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 Les fourmis du portillon !
 
Bordé d'un talus arboré, notre jardin longeait un étroit chemin de terre, qu'un petit portillon de bois, peint en blanc, permettait d'emprunter.
 
Les pesticides y étant quasi bannis, mon environnement était bien sûr apprécié des oiseaux, mais aussi du petit peuple des menues bestioles, dont une populeuse colonie de fourmis. D'assez belle taille les laborieuses bestioles se complaisaient dans le talus, où elles faisaient mieux qu'y prospérer.
 
Chaque année le retour des beaux jours redonnait vie à la fourmilière, et comme il se doit les fourmis fourmillaient, chacune s'activant selon les tâches dévolues par Dame Nature. Bien entendu il me plaisait de les observer à l'œuvre, notamment lorsqu'elles s'organisaient pour aller "faire leur marché" dans le terrain voisin.
 
A cette occasion elles formaient une longue colonne, de l'ordre de 4 bons mètres pour la partie visible, où des centaines de bestioles s'entrecroisaient au gré d'incessantes allées et venues. Ne donnant pas dans la facilité, elles s'imposaient un peu banal détour pouvant se qualifier de relativement périlleux.
 
Le trajet logique amenant les fourmis au pied du portillon, il leur suffisait évidemment de traverser l'allée ( moins d'un mètre ! ) pour gagner le terrain voisin. En fait tout le monde "escaladait" le piquet supportant le portillon, puis cheminait sur le haut dudit portillon, pour bien sûr redescendre via le piquet opposé… et c'était vice versa au retour ! Ce rituel s'est ainsi perpétué des années durant, jusqu'au jour où le bois ayant fait son temps, un portillon métallique est venu remplacer le tout.
 
Les insectes dits sociaux (tels les abeilles, termites, et fourmis), passant pour être plus "intelligents" ce problème de "GPS" ou de manque de jugeote, si je puis dire, peut évidemment surprendre, mais au pays des bestioles l'inexplicable n'est souvent qu'apparent.
 
Conditionnant la vie de la colonie (et même sa survie) la quête de la nourriture passe nécessairement par une phase exploratoire, laquelle repose sur les plus aventureuses bestioles. Suprême astuce, ces pionnières déroulent une sorte de fil d'Ariane odorant qui leur permet d'aisément retrouver le chemin du bercail, et le cas échéant de guider les membres de la colonie en charge d'approvisionner le garde-manger communautaire.
 
Il s'agit bien sûr des fameuses phéromones, présentement dites "de piste", et tels les moutons de Panurge tout le monde suivait le chemin initialement "tagué", par la première fourmi l'ayant emprunté ... d'où l'intitulé de cette historiette ! CQFD !
 
Vous l'aurez compris, il existe une multitude de phéromones, chacune répondant à la fois à une fonction, et à une espèce. Ainsi les phéromones d'agrégation favorisent le regroupement d'une espèce donnée en un même point (blattes par exemple), et de surcroît, le cas échéant, durant une période précise (tel l'hivernage des coccinelles). Chez les hyménoptères coloniaux (frelons, guêpes, abeilles) les phéromones d'alerte et d'attaque sont à l'origine d'accidents pouvant être mortels. Le plus souvent émises par les femelles les très attractives phéromones sexuelles sont les plus généralisées. Ce sont aussi les plus importantes, car leur spécificité, et leur efficience, conditionnent et garantissent la pérennité des espèces.
 
Vous noterez également que les phéromones sexuelles sont à la fois les plus classiques, et les plus connues, car leur synthèse est très utilisée en lutte biologique, via la méthode dite de "confusion sexuelle". En d'autres termes les mâles d'une espèce nuisible, papillon par exemple, sont attirés par des "copies" de phéromones femelles, faisant office de leurres. Ces mâles étant bien sûr piégés et détruits, il s'ensuit une notable diminution des pontes fécondes, donc des calamiteuses chenilles ... et in fine des nuisances !
 
Pour conclure je dirais que face à la nécessité de perpétuer notre espèce ( Homo sapiens ! ) nous sommes en quelque sorte "condamnés" à tomber amoureux. De là à considérer que la fameuse "alchimie amoureuse" ne serait pas totalement étrangère à la chimie, d'où la diversité et la spécificité de nos odeurs corporelles (dites "sui generis ! ) il y a un pas que je ne saurais ici franchir. Reste qu'à ma connaissance la question n'est toujours pas formellement tranchée, alors que le fait est avéré et reconnu chez les autres mammifères ! Etant en permanence "pollué" (voire agressé ! ) par une foultitude d'émanations bien loin d'être naturelles, à commencer par les surabondants cosmétiques, notre odorat aurait-il perdu sa capacité originelle de discernement ? ... that is the question !
 
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