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les VRILLETTES !
(Coléoptères Anobiidae)
 
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Le développement !

Les oeufs (50 en moyenne pour la grosse, 20 à 30 pour la petite) sont pondus par lots de 2 ou 3 unités dans les fissures et anfractuosités du bois. Comme souvent la durée du développement larvaire est fonction de la température et des qualités nutritives du bois attaqué. Elle se situe généralement entre 3 et 5 ans pour la grosse, et 2 à 4 pour la petite, mais elle peut demander plus quand les conditions sont particulièrement défavorables.

 
larves des petites et grosses vrillettes 
à gauche: larves de petites vrillettes; au centre et à droite: larves de grosses vrillettes
 
Nota: sur le cliché de droite figure un morceau de loge nymphale. Contrairement à la vrillette des bibliothèques, cette loge est très peu épaisse, très fragile, et elle est constituée de sciure très fine, sans agglomération d'excréments.
 
Dans les habitations les adultes de la grosse vrillette apparaissent en avril-mai, et ceux de la petite sont à la fois plus tardifs et plus échelonnés (Mai à Septembre). Les vrillettes adultes ne s'alimentent pas, et leur durée de vie n'excède guère quelques semaines, laps de temps évidemment dévolu à perpétuer l'espèce.
 
Les prémices de la pariade se traduisent de bien curieuse façon, du moins chez la grosse vrillette. De fait les bestioles signalent leur présence à l'âme soeur en donnant des coups de tête dans la paroi des galeries, sous la forme de courtes "rafales" répétitives. Le plus étonnant c'est que ces infimes percussions nocturnes sont nettement audibles ( monter le son ! ) et qu'en se faisant échos elles semblent émaner de partout et de nulle part. La croyance populaire a fait le reste, d'où le peu rassurant nom d' "horloge de la mort" donné à ces "tambourinades" réputées bien à tort de mauvais augure.
 
Détection / identification !
 
La sortie à l'air libre des adultes, parfois qualifiée d'essaimage, génère des trous typiquement circulaires, plus ou moins localisés et nombreux. Ceux de la grosse vrillette sont de l'ordre de 3 à 4 mm de diamètre, et ceux de la petite n'excèdent pas 1 à 2 mm (ci-contre). De même toute présence d'une fine "sciure" (par exemple à l'intérieur d'un meuble, ou à son aplomb) doit inciter à y regarder de plus près afin de localiser l'attaque, et le cas échéant d'intervenir.
 
D'autre part les insectes adultes étant aptes au vol, et attirés par la lumière du jour, il s'en trouve toujours à "faire les cent pattes" sur le rebord des fenêtres et vitrages, ou à déambuler sur les voilages. Le tout est évidemment de déterminer leur provenance, et donc de se mettre en quête des fameux "trous de sorties". A noter que le repérage de la petite vrillette adulte demande quelque attention, en raison de sa petitesse. A noter également que les Anthrènes (cf. page entomo) sont pareillement attirées par la lumière du jour, et que sous des allures de minuscules coccinelles (2 mm!) la bestiole cache de réelles possibilités de nuisances (assez comparables à celles des mites), d'où l'intérêt là encore de sa détection.
 
 Grosse vrillette (Xestobium rufovillosum), trous de sorties. Grosse vrillette (Xestobium rufovillosum), aperçu des dgâts. ................
Petite ou grosse vrillette ?
à gauche: trous de sorties de la grosse vrillette (vue externe), et aperçu des dégâts côté interne! à droite : trous de sorties de la petite vrillette. Dans ces 2 exemples les trous de sorties sont particulièrement nombreux et concentrés, mais ils peuvent l'être beaucoup moins.
 
Pour les curieux il est également possible d'affiner le diagnostic en examinant ce qu'il convenu d'appeler la " vermoulure". Une simple loupe à main peut faire l'affaire, mais mieux vaut disposer d'un classique compte-fils ou d'une loupe dite d'horloger. De fait les excréments de la grosse vrillette ont très typiquement la forme d'une minuscule lentille, tandis que ceux de la petite vrillette sont nettement plus petits, plus ou moins cylindriques et allongés, et moins régulièrement conformés. A noter que les 2 types d'excréments peuvent "cohabiter"....leurs propriétaires le pouvant également !
 
Grosse vrillette (Xestobium rufovillosum), vermoulure excrémentaire, ensemble. Grosse vrillette (Xestobium rufovillosum), vermoulure excrémentaire, détal. Grosse vrillette (Xestobium rufovillosum), vermoulure excrémentaire, détail des "lentilles" ...............petite vrillette (Anobium punctatum)  vermoulure excrémentaire, ensemble. petite vrillette (Anobium punctatum)  vermoulure excrémentaire, détail.
 
à gauche: pulvérulence excrémentaire de la grosse vrillette (Xestobium rufovillosum), avec détail de ses très typiques "crottes" lenticulaires; à droite: vermoulure excrémentaire de la petite vrillette (Anobium punctatum), vue d'ensemble et détail.
  
La vrillette des bibliothèques (Nicobium castaneum) !
 
Comme son nom le laisse supposer, cette espèce a un penchant pour les papiers et cartons, qu'il s'agisse par exemple de nos bons vieux bouquins, de livres dits "anciens", de manuscrits et parchemins. Elle affectionne également les oeuvres d'art, mais comme ses cousines elle peut aussi s'en prendre aux bois ouvrés (résineux ou non), et donc au mobilier et autres boiseries.
 
 groupe de Nicobium castaneum détail de Nicobium castaneum
adultes (ensemble et détail) de la vrillette des bibliothèques (Nicobium castaneum).
Vous noterez la forte ponctuation élytrale de cette espèce, et la présence d'une fine pilosité qui tend à retenir la vermoulure.
 
 
Le développement larvaire demande 2 à 3 ans, et les adultes (ci-dessus) apparaissent de juin à août. Cette vrillette est relativement plus courte et trapue que les précédentes, et elle est surtout très profondément, et régulièrement, striée-ponctuée. Les trous de sorties (ci-dessous) sont là aussi plus ou moins circulaires, leur diamètre étant logiquement intermédiaire entre ceux des "petites" et "grosses" vrillettes.
 
exemples de trous de sorties
 
 
les galeries sont plus ou moins circulaires, et toujours dans le sens du bois.
Les vieux "cocons" (flèche) peuvent longtemps perdurer, ce qui facilite la détermination de cette vrillette
 
Les galeries (ci-dessus) sont parallèles au sens du bois, et en fin de développement les larves se constituent une très typique et résistante logette nymphale (ci-dessous), laquelle perdure très longtemps après la sortie de l'insecte. Toujours au titre des particularités, et donc des critères d' identification, vous noterez l'absence de "farine" de bois, les excréments toujours bien différenciés ressemblant à de minuscules cacahuètes.
 
"cocons" de la petite vrillette. vermoulure excrémentaire détail de la vermoulure excrémentaire
 
de gauche à droite: 1)- loges nymphales et larve de la vrillette des bibliothèques (Nicobium castaneum); 2)- détail d'une logette, et d'une larve (vous noterez que ces loges sont constituées d'excréments agglomérés, qu'elle sont très résistantes, et qu'elles perdurent longtemps dans les galeries); 3)- vermoulure excrémentaire; 4)- détail des crottes typiquement en forme de"cacahuètes". 
  
Par-delà ces espèces, et cet ensemble de considérations, il est possible que le Lyctus brunneus se soit invité à votre insu, et à vos dépens, auquel cas la sciure est d'une extrême finesse, comme la "fleur de farine", et donc quasi impalpable. L'insecte est là aussi très petit, en moyenne 5 mm, mais contrairement aux vrillettes il est très allongé (environ 4 fois plus long que large). Les trous de sorties sont identiques à ceux de la petite vrillette, et les larves sont également très comparables, à l'instar des dégâts. Par contre cet insecte ne s'attaque pas aux résineux, et semble plus exigeant sur la nature du bois. Reste que là où il trouve gîte et couvert à sa convenance (objets décoratifs, huisseries, meubles) il peut s'avérer fort nuisible, d'autant que le cycle est très nettement inférieur à un an, du moins en intérieur chauffé.
 
Traitements !
 
Je ne suis qu'entomologiste, et je dirais seulement que le problème doit être clairement identifié, que le traitement doit être à la mesure de l'attaque, et qu'à l'évidence on ne traite pas la précieuse commode à la manière d'une charpente, même si la bestiole en cause est identique.
 
En cas d'attaque limitée, et bien circonscrite, on peut trouver le matériel voulu dans les magasins spécialisés dans le "bricolage", et officier soi-même. J'insiste cependant sur la nécessité de scrupuleusement respecter le mode d'emploi, et les consignes de sécurité, car tous ces produits sont à l'évidence plus ou moins toxiques, et plutôt plus que moins.
 
En cas de travaux pressentis conséquents, mieux vaut s'adresser à un professionnel ayant pignon sur rue. Demandez un diagnostic, faites établir un devis détaillé, et n'oubliez pas qu'il est toujours souhaitable de faire jouer la concurrence, car c'est toujours instructif, et bien souvent rentable. 
 
Sachez enfin que l'Institut technologique du FCBA (Forêt-Cellulose-Bois-Ameublement), 10 avenue de St. Mandé, 75012 Paris, peut vous informer et vous conseiller utilement. Voir site: http://www.fcbainfo.fr/pages/page10.php
 
FIN
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr