuptial, ce vol a lieu par beau temps, et il est le plus
souvent très bref et de faible ampleur. En dépit de
leurs 4 ailes les termites sont en effet peu doués pour les
grandes envolées, même si le vent est censé
favoriser leur essor.
-
-
- Exemples de termites
ailés !
- ci-dessus à droite: ce
termite "en robe de mariée" vient juste de passer à
l'état adulte, d'où l'absence de pigmentation
(hormis les yeux) et l'extrême fragilité des
téguments. En l'espace de quelques heures il deviendra
conforme à ses voisins ... numériques !
ci-dessous à droite: ailés "in situ", et
nouvelle illustration des castes tenant compte de
l'évolution de la termitière, et donc de
présence des reproducteurs (ailés et
néoténiques)
...
et avec une vidéo en prime !
-
..................
-
-
- Les adultes ...
après essaimage !
Sitôt "redescendues sur terre", les
bestioles "abandonnent" leurs ailes devenues inutiles. Il suffit
souvent d'une simple "reculade" contre un quelconque obstacle pour
que les ailes se rompent et tombent d'elles mêmes, et cela
grâce à une zone littéralement
prédécoupée située à la base de
chaque aile. Une fois désailées les bestioles se
mettent en quête d'un partenaire, et phéromones
sexuelles aidant, les couples ont tôt faits de se former,
prélude à la fondation de nouvelles
colonies.
-
-
- Exemples de
"désailés", potentiellement rois et reines, mais au
final il y a peu d'élus ... et mieux vaut !
- à droite: comme le
montrent les moignons alaires résiduels (flèches) la
rupture est particulièrement nette, et perpendiculaire au
corps.
-
- les zones de ruptures ....
........
.... avant ruptures !
-
-
- Couple royal
!
-
- Couple royal du Termite lucifuge
(Reticulitermes lucifugus); trouvé "in natura" et
photographié par Florent Vieau.
- Vous noterez l'abdomen très
distendu de la femelle (= "physogastrie" ! ) témoignage
patent des milliers d'oeufs pondus annuellement. Vous noterez
également que ces reproducteurs "royaux" n'ont jamais
été trouvés chez le Termite de saintonge
(Reticulitermes santonensis), lequel pourrait se qualifier de
"termite des villes" par opposition au "termite des champs" qu'est
lucifugus. A titre comparatif, certaines reines d'espèces
africaines (dont le volume abdominal peut atteindre la taille d'un
doigt) pondent jusqu'à 13 millions d'oeufs annuellement,
à raison d'un oeuf toute les 2 secondes .... et leur
longévité atteint 10 ans !
-
- Termites ...
débutants !
-
.......
- à gauche: exemples
de très jeunes termites, là encore nourris par les
ouvriers.
- Selon ce qu'en décidera
Dame Nature, ces larves deviendont ouvriers, soldats, ou
reproducteurs.
- à droite: les
oeufs viendront en leur temps ! ... merci d'un peu patienter
!
-
- Reproduction ... et
dissémination !
-
- Par essaimage !
Les termites sont en pleine expansion -16
départements étaient touchés en 1953, 56 le
sont actuellement - et de nouveaux foyers se découvrent de
jour en jour. Quand l'exposition de la colonie est favorable, et
que les conditions climatiques le sont également
(ensoleillement, températures élevées), la
propagation naturelle se fait par "essaimage", selon les
modalités précédemment
décrites.
En dépit de l'envol d'un grand
nombre d'individus cette forme de propagation est relativement peu
efficace (d'autant qu'elle n'est pas toujours possible), car ces
insectes volent mal et les prédateurs, tels que les
oiseaux, sont très friands de ces proies faciles,
d'où une régulation naturelle au demeurant
très appréciable. A noter qu'en zone urbaine
l'essaimage se produit fréquemment à
l'intérieur même des maisons, et plus tôt en
saison, car la température y est censément plus
élevée qu'en extérieur. Sauf à
être initié le propriétaire y voit souvent
l'intrusion de simples fourmis (ci-dessous à droite),
problème vite réglé (du moins le
croît-il !) en 2 ou 3 coups de bombe
insecticide.
-
- Termites !
....
..................
et fourmis !
- Mieux vaut prendre des fourmis
pour des termites ... que des termites pour des fourmis !
- Comme l'illustration centrale le
montre, les risques de confusion sont évidents, et plus
encore pour le non initié,
- mais fort heureusement il y a un
"truc" infaillible ... à découvrir page suivante
!
-
Par bouturage
!
La propagation par "bouturage" est
beaucoup plus insidieuse, importante, et finalement efficace. Elle
se fait un peu à la manière d'une tache d'huile,
gagnant du terrain de place en place, d'arbre en arbre, de maison
en maison, et les colonies ainsi créées finissent
par former de véritables réseaux couvrant des zones
importantes. Cette forme de propagation s'observe quand la voie
royale, c'est-à-dire à l'essaimage, devient
impossible ou simplement aléatoire. Elle est grandement
facilitée par la présence d'une catégorie
d'individus très particuliers, les
"néoténiques" précités, qui
acquièrent la faculté de se reproduire, sans devenir
de vrais adultes, au sens morphologique du terme. Leur nombre,
parfois relativement élevé, génère des
foyers de disséminations très importants, et des
colonies se chiffrant par des dizaines et souvent même des
centaines de milliers d'individus.
Par l'homme !
Un autre mode de dissémination,
particulièrement dommageable, est lié aux
échanges commerciaux et aux activités humaines. Le
transport inconsidéré de matériaux
contaminés, et notamment celui de produits de
démolition ( bois, terre, gravas, ), est le plus souvent
à l'origine de nouveaux foyers, parfois très
éloignés de la zone initialement infestée.
Savoir et faire savoir
!
Les termites ne sont pas une sorte de
"maladie honteuse", mais un phénomène avant tout
naturel qui touche l'ensemble des couches sociales là
où il sévit. La prise de conscience doit donc
être individuelle mais également collective. En
l'occurrence il ne sert à rien de se "voiler la face",
à quelque niveau que ce soit. Minimiser , ou pis encore ,
se taire et ne rien faire, revient à favoriser la
propagation de ce véritable fléau.
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-
- les pages entomologiques d'
andré lequet
:
http://www.insectes-net.fr
-