Femelle ? mâle ? ouvrière ?
Les méfaits du frelon asiatique sont à coup sûr plus mobilisateurs, mais en entomologie la notion de dimorphisme sexuel étant incontournable je suis allé voir ce qui se passait du côté des extrémités abdominales, et plus précisément des "plaques génitales" respectives que sont les derniers segments abdominaux ventraux.
Comme déjà dit, mâles et futures femelles reproductrices sont en quelque sorte issus d'une "cuvée" automnale spéciale. Dès leur vie larvaire les reines en devenir sont littéralement "boostées", alimentairement parlant, ce qui se traduit par une taille sensiblement supérieure, d'où une meilleure aptitude à pérenniser l'espèce, et résister aux aléas de la vie de frelon ... immigré !
Tant que j'y suis !
Les uns vous diront que les frelons sont de bons voiliers, et les autres de bons volateurs. Ce dernier terme étant pour moi carrément indigeste, et le premier moyennement approprié, je dirais que les frelons volent bien .... tout simplement ! En fait ils volent même très bien, et entres autres caractéristiques morphologiques, cela tient à un très ingénieux dispositif de couplage des ailes antérieures avec les postérieures.
Comme les photos ci-dessous le montrent il s'agit essentiellement d'une série de minuscules crochets (appelés "hamules") se comportant comme des ressorts. Situés sur le bord antérieur de l'aile postérieure, ils viennent crocheter une nervure "faite pour" sur l'aile antérieure ! Ce dispositif est présent chez de nombreux hyménoptères, mais selon le cas le couplage peut se faire "à la demande" ou être permanent.
L'inventivité de Dame Nature ne connaissant pas de limites, ce même couplage est observable chez certains papillons nocturnes, et notamment chez les "Sphinx". Cette fois il s'agit d'une bride spiralée, située sur l'aile antérieure, qui tel un ressort vient s'enrouler autour d'une longue et robuste soie bordant l'aile postérieure. Connu sous le nom de "frein" ou encore de "joug" ce dispositif est de surcroît propre aux mâles, ou plus exactement il est masqué chez les femelles.
L'homme et la bête !
N'ayant pas encore eu l'occasion de me "frotter" à un nid de frelons asiatiques, je ne suis pas en mesure d'apprécier leur degré d'agressivité alentour du nid. Par contre les individus "vaquant à leurs occupations" m'apparaissent beaucoup moins réactifs et agressifs que le frelon européen, ou encore que les guêpes. Comme les photos ci-dessous le montrent, et même si les exceptions sont toujours possibles, je dirais qu'il faut vraiment jouer de malchance, ou véritablement "le chercher", pour se faire piquer par ce genre de frelon. Sachez enfin que les mâles sont dépourvus d'aiguillons .... ceci expliquant peut-être cela !
Particulièrement dur et acéré, l'aiguillon de l'asiate est doté d'une force de pénétration surprenante, pour ne pas dire hors normes. Je rappelle que l'aiguillon des Vespidae est réutilisable "à volonté" car cet organe défensif est également utilisé pour tuer les proies récalcitrantes. A l'inverse l'aiguillon de l'abeille est strictement défensif et à "usage unique" car la présence d'ardillons fait qu'il reste planté dans l'ennemi (ou votre peau ! ), au grand dam de sa propriétaire qui se retrouve proprement étripée, et bien sûr condamnée à brève échéance !
Pour peu agréable qu'elle soit, la piqûre est normalement sans danger, et le niveau de la douleur somme toute comparable à celui d'une guêpe ou d'une abeille. Bien entendu les piqûres multiples peuvent accentuer les effets indésirables, et générer d'éventuelles complications. En cas d'allergie, ou de sensibilisation excessive, une seule piqûre peut être fatale, du moins dans les cas extrêmes.
Bien entendu, le but de ces photos, et de la vidéo associée, n'est pas de minimiser (et encore moins de nier ! ) les problèmes que peuvent poser ce frelon. Il convient néanmoins de faire la part des choses, mais aussi de quelque peu recadrer et dédramatiser, car à force de surenchères les médias font le jeu des producteurs de pesticides, à l'évidence ravis de voir la bestiole porter un chapeau ... qui leur allait comme un gant !
La fonction première de tout être vivant est la reproduction, et cela vaut bien sûr pour les insectes, selon des modalités propres à chaque espèce ou groupe d'espèces. La prédation sur les chenilles étant importante (oiseaux notamment), les papillons pondent généralement plusieurs centaines d'ufs, voire plusieurs milliers quand les ufs sont émis en vol et au hasard. d'où une perte très importante Chez les carabes (insectes coléoptères) les ufs sont pondus en terre, un à un, et au gré des pérégrinations de la femelle. La prédation étant réduite, le nombre d'ufs l'est pareillement, au plus quelques dizaines. Dans le cas extrême des Aphaenops (insectes coléoptères cavernicoles) où la prédation est quasi nulle c'est 1 uf "tous les 36 du mois".
Chez les frelons chaque nid donne en moyenne 500 femelles, soit potentiellement 500 nids, et donc de quoi squatter tous nos arbres, ce qui fort heureusement est loin d'être le cas. Chez ces insectes qu'ils soient asiatiques ou européens la prédation proprement dite est censément fort limitée tant ils sont en capacité de se défendre. Pour limiter la donne Dame Nature a donc inventé la très efficace "concurrence" entre les femelles fondatrices, ce qui réduit les nichées à un nombre disons acceptable en regard de ce qu'il pourrait être. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le piégeage des fondatrices, alias les "reines", ne fait que réduire la concurrence, et donc favoriser la nidification. Par contre le piégeage des ouvrières est conseillé, à condition que les pièges soient disposés à proximité des ruchers, et à condition que ces pièges soient le plus sélectifs possible. De ce fait, et vous l'aurez compris, les bouteilles plastiques bidouillées, et appâtées à la bière ou tout autre élixir maison sont évidemment à proscrire car très destructrices vis-à-vis de la biodiversité.
Rappel !
Les frelons ont l'sophage trop étroit pour laisser passer autre chose que des liquides sucrés (miel, miellat, nectar, notamment), et l'indispensable apport protéinique est fourni par les larves lors d'échanges connus sous le terme de trophallaxie. Concrètement, suite à la sollicitation des ouvrières, les larves régurgitent le liquide protéinique lors d'une sorte de "bouche à bouche". Vous l'aurez compris les frelons ne chassent pas pour eux, mais seulement pour nourrir leurs larve
Tel pourrait se qualifier le comportement du frelon asiatique, car les apparentes contradictions ne manquent pas. Au gré de mes observations, et de communications orales incontestables, car vécues elles aussi, il s'avère qu'à notre égard l'asiate peut faire preuve d'une certaine tolérance, quasi à la limite de l'indifférence ... tout comme il peut passer à l'acte sans crier gare ni véritable provocation.
Dévolue au frelon asiatique, cette " page entomo" est la 135e du genre, mais c'est aussi la 1e à inclure des séquences vidéo via YouTube. Pour mes vieux neurones cela confine l'exploit, et croyez-moi ... c'est encore peu dire !
Le pas étant franchi, je ne compte pas m'arrêter en si bon chemin, mais ces " animations " resteront toujours ponctuelles, et elles ne sauraient se substituer à l'iconographie purement photographique, élément essentiel de mes " pages entomologiques ".