- Stade 3
(L3)
- Escargots de 9 à 11
mm, durée moyenne du stade 20,77 jours (sur 16
larves)
Les larves "L3" se contentent semble-t-il
de "forcir", si je puis dire, leur taille atteignant 12 mm
là où elle était d'à peine 3 mm
à la naissance. Il s'ensuit la quête d'un
"cagouille", lui aussi plus gros, pour y trouver demeure ... et
s'y s'attabler ! Les pinceaux latéraux semblent
proportionnellement plus développés, et leurs soies
plus drues ... et dures !
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- ci-dessus
:
panel de larves au 3e stade;
ci-dessous à gauche : selon un dicton bien connu ...
quand l'appétit va ... tout va ! à droite :
1)- illustration de l'expression "faire le dos rond",
réaction d'alerte mineure et passagère; 2)-
si la menace se précise, ou est d'emblée
avérée, l'enroulement défensif est
instantané et prolongé, avec retour à la
normale ( si la menace est restée sans suite ! ) pouvant se
qualifier de "précautionneux" en raison de sa relative
progressivité. L'agrandissement photographique de cet
enroulement permet d'apprécier l'efficience d'une technique
dissuasive, disons très acérée ... bien
connue des hérissons !
...........

-
-
- En les faisant "crapahuter" sur une lame
de verre, tenue quasi verticalement, les bestioles n'ont d'autre
choix que celui d'user de leur ventouse pygopodienne ... et
d'ainsi nous la montrer ! Observable en d'autres circonstances
l'alternance des étirements et rétractions de la
larve est également favorisée, en nombre et
intensité, par ce très inhabituel "substrat". La
ventouse faisant office de point fixe, la bestiole s'étire
en effet en tous sens à la recherche d'un minimum
d'accroches pour les pattes, condition sine qua none de la
progression, moyennant un très bref lâcher prise de
la ventouse. Par-delà les inévitables chutes, et la
brièveté des "parcours" vous noterez qu'il y a
effectivement progression ... fut-elle assez laborieuse
!
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.........

- à gauche : mise en
évidence de la ventouse pygopodienne; au centre :
position pouvant se qualifier de "neutre" en regard des suivantes;
à droite : ... de la rétraction à
l'étirement ! Vous noterez la ventouse, vue de profil ;
ci-dessous : autre illustration de la ventouse, et larve in
situ à quelques jours de muer, et donc de passer au 4e
stade;
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-
- Notez-le
! Sur la base des 14 larves
intégralement "fichées" (2 le sont partiellement) la
chronologie des passages en L3 est globalement comparable à
l'échelonnement de l'âge des L2. Non moins
logiquement la durée du 2e stade s'est avérée
très homogène, avec 6 larves à 20 jours pile
poil, pour une moyenne générale de 20,2 jours, le
minimum étant de 18 jours (2 larves), et le maxi de 23
jours (1 larve).
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- Stade 4
(L4)
- Escargots de 11,5 à 13
mm, durée moyenne du stade 26,5 jours (sur 16
larves)
Comme au 3e stade il ne semble pas y avoir de
différences morphologiques significatives, hormis la
logique augmentation de la taille. Les pinceaux latéraux
semblent également plus "poilus" et
développés, mais le fait est difficile à
apprécier sur le vif, la moindre rétraction ou
extension faussant la donne. Une approche plus poussée, y
compris comparative, serait éminemment souhaitable, mais
mon cheptel est beaucoup trop réduit. Si le présent
élevage est mené à terme, et si une
descendance s'ensuit, il sera dès lors possible d'envisager
d'euthanasier quelques larves au fil de la succession des
mues.
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- ci-dessus : larves (en
place) venant de passer au 4e stade ... et premier contact avec
l'extérieur.
- ci-dessous : rituel
passage sous la toise, et morphologie
générale.

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- Ces toujours très remuantes
bestioles n'étant pas du genre à prendre la pose
devant l'objectif, les prises de vues "instantanées"
s'imposent. Il s'ensuit le plus souvent du remplissage de
poubelle, mais chance aidant des clichés peuvent parfois
sortir de l'ordinaire, telle cette très
démonstrative illustration de l'efficience de la ventouse
abdominale.
-
Notez-le !
Contrairement au stade
précédent, et bien que les conditions
d'élevage soient restées inchangées, les
passages en L4 tendent à se faire en "ordre
dispersé", voire à ne pas se faire dans près
de la moitié des cas, soit 7 larves sur les 16 composant
mon "cheptel". Pour l'heure il est impossible de chiffrer la
durée de ces "prolongations" , et plus encore d'en
déterminer les raisons. Certaines de ces retardataires
étant étroitement logées, leur
extrémité abdominale est bien visible,
opportunité permettant d'aisément détecter
une éventuelle évolution
morphologique.
C'est là pure hypothèse,
mais les conditions d'élevage étant nettement plus
favorables qu'en nature, les larves pourraient se voir
prématurément confrontées au processus
déclenchant l'hivernage, l'absence de réponse
appropriée se traduisant par les divergences
comportementales et physiologiques observées. Si tel est
bien le cas le statut de la "larve d'hiver" des driles
mériterait d'être précisé en regard de
la quiescence des carabes, et du caractère incontournable
de la diapause "pure et dure" du grillon
champêtre.
Pour mémoire, les carabes
hivernants redeviennent actifs dès qu'ils sont soumis
à des conditions de vie normales, portant pour l'essentiel
sur la température et la nourriture. A l'inverse (quelle
que soit la saison et les conditions d'élevage), les
grillons champêtres cessent de s'activer et s'alimenter
durant une quarantaine de jours et ce dès l'instant
où ils atteignent le stade de développement
correspondant à celui de l'entrée en hivernage en
milieu naturel.
Dans le droit fil de cette
première hypothèse, et pour l'avoir
constaté personnellement à maintes reprises, je
rappelle le cas du "Grand paon de nuit" (Saturnia pyri), à
la fois bien connu et toujours aussi énigmatique. Comment
expliquer qu'un lot de chenilles, issues d'une même ponte,
de surcroît élevées et chrysalidées en
commun, puisse voir une partie non négligeable des
éclosions reportée d'un an, et plus ponctuellement
de deux. A la rigueur le proverbial "panier d'oeufs" peut
expliquer le "pourquoi", mais qu'en est-il du "comment" ? Dans son
processus physiologique, cette mise en dormance aurait-elle
à voir avec les larves de drilus "oubliant" de muer
?
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-
- Stade 5
(L5)
Comme déjà constaté
lors du précédent changement de stade, la bête
se contente de logiquement grandir, et le passage sous la toise
millimétrique en témoigne. Le cap des 20 mm est en
effet atteint, et sans être devin je pense pouvoir dire
qu'il s'agit à coup sûr de futures femelles, eu
égard à la petitesse des mâles dont la taille
est le plus souvent nettement inférieure au
centimètre ... d'où le
Notez-le
! ci-dessous !
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- à gauche :
larves L4 venant de muer. Après durcissement des
téguments (2 à 3 jours minimum), la larve quitte
l'escargot, le plus souvent en faisant tomber l'exuvie; au
centre : L5 sous la toise, les 2 cm sont atteints; à
droite : le nouveau logis, censément plus spacieux, et
un passage à table ... déjà bien visible
!
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- ci-dessus : aspect
général du 5e stade larvaire, et détail de la
tête.
- ci-dessous : recto-verso
sur lame de verre.

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- Le
système défensif !
- Il est bien sûr identique et
valable pour tous les stades larvaires, le choix du 5e et dernier
facilitant simplement la tâche en raison de la taille des
bestioles. En premier lieu, et c'est là une
évidence, les larves bénéficient de la
protection de la coquille des escargots leur servant à la
fois de logement et de garde-manger. Cette défense passive
est d'autant plus efficace que le temps de vie en extérieur
s'en trouve fatalement très réduit.
A l'air libre le classique enroulement
défensif prévaut, les très nombreuses soies
rigides étant particulièrement dissuasives.
L'extrémité des "urogomphes" (= cerques chez les
coléoptères ! ) comporte en outre une robuste
pointe, très acérée et fortement
chitinisée. Gosiers fragiles passez votre chemin
!
-
............
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- à gauche : le classique
enroulement défensif ; à droite :
illustration de la pilosité défensive. Les soies des
"balais" latéraux postérieurs peuvent
passagèrement s'accoler et former çà et
là des pointes plus ou moins compactes et
acérées ajoutant à l'efficience du
système défensif; au centre : la remarquable
disposition "rayonnante" prise par les soies des urogomphes quand
la bête est en position défensive; ci-dessous
à gauche : les urogomphes ... avant épilation !
à suivre : ... et après !
Réalisée sur exuvie L4, cette mise à nu
permet de voir la très robuste pointe
terminale.

-
Notez-le !
Chez le cousin ver luisant,
cette disparité des tailles liée au sexe s'observe
également au niveau des adultes, et bien sûr de leurs
larves (cf page entomo dédiée).
Génétiquement programmée, la petitesse des
futurs mâles se traduit dans les faits par un
développement larvaire comportant seulement 5 stades,
là où 6 sont nécessaires pour les femelles en
devenir.
En dépit de ce décalage
tout le monde se retrouve en temps voulu pour bien sûr
perpétuer l'espèce ! Reste à savoir si le
développement des femelles est plus rapide ... ou celui des
mâles plus lent ! Objectivité oblige les mâles
des insectes, toutes espèces confondues, "éclosent"
très fréquemment un peu avant les femelles, afin
d'être parfaitement "opérationnels" à
l'émergence de ces dernières.
Suite aux remarques ci-dessus, et
toujours au titre des hypothèses ( "navigation à
vue" faisant ! ), une mise en parallèle entre drile et
lampyre est évidemment tentante, d'autant que la quasi
moitié de mon cheptel est toujours "scotchée" au 3e
stade, là où la seconde partie vient de franchir le
5e. Affaire à suivre là encore, mais j'avoue pencher
en faveur de l'option "mâles" pour les larves
bloquées en L3, l'important "temps mort" en
résultant étant de nature à compenser un
possible décalage façon ver luisant.
-
- Bizarre ... mais
instructif !
- Ayant abandonné son escargot 24 h
après s'y être installée, et manifestement
"attablée", une larve L5 est repassée à
l'acte, quasi dans la foulée. Découverte lors de la
matinale et rituelle visite de contrôle, la larve en
déshérence a été sitôt
photographiée, puis de suite
"réapprovisionnée", et découverte de nouveau
"logée" ... 3 h après le shooting photographique
!
-

- Avant d'abandonner son escargot
( au profit d'un autre plus copieux ou "gouleyant"
),
- la larve avait manifestement
"consommé", la distension des membranes intersegmentaires
en témoignant.
-
- La mi-octobre arrivant de très
nombreux Theba étaient en fin de vie, d'où de
probables modifications physiologiques (amaigrissement, saveur)
pouvant expliquer le retrait très prématuré
de la larve. Quelle qu'en soit la raison ce
"déménagement" prouve que la chose est possible, si
ce n'est fréquente in natura, la larve devant souvent
"faire avec", là où le "sur mesures" lui est
régulièrement servi en élevage. Le fait sera
aisément vérifiable, du moins s'il y a un 6e stade,
car toutes les L5 de mon cheptel sont déjà
"logées" ... sniff !
:-(
-
- Bizarre !
alors qu'une larve "normale"
quitte son escargot dans les 3 ou 4 jours suivant la mue, une
larve passée au 5e stade (L5) le 20 septembre est toujours
en place ( et bien vivante ! ) ce 15 octobre . A cette date je
n'avais pas l'ombre d'une explication ... venue
ultérieurement (voir le chapitre "Quèsaco" !
).
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-
les
pages entomologiques d' andré
lequet :
http://www.insectes-net.fr
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