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La PROCESSIONNAIRE du CHÊNE !
(Thaumetopoea processionea, Lépidoptère Notodontidae)
 
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le cocon, et la chrysalide
 
Le moment venu, fin Juin début Juillet, les chenilles cessent de s'alimenter, et se regroupent au sein du nid. Elles coconnent individuellement, mais compte tenu de l'étroitesse de l'espace disponible, et de la "promiscuité" qui en résulte, les cocons s'en trouvent plus ou moins entassés, et par le fait étroitement solidarisés par un très dense réseau soyeux. Le tout finit par former une sorte de cocon collectif qui pourrait quasiment se qualifier de "colonial". Le cocon proprement dit est cependant bien différencié, très finement tissé, mais la paroi fort mince fait qu'il est aisément déformable.
 
 
groupe de cocons de Thaumetopoea processionea groupe de cocons de Thaumetopoea processioneacocons isolés
Cocons de Thaumetopoea processionea prélevés "in situ", et nettoyés par élimination des crottes à la.... brosse à dents ! (le tout sous "haute protection" ! ). 
de gauche à droite: 1)- vue de dessus d'une partie des cocons du nid; 2)- le même morceau en vue latérale. 3)- détail de cocons isolés (sur celui qui est ouvert, remarquer la faible épaisseur de la trame soyeuse. Nota: sur la base des images 1 & 2 vous noterez la juxtaposition des cocons, et leur relatif ordonnancement.
 
 
 
chrysalides détail d'une chrysalide
 
de gauche à droite: 1)- chrysalides, et chenille de Thaumetopoea processionea en pré-nymphose, le tout "in situ";
2 et 3)- chrysalides isolées (extraites!), ensemble et détail.
 
 
les poils urticants
 
Contrairement à une idée reçue les grandes soies de ces chenilles ne sont pas en cause. En fait les poils urticants sont à la fois extrêmement nombreux et petits (1 à 2/10 de mm), et tel un feutrage ils tapissent des invaginations tégumentaires situées sur la partie dorsale des segments abdominaux. Ces plages urticantes (ci-dessous), appelées des "miroirs", s'ébauchent progressivement au cours des derniers stades larvaires.
 
 
situation générale des miroirs urticants détail des miroirs urticants mise en évidence des plages urticantes (sur le vif) Thaumetopoea processionea: plages urticantes mise en évidence des "miroirs" urticants
Mise en en évidence des plages urticantes
de gauche à droite: 1 & 2)- après insufflation de la chenille; 3-4-5)- sur le vif
(sur la dernière illustration, le "miroir' le plus à gauche a été vidé de ses poils urticants ...avec précautions ! )
 
 
Lorsque la chenille est excitée, dérangée, ou agressée, les zones urticantes "s'ouvrent" et libèrent les poils proprement dits. Ils ressemblent à de minuscules harpons, avec une partie basale aiguë, et un apex doté de barbules acérées (clichés ci-dessous) qui tel l'ardillon d'un hameçon permettent la pénétration, mais s'opposent à l'extraction. Par-delà un effet purement mécanique ces poils sont enduits d'une sécrétion qui provoque de très intenses démangeaisons.
 
 
détail des poils urticants (microscopie)
 détail des poils urticants, d'après cliché en microscopie électronique à balayage (taille réelle 1 à 2 dixièmes de mm).
(à noter que ceux de la processionnaire du pin sont très comparables)
 
 
Ces réactions cutanées sont certes très désagréables, mais généralement sans conséquences fâcheuses. À noter au passage qu'elles siègent principalement là où l'épiderme est le plus fin, et donc le plus vulnérable (ex: espaces interdigitaux, intérieur des poignets et des avant-bras, cou, etc...). A noter encore que la transpiration est un facteur éminemment favorisant car la peau s'en trouve quelque peu "ramollie", et dans le même temps les poils urticants y "collent" plus aisément.
 
Par-delà l'aspect cutané il faut se défier des atteintes pulmonaires, et surtout oculaires, car elles peuvent être infiniment plus dommageables. Concernant l'œil, et indépendamment des effets immédiats aisément imaginables, il faut savoir que ces minuscules "corps étrangers" sont susceptibles de migrer et de provoquer à long terme des lésions très sévères.
 
A noter enfin que les animaux domestiques ne sont pas à l'abri, et que les herbivores (sauvages ou d'élevages) sont aussi très vulnérables par ingestion d'herbe "souillée" par ces "lancettes" urticantes.
 
conseils pratiques
 
Il n'est pas question de dramatiser, mais outre l'épisode de la balançoire, des cas concrets m'incitent à recommander une certaine prudence, et à garder à l'esprit qu'une "gratouille" subite (et parfois intense!) peut s'expliquer par la présence (effective ou passée) de ces chenilles.
 
A titre d'exemple, la simple manipulation de la bûche dévolue à la flambée des soirées d'hiver peut réserver quelques désagréments, pour peu que des lambeaux de nids y subsistent.
 
Il en est de même pour tous les travaux de bûcheronnage (abattage, élagages, débitages, stérages) car outre les risques de contact direct avec de vieux nids (ces travaux étant le plus souvent effectués en hiver) la chute des arbres, des branches, ou le simple passage de la tronçonneuse, peut provoquer un "nuage" de particules urticantes. Dans le même esprit; et en toutes saisons, mieux vaut également éviter de se promener en forêt infestée, et plus encore quand il y a du vent.
 
Enfin, et c'est là encore une évidence, le gamin qui joue les "Tarzan" peut être amené à redescendre plus vite qu'il n'est monté. J'ajouterais que les parcours forestiers acrobatiques (où on se déplace d'arbre en arbre) font un tabac, mais que les responsables sont rarement au fait de la question, alors qu'un minimum de vigilance s'imposerait.
 
Au final, et en cas de problème avéré (ou même supposé!), n'hésitez pas à consulter un médecin. Dans la plupart des cas vous vous en tirerez avec une bonne pommade, mais encore une fois mieux vaut jouer la prudence.
 
les "ennemis" naturels
 
Ils sont nombreux, mais eux aussi trop souvent victimes des "pesticides", d'où une moindre efficience. En règle générale il s'agit d'insectes parasites (Hyménoptères et Diptères), et sans entrer dans le détail des espèces concernées, sachez que les oeufs, les chenilles, et les chrysalides, sont susceptibles d'être parasités, au gré de "prédateurs" généralement spécialisés.
 
Toujours au titre des insectes, les Calosomes, et leurs larves, contribuent à l'élimination des chenilles, ces dernières étant leur proie de prédilection. Ils ont en effet la mandibule facile, et ils étripent volontiers plus qu'ils ne peuvent consommer, ce qui ajoute à leur efficience. Ces Coléoptères Carabidae volent en outre aisément, et se déplacent "à pattes" sur les troncs et branches avec une grande vélocité.
 
 
Calosoma sycophanta (25-30mm)Calosoma sycophanta Calosoma inquisitorCalosoma inqusitor (20mm)
 
 
Les Calosoma sycophanta, et inquisitor (ci-dessus) sont particulièrement efficaces, mais ces espèces sont très inégalement répandues, et pâtissent elles aussi de la dégradation de notre environnement. A signaler que le C. inquisitor est plus nettement forestier, et que sa livrée est relativement variable, sans pour autant donner dans le spectaculaire (lustre bronzé, cuivré, violacé, verdâtre). 
 
Bien entendu il est d'autres prédateurs (notamment pour le papillon proprement dit), qu'il s'agisse des oiseaux insectivores (mésanges, rouge-gorge, etc...), des chauves- souris, ou encore des araignées. Pour avoir vu les uns et les autres à l'oeuvre, je puis dire qu'ils ne rechignent pas à la tâche, du moins dans les limites de leur "estomac" (voir l'historiette intitulée les "pique assiettes", dans les "divers").
 
 
En guise de conclusion ....
 
Comme pour l'intro, cette conclusion sera commune aux processionnaires du pin et du chêne, leurs propriétés urticantes étant quasi sans égales . Bien entendu, il faut être un peu "fou" pour élever et manipuler ce genre de bestiole, mais ce site se voulant le reflet d'un "vécu" (et l'étant ! ), je me dois d'en payer le prix .... et en l'occurrence d'endurer quelques "gratouilles".
 
Je dirais encore qu'on peut être fou sans être idiot, et que l'expérience permet censément de réduire les risques. Je dirais enfin que ce type d'élevage ( ou de manipulation ! ) est à l'évidence formellement déconseillé aux débutants, et plus encore aux allergiques !
 
 
 
FIN
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr