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La MOUCHE STERCORAIRE (Scatophaga stercoraria) !
( = Scatophage du fumier ! = Mouche du fumier ! = Mouche à merde ! )
(Diptère Scatophagidae)
 
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Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria),.Intro !
Le Général Cambronne et le naturaliste Johan Christian Fabricius étant contemporains (1), vous me permettrez un p'tit clin d'oeil ( scatologique ! ) entre le fameux "merde" du premier, et le nom de "merdaria" attribué par le second à une mouche (ci-contre ! ) bien connue pour ne pas fréquenter les roses !!!
 
Vous l'aurez compris, de ce "merdaria" est née la "mouche à merde", et si ces appellations manquent pour le moins de poésie, elles ont le mérite d'être fort explicites et parfaitement imagées.
 
Rien n'étant simple en entomologie, la "merdaria" décrite par Fabricius en 1794 ... l'avait déjà été par Linné en 1758 ! ... mais cette fois sous le nom de "stercoraria" ! Là encore vous noterez la justesse de cette dénomination, car les organismes dits "stercoraires" se développent sur les excréments … comme la mouche en question ! … CQFD !
 
En vertu du Code Zoologique (2), et de la Loi dite d'antériorité, "stercoraria" prévaut de longue date sur "merdaria", mais la populaire "mouche à merde" demeure largement usitée, au détriment de l'officielle et nettement plus soft "mouche stercoraire". J'ajouterais qu'une "mouche à merde" peut en cacher une autre ( comme les trains ! ), Scatophaga stercoraria n'ayant pas l'exclusivité de ce très malodorant et bien peu flatteur patronyme !
 
(1) Respectivement 1770-1842 et 1745-1808; (2) Le "Code international de nomenclature zoologique" (CINZ) définit et édicte les règles d'élaboration et de priorité des noms scientifiques des organismes animaux. Il a été finalisé en 1958, et sa 4e édition date de l'année 2000.
 
 Présentation !

Tantôt appelée "Scatophage du fumier", ou plus simplement "mouche du fumier", ou plus rarement "mouche à toison jaune" (3), la mouche stercoraire ( Scatophaga stercoraria pour les intimes ! ) fait partie des Diptères, autrement dit des "mouches" au sens large du terme. Dotée d'une seule paire d'ailes comme le sont tous les Diptères ( les Hyménoptères ont 4 ailes ! ), cette mouche relève de la Famille des Scatophagidae (environ 150 espèces en France) laquelle comporte des saprophages, zoophages, phytophages, et bien sûr coprophages. Larves et adultes peuvent à l'occasion quelque peu "panacher" leur menu, du moins dans les limites éthologiques et physiologiques compatibles.

Comptant parmi les plus grosses espèces (elle atteint 10 à 12 mm), cette scatophage est assurément la plus visible en raison de sa fréquence, de sa coloration, et plus encore de ses moeurs. Son aptitude à prendre possession des bouses et crottins à peine tombés à terre (4) est en effet remarquable, et témoigne à coup sûr d'une organisation sensorielle particulièrement aboutie. A ce "flair" s'ajoute une coloration "caca de nouveau né" ( tendance "flashy" sous le soleil ! ) favorisant grandement la visibilité ci-dessus évoquée, sans parler du caractère relativement peu farouche de la bestiole, et de sa forte propension à travailler en équipe ... pour ne pas dire en groupe !

(3) "Les insectes utiles", Pr Robert Sellier, éditions Payot, Paris, 1959; (4) ... et ce n'est pas une image, car avec une précision digne des Jeux Olympiques les premières bestioles seraient à pied d'oeuvre en moyenne 3,6 seconde après "mise à disposition" du déjeuner ! (INSECTES N° 129, 2008-2)

 
Mouches stercoraires (Scatophaga stercoraria), adulltes sur crottin. Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria), adulte, photo 1. Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria), adulte, photo 2. Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria),  étalée, collection.
de gauche à droite: 1)- Scatophages en action sur crottin; 2 & 3)- sorties du ... "contexte" !
4)- "étalée" ... comme vous ne la verrez jamais ! ... hormis en collection !
 
 
Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria), détail de la trompe. Mouche stercoraire 'Scatophaga stercoraria), mise en évidence des balanciers. Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria), détail de l'aile mezmbraneuse.
à gauche: détail de la puissante trompe suceuse, en position déployée.
au centre et à droite: les balanciers, vestiges de la 2e paire d'ailes membraneuses, sont parfois qualifiés de cuillerons (= "petites cuillères").
Comme leur nom l'indique, les balanciers jouent un rôle important dans l'équilibre de la bestiole lors du vol.
 
Contrairement aux apparences, la mouche stercoraire est avant tout prédatrice, et donc plus coprophile que coprophage. En d'autres termes elle est simplement attirée sur les excréments par la présence des diverses espèces de mouches lui servant de déjeuner. Ses larves, qui évoluent au sein même de la bouse ou du crottin, sont pareillement entomophages, et se nourrissent pour l'essentiel aux dépens des asticots de ces autres espèces.
 
Issues de "pupes" hivernantes, les mouches stercoraires apparaissent très tôt (dès mars-avril), et leur descendance s'observe jusqu'en octobre. En principe il y aurait 2 générations annuelles, mais quand la région et la météo s'y prêtent je pense qu'il peut y en avoir plus, d'autant que le développement larvaire peut se faire rapide, comme souvent chez les mouches. A titre d'exemple le cycle complet chez la mouche domestique est de 40 à 49 jours à 16° .... mais seulement de 6 à 8 jours à 35° ! ( d'après Axtell R., 1986) 
 
 Le dimorphisme sexuel !

En terme de visibilité il porte essentiellement sur la coloration des bestioles, la pilosité des mâles étant jaune-roussâtre, et celle des femelles jaune-verdâtre. Sauf à avoir le nez sur la bouse ou le crottin ( et le derrière en l'air ! ), la distinction est parfois assez malaisée, car la coloration de ces mouches est susceptible de quelque peu varier, sans parler de la taille qui peut aller du simple au double chez les 2 sexes

 
Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria), couple. Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria), femelle. Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria), mâle.
à gauche: couple en vue ventrale (mâle à droite); au centre: femelle; à droite: mâle.
Ainsi présentées les choses paraissent simples, mais ce n'est pas toujours aussi évident. L'accouplement est bien sûr le meilleur des critères, mais les mâles me donnent parfois l'impression de pouvoir sauter ... sur n'importe quoi !
 
 
Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria), adulte sur doigt, photo 2. Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria),  femelle. ............ Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria), adulte sur doigt, photo 1. Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria),  mâle
Jaune verdâtre pour elles ! ... jaune roussâtre pour eux !
 
L'accouplement !

Il s'observe aisément, car il se passe toujours sur les lieux de pontes, et donc sur les bouses et crottins, ou à proximité immédiate. C'est souvent l'occasion de constater des différences de tailles pouvant être très importantes, à la fois entre les sexes, et au sein d'un même sexe. Dans les cas extrêmes il s'ensuit des scènes aussi cocasses que classiques, telles un minus de chez minus tant bien que mal cramponné sur une méga partenaire s'en fichant royalement, ou la mini femelle disparaissant littéralement entre les pattes d'un grand macho ... comme ici !

 
Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria),  accouplement, photo 1. Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria),  accouplement, photo 2. Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria),  accouplement, photo 3 Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria),  accouplement, photo 4. Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria),  accouplement, et ponte.
 
 Exemples d'accouplements !
Ci-dessous à droite: accouplée ... et attablée !
 
Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria),  accouplement, photo 5 Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria),  accouplement, photo 6.
 
Les oeufs !

Au vu des images ci-dessous à gauche ils apparaissent nombreux, mais ces véritables "tirs groupés" me posent problème. Ils me semblent en effet peu compatibles avec le volume abdominal des femelles, d'autant que les oeufs doivent être émis rapidement, et en l'occurrence avant formation de la croûte superficielle de l'excrément. Au passage vous noterez que cette croûte joue ultérieurement un rôle essentiel, car elle freine l'évaporation, et la partie interne de la bouse ou du crottin conserve ainsi toute sa saveur et son moelleux ... bon appétit !

Pour l'heure je ne saurais dire si ces pontes sont le fait d'une seule femelle, ou de plusieurs, le regroupement pouvant être accidentel ou au contraire habituel. Bien entendu je vais essayer de tirer les choses au clair ... si Dame Nature m'en donne la possibilité !

 
Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria),  ponte. Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria),  oeufs, in situ, détail. Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria),  revers d'oeufs in situ.
de gauche à droite: 1)- ce couple, positionné sur une ponte, montre bien la taille des oeufs, et leur nombre.
2)- vue générale d'un "pondoir", 3)- les très typiques "ailettes", seules parties visibles des oeufs "in situ":
4)- l'envers du décor ! ... parties postérieures des oeufs, et disposition !
 
 
Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria),  oeufs isolés. Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria), oeufs isolés, détails. Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria),  oeufs isolés sur allumette/échelle
à gauche: oeufs isolés; au centre: gros plans "recto-verso"; à droite: l'incontournable échelle made in SEITA !
Vous noterez la petitesse des oeufs (de l'ordre du millimètre), mais aussi leur forme peu banale (quasi miniatures de bombe à ailettes ou de navette spatiale !!! ). Vous noterez également le caractère "sportif" de ce genre de photo !
 
 
le pain a sa croûte ! ... Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria),  exemple de crottin "croûté". Mouche stercoraire (Scatophaga stercoraria),  détail de la surface d'un  crottin "croûté". ... le crottin aussi !
Exemple de crottin "croûté" ... ensemble et détail de la surface ! (agrandir, à droite, pour bien comprendre le processus)
En l'espace de 24 à 48 h, suivant saison et météo, l'assèchement superficiel de la bouse ou du crottin génère une croûte à la fois mince et dure qui ne permet plus aux femelles de déposer leurs oeufs. Cela explique bien sûr la rapidité de leur survenue, quelques secondes après ... "atterrissage" de l'excrément !
 
 
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr