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LE DRILE JAUNÂTRE ou DRILE PANACHÉ, ou PANACHE JAUNE !
(Drilus flavescens, Coléoptère Lampyridae / Elateridae) !
 
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Avec un très grand merci à Jeanine, car sans elle ( et ses "graines" de Drilus ! ),
je n'aurais jamais eu le plaisir de réaliser cette "Page entomo" ... et vous de la lire :-) !
 
 
Remarque liminaire importante !
Compte tenu de son particularisme, et de son intérêt scientifique, le présent élevage vous est présenté en "live", et en version intégrale. Il s'ensuit un cheminement expérimental, et chronologique, se traduisant au fil des jours ( et des mois ! ) par de nombreuses observations et réflexions susceptibles de modestement contribuer à la connaissance de ce peu banal insecte.
 
Intro !

C'est la première fois ( il y en a une en toute chose ! ) que je réalise une page entomo sans disposer des adultes, au demeurant jamais trouvés moi-même, ni même vus de mes yeux vus. Vous l'aurez compris, la bestiole est toujours localisée, souvent loin d'abonder, et surtout fort douée pour couler des jours heureux en vivant cachée ... dixit un célèbre adage ! A cela s'ajoutent les hélicides, grands destructeurs de limaçons et colimaçons, mais aussi les insecticides, sans parler des herbicides, fongicides, et autres "cides", qui n'arrangent rien !

C'est également la première fois que j'entreprends une "page entomo" sans savoir si je pourrais la mener à terme. Les écueils sont en effet nombreux, et le fait de "naviguer à vue" ajoute à la difficulté, mais aussi à l'intérêt, car la peu loquace bestiole est bien loin d'encombrer la littérature

 
Oyez ! Oyez !
Les conditions d'élevages étant censément différentes de celles pratiquées par Dame Nature, les comparaisons méritent bien souvent d'être assorties d'un bémol, en l'attente d'être validées ... ou pas ! A contrario il est toujours souhaitable d'essayer de comprendre "comment ça marche" et en cela l'élevage est irremplaçable. Il permet en effet de suivre les bestioles au jour le jour, voire d'heure en heure, alors qu'en nature on rate fatalement des épisodes… et il n'y a pas de "replay" !

Présentation ! (... pour l'heure succincte !)

Les driles sont de très atypiques coléoptères de la Famille des Lampyridae, actuellement rattachée aux Elateridae. Le drile jaunâtre (Drilus flavescens) et son méridional cousin concolore (Drilus concolor), sont les deux seules espèces de la faune française, et leur biologie est très comparable pour ne pas dire identique.

Par-delà un dimorphisme sexuel véritablement hors normes ( au point d'avoir leurré les entomologistes d'antan ! ), s'ajoute une très étonnante hypermétamorphose se traduisant le plus souvent par un peu banal stade larvaire surnuméraire, et parfois par une véritable "marche arrière" physiologique et morphologique, encore plus surprenante. Pour irrationnel que puisse paraître ce dernier cas, cette sorte de "retour vers le passé" a sûrement sa raison d'être, mais à l'évidence Dame Nature n'a pas fait dans la simplicité, et les entomologistes ... "sèchent grave" !

Les larves elles-mêmes ne sont pas en reste, puisqu'elles empruntent au bernard-l'hermite pour le gite, et au ver luisant pour le couvert. En d'autres termes elles s'installent dans la coquille de l'escargot qu'elles dévorent et y demeurent durant toute la durée du stade larvaire en cours. A terme elles muent, puis changent de logement … et de restaurant !

Le choix d'un nouvel escargot est bien sûr déterminant, et en quelque sorte "réfléchi", la taille du logement et du garde-manger devant correspondre aux besoins de la larve. Le moment venu, cette dernière s'affaire autour de l'escargot pressenti, pour bien juger du contenant et contenu. Si l'état des lieux n'est pas satisfaisant, le gastéropode (trop petit ou trop gros par exemple) est alors abandonné. Dans le cas contraire la larve se l'approprie … et entreprend de le mettre en lieu sûr !

Compte tenu des tailles et poids respectifs le déplacement de l'escargot n'est pas sinécure, d'où le savoir-faire de la bestiole, et l'importance de la ventouse abdominale faisant office de rotule d'attelage ... sauf que la bestiole pousse plus qu'elle ne tire !

Pour finir, vous noterez que le développement de tous les Meloidae est soumis à l'hypermétamorphose précitée. Concrètement ce stade surnuméraire se traduit le plus souvent par une phase de repos hivernal s'apparentant à une forme de diapause, mais son statut réel mériterait effectivement d'être clairement défini, notamment en regard d'espèces marocaines affines.

Chez Malacogaster passerinii ce même processus est en effet mis en oeuvre lors des périodes de sécheresse, lesquelles sont avant tout des périodes de disette, d'où une estivation classique quant au fond, mais nettement plus originale quant à la forme. Considérer que l' hypermétamorphose des Drilinii se résumerait à une simple réaction défensive vis à vis des agressions environnementales serait bien sûr prématuré, mais l'observation de cas "hexagonaux" comparables fait que le sujet mérite réflexion.

Bon à savoir ! Le stade larvaire surnuméraire des Drilus a longtemps fait l'objet de multiples appellations (*) au gré d'auteurs manifestement indécis, pour ne pas dire embarrassés. De nos jours 2 d'entre-elles prévalent, à savoir "prénymphe" et "larve secondaire". La 1ere de ces appellations est tout simplement basée sur la logique, la nymphe succédant effectivement à la prénymphe. La seconde, primant actuellement sur la 1ere, se réfère plus subtilement aux antennes, celles de la forme surnuméraire étant morphologiquement plus larvaires que nymphales. Perso j'ai néanmoins un faible pour "prénymphe", appellation à mon sens plus "parlante", là où les anglo-saxons (réputés ne rien faire comme tout le monde ! ), privilégient "larve secondaire" ... dont acte !

(*) - larve secondaire, pseudo-nymphe, larve d'hiver, prénymphe, larve de besoin, larve de repos, larve glabre, larve latente, larve blanche, larve intermédiaire, larve quiescente.

La ponte !

Elle intervient sitôt l'accouplement, et comporte plusieurs centaines d'oeufs. Ces derniers sont déposés en amas sous les pierres, la litière superficielle, les feuilles mortes, et en tout état de cause là où ils bénéficieront d'une certaine protection vis à vis de la prédation, et plus encore de la déshydratation, cette dernière devenant très vite fatale.

Présentement les oeufs ont été pondus à la mi-Mai, sous feuilles mortes de chêne. L'incubation s'est déroulée "en intérieur", et cela sur un mois "bien tassé", d'où la nécessité de parer au dessèchement, tout en évitant les non moins mortifères moisissures, souvent issues d'une aération insuffisante. A cet effet les oeufs ont été scindés en plusieurs lots, et déposés à la surface d'un récipient non fermé, sur substrat tourbeux fortement tassé et humidifié. Moyennant une surveillance assidue, et de très fines vaporisations biquotidiennes ... je suis devenu "papa" :-) !

 
Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), ponte, photo 1. Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), ponte, photo 2 .................Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), oeuf sur allumette témoin. Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), oeuf sur règle millimétrée.
à gauche : la ponte (incomplète), et quelque peu chamboulée par le transit postal.
à droite : ces oeufs étant près d'éclore ... contentez-vous de considérer leur taille .... soit 1mm pile poil !
 
... et le développement embryonnaire !

L'évolution embryonnaire devient perceptible au bout d'une quinzaine de jours sous la forme d'une sorte de ligne "équatoriale" plus ou moins rougeâtre, puis les yeux de la larvule en devenir apparaissent nettement, suivis de peu par les mandibules. Dans la dernière décade, la segmentation de la larve devient de plus en plus apparente ... et c'est l'éclosion !

Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), oeuf, début embryogenèse, photo 1. Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), oeuf, début embryogenèse, photo 2 Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), oeuf, début embryogenèse, photo 3 Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), oeuf, début embryogenèse, photo 4
ci-dessus : illustration des lignes "équatoriales", première étape visible du développement embryonnaire; ci-dessous à gauche : "t'as de beaux yeux" ! à droite : avec l'apparition des mandibules, les oeufs prennent des allures d'émoticônes ! Ils ont le sourire ( et moi aussi ! ), mais c'est l'apparition de la segmentation qui officialise et détermine ... l'heure de la sortie !
Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), oeufs, apparition des yeux, photo 1 Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), oeufs, apparition des yeux, photo 2 ................Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), oeufs, apparition de la segmentation, photo 1. Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), oeufs, apparition de la segmentation, photo 2 Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), oeufs, apparition de la segmentation, photo 3
 

Le développement larvaire ! 

Même si les chiffres de 3 à 4 ans sont avancés avec tout le sérieux voulu, la durée de développement du drile me semble plutôt relever du "certain temps" cher à Fernand Raynaud, car la quête alimentaire de la bestiole n'est pas mince affaire. Au fil de sa croissance la larve est en effet tenue de trouver des escargots à sa taille et convenance, à la fois pour se sustenter et s'y loger. Déjà très restrictif, et alors que l'essentiel de la vie larvaire est estival, ce double impératif relève carrément de la mission impossible lorsque sécheresse ou (et) canicule sévissent, comme en cet été 2017. En élevage gîte et couvert étant servis à la demande, et de plus "sur mesure", le passage d'un escargot à un autre relève de la simple formalité, puisque ce "changement de domicile" est presque toujours effectif dans les 24 h, parfois moins. En toute logique la durée du développement devrait s'en trouver très nettement raccourcie. Dans l'affirmatif les modalités se verront précisées au fil des observations ... dans la mesure du possible !

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Stade 1 (L1)
(escargots de 5 à 6 mm)

Les larvules naissantes sont entièrement blanches, à l'exception des zones oculaires, nettement noires. Durant la phase de pigmentation, au demeurant assez rapide, elles tendent à rester "groupir". Maturation aidant, les jeunes bestioles se dispersent et peuvent faire preuve d'une belle vélocité, associée à une étonnante propension à vous fausser compagnie sitôt leur box ouverte. En d'autres termes, le temps que vous en rattrapiez une ... 2 autres en profitent pour "faire le mur" !

La manipulation de ces minuscules larvules est de plus assez malaisée, en raison même de leur évidente fragilité. Leur pilosité, peu dense mais longue et rigide, ajoute à la difficulté, d'autant qu'au moindre attouchement la bestiole s'enroule sur elle-même, position défensive bien connue des hérissons, et des chenilles dites … " hérissonnes " ! En pareil cas les pinces entomologiques, fussent-elles "extra souples", ne sont pas la panacée, et le pinceau fin, souvent salvateur, a lui-même du mal à trouver prise.

 
Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larves naissantes, photo 1. Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larves naissantes, photo 2 Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larves naissantes, photo 3................ Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larve naissante sur allumette témoin. Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larve naissante sur règle graduée.
à gauche: 1)- scène d'éclosion, illustrant le début de la pigmentation, et le "rester groupir"; 2)- idem, avec larve blanche, venant donc de naître; 3)- détail de larves naissantes; à droite : larve mature à l'échelle de la SEITA, et sous la toise millimétrique !
 
Dans la mesure où le suivi individuel des larvules naissantes n'était pas une priorité, ni d'ailleurs prévu (et de plus guère possible), de nombreux et très petits escargots des dunes (Theba pisana) voisinaient avec les oeufs, charge aux minuscules bestioles de se servir, et à moi de récupérer les gastéropodes gisant sur le "sol" de la box, et donc susceptibles d'avoir été attaqués ... ou simplement "goûtés".
 
Vous noterez que les larvules "passent à table" dans les 24 h suivant la naissance, et que dans la nature toutes les espèces d'escargots font ventre, sous réserve d'être d'une taille compatible avec celle du prédateur. Vous noterez également que le choix de l'escargot des dunes s'est imposé en raison de son abondance et de la facilité de sa récolte, mais aussi de la présence de nombreux petits spécimens à la période voulue. De plus l'espèce est non baveuse, ce qui facilite la tâche de l'assaillant, et surtout il était totalement impossible de trouver les espèces classiques du fait de l'extrême sècheresse, et de phases caniculaires "à ne mettre un escargot dehors".

Quelques jours plus tard, curiosité aidant, j'ai délicatement brisé la coquille d'un escargot "squatté". Non sans surprise je suis tombé sur une sorte de mini bibendum totalement différent de la larvule initiale, d'où la crainte d'une fermentation avancée ... et donc du pire ! Un 2e "bibendum", cette fois sorti de lui-même, ne m'a pas pleinement rassuré, d'autant qu'un malencontreux coup de vent l'a fait choir de l'allumette, et disparaître dans la végétation sous-jacente, me privant ainsi de son devenir.

 
Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larve naissante  sur escargot. ............ Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larve naissante dans escargot, photo 1. Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larve naissante dans escargot, photo 2. ............Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larve  bibendum sur allumette témoin, photo 1. Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larve  bibendum sur allumette témoin, photo 2
à gauche : inspection avant prise de possession ... et mise à mort ! au centre : en l'espace de quelques jours (5 en l'occurrence) la larvule est déjà méconnaissable tant l'abdomen est distendu; à droite, photo 1 : la larvule "bibendum" après extraction; photo 2 : un 2e bibendum, cette fois sorti de son escargot naturellement ... mais anormalement !
 
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Stade 2 (L2)
Escargots de 6 à 9 mm, durée moyenne du stade 20,2 jours (sur 16 larves)

Vous l'aurez compris, mon inquiétude n'avait pas raison d'être. La seule anomalie se résumant en effet à la sortie prématurée du second "bibendum", puisque la mue, et donc le passage au 2e stade, s'opère à l'intérieur même de l'escargot. A terme, vidée de toute substance la coquille est alors abandonnée, et la quête d'une nouvelle proie très vite entreprise.

Compte tenu des remarques précédentes, et donc de l'absence de suivi des larves naissantes, il m'est impossible de préciser la durée du 1e stade larvaire. Les dates de prises de vues des éclosions, et la chronologie précise des L2 au sortir de leurs escargots respectifs, permettent néanmoins de proposer une "fourchette" de 18 à 25 jours.

 
 
Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larve   2e stade avec allumette témoin. Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larve   2e stade sur règle graduée. Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larve   2e stade sur allumette témoin. Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larve   2e stade, photo 1. Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larve   2e stade, photo 2.
ci-dessus : panel de 2e stades ! Outre le logique gain de taille, vous noterez la différenciation des "pinceaux" latéraux, mais aussi la déjà perceptible différence de taille entre futurs mâles et femelles. Les mâles étant beaucoup plus petits, cette différence de taille se traduit également au niveau des escargots attaqués; ci-dessous : la ventouse, bien visible sur la photo centrale, est en quelque sorte "multisupports", et les clichés latéraux en témoignent.
Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larve   2e stade, illustration du pygopode., photo 1. Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larve   2e stade,  mise en évidence de la ventouse Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larve   2e stade, illustration du pygopode., photo 2.
 

Ce 2e stade m'a donné l'occasion d' observer ( et filmer ! ) la "prise en main" de l'escargot, et le rôle primordial du pygopode, sorte de 7e patte située à la face ventrale du dernier segment abdominal. Cet organe est en effet doté d'une puissante ventouse permettant au prédateur de se stabiliser sur la coquille de l'escargot, fut-elle rendue glissante par la rosée, la pluie, ou la bave du gastéropode. Elle permet également au drile de déplacer son "garde-manger" pour mieux le soustraire aux indésirables ... et in fine s'y installer !

 
Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larve   2e stade sur escargot. Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larve   2e stade dans escargot, photo 2...............Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larve   2e stade avec allumette témoin.
ci dessus à gauche : larves du 2e stade à l'oeuvre ! à droite : aussi surprenant que cela puisse paraître il s'agit de la même larve à seulement 3 jours d'intervalle. La capacité d'absorption de ce genre de bestiole est à l'évidence considérable, et assurément peu commune, tout comme le sont les propriétés liquéfactrices des enzymes "gloutons" injectés; ci-dessous à gauche : un "bidouillage maison" permet de voir les larves bibendum "in situ"; au centre : même technique, mais là il s'agit d'une larve ayant fait sa mue, la dépouille larvaire étant bien visible sur le second cliché; à droite : idem la photo précédente, mais en éclairage normal.
Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larve 2e stade "mirée" dans escargot, photo 1.. Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larve 2e stade "mirée" dans escargot, photo 2............ Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larve 2e stade "mirée" dans escargot, photo 3 Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larve 2e stade "mirée" dans escargot, photo 4............. Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), larve 2e stade dans escargot.
 
 
Bricolage d'un mire-escargots, sur le principe du mire-oeufs, photo 1 Bricolage d'un mire-escargots, sur le principe du mire-oeufs, photo 2
Le "mire-escargots" ! Pas breveté mais bien pratique et surtout très démonstratif !
Basé sur le principe du "mire-oeufs", cette petite torche led équipée de rondelles amovibles découpées à l'emporte pièces dans un vieux tapis de souris permet de voir la larve de drile au sein même de la coquille des escargots. Pour une meilleure visibilité il est évidemment préférable d'utiliser des gastéropodes à coquille claire et unie (Theba pisana par exemple), et bien sûr d'adapter le diamètre intérieur de la rondelle à la taille du mollusque.
 

Comme cette vidéo le montre, l'ancrage de la ventouse permet a priori de "remorquer" l'escargot, mais son déplacement est le plus souvent obtenu par poussées successives. En pareil cas la larve progresse à reculons en s'arc-boutant sur ses pattes thoraciques. Si nécessaire elle s'aide de la tête, les mandibules pouvant être fermées, ou au contraire ouvertes et plantées dans le substrat. Quand la tête est positionnée sur champ, et donc avec une seule mandibule en prise avec le substrat, il s'ensuit une torsion du corps, laquelle, lors de la poussée, génère la rotation de l'escargot, et le cas échéant le changement de direction.

Vous noterez la disparité des taille, volume, et poids, entre le prédateur et sa proie, laquelle traduit la puissance de la larvule, d'autant qu'en captivité la bestiole peut s'affairer autour de son escargot durant plusieurs heures, et le déplacer à de multiples reprises, avant de "passer à l'acte", et donc d'y pénétrer. Au sein d'un même stade larvaire, présentement le 2e (ci-dessous à droite), vous remarquerez également les importantes différences de taille des proies, reflet de celles des larves, mais aussi d'un choix délibéré, chaque bestiole se voyant proposé 3 à 4 escargots de tailles sensiblement différentes. En tirer des conclusions serait bien sûr prématuré, mais il n'est pas impossible que cette différence soit déjà liée au sexe, les mâles étant toujours beaucoup plus petits.

 
Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens),  escargots avec exuvies 2e stade. ............. Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), escargots consommés par larves 2e stade. Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), escargots consommés par larves 1e stade.
 à gauche : lot "tout venant" de larves passées au 2e stade ( et toujours en place ! ). Ces mues peuvent difficilement se qualifier de bouchons protectecteurs ... du moins pour l'heure ! à droite : 1)- coquilles homogènes (lavées) des escargots consommés par les larves au 1e stade; 2)- coquilles (non lavées) des escargots consommés par les larves du 2e stade. La taille des larves conditionnant celle des proies, il n'est pas impossible que la petitesse des futurs mâles commence déjà à s'exprimer.
 
Notez-le !

1)- Sans être totalement inédit, l'élevage de ce genre de bestiole semble relever d'une sorte de compilation de données plus ou moins fragmentaires, d'où une "foultitude" d' incertitudes et interrogations. A titre d'exemple, et pas des moindres, qu'en est-il du nombre de stades larvaires "normaux", avant la "prénymphe" hivernale ? ... et idem après ? Ces nombres sont-ils fixes ou susceptible de varier, selon le sexe par exemple, comme cela arrive chez le ver luisant, mais aussi chez certaines espèces de chenilles. Dans les 2 cas le développement larvaire des futurs femelles comporte en effet 6 stades, et seulement 5 pour les mâles en devenir.

Dans un autre registre, le cousin ver luisant pouvant se satisfaire de limaces ( fusse du "bout des mandibules" ! ), en est-il de même pour le drile tenaillé par la faim ? A conditions extrêmes, solutions idem : les larves de driles peuvent-elles muer "à nu", et donc sans la protection de la coquille d'escargot ? Peut-on considérer la sortie prématurée du "bibendum" précité comme une réponse normale à une mauvaise appréciation de l'habitabilité de l'escargot, ou s'agit-t-il d'un fait purement accidentel et isolé ?

2)- A compter de ce 2e stade, et dans le cadre d'un projet de publication scientifique, les larves ont été isolées, sous suivi quotidien, avec tableau récapitulatif et comparatif des diverses étapes de leur évolution. Pour des questions pratiques, mais aussi pour parer à toute velléité d'évasion, ainsi qu' à un desséchement à coup sûr préjudiciable, j'ai opté pour de mini pots confituriers à fermeture dite 1/4 de tour, aussi rapide qu'étanche.

 
Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens), batterie de pots d'élevages. Drile jaunâtre ou Drile panaché (Drilus flavescens),  pot d'élevage.
Ma batterie de driles en devenir, et détail des mini bocaux confituriers utilisés.
 
En dépit du confinement, des déjections larvaires, et d'un substrat tourbeux assez copieusement humidifié (les facultés d'absorption de la tourbe faisant office de régulateur), je n'ai pas observé de traces de moisissures, toujours néfastes en matière d'élevage. L'escargot ayant d'autre part largement le temps de se putréfier (et moisir) avant d'être entièrement consommé, la présence d'un "agent conservateur", émis par la larve, me semble avéré ... mais j'ignore sa nature !
 
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les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr