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LA COURTILIÈRE ou TAUPE-GRILLON !
(Gryllotalpa gryllotalpa, Orthoptère Gryllotalpidae) !
 
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... avec un grand merci à Priscilla Decottignies, et plus encore à Damien Girard, car sans leur contribution
mon "cheptel" de courtilières eut été bien maigre, et la rénovation  de cette "page entomo" impossible ! 
Intro !
 
En raison de sa morphologie et de ses moeurs, la courtilière semble résulter de l'improbable croisement entre une taupe et un grillon ... d'où le nom de "Taupe-grillon" communément donné à cette étonnante et quelque peu énigmatique bestiole. Vous noterez que son nom scientifique (Gryllotalpa) fait également référence à cette double identité, mais aussi que la bestiole affectionnait les "courtils" d'antan (sortes de jardins clos en vieux français) ... d'où le nom de courtilière ... CQFD !
Nota : selon les "LAROUSSE" et "ROBERT", courtilière s'orthographie avec un seul "L",
mais il est fréquent de lui en attribuer 2 ... y compris dans le milieu de l'entomologie !
 
Taupe (Talpa europaea). Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa), .............. Taupe (Talpa europaea)., avant corps. Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa), avant corps
Ces clichés comparatifs entre la Taupe (12 à 15 cm), et la courtilière (4 à 5 cm), mettent en évidence une réelle convergence de forme,
voire une certaine analogie, concernant notamment la morphologie et la disposition des membres antérieurs.
Taupe (Talpa europaea). en main. Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa), en main.
 
Présentation !
 
En terme de classification la courtilière relève des Orthoptères, tout comme les sauterelles, criquets, et grillons. Totalement inoffensive, mais particulièrement imposante et impressionnante en raison de sa taille et de sa morphologie, la bestiole apparaît fort peu "sympathique" pour qui ne la connaît pas. L'activité est nocturne, et à l'instar de la taupe la courtilière est parfaitement adaptée au fouissement, d'où une vie pour l'essentiel souterraine, ce qui ne facilite pas son observation.

La présence de courtilières est décelable par le chant ( sous réserve de le connaître ! ), et surtout par la formation de très typiques galeries superficielles, plus ou moins linéaires, tendant à entrouvrir ou craqueler le sol, parfois sur plusieurs mètres. J'ajouterais que les courtilières sont attirées par la lumière, et que la nuit venue elles peuvent s'aventurer "à pattes" hors de leurs galeries, le cas échéant avec une très étonnante vélocité, qu'il s'agisse de fuir ( vidéo ! ) ... ou de retourner au bercail !

La Taupe-grillon affectionne les terrains meubles, plus ou moins sablonneux et bien drainés, d'où sa fréquence dans les cultures maraîchères d'antan, où elle pouvait d'ailleurs s'y montrer nuisible. Cette époque est bien sûr révolue, les insecticides et autres biocides ayant eu raison de sa résistance et de sa prolificité. L'espèce est considérée comme présente dans toute la France, mais sa régression tend à se généraliser, comme celle de nombreux insectes. Outre l'Europe, cette courtilière est connue d'Afrique du Nord, et de l' Ouest de l'Asie.

Les courtilières se nourrissent volontiers de racines et tubercules, mais plus encore de vers de terre et d'insectes et larves terricoles. Concernant ces dernières, cela vaut notamment pour les vers dits "blancs" (hannetons en tous genres) ou "gris" (tipules), ô combien honnis des jardiniers. Ces "bienfaits" passant totalement inaperçus, là où les dégâts sont par contre bien visibles, la mauvaise réputation de cet insecte mérite donc d'être nuancée. Reste à savoir si les avantages ou les inconvénients prévalent, mais là il n'est que la bestiole pour vous le dire !

Non contente d'exceller dans l'art de fouir et s'enfouir, ( vidéo ! ), la courtilière sait quasiment tout faire. Comme vous le verrez, elle vole, nage, fait du "sous-l'eau", chante, "communique" .... et sans doute plus encore! Dans l'immédiat, comme titré ci-dessous , "un peu de morphologie" s'impose !

 
Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa), l'enfouissement, photo 1. Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa), l'enfouissement, photo 2. Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa), l'enfouissement, photo 3.
.... l'art de faire son trou au pays des courtilières !
 
 
La prédation ... ... illustration !
 Sale temps pour les vers blancs ! ... à voir en vidéo !

Un peu de morphologie !

Convergences ... évolutives !

Les convergences dites évolutives se rapportent à des êtres vivants très dissemblables ( plantes ou animaux ! ) qui vivent dans des environnements similaires ou comparables, et qui évoluent selon des morphologies elles mêmes similaires ou comparables. Comme les photos ci-dessous le montrent, la taupe et la courtilière illustrent parfaitement cette forme de convergence.

 
Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa),  avant corps, vu de 3/4. Taupe (Talpa europaea) avant corps vu de 3/4.
Quand la fonction crée l'organe ...."portraits" comparatifs ! 
à gauche: Taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa); à droite: Taupe "tout court" (Talpa europaea). Vous remarquerez la convergence ( donc "évolutive" ! ) des pattes fouisseuses ( forme et disposition), mais aussi leur puissance et leur volume en regard de celui du corps.
 
 
Taupe (Talpa europaea), patte antérieure vue de dessus. Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa),  patte antérieure, vue de dessus. .... ............?... Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa),  patte antérieure, côté paume. Taupe (Talpa europaea), patte antérieure, côté paume.
Illustration de l'adaptation au fouissement, avec comparaison entre la taupe commune (Talpa europaea), et la courtilière.
à gauche: pattes fouisseuses de taupe et de courtilière, vues de dessus; à droite: idem, mais côté "paumes".
 
 
 .... et quand Popeye s'en mêle !
Popeye Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa),  avant corps vu de côté. .................Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa),  avant corps vu  de face. Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa),  dispositif pour tester la force.
à gauche: comme Popeye la courtilière à des gros "biscotos"; à droite: ... et elle le prouve !
Pour évidente qu'elle soit, la puissance des pattes fouisseuses de la courtilière méritait d'être concrètement démontrée, d'où l'idée d'une très explicite expérience ( vidéo ! ). Comme vous le verrez l'aisance de la bête est surprenante ( comme Popeye elle a du manger beaucoup de "spinach" ! ), et cela prouve qu'elle est loin d'utiliser toute la puissance de ses "biceps". Si vous doutez encore de la performance, essayez de déplacer 100 fois votre propre poids ... et cela d'un seul bras !
 
  
Dimorphisme sexuel ... et "accouplement" !

Chez les insectes les caractères sexuels dits secondaires sont diversements situés. Comme vous le verrez ci-dessous le dimorphisme des courtilières est observable sur les élytres, mais chez d'autres espèces ou Familles il peut également se situer au niveau des pattes, et là encore être différemment localisé (tarses antérieurs des carabes, fémurs intermédiaires des cétoines du Genre Gnorimus, ou encore fémurs postérieurs du silphe des rivages) ... et ce ne sont là que quelques exemples !

Au pays des courtilières (et cela vaut pour tous les orthoptères), il n'y a pas d'accouplement, du moins au sens habituel du terme. Les produits mâles sont en effet transmis via un "spermatophore", sorte de capsule déposée à proximité de l'orifice génital de la femelle, charge à cette dernière d'en libérer le contenu ... et de se l'approprier !

 
Elle ! ... Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa),  extrémité abdominale femelle. Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa), elytre de la femelle. ....... Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa), extrémité abdominale du mâle. Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa), élytre du mâle. ... et lui !
Chez les courtilières le dimorphisme est peu marqué, et pour tout dire passablement subtil. Comme toujours il intéresse les "plaques génitales", et donc les extrémités abdominales ventrales, mais sauf à bien connaître la morphologie de la bête, les risques d'erreurs sont patents. Le meilleur critère, pour ne pas dire le seul, porte en fait sur la nervation du "tegmen", équivalent de l'élytre chez les orthoptères ( "tegmina" au pluriel ! ). Chez le mâle la partie centrale porte en effet une nervure bien individualisée ayant la forme d'une sorte de "diapason", dixit Bellmann et Luquet.
 
 
.... pour info !
 
Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa), palpes, photo 1..Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa), palpes, photo 2. ................Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa),  exemple de poils sensoriels, sur fémur.................Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa), acariens parasites.
à gauche: les curieux palpes (labiaux et buccaux) de la courtilière; au centre: exemple de poils sensoriels (fémoraux), à voir sur agrandissement ;
à droite: exemple d'acariens parasites sur la fine jonction membraneuse thoraco-abdominale ... à coup sûr idéalement placés pour le gite et le couvert !
 
 
Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa), les yeux et ocelles, photo 1. Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa), les yeux et ocelles, photo 2..................Taupe (Talpa europaea) tête vue de profil. Taupe (Talpa europaea)  l'oeil. Taupe (Talpa europaea)  l'oeil, gros plan.
à gauche: les yeux et les "ocelles" (flèches sur agrandissements). Contrairement à la taupe, quasiment aveugle en raison de sa vie exclusivement souterraine, la vision est bien développée chez la courtilière; au centre: à peine visible ! noir ! minus de chez minus ! inséré sous la peau ! et totalement masqué par le pelage ! ... tel se présente l'oeil de la taupe ! Autant dire qu'elle ne voit pas grand chose, d'où l'expression "myope comme une taupe". Vous noterez que j'ai minutieusement "peigné l'oeil " afin de vous le présenter au mieux ... et surtout de le rendre visible !
 
 
La défense !

Comme tout insecte doté de mandibules la courtilière peut mordre, et même assez fort au besoin, mais par nature elle n'est pas agressive. En fait sa vie souterraine et le dédale de ses galeries constituent sa meilleure protection. La bestiole dispose par ailleurs d'une "marche arrière", et le cas échéant elle peut "battre en retraite" avec une relative célérité.

 
Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa),  mise en évidence des mandibules, photo 1. Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa),  mise en évidence des mandibules, photo 2. Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa),  mise en évidence des mandibules, photo 3. .............. Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa),  illustration du "mordant" de la courtilière. ............... Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa),  adulte.
à gauche: les mandibules sont fortes, mais sans plus, et de surcroît la bête n'est pas très "mordante"; au centre: ... sauf si elle y est contrainte et forcée ! ... comme le montre cette copie d'écran (vidéo "tatoo" de la page suivante); à droite: les pattes de la coutilière étant "faites pour", la bestiole peut parfaitement "avancer à reculons", si les circonstances l'y obligent.
 
 
Quand elle est à découvert, et se sent en danger, la courtilière adopte une très typique position défensive parfaitement illustrée par la photo ci-dessous à gauche. Ce faisant l'agresseur se retrouve face aux véritables "poings américains" (ou "étoiles japonaises" ! ) que sont les pattes fouisseuses ... et à l'évidence ça donne à réfléchir ! .... même si la bête se contente généralement de menacer !
......
Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa), position défensive typique, photo 1. Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa), position défensive typique, photo 2. ..........Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa), position défensive typique, photo 3. Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa), position défensive typique, photo 4.
La très typique position défensive de la courtilière !
Avant-corps dressé, pattes antérieures brandies dans le prolongement du thorax ... et toutes griffes dehors !
ci-dessous à droite: la prise en main peut donner lieu à une très malodorante giclée intestinale défensive ! pas très glorieux, mais efficace !
Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa), position défensive typique, photo 5. Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa), position défensive typique, photo 6...............Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa), vidange intestinale défensive. .
 
 
 
Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa), position défensive typique,  avant corps  vu de face. Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa), position défensive typique,  avant corps  vu de profil. Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa),  détail  des griffes d'une patte antérieure. Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa), position défensive typique,  avant corps  vu de face. Courtilière ou taupe-grillon (Gryllotalpa gryllotalpa), position défensive typique,  avant corps  vu de dessus.
En regard des "griffes" de la courtilière, celles d'un lion ne sont rien ... toutes proportions gardées s'entend !
Elles sont en effet fort impressionnantes et assurément aptes à tuer, mais en réalité simplement dissuasives, car plus utilisées à fouir le sol qu'à étriper l'agresseur. 
 
 
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr