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L'ANTHRÈNE ! (Anthrenus verbasci ... and co ! )
(Coléoptères Dermestidae)
 
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Oyez oyez ! Personnellement, et je suis loin d'être le seul ( y compris au sein des entomologistes ! ), j'ai toujours dit une anthrène, mais aussi un forficule, ou encore un tipule. Les puristes et latinistes peuvent à juste titre y trouver à redire, mais les mauvaises habitudes sont encore plus difficiles à perdre que les bonnes à prendre … surtout à mon âge :-) !

Vous l'aurez compris on devrait donc dire un anthrène, une forficule, une tipule. Très schématiquement le genre des appellations latines est en effet fonction des "déclinaisons", autrement dit des terminaisons. Celles en us (comme anthrenus), mais aussi en eus et is sont du genre masculin, et celles en ea ou a (comme forficula ou tipula) sont du genre féminin … nonobstant la notion de neutralité pour les terminaisons en um !

Intro !

Pour reprendre une "pub" en son temps bien connue ( "mini Mir" ! ), on peut dire que ce mini coléoptère fait le maximum, et ce ne sont pas les entomologistes qui diront le contraire.

De fait les larves d'anthrènes ont une fâcheuse tendance à ravager les collections d'insectes insuffisamment surveillées ou traitées. Dans les cas extrêmes il ne reste quasiment que les épingles et les étiquettes, les insectes entreposés étant plus ou moins réduits à l'état de pulvérulence excrémentaire.

Comme vous le verrez, et c'est bien là le problème, ces minuscules bestioles peuvent en fait s'en prendre à toute matière sèche d'origine animale ou végétale, et croyez-moi nos maisons en recèlent souvent beaucoup plus qu'il n'y paraît. Il s'ensuit de très réelles possibilités de nuisances ... d'autant que l'apparente insignifiance de l'insecte est fort trompeuse, et que les parades ne sont pas toujours à la mesure d'une bestiole qui a le chic pour trouver gîte et couvert là où on ne l'attend pas.

Au terme de cette page entomo vous trouverez des conseils pratiques, mais il vous faudra souvent y ajouter de l' "huile de coude". Sachez également que l'élimination totale de la bestiole est rarement acquise du premier coup. Il vous faudra donc "veiller au grain" afin de déceler une toujours possible récidive, voire une nouvelle attaque venue de l'extérieur. Puisse cette "page entomo" vous permettre de bien connaître l'ennemi, afin de le mieux combattre !

Présentation !

Les anthrènes sont de petits coléoptères (1,5 à 3,5 mm), plus ou moins cosmopolites, qui relèvent des Dermestidae, Famille représentée en France par une cinquantaine d'espèces. Beaucoup sont nuisibles, et outre les Anthrènes en question on citera les Dermestes (cf. page entomo), ou encore leurs cousins les Attagènes.

Les Anthrènes adultes sont globuleuses, et zébrées de squamules brunâtres, ocracées, ou grisâtres, d'où une allure de minuscule coccinelle, du moins pour le profane. La faune française comporte une dizaine d'espèces, les plus répandues et nuisibles étant l'anthrène des musées (Anthrenus museorum), l'anthrène dite du mobilier (A. flavipes), et l'Anthrène du bouillon blanc (A. verbasci) encore appelée Anthrène bigarrée des tapis, espèce faisant l'objet de cette "page entomo". Leur parfaite aptitude au vol facilite évidemment leur propagation, et donc leur nuisance, cette dernière étant également favorisée par la petitesse et la discrétion de ces insectes.

Dans la nature les anthrènes adultes sont floricoles, les inflorescences d'ombellifères étant par exemple très appréciées. Les larves se développent dans les vieux nids (oiseaux, petits rongeurs, hyménoptères, chenilles) mais aussi dans les restes de cadavres desséchés où tout fait ventre (plumes, poils, peaux, chaires résiduelles). En "élevage" les adultes apprécient l'eau sucrée, mais aussi le miel, et comme vous le verrez ..."Youtube" en témoigne !

 
anthrène (Anthrenus verbasci), groupe d'adultes. anthrène (Anthrenus verbasci), trio d'adultes ............. anthrène (Anthrenus verbasci), adulte en gros plan. anthrène (Anthrenus verbasci), détail des squamules ornementales.
Anthrènes adultes (Anthrenus verbasci). A voir dans la vidéo récapitulative (dernière page).
à gauche:1)- petite taille mais gros dégâts en phase larvaire ! 2)- sur des fils de soie d'un cocon de grand paon de nuit (Saturnia pyri); à droite: gros plan de la bestiole, et détail des squamules ("écailles") constituant l'ornementation (leur forme permet de différencier les 3 espèces citées). A voir dans la vidéo récapitulative (dernière page)en vidéo (
 
Que ce soit "in natura", ou à "domicile" la durée du cycle est fortement tributaire de la température, mais aussi des qualités nutritives des "denrées" à disposition. En extérieur le cycle est généralement bouclé dans l'année, mais il peut demander le double dans les régions septentrionales. En intérieur chauffé le cycle est sensiblement écourté, et 2 génération annuelles sont mêmes possibles.

Les anthrènes adultes se nourrissant (menu identique aux larves "à domicile" / nectar et pollen "in natura"), leur durée de vie est relativement importante en regard des insectes qui vivent sur leurs réserves, cas fréquent chez les papillons nocturnes. La ponte s'en trouve logiquement échelonnée, et comme vous le verrez plutôt copieuse, d'où l'importance des dégâts parfois causés.

Face à la prédation, ou à un doigt un peu trop inquisiteur ( et à l'occasion "écrabouilleur" ! ) les anthrènes adultes "font le mort" ... et ça marche ! Ce moyen défensif, connu sous le terme de "catalepsie" est très en vogue au pays des insectes. Présentement pattes et antennes se logent dans évidements "faits pour", ce qui ajoute à la rondeur de la bestiole, et lui permet d'aisément se laisser choir, voir de "rouler" sur elle-même pour mieux se soustraire à l'agression. Comme vous le verrez ultérieurement les larves disposent d' une arme défensive bien peu banale.

 
anthrène (Anthrenus verbasci), adulte sur allumette, photo 1. anthrène (Anthrenus verbasci), adulte sur allumette, photo 2. anthrène (Anthrenus verbasci), adulte sur allumette, photo 3. .... ..... ....anthrène (Anthrenus verbasci), adultes en  catalepsie, vue ventrale. anthrène (Anthrenus verbasci), adulte  en catalepsie, détails.
  à gauche: l'allumette permet d'apprécier la petitesse de la bestiole;
à droite: anthrènes en position cataleptique défensive: pattes et antennes "disparaissent", et pas un poil ne bouge, ni ne dépasse !
 
.... et à l'heure du déjeuner !
..anthrène (Anthrenus verbasci), adultes sur miel. anthrène (Anthrenus verbasci), adultes sur eau sucrée.
à gauche: une mini gouttelette de miel ... très entourée !
à droite: l'eau sucrée sur "essuie-tout" est pareillement appréciée !
A voir dans la vidéo récapitulative (dernière page).
 
Dimorphisme sexuel !

La petitesse des bestioles ne facilite pas la différenciation, d'autant que cette dernière est assez peu prononcée, voire subtile. Comme toujours l'extrémité abdominale, en vue ventrale, permet de résoudre les cas "épineux"... sous réserve de disposer des 2 sexes ! Comme les photos ci-dessous le montrent, le dernier segment abdominal (= sternite ! ) est plus franchement triangulaire chez les femelles ... mais mieux vaut avoir une bonne loupe !

 
anthrène (Anthrenus verbasci), extrémités abdominales de femelles.. anthrène (Anthrenus verbasci), extrémités abdominales de mâles.
à gauche: femelles; à droite: mâles.
Chez les femelles le dernier sternite est sensiblement triangulaire, et sa base plus étroite.
Le cas échéant une légère pression provoque la saillie de l'organe de ponte ... à ne pas confondre avec les attributs du mâle !
 
... et accouplements !
anthrène (Anthrenus verbasci),  accouplement, photo 1. anthrène (Anthrenus verbasci),  accouplement, photo 2. anthrène (Anthrenus verbasci),  accouplement, photo 3. anthrène (Anthrenus verbasci),  accouplement, photo 4. anthrène (Anthrenus verbasci),  accouplement, photo 5. anthrène (Anthrenus verbasci),  accouplement, photo 6
 Classiques, plutôt brefs, et à coup sûr répétés, car les mâles sont très ... entreprenants !
(des femelles venant de pondre peuvent par exemple se voir illico sollicitées)
A voir dans la vidéo récapitulative (dernière page).
 
Les oeufs ... et la ponte !

La ponte intervient évidemment après maturation sexuelle, et accouplement initial. Les mâles étant très "demandeurs" les choses ne traînent pas, et les "intermèdes" en cours de ponte sont d'ailleurs fréquents. Les oeufs (3/4 de mm) sont relativement gros en regard de la taille de l'insecte, mais aussi assez curieux de forme, et de plus manifestement très fragiles en raison de la minceur et de la mollesse de leur chorion. La "casse" est compensée par un nombre d'oeufs relativement élevé, de l'ordre de 100 à 200.

Comme toujours l'incubation est tributaire de la température, la bonne moyenne se situant entre 2 et 3 semaines. Comme les photos ci-dessous le montrent, l'ovipositeur permet d' insérer les oeufs là où ils peuvent l'être, la nature du "réceptacle" déterminant les choix et opportunités.

 
anthrène (Anthrenus verbasci),  ovipositeur  de la femelle, photo 1. anthrène (Anthrenus verbasci),  ovipositeur  de la femelle, photo 2. anthrène (Anthrenus verbasci),  ovipositeur  de la femelle, photo 3. ...........anthrène (Anthrenus verbasci), oeufs sur allumette témoin, photo 1. anthrène (Anthrenus verbasci), oeufs sur allumette témoin, photo 2.
ci-dessus à gauche: l'ovipositeur (= oviscape ! ) organe "télescopique" permettant de déposer (ou insérer) les oeufs en bonne place; à droite: illustration de la petitesse des oeufs (3/4 de mm); ci-dessous: la curieuse morphologie des oeufs ("in situ" à droite).
A voir dans la vidéo récapitulative (dernière page).
anthrène (Anthrenus verbasci), oeufs  en vrac. anthrène (Anthrenus verbasci), oeufs  gros plan. anthrène (Anthrenus verbasci), oeuf, détail. .......... anthrène (Anthrenus verbasci), oeufs  in situ, photo 1. anthrène (Anthrenus verbasci), oeufs  in situ, photo 2.
 
 
 
anthrène (Anthrenus verbasci),  femelle à pondre, photo 1. anthrène (Anthrenus verbasci),  femelle à pondre, photo 2. anthrène (Anthrenus verbasci),  femelle à pondre, photo 3. anthrène (Anthrenus verbasci),  femelle à pondre, photo 4.
 ci-dessus à gauche: ponte dans une aile de papillon, à suivre: dépôt ("à découvert") d'un oeuf sur l'extrémité abdominale d'une nèpe desséchée; ci-dessous: la grande mobilité de l'ovipositeur, et son équipement sensoriel (soies tactiles) permettent de véritablement "tâter le terrain" afin d'insérer les oeufs en bonne place, par exemple au niveau des articulations. Cette forme de protection n'est pas systématique, les oeufs "à découvert", comme ci-dessus, étant fréquents.
anthrène (Anthrenus verbasci), insertion des oeufs, exemple 1. anthrène (Anthrenus verbasci), insertion des oeufs, exemple 2. anthrène (Anthrenus verbasci), insertion des oeufs, exemple 3. anthrène (Anthrenus verbasci), insertion des oeufs, exemple 4. anthrène (Anthrenus verbasci), insertion des oeufs, exemple 5.
 
 
 ... et pour le fun !
 anthrène (Anthrenus verbasci),  regroupement de pontes. anthrène (Anthrenus verbasci),  regroupement de pontes, détail.
Une dépression nervurale bien garnie (au revers d'une aile de sphinx).
Normalement les oeufs sont émis à l'unité, au gré des pérégrinations des femelles, mais l'espace limité d'un élevage tend à les concentrer,.
De plus les oeufs attirent les oeufs ... si l'on peut dire !
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr