En "baptisant" ce papillon Malacosoma neustria, Linné (*) fait référence au partage territorial des rois Mérovingiens, et plus précisément à la Neustrie, région Ouest de l'actuelle doulce France. En dépit de son appellation latine, et de la localisation géographique induite, la bestiole vole pareillement en Austrasie, autrement dit en région Est ... seconde moitié de la partition précitée ! Au passage, vous noterez que la ville de Bouguenais, en banlieue sud de Nantes (dpt. 44), a un collège de la Neustrie, mais aussi une rue du même nom ... et même une station de tramway ! ... de quoi épater le plus blasé des mérovingiens !
Vous noterez également qu'une "Livrée" peut en cacher une autre, la très ressemblante Livrée des prés (Malacosoma castrensis) ayant parfois l'outrecuidance de préférer le menu arboré de sa cousine, là où Dame Nature lui a pourtant réservé de nombreuses plantes basses poussant à discrétion dans les friches herbacées ou encore dans les prés ... d'où son nom !
Quant' à la bague dudit bombyx, nul besoin de beaucoup d'imagination, et encore moins d'explications, car pour tout comprendre il suffit de la voir ... et cette "page entomo" vous y invite !
(*) Carl Von Linné (1707-1778), naturaliste suédois auteur d'innombrables descriptions portant sur le règne animal, et végétal .
En regard des "familles nombreuses" que sont les Noctuidae et les Geometridae (respectivement 650 et 550 espèces pour la seule faune "hexagonale"), celle du Bombyx à bague fait figure de parent pauvre. Les Lasiocampidae comportent en effet 23 espèces ( françaises s'entend ! ), "score" encore honorable en regard des Limacodidae ... et de leurs 2 espèces "bien de chez nous" !
Loin d'être l'apanage de l'Armorique, ce petit papillon nocturne (25 à 35 mm d'envergure) occupe toute la France, et beaucoup plus encore. Fut un temps où l'espèce était très commune, et considérée comme nuisible, mais de nos jours les vergers n'ont plus grand chose à craindre car les effectifs de la bestiole ne cessent de s'amenuiser, cela valant d'ailleurs pour de très nombreux insectes ... et autres espèces animales !
La "Livrée" n'a qu'une génération annuelle, et s'observe de Juin à Août suivant les régions. C'est un hôte des zones bocagères, des friches arbustives, des bois clairs, des haies, mais aussi des vergers ... du moins là où le "bio" prévaut ! Comme vous le verrez la chenille est grégaire et se développe sur de nombreux feuillus.
Les femelles sont généralement plus grandes, avec un "tour de taille" censément plus avantageux eu égard au volume des oeufs en "stand by". Les antennes sont elles aussi différentes, à savoir longuement pectinées chez le mâle (cas de figure classique), et très brièvement chez la femelle. La morphologie alaire diffère également, mais la distinction peut parfois s'avérer relativement "piégeuse" sur le vif. Pour faire simple disons que les ailes de ces dames sont plus longuement triangulaires, et donc proportionnellement plus étroites et plus "pointues". Enfin, contrairement à une idée reçue, il n'y a pas de règle quant à la coloration, les formes claires et foncées pouvant se rencontrer dans les 2 sexes ... et en outre s'y montrer plus ou moins claires ou foncées !
Elle intervient bien sûr après l'accouplement, et comme vous pouvez le voir, le Bombyx à bague mérite bien cette appellation. A raison d'une moyenne de 200 à 250 oeufs par ponte, les "graines" (comme disent les éleveurs ! ) sont très régulièrement pondues en spirales jointives autour de fines branchettes de l'arbre nourricier. A terme la bague se présente sous la forme d'un anneau de l'ordre d'un cm de largeur. Le collage des oeufs entre eux et au support lui confère une grande résistance aux intempéries saisonnières, mais aussi aux contingences hivernales, et mieux vaut car une dizaine de mois s'écoulent entre la ponte (estivale) et l'éclosion printanière des chenillettes.
Fortement grégaires les chenilles du Bombyx à bague vivent dans un nid communautaire soyeux, tissé au sein d'arbres nourriciers très diversifiés (aubépine, prunellier, saules, chênes, tilleul, charme, mais aussi pommiers, cerisiers, pruniers, poiriers d'où de possibles et ponctuelles nuisances). Par beau temps ces chenilles aiment se regrouper à la surface du nid pour d'appréciés "bains de soleil" collectifs. En cas de danger ou de dérangement elles se laissent volontiers tomber, ce qu'elles font "en rappel", autrement dit au bout d'un long fil de soie leur permettant d'aisément retrouver le chemin du nid une fois l'alerte passée. La prise de nourriture se fait essentiellement de nuit, et bien sûr collectivement, mais des "p'tits creux" peuvent parfois s'observer dans la journée. Les mues se préparent, et se font, à l'intérieur même du nid, et toujours en "choeur" ... grégarisme oblige !
Dans la nature ces chenilles naissent le plus souvent en avril, et leur développement se poursuit jusqu'en juin. La taille du nid va bien sûr de paire avec celle de ses occupants, mais aussi avec leur nombre. Elle est également tributaire des facteurs climatiques, du parasitisme, des prédateurs, et le cas échéant ... de l'humeur du jardinier ou de l'arboriculteur !